Death of a President – L’illusion d’un vrai documentaire
Le controversé film Death of a President, qui sort en salle à Montréal demain, devrait attirer deux types de cinéphiles. Ceux qui détestent le locataire actuel de la Maison-Blanche voudront voir de quoi il retourne puisqu’il s’agit d’un faux documentaire sur l’assassinat de George W. Bush en octobre 2007.
D’autres apprécieront les efforts qu’a faits le cinéaste britannique Gabriel Range pour donner l’illusion d’un vrai documentaire tout en réalisant un thriller assez efficace.
Il n’a pas lésiné sur les moyens techniques. Les images d’archives sont habilement entremêlées de scènes fictives. Des logiciels de traitement de l’image et de la voix ont permis aux deux principaux personnages réels du film, George W. Bush et le vice-président Dick Cheney, de tenir des discours fictifs convaincants.
Le film a semé la controverse lors de sa première projection au Festival des films de Toronto, en septembre, et ensuite lorsque Channel Four l’a diffusé en Grande-Bretagne le 19 octobre.
La Maison-Blanche a dit que le film n’était «pas digne d’un commentaire», signe évident qu’on ne l’a pas beaucoup apprécié, tandis que des millions de messages d’indignation ont été placés sur des sites Internet.
Death of a President est davantage un film à sensation qu’un réquisitoire approfondi contre les politiques du 43e président des États-Unis, même si le réalisateur dit avoir voulu exprimer un commentaire sur ce qui est arrivé à ce pays après le 11 septembre 2001.
Le commentaire se résume à ceci : depuis les attentats, la communauté musulmane américaine est ciblée par la police et par les autres responsables de la sécurité nationale, tandis qu’une bonne partie des adversaires du président sont habités par une haine sans précédent à l’endroit du chef de l’État.
Le 19 octobre 2007, le président est assassiné après un discours dans un hôtel de Chicago. À l’extérieur, des manifestants agressifs dénoncent la guerre qui continue de faire rage en Irak. Les coups de feu ont été tirés à partir d’un gratte-ciel voisin.
L’enquête policière, racontée par un agent fictif du FBI, finit par se concentrer sur un immigré syrien travaillant dans l’immeuble en question. Celui-ci finira par être condamné, même si les preuves matérielles ne sont pas en béton. Le film donne l’impression que l’enquête et le procès ont été politisés, d’autant plus qu’une piste plus prometteuse désignait un autre suspect.
Un distributeur américain, Newmarket Films, a acheté les droits de Death of a President pour les États-Unis, mais plusieurs propriétaires de salles ont indiqué qu’ils refuseraient de projeter ce long métrage.