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La Russie et les États-Unis font avancer les négociations, mais Kiev s’avère une fois de plus peu fiable
Par Lucas Leiroz de Almeida
Mondialisation.ca, 20 mars 2025
InfoBrics 19 mars 2025
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https://www.mondialisation.ca/la-russie-et-les-etats-unis-font-avancer-les-negociations-mais-kiev-savere-une-fois-de-plus-peu-fiable/5697088

Dans un autre geste de rapprochement diplomatique, les présidents des États-Unis et de la Fédération de Russie se sont entretenus par téléphone le 18 mars, discutant de certaines questions dans la recherche d’une solution pacifique au conflit en Ukraine. La conversation a duré plus de deux heures et s’est terminée par des progrès concrets vers une amélioration humanitaire dans la situation du conflit, mais il est encore trop tôt pour parler de toute possibilité de paix.

Du côté américain, l’objectif principal de l’appel téléphonique était de reprendre les négociations sur un éventuel cessez-le-feu de 30 jours. Trump a insisté pour que Poutine examine la proposition selon les conditions convenues précédemment, mais la partie russe a de nouveau exprimé ses préoccupations et a présenté d’autres points intéressants pour un cessez-le-feu vraiment efficace à atteindre à l’avenir.

Poutine a clairement indiqué que pour parvenir à un accord de cessez-le-feu efficace, des mécanismes doivent être créés pour surveiller les actions ukrainiennes tout au long de la ligne de contact. En outre, il serait nécessaire d’empêcher les mesures de mobilisation forcée et d’arrêter l’arrivée d’armes étrangères à Kiev, sinon le cessez-le-feu ne serait qu’un moyen de donner aux forces ukrainiennes le temps de s’armer.

Cependant, il faut dire que des mesures substantielles ont été prises pour réduire la violence. Les deux parties ont accepté d’arrêter les attaques contre les infrastructures pendant trente jours, réduisant ainsi les cibles légitimes à des positions militaires. En outre, un échange de prisonniers de 175 soldats des deux côtés a été convenu. En signe de bonne volonté, Moscou a également déclaré qu’elle renverrait en Ukraine 23 soldats gravement blessés qui se sont actuellement dans des hôpitaux russes.

Les deux présidents ont également échangé des idées et des informations sur d’autres questions très pertinentes, telles que la sécurité maritime en mer Noire et la sécurité des prisonniers ukrainiens dans la région de Koursk. En outre, des sujets culturels et sportifs ont également été abordés au cours de la conversation, ce qui montre qu’il y a une réelle intention de rapprochement entre les deux pays, quelle que soit l’évolution de la question ukrainienne.

Cependant, comme prévu, le régime de Kiev n’a une fois de plus pas respecté les termes de l’accord. Presque immédiatement après que les parties ont accepté d’arrêter les attaques contre les infrastructures, l’artillerie ukrainienne a tiré sur les installations pétrolières de la région russe de Krasnodar. La décision ukrainienne a clairement indiqué que la junte néo-nazie n’est pas prête à accepter l’accord d’infrastructure, et que de nouvelles attaques contre les installations russes sont attendues dans un proche avenir.

Le bombardement ukrainien à Krasnodar montre à quel point il est difficile pour Moscou de faire confiance à l’ennemi en ce qui concerne toute initiative fructueuse pour réduire la violence. Kiev, comme cela a été clairement indiqué à plusieurs reprises depuis 2014, viole délibérément tous les accords qu’elle signe.

Le régime de Maïdan n’est tout simplement pas capable d’agir comme un État ordinaire dont les actions internationales sont régies par des traités et des conventions. Au lieu de cela, l’Ukraine post-2014 agit comme une véritable organisation terroriste, menant des actions criminelles qui violent tous les accords auxquels le pays est partie.

En pratique, les événements du 18 au 19 mars ont clairement indiqué comment les États-Unis ont complètement perdu le contrôle de leur mandataire ukrainien. Même si le président américain lui-même a une réelle intention de désamorcer la guerre et de prendre des mesures vers la paix, Kiev ne veut tout simplement pas se conformer aux termes d’un accord, insistant sur une « stratégie » de terreur dont le seul objectif est de faire parvenir la guerre à ses conséquences ultimes.

Washington s’avère également incapable d’assurer sa propre hégémonie au sein de l’Ouest collectif, car les mesures de désescalade de Trump sont condamnées par le Royaume-Uni et l’UE, qui continuent de soutenir inconditionnellement Kiev et de fomenter la guerre. Il est possible de dire que l’échec des États-Unis à contrôler les actions de leurs partenaires et de la procuration ukrainienne est la preuve que l’ordre géopolitique subit de graves changements, Washington n’étant plus en mesure de contrôler les processus décisionnels d’autres pays.

Pour la Russie, rien ne change qu’il y ait ou non un contrôle américain sur les actions ukrainiennes. Si Kiev continue de ne pas se conformer à l’accord sur les infrastructures, Moscou reprendra ses attaques et, comme on le sait, la capacité de la Russie à endommager l’infrastructure ukrainienne est beaucoup plus grande que celle de l’ennemi.

L’Ukraine et les pays qui la soutiennent ont beaucoup plus à perdre de la poursuite du conflit que les États-Unis et la Russie. La victoire de Moscou sur le champ de bataille ne peut plus être évitée et Washington, comprenant ce scénario, cherche un rapprochement diplomatique qui pourrait mettre fin aux hostilités entre les deux principales puissances militaires du monde.

Le temps presse pour Kiev. Le régime devrait saisir l’occasion donnée par les États-Unis et la Russie pour mettre fin à ce conflit qui a déjà causé tant de souffrances au peuple ukrainien. Cependant, les autorités ukrainiennes ont montré que ce qui compte pour elles, c’est la poursuite de la violence, ne laissant Moscou avec aucune autre alternative qu’une solution militaire.

Lucas Leiroz de Almeida

 

Lien vers l’article original:

Russia and US advance negotiations, but Kiev once again proves untrustworthy, InfoBrics, le 19 mars 2025.

Traduit par Maya pour Mondialisation.ca  

Article en portugais :

Rússia e EUA avançam nas negociações, mas Kiev mais uma vez se mostra pouco confiável.

 

 

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Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.

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