Haïti: Avis unanime autour du départ de la MINUSTAH

Analyses:

Après 9 longues années du débarquement des forces des Nations Unies sur le territoire d’Haïti, la plus grande majorité de la population haïtienne se mettent d’accord autour du retrait de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH). A l’occasion du 9eanniversaire de la présence de cette force, divers mouvements de protestations ont été organisés pour exiger le départ de la MINUSTAH et le dédommagement pour les victimes d’exaction des soldats de l’ONU, particulièrement celles de l’épidémie de Choléra.

Au Sénat de la République, une résolution réclamant le retrait progressif et ordonné de la MINUSTAH a été votée à l’unanimité sur proposition du sénateur Moïse Jean Charles, le mardi 28 mai 2013(voir page…)

Une conférence continentale s’est tenue à Port-au-Prince du 31 mai au 1er Juin 2013 avec la solidarité des représentants venant de 9 autres pays : Guadeloupe, Martinique, Brésil, Argentine, Mexique, Salvador, Etats-Unis, Algérie et la France. Cette conférence s’est déroulée autour du thème : Ann pote kole pou MINUSTAH ale » (voir la résolution à la page..).

Il y avait également un meeting  populaire et une exposition des photos des exactions de la MINUSTAH sur la place du père fondateur de la Nation, Jean Jacques Dessalines au Champ de Mars ; des manifestations tant à la capitale que dans des provinces, des émissions radio-télévisées et des communiqués de presse. Le départ de la MINUSTAH a défrayé la chronique ces derniers jours à travers toutes les couches de la population haïtienne.

C’est dans ce contexte que la journée internationale des casques bleus a été célébrée à Port-au-Prince le mercredi 29 mai dernier. Et, que le Secrétaire général de l’ONU a nommé le vendredi 31 mai, Mme Sandra Honoré, de Trinité et Tobago pour être sa représentante spéciale en Haïti. Elle entre en fonction le 15 juillet prochain. On espère qu’elle sera la dernière représentante de la MINUSTAH en Haïti.

Avec la participation de 140 délégués venant de 10 pays dont Haïti, la conférence continentale s’est déroulée durant ces deux jours dans une ambiance très cordiale.

Rappelons que l’idée et venue du Comité de solidarité « Défendre Haïti, c’est nous défendre nous-même », qui a déjà organisé diverses activités en Haïti et à l’étranger pour exiger le retrait inconditionnel des troupes de l’ONU d’Haïti. La dernière a eu lieu à New-York, le 11 octobre 2012, au siège de Nations Unies où une délégation constituée des représentants d’organisations et de personnalités engagées de la Caraïbe et du Continent américain a été reçue dans l’objectif d’exiger le départ des soldats de l’ONU de la première République noire et le dédommagement  des victimes de Choléra.

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A l’ouverture de la conférence des messages de soutien en provenance de la Guadeloupe, Sainte-Lucie, Martinique, Trinité et Tobago, Etats-Unis, Equateur, Pérou, Brésil, Bolivie, France ont été lus. Un texte de cadrage a été présenté par le Secrétaire général de la Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens (CATH), Fignolé Saint-Cyr, suivi des interventions des professeurs Ducasse Joël, Camilles Charlmers et de l’avocat-syndicaliste, Fatal Jean Ronald Kolinsky de la CTSP. Ces conférenciers tout en analysant l’aspect historique de l’occupation d’Haïti de 1915 à nos jours, les conséquences négatives de l’occupation sur la vie économique, politique, sociale et culturelle du pays ont démontré que la MINUSTAH est une force illégale qui viole systématiquement le droit à l’autodétermination du peuple haïtien.

En fin d’après-midi du vendredi 31 mai, un meeting populaire réunissant plusieurs centaines de personnes, a eu lieu au Champ de Mars, sur la place Dessalines, où les représentants des différentes délégations ont pris la parole en solidarité avec le peuple haïtien dans la lutte pour la libération de son territoire.

« Nous sommes prêts à appuyer les initiatives entreprises par Haïti pour obtenir le retrait des troupes de l’ONU, nous en serons partie prenante », a déclaré Jacques Girod, représentant du Parti Ouvrier Indépendant (POI) de la France. « Nous nous opposons à toutes décisions militaires prises en termes d’opération dite de maintien de la paix, mais qui n’apporte que le chaos et la misère pour les peuples», a déclaré Julio Turra, membre de la commission exécutive de la Centrale unique des travailleurs du Brésil (CUT), tout en ajoutant que le peuple brésilien était contre l’établissement de cette force en Haïti. « An n pote kole pou MINUSTAH ale » a-t-il dit au Champ de Mars. « Si nous voulons rester souverains au Brésil, il faut respecter la souveraineté du peuple haïtien », a poursuivi le Brésilien. « Il faut le retrait immédiat de la MINUSTAH d’Haïti. Nous sommes en train de gagner une bataille, mais il faut continuer à se mobiliser en Haïti et ailleurs pour les résultats de cette bataille », a-t-il conclu.

Le sénateur Moïse Jean-Charles s’est montré déterminé à lutter pour la départ de la MINUSTAH. « Une résolution est déjà votée au Sénat. Maintenant nous travaillons sur une autre résolution qui sera présentée très bientôt à l’assemblée des sénateurs exigeant la fermeture de la radio MINUSTAH FM émettant sur le territoire national. » A-t-il déclaré.

De l’avis de plus d’un, la MINUSTAH a failli à sa mission durant les neuf dernières années, elle n’a rien fait pour maintenir la paix et la stabilité dans le pays. Au contraire elle a augmenté les calamités des couches les plus pauvres avec l’introduction de l’épidémie  de Choléra qui a déjà fait 8,292 morts et 670,500 personnes contaminées. Les soldats de l’ONU ont commis des crimes abominables sur des gens des quartiers pauvres d’Haïti. Le président de la Fondation Jean-Baptiste Eric, un citoyen engagé corps et âme dans la lutte pour débarrasser le pays de ces forces d’occupation a déclaré au cours d’une émission télévisée que : « La MINUSTAH est une force criminelle qui ne fait que renforcer la corruption, l’instabilité et les mauvaises mœurs dans le pays. » Tandis que pour l’ex-sénateur, Youri Latortue, la MINUSTAH est une anomalie pour le pays. Il est de principe que lorsqu’il y a des troupes étrangères dans un pays, celui-ci a perdu sa souveraineté.

Maintenant, il est clair et indéniable, la MINUSTAH doit partir définitivement. Les autorités du pays doivent prendre toutes les dispositions nécessaires pour renforcer la capacité et l’effectif de la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans toutes ses composantes, dans les prochains mois, pour assurer la sécurité du territoire et du peuple haïtien.

Yves Pierre-Louis



Articles Par : Yves Pierre-Louis

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