Iran – Conséquences pour l’Europe du refus de M. Trump de ‘certifier’ l’Accord Nucléaire avec l’Iran
Conséquences pour l’Europe du refus de M. Trump de ‘certifier’ l’Accord Nucléaire avec l’Iran

Transcription d’une entrevue avec Peter Koening
Selon The Wall Street Journal, hier à Bruxelles, les dirigeants allemands, britanniques et français ont insisté sur le nécessité d’accroître les pressions sur l’Iran concernant ses missiles balistiques.
The Wall Street Journal a ainsi écrit : « Selon certains diplomates, plusieurs dirigeants, dont la Première ministre britannique Theresa May, la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron, se sont mis d’accord sur la nécessité de maintenir la pression sur l’Iran sur des sujets comme les essais de missiles balistiques et les activités régionales de l’Iran. »
Pour autant, ces mêmes dirigeants européens avaient publié hier, jeudi 19 octobre 2017, un communiqué après leur réunion à Bruxelles dans lequel ils disaient la volonté de l’Europe de voir toutes les parties à l’accord Iran-5+1 y rester fidèles.
Les Européens semblent prendre parti pour Washington plutôt que pour Téhéran.
Réunis en sommet européen depuis jeudi, les Vingt-Huit ont abordé plusieurs sujets dont l’accord nucléaire signé en 2015 entre l’Iran et les 6. Selon le site d’information « Toute l’Europe », la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a pourtant renouvelé jeudi le soutien de l’Union européenne à l’accord sur le nucléaire iranien.
Ce jeudi 19 octobre, le président français, Emmanuel Macron, a reçu à l’Élysée M. Yukiya Amano, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Macron a souligné le soutien de la France à l’action indispensable de l’AIEA et de son directeur général, en particulier pour la promotion de l’utilisation efficace et sûre de l’énergie nucléaire, l’inspection des activités et installations nucléaires dans le cadre de la mise en œuvre du régime de non-prolifération des armes nucléaires, et la coopération technique et scientifique.
Le président Macron a évoqué avec son interlocuteur les inspections menées par l’agence en Iran dans le cadre du mandat confié par l’accord de Vienne du 14 juillet 2015 et la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Saluant la qualité du travail accompli par l’AIEA, le président de la République française a rappelé l’attachement de la France au cadre fixé par l’accord de Vienne. Il a invité l’AIEA à veiller au strict respect des termes de l’accord, dans toutes ses dimensions.
PressTV français:
Selon vous, l’Union Européenne va-t-elle respecter l’Accord Nucléaire avec l’Iran, ou plutôt pencher vers Washington?
PK
Pour commencer, il faut se demander pourquoi cet accord nucléaire a été mis en question de nouveau par Monsieur Trump, plus de 2 ans après sa signature entre les 5+1 et l’UE – les 5 nations du Conseil de Sécurité, plus l’Allemagne et l’Union Européenne – et évidemment l’Iran – en juillet 2015.
Trump depuis le début de sa présidence était contre l’accord – et pourquoi?
A cause de la pression de Bibi Netanyahu. Trump veut faire plaisir à Israël, comme les Etats Unis l’ont toujours fait, peut-être un peu moins sous Obama, mais avec les liens familiaux de Trump avec Netanyahu – il n’y a pas de question qui est au commando.
Une fois qu’on voit claire sur cette situation, tout le reste devient aléatoire, même ridicule.
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Tout le monde sait que l’Iran adhère à la lettre à l’Accord Nucléaire – ce qui a été confirmé 8 fois depuis la signature par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à Vienne.
Donc, si jamais les trois « M » – Merkel – Macron – May – hésiteraient d’appuyer l’accord, comme le Wall Street Journal l’insinue, ça serait car ils n’ont pas encore laissé tomber les chaines de leur vassalité vis-à-vis de Washington.
Ça serait triste, mais je ne crois pas au WSJ. Macron, Merkel et May se sont prononcés bien fort en faveur de respecter cet accord historique, comme le fait l’Iran, d’ailleurs – et ainsi donner un signe clair – que l’UE se distance de Washington, au moins en ce qui concerne l’affaire nucléaire Iran.
