Une guerre qui oppose les États-Unis à l’Europe et à la Russie
Dominant depuis plusieurs années, le discours sur la globalisation laissait croire que tout était question de « libre marché » et que les États nationaux étaient devenus obsolètes. La situation en Irak ramène la politique à l’avant-scène et démontre, nous dit Michel Chossudovsky, que « le libre marché passe par la guerre ».
Dans cette région du monde qui va de l’Arabie à la mer Caspienne se trouve 70 % des réserves mondiales de pétrole. L’Arabie saoudite possède 25 % de ces réserves, l’Irak 11 % et les États-Unis, les principaux consommateurs, seulement 2,5 %. La guerre en cours vise le contrôle de cette fabuleuse richesse.
Les États-Unis, précise le professeur d’économie, veulent que les compagnies anglo-américaines prennent possession des actifs pétroliers irakiens et évincent les compagnies rivales qui ont signé des ententes avec Bagdad.
Pétrole et politique
Les américaines Exxon Mobil, ChevronTexaco, ConocoPhilips écartées de l’Irak par la loi américaine sur les sanctions contre l’Irak planifient leur retour. La place est présentement occupée par la franco-belge TotalFinaElf, la russe Lukoil, des compagnies chinoises, mais aussi canadiennes comme Nexen et Bow Valley.
Soulignons que Power Corporation du Canada est un actionnaire important de TotalFinalElf et que son président, Paul Desmarais, siège dans le conseil d’administration de la compagnie. L’action de TotalFinaElf a perdu 2 % de sa valeur le jour des premières frappes sur Bagdad et 15 % depuis janvier.
Les intérêts de pétrolières expliquent en bonne partie les politiques des gouvernements. La Belgique et la France s’opposent à la guerre, de même que la Russie et la Chine. « Les principaux créanciers de la pétrolière russe Lukoil sont allemands », nous dit Michel Chossudovsky. Et l’Allemagne, également, est contre la guerre.
L’Espagne dans le camp anglo-américain
Le gouvernement espagnol fait partie de la coalition guerrière, malgré l’opposition massive de son opinion publique. « La pétrolière Repsol s’est fait promettre par les Américains de juteux contrats en Irak, de même qu’en Colombie, en Argentine et en Bolivie », explique Chossudovsky.
« Le conflit, ajoute-t-il, n’est pas fondamentalement avec l’Irak, mais avec l’Europe et la Russie. On ne sait pas encore comment ces grandes puissances vont réagir. »