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Genève – De nouveaux témoignages concernant la torture systématique et les traitements inhumains infligés aux détenus palestiniens dans les camps de l’armée israélienne – dont certains ont disparu de force de la bande de Gaza – ont été reçus par Euro-Med Human Rights Monitor.

L’armée israélienne et les enquêteurs du Shin Bet ont traité les détenus palestiniens comme des “animaux”, selon les témoignages reçus par Euro-Med Monitor de personnes récemment libérées enfermés plusieurs jours en détention israélienne.

D’après ces témoignages, nombre d’horribles opérations de torture commencent dès que les personnes sont enlevées de leur domicile ou des centres d’accueil, où de nombreux habitants de Gaza s’abritent des attaques israéliennes en cours. Les soldats battent alors les personnes détenues et les déshabillent, à l’exception de leurs sous-vêtements, les obligeant à se mettre à genoux dans la rue pendant des heures, tout en les harcelant avec mépris. Plusieurs prisonniers libérés ont déclaré qu’après s’être fait maudire et avoir dénigré des groupes palestiniens et des personnalités politiques, ils ont été violemment jetés dans des camions vers des centres de détention en plein air, où ils ont été brutalement battus et soumis à d’autres formes de mauvais traitements.

Selon un prisonnier libéré qui a insisté sur l’anonymat pour des raisons de sécurité, la majorité des prisonniers sont détenus dans des camps de l’armée israélienne plutôt que par l’administration pénitentiaire israélienne et, par conséquent, dans des conditions illégales. Il a ajouté qu’une fois transférés, les détenus sont contraints de rester à l’intérieur de cages en grillage malgré le temps très froid. Les détenus sont fréquemment violemment battus sur tout le corps, subissent des tortures par chocs électriques, des brûlures avec des mégots de cigarettes, mains et pieds liés dans différentes positions, et des opérations “fantômes”, a-t-il ajouté, faisant référence à la suspension des détenus par les mains et les pieds.

Euro-Med Monitor a indiqué que le camp militaire de Sde Teman, situé entre Beersheba et Gaza, a été transformé en une prison équivalente à Guantánamo. Les détenus y sont maintenus dans des conditions très dures, dans des cages à poules en plein air, sans accès à la nourriture ou à la boisson pendant de longues périodes, tout en étant empêchés de recevoir la visite d’un avocat, ou de la Croix-Rouge.

L’équipe d’Euro-Med Monitor a souligné les témoignages reçus concernant la mort de deux détenus du camp de Sde Teman, dont l’un avait un pied amputé. Israël n’a pas officiellement annoncé leur mort. L’organisation de défense des droits de l’homme a également documenté l’arrestation d’hommes et de femmes âgés, dont une femme de 80 ans, ainsi que d’hommes de plus de 70 ans.

Jihad Zaqout, âgé de 75 ans, a déclaré à l’équipe d’Euro-Med Monitor que le 12 décembre 2023, les forces israéliennes l’ont arrêté à son domicile dans la ville de Gaza. Après l’avoir battu, lui avoir donné des coups de pied et l’avoir attaché avec du fil de fer, les soldats se sont servi de lui comme bouclier humain en le plaçant dans une maison située dans un quartier où des activités militaires avaient cours.

Zakout a rapporté que pendant qu’il était transporté dans un camion avec d’autres prisonniers palestiniens, les soldats israéliens les frappaient continuellement à la tête à coups de crosse de fusil. Arrivés dans un camp de l’armée abritant des centaines de prisonniers, Zakout et ses compagnons de détention ont été contraints de dormir à même le sol, sans matelas, et n’ont été autorisés à utiliser les toilettes qu’une fois tous les deux ou trois jours. Les détenus ont également été battus et se sont vus refuser l’accès aux soins médicaux.

Euro-Med Monitor a rapporté le 3 novembre 2023 la mort du travailleur Mansour Nabhan Muhammad Warsh, 24 heures seulement après son arrestation par les forces israéliennes. Son corps était couvert d’ecchymoses et de traces de menottage, ce qui a probablement contribué à sa mort par crise cardiaque.

Quatre jours plus tard, le 7 novembre 2023, Euro-Med Monitor a documenté la mort d’un travailleur détenu de 32 ans, Majed Ahmed Zaqoul, déclaré mort dans la prison israélienne d’Ofer après avoir été soumis à de graves tortures. Le sort de centaines d’autres travailleurs de la bande de Gaza reste inconnu.

Les équipes de terrain d’Euro-Med Humans Rights Monitor ont déjà documenté la détention de centaines de civils palestiniens lors de campagnes d’arrestations aléatoires menées par Israël dans différentes zones de la bande de Gaza, à la suite de l’assaut des forces israéliennes contre des maisons d’habitation et des écoles abritant des milliers de personnes déplacées. Ces campagnes d’arrestations aléatoires concernent médecins, infirmières, journalistes et personnes âgées, dont des dizaines de femmes, comme Hadeel Youssef Issa Al-Dahdouh. Dans une scène inhumaine, Al-Dahdouh apparaît sur une photo aux côtés d’un groupe de détenus masculins nus dans un camion militaire israélien.

Euro-Med Humans Rights Monitor a demandé à Israël de révéler immédiatement les noms, les lieux et le sort de tous les détenus disparus de force, et de mettre immédiatement fin à sa politique de torture et de mauvais traitements à l’encontre des détenus palestiniens. Le groupe de défense des droits basé à Genève a appelé le Comité international de la Croix-Rouge à assumer ses responsabilités et à vérifier les conditions de détention des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.

Euro-Med Monitor a également demandé au rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et au groupe de travail sur la détention arbitraire d’ouvrir une enquête impartiale et urgente. Cette enquête est nécessaire pour enquêter sur la liquidation par l’armée israélienne de civils palestiniens après leur arrestation dans différentes zones de la bande de Gaza, pour demander des comptes aux responsables et rendre justice aux survivants ainsi qu’aux familles des victimes.

Article en anglais : In Israeli army camps, Gazan detainees subjected to torture and degrading treatment, EuroMedMonitor, le 7 janvier 2023.

Traduction : Spirit of Free Speech