PressTV:
Une annulation de cet accord aurait également de conséquence économique sérieuses pour l’Europe. Quelle est votre opinion ?
PK:
Tout d’abord je pense une annulation unilatérale par des Etats Unis n’est pas possible. Déjà l’idée est d’une arrogance extraordinaire de la part de M. Trump. Washington n’est qu’un seul signataire de l’accord, et les autres veulent maintenir cet accord, pour plusieurs raisons, dont une est économique.
En Europe, sur tout l’Allemagne et la France, ont fait de centaines de millions euro d’investissements en Iran, n’en parlons pas des traités commerciaux avec l’Iran depuis la levée des ‘sanctions’. Il y aurait donc des pertes énormes, non seulement pour l’Iran, mais aussi – et des pertes plus sévères – pour l’Europe. Je ne pense pas que l’Europe va suivre le dictat de Washington, au moins pas dans le cas de l’Iran.
En plus, si Trump a relégué la décision si oui ou non les Etats Unis vont continuer de faire part de cet accord – ou remettre des ‘sanctions’ monstres à l’Iran, ce n’est qu’un jeu de ‘bluff’, car Trump sait très bien – et les européens le savent aussi, que des ‘sanctions’ – d’ailleurs totalement illégales, comme toutes sanctions d’un pays envers un autre – ne feront guère de mal à l’Iran, mais plutôt à l’Europe.
L’Iran applique depuis quelque temps une stricte politique d’économie de résistance, soit, elle s’est éloignée, voir détaché du système fraudulent du dollar, et s’approche à l’intégration complète de la SCO – Shanghai Cooperation Organization – dirigée par la Chine et la Russie et incorporant pratiquement l’ensemble de l’Eurasie, dont Iran fait partie. En plus, l’Inde et Pakistan font déjà sont déjà membres de la SCO – qui comprend environ la moitié de la population mondiale et 1/3 du PIB mondial. Plusieurs d’autres pays de l’Orient sont sur une liste d’attente – pour ainsi dire, pour joindre la SCO. Donc, pas de souci, l’Iran est dans une bonne compagnie et n’a plus besoin de l’Ouest.
PressTV:
Un Mot final?
PK:
L’Iran a compris que le futur est à l’Est – que l’Ouest est en train de se suicider par ses guerres éternelles, par une économie qui dépend de ces guerres, par l’avarice et par une propagande de mensonges sans fin.
D’ailleurs, l’Iran depuis quelque temps n’obéit plus au dictat de Washington, de vendre ses hydrocarbures – pétrole et gaz – en dollar; elle a des contrats avec la Russie et la Chine – les plus grands clients – en Roubles et Yuan, convertibles en or.
Donc, elle fait déjà partie d’un nouveau système monétaire pour ainsi dire, qui n’est plus vulnérable aux sanctions et agressions des Etats Unis.
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Peut-être faut-il considérer encore un autre point. Est-ce que cette nouvelle avalanche d’injure de Donald Trump vis-à-vis l’Iran sont au même temps qu’obéir aux souhaits d’Israël, un manœuvre de déviation de l’attention mondiale de la Corée du Nord ?
Est-ce M. Trump est en train de planifier en cours des « jeux militaires » qui se déroulent devant les frontières de la Corée du Nord, une attaque surprise à Pyongyang ?
Avec les Etas Unis qui ne respecte aucun accord, tout est possible.
Comme disais M. John Kerry qui était le négociateur en chef sur l’accord nucléaire de l’Iran, « Si les Etats Unis continuent de violer les accords qu’ils ont signés, ils risquent de perdre la crédibilité dans le monde. » – Effectivement, Washington n’a plus beaucoup de crédibilité même parmi ses alliés.
Voir la vidéo en lien avec l’entrevue :
http://www.presstv.com/DetailFr/2017/10/21/539402/Iran–Europe-saura-agir-indpendamment-de-Washington-