« Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » (Lincoln)
Daly Valet, puissant conseiller du président de la république, Jocelerme Privert, a écrit lors de sa visite dans sa ville natale, Moron, du departement de la grande anse, ce qui suit : « Vil la kraze 100 pou 100. Donk li dwe rekonstwi a 100 pou 100. Sinon se lave men siye atè » (La ville est détruite a 100%. Donc, elle doit être reconstruite à 100%. Sinon, ce n’est rien faire).
« La cite des poètes », complètement détruite, quelle tristesse !
L’aide humanitaire est essentielle en ce temps difficile pour éviter une hécatombe terrifiante dans les zones sévèrement touchées par le séisme. J’encourage tout le monde à apporter sa contribution concrète dans ce combat pour la dignité humaine, en particulier l’exécutif provisoire à prendre ses responsabilités par devant l’histoire.
A partir de ce constat désolant du conseiller présidentiel, les élections s’imposent comme la seule voie crédible pour initier la réhabilitation des villes dévastées et la réinsertion des sinistrés dans un cadre d’humain. La raison est simple : la présidence provisoire, de par sa nature, est appelée à préparer la route conduisant à la légitimité constitutionnelle. C’est-à-dire, des élections et l’installation d’un nouveau président au palais national le 7 février 2017.
Seul un gouvernement jouissant de la plénitude de la souveraineté populaire peut s’attaquer à une dévastation de cette magnitude handicapant 4 des 10 départements géographiques du pays. D’abord la légitimité. « La légitimité repose sur une autorité qui est fondée sur des bases juridiques ou sur des bases éthiques ou morales». Le président provisoire ne jouit pas de ces postulats. Même les partenaires internationaux d’Haïti seront plus confortables de conclure affaires avec une présidence légitime.
Donc, pour pouvoir attaquer au drame humain et matériel laissé par le cyclone Mathieu, il nous faut une autorité légitime et légale sanctionnée par les votes du peuple. Deux atouts indispensables dont ne jouit l’actuel régime qui, on le sait est un gouvernement de facto. Ceux qui par mercantilisme, s’efforcent de justifier la prolongation du provisoire dans le pays, à travers Privert ou un membre de la cour de cassation pour 2 ans supplémentaire, veulent nous induire en erreur. Ils adoptent cette position par opportunisme politique. Ils avaient déjà ce soupçon persistant que le verdict des urnes leur sera défavorable, surtout avec la montée en puissance de Moise Jean Charles durant ses deux semaines de campagne. Donc, le report sine die des élections reste leur seul recours.
Il faut ajouter aussi qu’historiquement, le provisoire n’a pas toujours été clément envers Haïti, à l’exception du cas de Mme Ertha Pascal Trouillot, qui avait donné lieu à l’avènement d’Aristide au pouvoir en 1991. Perdurer dans le provisoire, « cette transition qui n’en finit pas », est une aventure que nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’essayer.
Jocelerme Privert a deux choix : organiser les élections, conformément aux lois de la république, qui donneront lieu à la prestation d’un président légitime au palais national, le 7 février 2017, ou sa démission.
Joël Léon
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