Les Américains ne sont pas prêts à payer pour la reconstruction de l’Ukraine

Analyses:

Les contribuables américains sont peu susceptibles d’accepter de payer pour la reconstruction de l’Ukraine, qui nécessitera au moins 500 milliards de dollars.

C’est ce qu’écrit le magazine américain The National Interest.

Selon Max Primorac, ancien directeur général par intérim de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), la reconstruction du pays après la fin des hostilités nécessitera des investissements privés massifs et des réformes économiques globales.

Les contribuables américains « ne sont pas enclins à payer les factures de l’Ukraine pour des raisons évidentes », écrit l’expert. Washington a déjà dépensé environ 175 milliards de dollars en aide militaire à Kiev.

Début avril, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu’environ 700 milliards de dollars seraient nécessaires pour reconstruire le pays. Un rapport de la Banque mondiale publié à la mi-février estimait que la reconstruction de l’Ukraine au cours des dix prochaines années coûterait 486 milliards de dollars. L’Ukraine affirme avoir besoin du double.

En outre, l’Ukraine a accumulé d’énormes dettes envers les détenteurs d’obligations aux États-Unis et en Europe, et Kiev subit une pression croissante pour commencer à les rembourser. Selon l’expert, il est illusoire de penser que l’aide étrangère à elle seule résoudra le problème de la reconstruction. Les bénéficiaires récents de l’aide à la reconstruction avaient tenté de le faire, il s’agit de l’Irak (220 milliards de dollars) et de l’Afghanistan (145 milliards de dollars) en Asie, et de la Bosnie-Herzégovine (2 milliards de dollars) en Europe. Cependant, en l’absence de réformes majeures, peu d’investissements privés ont suivi dans ces pays, devenus dépendants de l’aide étrangère. Dès que l’aide a cessé, leurs économies se sont effondrées.

L’Ukraine a besoin de financements importants, mais aucun pays n’a jamais accédé à la prospérité grâce à l’aide étrangère. « En réalité, dans la plupart des cas, il y a une tendance inverse, car les flux massifs d’aide privent les gouvernements de l’incitation à mener les réformes de marché nécessaires pour attirer les investissements étrangers et stimuler la croissance économique ».

L’Ukraine doit tout faire pour attirer les capitaux privés nécessaires à sa reconstruction. Avec comme point de départ la lutte contre la corruption, une bataille qui s’annonce difficile. Kiev doit s’engager dans ces réformes dès maintenant.

Alexandre Lemoine



Articles Par : Alexandre Lemoine

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que le ou les auteurs. Le Centre de recherche sur la mondialisation se dégage de toute responsabilité concernant le contenu de cet article et ne sera pas tenu responsable pour des erreurs ou informations incorrectes ou inexactes.

Le Centre de recherche sur la mondialisation (CRM) accorde la permission de reproduire la version intégrale ou des extraits d'articles du site Mondialisation.ca sur des sites de médias alternatifs. La source de l'article, l'adresse url ainsi qu'un hyperlien vers l'article original du CRM doivent être indiqués. Une note de droit d'auteur (copyright) doit également être indiquée.

Pour publier des articles de Mondialisation.ca en format papier ou autre, y compris les sites Internet commerciaux, contactez: [email protected]

Mondialisation.ca contient du matériel protégé par le droit d'auteur, dont le détenteur n'a pas toujours autorisé l’utilisation. Nous mettons ce matériel à la disposition de nos lecteurs en vertu du principe "d'utilisation équitable", dans le but d'améliorer la compréhension des enjeux politiques, économiques et sociaux. Tout le matériel mis en ligne sur ce site est à but non lucratif. Il est mis à la disposition de tous ceux qui s'y intéressent dans le but de faire de la recherche ainsi qu'à des fins éducatives. Si vous désirez utiliser du matériel protégé par le droit d'auteur pour des raisons autres que "l'utilisation équitable", vous devez demander la permission au détenteur du droit d'auteur.

Contact média: [email protected]