L’apparition d’une IA forte pourrait causer la fin de l’espèce humaine

Il y a cent ans, en 1921, a vu le monde la pièce de théâtre de science-fiction de Karel Capek R.U.R., dont l’action se déroule dans une usine qui fabrique des robots. Il s’agissait de créatures artificielles ressemblant aux êtres humains. Les robots de Capek se révoltent, exterminent l’humanité et s’emparent de la planète. Aujourd’hui, certains se disent qu’une telle perspective n’est plus si fantastique que ça. Le problème de l’intelligence artificielle (IA) et le risque d’une révolte des machines sont largement évoqués. Et il est difficile à dire ce qui prendra le dessus, les « capacités inimaginables » ou les « grandes menaces ».

Comme l’affirme la chaîne américaine CNBC, aujourd’hui, la plupart des citoyens européens voudraient réduire leur nombre de parlementaires en les remplaçant par une IA « politiquement instruite » avec des connaissances politiques. Tels sont les résultats d’un sondage mené par le Centre pour la gouvernance du changement (Center for the Governance of Change, CGC) auprès de l’université IE de Madrid, qui a interrogé 2.769 personnes de 11 pays. Cependant, CNBC s’abstient de qualifier de tels sentiments de crise de la démocratie occidentale en tant que système.

Par ailleurs, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Allemagne 69%, 56% et 54% des personnes interrogées respectivement sont opposées à la substitution de l’homme par les machines. Les jeunes et les personnes âgées adoptent des positions différentes quant à l’IA. La plupart des personnes de moins de 44 ans font confiance à l’IA, alors que les individus de plus de 55 ans ne veulent pas avoir affaire à l’IA. Le problème reste discutable et il sort clairement du cadre technique et technologique en affectant directement la vie de gens.

Les résultats d’un autre sondage ont montré que 42% sur 30.890 personnes interrogées de 40 pays sont inquiètes par la surveillance d’informations personnelles à l’aide de l’IA. Un tiers des personnes interrogées est opposé au remplacement des médecins par l’IA, avec la plupart des récalcitrants en Allemagne (43%) et en Italie (41%). Dans plusieurs pays les gens craignent de perdre leur travail à cause des machines: 45% aux Philippines, 41% au Mexique, 40% en Chine et 37% en Malaisie. Ces peurs ne sont pas infondées. L’impression que d’ici dix ans les nouvelles technologies changeront sensiblement le marché du travail grandit.

Henry Kissinger a exprimé de sérieuses craintes concernant une éventuelle « révolte des machines », en soulignant que cette menace était d’une aussi grande ampleur que la menace de l’arme nucléaire. En se perfectionnant l’IA est capable d’interpréter à sa manière les relations avec les humains et tirer ses propres conclusions concernant le sort de l’humanité.

Le célèbre physicien théoricien Stephen Hawking a averti depuis longtemps que les efforts visant à créer des machines intelligentes pourraient menacer l’existence de l’humanité. « L’apparition d’une intelligence artificielle à part entière pourrait marquer la fin de la race humaine », indiquait-il.

L’économie numérique, la maison intelligente, les soldats robots, les gadgets entre les mains de tout le monde, etc. sont des prémisses d’un avenir sinistre. Les spécialistes du développement de l’IA affirment de plus en plus souvent que, même si cela ne se produira pas d’ici 20-30 ans, l’humanité assistera à l’apparition d’une IA plus intelligente que son créateur. Le dernier bastion de l’humanité tombera quand sera créée ce qu’on appelle l’intelligence artificielle forte ou générale, capable de gérer un éventail infiniment large de tâches intellectuelles et surtout de penser de manière autonome.

Il est impossible de prévoir la nature de toutes les menaces susceptibles de survenir à court terme. Et c’est pourquoi il est nécessaire de songer à les prévenir dès à présent. S’il n’est pas déjà trop tard.

Alexandre Lemoine



Articles Par : Alexandre Lemoine

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