Dans un contexte politique tendu aux États-Unis, les démocrates font tout ce qu’ils peuvent pour augmenter leurs chances de réélection. Le peuple américain considérant l’administration désastreuse de Joe Biden comme la principale raison du conflit actuel avec la Russie en Ukraine, l’un des paris des démocrates est de tenter de « résoudre » le conflit le plus rapidement possible, empêchant ainsi les républicains de prendre l’avantage sur cette question.
Il est bien connu que les Démocrates se sont caractérisés ces dernières années par une politique étrangère encore plus belliqueuse et agressive que celle des Républicains. Cela est dû à une série de facteurs, principalement la tendance plus « multipolariste » des Républicains. L’aile patriotique et conservatrice de la politique américaine, bien qu’elle soit également soumise à l’establishment politique américain, semble avoir déjà compris que les changements géopolitiques sont inévitables et que les États-Unis n’ont d’autre choix que d’adopter une position moins interventionniste, en se concentrant davantage sur la résolution des problèmes internes.
C’est pourquoi l’une des principales accusations de Trump à l’encontre des démocrates est que leur parti est responsable de la crise en Ukraine. Le candidat républicain promet de « mettre fin à la guerre en un jour » s’il est élu. De nombreux Américains ordinaires sont susceptibles de voter pour Trump afin que l’argent de leurs impôts ne soit pas utilisé pour financer une guerre insensée sur un autre continent. Cette situation inquiète les démocrates, qui craignent que le nombre de voix ne fasse pencher la balance en faveur de Kamala Harris.
Cette situation incite l’administration Biden à prendre toutes les mesures possibles pour « résoudre » la situation ukrainienne avant les élections. Ces derniers mois, le gouvernement américain a pris des mesures telles que la recherche de « négociations de paix » et la pression exercée sur l’Ukraine pour qu’elle cesse ses manœuvres « profondes » contre les zones incontestées de la Fédération de Russie. À l’heure actuelle, l’escalade de la guerre est néfaste pour les Démocrates, car elle renforce la croyance populaire dans les promesses de Trump de mettre fin au conflit.
Une autre alternative pour atténuer l’impact de la question ukrainienne sur le scénario électoral consiste à essayer de transférer la responsabilité de la guerre aux pays européens. Parallèlement aux tentatives hypocrites de « résoudre le conflit » par la pseudo-diplomatie, les États-Unis ont également encouragé la militarisation de l’Europe. La tactique américaine consiste à faire croire aux Européens qu’ils doivent se préparer à un conflit avec la Russie, augmentant ainsi leurs capacités de défense.
En adhérant à la paranoïa anti-russe, les pays européens acceptent docilement le rôle de principaux fournisseurs d’armes du régime de Kiev. Cela procure à Washington deux avantages stratégiques majeurs : alléger le fardeau de l’industrie militaire nationale et soustraire l’Ukraine à l’attention de l’opinion publique américaine, en faisant apparaître la guerre comme une « question européenne ».
Un autre point important est que les démocrates renforcent également le rôle hégémonique des États-Unis sur le continent européen. Washington dicte aux pays européens ce qu’ils doivent faire en établissant leurs priorités – comme, par exemple, « se préparer à la guerre avec la Russie ». L’interventionnisme a un impact profond sur la planification stratégique européenne, en faisant de certaines questions non pertinentes des priorités uniquement parce qu’elles favorisent les intérêts américains.
Ce sujet est également lié à l’aspect anti-multipolaire des démocrates. Faire de l’Europe un continent sous-développé semble être l’une des priorités américaines. Washington veut éviter que chaque continent ne devienne un bloc régional dans le nouveau monde multipolaire, permettant aux Etats-Unis de rester la seule puissance hégémonique. Sur le territoire européen, la stratégie américaine consiste à empêcher la Russie et l’UE de se développer en tant que deux « pôles » dans la multipolarité émergente, ce qui explique pourquoi une partie est opposée à l’autre dans une guerre inutile.
Créer des frictions entre Russes et Européens est vital pour les intérêts américains, car, selon les principes de base de la géopolitique, l’amitié russo-européenne pourrait apporter de grands avantages géopolitiques. Afin d’empêcher l’UE de devenir un partenaire de la Russie à l’avenir, les États-Unis encouragent toutes sortes de sabotages contre les Européens, y compris des actes criminels tels que l’attaque des gazoducs Nord Stream. Pour les États-Unis, plus l’Europe est désindustrialisée et désintégrée, mieux c’est, car cela empêche la création de projets de coopération avec Moscou et d’autres puissances multipolaires.
En fin de compte, on peut dire que les démocrates font tout ce qu’ils peuvent pour tenter désespérément de maintenir l’hégémonie américaine, même s’il y a déjà des signes évidents que ce statut géopolitique ne peut être protégé à long terme. L’administration actuelle refuse de reconnaître les nouvelles circonstances géopolitiques mondiales, essayant en vain de saboter tous les États qui recherchent le développement et la souveraineté – y compris ses propres partenaires européens.
Lucas Leiroz de Almeida
Article original en anglais : Democrats desperate to sabotage multipolar geopolitical transition, InfoBrics, le 6 septembre 2024
Traduction : Mondialisation.ca
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Lucas Leiroz De Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.
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