La MINUSTAH, instrument d’ingérence, d’abus et d’oppression en Haïti

Nous avons appris avec émotion les événements qui ont eu lieu à la Faculté de Sciences Humaines à Port-au-Prince le 15 juin 2012. En effet, ce jour-là des soldats de la MINUSTAH (1), véritable force étrangère d’occupation, ont procédé à une intervention musclée.
Ni dans les universités françaises, ni dans d’autres centres français d’enseignement supérieur, la police, ou encore moins l’armée, fut-elle porteuse de « casques bleus », doit intervenir. Elle n’y met pas les pieds ni cela serait banal. Cela par tradition multiséculaire mais aussi par simple respect de l’état de droit. Ce qui n’est pas admissible en France ne doit pas être admis ailleurs, à savoir la violation des libertés fondamentales et de la sanctuarisation des établissements scolaires et universitaires.
Nous nous solidarisons avec les dénonciations et vives protestations du Collectif pour le Dédommagement Des Victimes du Choléra et du Réseau National de Défense des Droits Humains-RNDDH (2). Nous faisons nôtres aussi les actions entreprises par le coordonnateur de la Faculté et le recteur de l’Université qui ont dénoncé les actes perpétrés dernièrement à la Faculté des Sciences Humaines, qui ont malheureusement eu des néfastes précédents commis par ces mêmes « casques bleus », en janvier 2009 et mai 2010 (3).
Nous exigeons le total respect des droits fondamentaux, des droits et des libertés politiques inaliénables du peuple haïtien. Nous exigeons le respect de la souveraineté du peuple haïtien, aujourd’hui piétinée, et la restitution intégrale de la souveraineté de l’Etat haïtien. Ce dernier n’est à présent qu’un « Etat » sous tutelle internationale, depuis 2004, sous couvert de l’ONU et de sa « Mission de Nations Unies pour la stabilisation en Haïti » -MINUSTAH- dont nous blâmons ses agissements et méfaits.
Nous n’oublions pas que cette mise sous tutelle de la première République noire de l’histoire contemporaine fut une décision des USA secondés par la France et le Canada. Un coup d’Etat organisé et perpétré par Washington, le 29 février 2004, consumé par l’envoi à l’exil du président haïtien Jean-Bertrand Aristide. Georges W. Bush fut soutenu activement à l’époque par Jacques Chirac. La MINUSTAH compte plus de 13 000 hommes, dont deux tiers des soldats et un tiers de policiers. La Cour Interaméricaine des Droits Humains, CIDH, siégeant au Costa Rica, a accepté d’instruire des plaintes contre cette MINUSTHA, pour enlèvement, meurtre et complicité de meurtre.
L’Association des Travailleurs et des Peuples de la Caraïbe- Lawond a Travayè é Pèp an Karayib’la, ATPC, signa le 21 juin dernier une déclaration à l’endroit des organisations ouvrières et démocratiques, des associations de défense des droits démocratiques où elle manifestait fermement « Plus que jamais le combat pour le départ des troupes de l’ONU, la MINUSTAH, doit se poursuivre et se renforcer. ».
Nous appelons aux citoyens français et du monde, aux peuples épris de justice et de liberté, à manifester aussi leur soutien au digne peuple haïtien.
Luis Basurto
Observateur
Paris, le 3 juillet 2012