FRANCE : Mohamed Merah. A voté !

Et si le six mai la France faisait son printemps ? Les sondages se sont déjà trompés. Marianne est coquette, infidèle, frondeuse, elle aime changer d’avis comme de chemise. On veut lui imposer le bonnet blanc ou le blanc bonnet ? Elle pourrait bien par dépit, choisir le bleu marine ou le rouge ronchon.

Le show des nominés tourne en rond. Les acteurs s’embrouillent dans les chiffres d’une prospective de comptoir. « Je ferai tout ce qu’hier je n’ai pas fait ….», « je ferai tout ce qu’il promet mais en mieux ….» Je taxerai les riches dit l’un, je baisserai le prix de l’essence dit l’autre.

Hallal ou casher ? La France d’en bas s’en fiche, elle réclame le ragoût quotidien et la poule-au-pot dominicale. A Nogent-le-Rotrou (bien nommé), l’unique boucher « cent pour cent sans sang » a déposé son bilan. Il est parti rejoindre la table de ses anciens clients aux Restaurants du Cœur.

Etrange campagne qui ignore les affaires scandaleuses.
La cupidité et la lubricité équilibrent le fléau de la balance. Takieddine contre DSK, rétro-Sawari contre coquineries sordides. Le Président sortant laissera son nom à un estaminet des Champs Elysées et le lubrique du FMI à un club échangiste « Aux Trompettes de la Renommée ». Le pouvoir d’achat des français est en baisse, sa libido aussi. Alors, il ne faut pas lui parler de milliards ni de galipettes.
Etrange campagne qui ignore les affaires étrangères.

Gauche et droite se rejoignent sur l’Iran, la Syrie, Israël, le Liban, l’Algérie, l’Arménie. Elles promettent l’une et l’autre de mettre au pas l’insolente Berlinoise pour booster la croissance ou limiter l’immigration. On va reconstruire la ligne Maginot et l’Allemagne paiera. Ah mais !

L’élection présidentielle dont le seul enjeu est la reconduction du titulaire devient secondaire. Les citoyens désespèrent et s’ennuient, ils zappent TVS, TVH, TVM, TVB… Les vieux ont la nostalgie de Pompidou et Duclos, les jeunes ressuscitent Claude François et Bob Dylan, idoles des sixties.

Le pays appréhende l’avenir, alors il se réfugie dans le passé.

Malheureusement, le sang de la ville rose a éclaboussé le pays, prolongeant le sentiment de peur car le premier flic de France est en échec.

Police et surveillance du territoire ont été défaillantes car le pouvoir politique se mêle de tout, et surtout de ce qu’il ne sait pas faire. Les agents secrets se sont laissé enfumer comme des bleus. Le tueur a laissé des traces dans les dossiers d’une bonne dizaine de services étrangers : israéliens, syriens, iraniens, irakiens, jordaniens, algériens, pakistanais, américains, russes, afghans… Tous l’avaient à l’œil. Sauf l’officier traitant français !

Reste à découvrir la nationalité du marionnettiste. Il est improbable qu’elle soit révélée. Mais on peut s’exercer à la deviner.

La politique extérieure de la France de ces dernières années lui vaut de solides rancœurs en Libye, en Syrie, en Irak, en Iran, en Afghanistan et au Pakistan pour les plus tenaces, en Turquie, en Tunisie, en Algérie, au Tchad, au Soudan, au Niger, en Somalie, en Côte d’Ivoire pour les plus indulgentes. Même en Arabie et au Qatar, des reproches à voix basse parviennent aux oreilles des monarques jugés trop complaisants envers Paris. Le roi Abdallah et le Banquier Al Thani ne tiennent plus leurs jeunes salafistes. Quant au Conseil de Sécurité de l’ONU, les grands semblent attendre que le petit parisien passe la main.

L’Etat français n’a plus guère d’amis. Il s’est fâché avec tous, pour n’en conserver qu’un seul dont il partage les postures belliqueuses: l’Etat hébreu.

Toulouse révèle par un jeu de miroir, l’état de la France : la pauvreté, la marginalisation des banlieues, l’échec scolaire, l’impuissance judiciaire, l’absence de repères identitaires pour des centaines de milliers de jeunes.
Merah était un paumé.

Français ? Pas tout à fait car bien que né en France de parents français il était aussi algérien, nationalité qui s’impose par le sang du père ou celui de la mère. C’était un bi-citoyen sans patrie. Est-ce pour cette raison qu’il a tué des binationaux ?
Arabe ? Pas tout à fait car il savait peu cette langue, sa poésie, sa musique et ses cent manières de conjuguer le verbe aimer.
Musulman ? Pas du tout car il était coraniquement inculte, pratiquant à la sauvette, délinquant le reste du temps.
Mohamed était un ni-ni. Un rejet de tous. Un pantin disponible. Prêt à servir le premier service venu. Il n’était qu’un objet. C’était un mort- vivant, il devint un cadavre bien encombrant. « Qu’on le jette au cimetière des chiens d’Asnières, il y sera parmi les siens ! » Polémique post mortem ultime ?

L’actualité indécente exhibe la cruauté du monstre et attise l’appétit des charognards, toutefois, « par respect pour la douleur des proches », elle cache la détresse des victimes, elle ne montre pas la montagne de fleurs de compassion pour la maman à laquelle toutes les mamans pensent.

Quel souvenir subliminal laissera le carnage de Toulouse et de Montauban dans l’esprit de l’électeur lorsque derrière le voile de l’isoloir viendra l’instant du choix ? La France ne sera peut-être plus la même le six mai, mais avec des si…



Articles Par : Hédi Belhassine et Hedy Belhassine

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