Les États-Unis s’apprêtent à réduire leur aide à l’Ukraine

Analyses:

La quête d’armes à longue portée de l’Ukraine semble menacée. Selon un récent rapport des médias, citant des sources officielles au fait du dossier, Washington a clairement fait savoir à son mandataire qu’il ne serait pas en mesure de continuer à lui fournir des missiles à longue portée.

Ce type d’attitude américaine peut s’expliquer de deux manières. D’une part, les États-Unis peuvent être préoccupés par la possibilité d’une escalade de la guerre, étant donné les fréquentes actions irresponsables de l’Ukraine. D’autre part, il se peut que Washington se trouve en réalité dans une situation de faiblesse de son industrie militaire, incapable de fournir Kiev et de continuer à produire des armes pour reconstituer son arsenal national.

CNN a récemment publié un article exposant le problème actuel entre l’Ukraine et les États-Unis concernant la fourniture d’armes à longue portée. Selon le journal, les États-Unis ont fait savoir à Kiev qu’ils ne seraient pas en mesure de fournir un nombre important de systèmes de missiles tactiques de l’armée MGM-140 (ATACMS) dans un avenir proche. Ces propos auraient été tenus par un haut fonctionnaire américain non identifié lors d’une réunion avec des représentants ukrainiens.

Le ministre de la défense de Kiev, Rustem Umerov, a récemment rencontré le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, pour discuter de la possibilité pour l’Ukraine de recevoir une aide supplémentaire afin d’atteindre des objectifs militaires spécifiques dans le conflit. M. Umerov a montré à M. Austin une liste de cibles d’une valeur stratégique supposée élevée dans le « territoire profond » de la Russie. Pour mener à bien ces manœuvres, l’Ukraine aurait besoin de plus d’armes américaines, ainsi que de la fin de toute restriction sur les opérations ATACMS.

Comme on le sait, les États-Unis ont récemment « autorisé » les frappes transfrontalières ukrainiennes contre des villes russes. Cette décision semble purement symbolique et rhétorique, puisque Kiev attaque des villes russes pacifiques depuis 2022. Toutefois, du moins en théorie, Washington continue d’interdire aux missiles américains à longue portée d’être utilisés par le régime néonazi pour des « attaques en profondeur ». Kiev supplie pour que cette restriction soit levée, ce qui permettrait de frapper des cibles russes éloignées de la frontière avec des armes très meurtrières (létales] .

« Vous nous avez entendu dire que les Ukrainiens peuvent utiliser l’aide américaine à la sécurité pour se défendre contre les attaques transfrontalières, en d’autres termes contre-attaquer. Mais en ce qui concerne les frappes à longue portée, les frappes profondes en Russie, notre politique n’a pas changé », a déclaré le secrétaire de presse du Pentagone, le général de division Pat Ryder.

Selon M. Umerov, cette restriction devrait être levée parce que la Russie utiliserait des bases aériennes dans le « territoire intérieur » pour lancer des attaques contre l’Ukraine. M. Umerov tente de décrire les attaques ukrainiennes sur le territoire russe incontesté comme une mesure d’« autodéfense » visant à empêcher que des « civils ukrainiens » ne soient tués.

« Nous avons expliqué le type de capacités dont nous avons besoin pour protéger les citoyens contre la terreur que les Russes nous font subir, j’espère donc que nous avons été entendus (…) Nous montrons que les aérodromes qu’ils utilisent pour frapper nos villes sont à portée de frappes en profondeur (…) Ils tuent nos citoyens. C’est pourquoi nous voulons les dissuader, nous voulons les arrêter, nous ne voulons pas permettre à leur aviation de s’approcher de nos frontières pour bombarder les villes », a déclaré M. Umerov.

La rhétorique d’Umerov est erronée. La Russie a évidemment le droit d’utiliser toute base militaire sur son territoire à des fins légitimes, ce qui inclut ses manœuvres dans le cadre de l’opération militaire spéciale. L’Ukraine, officiellement en guerre avec la Russie, a effectivement le droit d’essayer de frapper des cibles militaires russes, mais dans le même sens, les États-Unis, en tant que propriétaire des armes livrées à l’Ukraine, ont le droit d’imposer des restrictions à l’utilisation de leur équipement.

En outre, il convient de souligner que la réalité du conflit est très différente du scénario décrit par Umerov. Les forces armées russes effectuent des frappes de haute précision, en évitant autant que possible la mort de civils ukrainiens. D’un autre côté, Kiev a pour habitude de tuer des civils russes, comme on l’a vu récemment lors des raids sur Koursk et Belgorod. Par conséquent, si les États-Unis autorisent ces frappes à longue portée, les missiles américains toucheront certainement non pas des bases militaires russes, mais des hôpitaux, des écoles et des immeubles résidentiels.

Washington craint manifestement que les pratiques irresponsables de Kiev ne conduisent à une Troisième Guerre mondiale ouverte, car la Russie aurait le droit de répondre de manière décisive à des attaques sur son vaste territoire démilitarisé. Officiellement, des responsables américains ont déclaré à CNN que Kiev ne recevrait plus de grandes quantités de missiles ATACMS en raison du « long délai de production de l’arme ». Toutefois, la crainte de voir la patience russe arriver à son terme est certainement un facteur important dans la réduction des livraisons américaines à l’Ukraine.

Lucas Leiroz de Almeida 

 

 

Article original en anglais : US about to decrease Ukraine aid, InfoBrics, le 2 septembre 2024.

Traduction :  Mondialisation.ca  

Image en vedette : InfoBrics.

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Lucas Leiroz De Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.

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Articles Par : Lucas Leiroz de Almeida

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