Les régimes arabes sommés d’arrêter le génocide à Gaza. Il en va de leur dignité humaine.

Le 21 octobre 2023, 14e jour des bombardements des populations de Gaza, s’est tenu le Sommet arabe de la « Paix » au Caire. L’événement avait laissé entrevoir l’espoir d’un changement immédiat dans la terrible situation à Gaza. Et on a investi sur ce maigre espoir et attendu une action d’envergure du monde arabe pour stopper le massacre des leurs sous les bombardements de l’État colonial et criminel d’Israël.
Pour le grand malheur des populations de Gaza, et toutes celles et ceux qui les soutiennent, leurs « frères » arabes ont montré leur impuissance à s’unir, même quand il s’agit de la survie d’une partie de leur communauté, écrasée et parquée comme des animaux dans une prison à ciel ouvert, dénommée la bande de Gaza. Pourtant, malgré les appels massifs des peuples, de partout dans le monde, solidaires des victimes de Gaza, le déclic de la délivrance n’a pas été déclenché au Sommet arabe du Caire. Dans la grande salle de la nouvelle capitale égyptienne, les dirigeants arabes présents ont surtout palabré à n’en plus finir sur le droit international, les crimes de guerre d’Israël, les plans de paix qui n’ont jamais abouti sans oublier la solution de 2 états, qui ferait cesser définitivement la violence, mais qu’ils n’ont jamais su imposer. Tout un sommet qui a tourné dans le vide avec des acteurs arabes et occidentaux peu convaincants quand ils ne sont pas malhonnêtes et surtout, sans aucune action probante pour soulager la souffrance des enfants et des femmes à Gaza, qui à ce jour continuent de tomber sous les bombardements sauvages d’Israël.
Quel gâchis pour les populations palestiniennes dont l’avenir risque fort bien de ressembler au passé, si ces dirigeants d’un monde arabe en panne de fierté, continuent de les marchander avec leurs alliés occidentaux, comme l’ont fait plusieurs d’entre eux à travers la normalisation contre toute morale, conclue avec Israël sur le dos des Palestiniens. Et pourquoi un sommet composé? À quoi rime la présence des occidentaux acquis à l’entité sioniste, comme par exemple, la France, qui refuse même le cessez-le-feu humanitaire à des milliers d’enfants et femmes palestiniens?
Il aurait été plus pertinent de se réunir d’abord entre arabes et musulmans pour s’entendre sur le minima qui donne à la question palestinienne une forte position et la place prioritaire qui lui revient sur l’agenda mondial. Mettre fin aux clivages assassins qui paralysent tout le Proche-Orient et accentuent la souffrance des populations. C’était faisable, d’autant que plusieurs de ces dirigeants ont dénoncé les « doubles standards » des occidentaux, leur soutien inconditionnel aux Israéliens versus l’indifférence face aux traitement inhumains que subissent les Palestiniens. « Partout ailleurs, attaquer des infrastructures civiles et affamer délibérément une population entière de nourriture, d’eau et de produits de première nécessité serait condamné sans autres procès… Mais pas en Palestine » ont-ils dénoncé.
Mais après? Pareille dénonciation se fait chaque jour par les peuples de la planète, révoltés par ce crime et l’impunité qui l’entoure. Mais de la part des dirigeants arabes, on attend plus que des dénonciations. On attend une position collective ferme contre Israël et ses parrains. Des rappels d’ambassadeurs, des sanctions économiques et autres actions dissuasives qui stopperaient le génocide de Gaza. Oui, il faut libérer les otages civils mais il faut imposer le cessez-le-feu en urgence. C’est la seule façon d’arrêter cet énième massacre des Palestiniens. Si rien n’est décidé dans l’urgence de la situation, ce sommet aura joué un rôle de figurant médiocre dans le scénario israélien, et rabaissera d’autant l’estime de ces dirigeants arabes dont l’inaction est déjà largement critiquée, à commencer par leurs propres populations.
Zehira Houfani, écrivaine