Alexeï Navalny  : derrière le narratif occidental, des questions sans réponses

Alexeï Navalny est décédé le jour du début de la conférence sur la sécurité à Munich. Contrairement à ce qu’on a pu lire dans la presse mainstream, la mort de l’opposant russe ne serait-elle pas plutôt profitable au clan occidental dans un contexte de questionnement sur le soutien US à l’Ukraine et d’élection présidentielle en Russie prévue en mars prochain ? De son rocambolesque empoisonnement en 2020 à sa mort en 2024, Alexeï Navalny alimente tous les fantasmes américains et européens dans un monde de plus en plus multipolaire. Au regard des faits, de nombreuses questions peuvent être soulevées. 

 

I – Une période propice aux provocations 

  • L’Ukraine

L’Ukraine fait actuellement face à un flou quant au soutien des Etats-Unis à ses desseins militaires. En effet, les officiels américains ont prévenu celle-ci que l’administration américaine ne pourra pas livrer de nouvelles armes à Kiev sans l’approbation du projet de loi approprié par le Congrès US. A ce titre, toute provocation impliquant la Russie est une aubaine pour le régime de Kiev et tend à mettre la pression sur les décideurs de Washington et à conforter l’Union européenne dans son choix de soutenir financièrement et militairement la politique de Zelensky. 

  • Les élections présidentielles russes

La position européenne et US présentant Alexeï Navalny comme un opposant principal à Vladimir Poutine est source de débat au regard des chiffres et de la réalité. A l’approche des prochaines élections présidentielles russes de mars, Vladimir Poutine obtient 75 % des intentions de vote d’après les derniers sondages, les autres candidats plafonnant à 5 %. L’opposition majeure en Russie est concentrée sur le Parti communiste alors qu’Alexeï Navalny dans sa carrière politique n’a suscité semble-t-il que peu d’intérêt et affichait en 2020 un soutien de 2% de la population russe (sondage Levada). 

II- Alexeï Navalny, un personnage à multiples facettes entre ultranationalisme, escroqueries et racisme 

Alexeï Navalny a été condamné à plusieurs reprises pour escroquerie, notamment dans l’affaire la plus médiatisée, celle de la société Yves Rocher. Suite aux dédommagements à payer à la compagnie Moskovsky Shkolnik, le politicien et sa fondation furent complètement ruinés. 

Dès 2021, les déclarations racistes d’Alexeï Navalny dans des vidéos refont surface, lui coûtant son statut de « prisonnier d’opinion » auprès d’Amnesty International puisqu’il prônait la violence et la discrimination, et même des appels aux meurtres.  

III– Accusations occidentales et interrogations 

Depuis le 20 août 2020, Alexeï Navalny est au centre de diverses polémiques enrobées de mystères qui soulèvent de nombreuses questions qui ne sont pas à ce jour élucidées. De son malaise dans le vol qui le ramenait de Tomsk à Moscou le 20 août 2020 à son hospitalisation en Allemagne quelques jours plus tard, son histoire est jalonnée d’accusations d’empoisonnement de part et d’autre. Dans ce cadre, la Russie a proposé sans succès à l’époque l’envoi de spécialistes russes en Allemagne afin d’étudier les substances toxiques trouvées à l’époque par les experts occidentaux. Cette méfiance réciproque n’a pas réussi à faire aboutir l’enquête… 

Son nouveau malaise le 16 février 2024 au retour de sa promenade au sein de l’administration pénitentiaire de Iamalo-Nénétsie où il purgeait une peine pour extrémisme, a conduit à son décès malgré les efforts de réanimation des médecins de l’institution. 

Toutes les hypothèses sont à étudier, d’un simple problème cardiaque à un meurtre commandité. Si la dernière piste s’avérait véridique, vers qui se tournerait les soupçons, entre un gouvernement russe qui a été immédiatement accusé ou les gouvernements occidentaux en manque de leviers et d’influence ? Rien n’est à exclure à ce stade. 

En tout cas, les décideurs US et européens et les médias mainstream ont immédiatement réagi avant même le début de l’enquête, contrairement à leur quasi-indifférence sur le sort de Julian Assange et Edward Snowden et la mort de Gonzalo Lira, journaliste américain, récemment décédé dans l’indifférence médiatique dans une geôle ukrainienne pour avoir, selon ses proches, critiqué les gouvernements Zelensky et Biden. 

En conclusion, loin d’être simple, contrairement au narratif officiel déployé aux Etats-Unis et en Europe, l’affaire Navalny soulève des questions et appelle à la prudence devant des réactions et des publications à sensation. Il convient donc de laisser l’enquête se dérouler de façon impartiale et de ne pas tirer des conclusions trop hâtives.  

Catherine Roman

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Française, Catherine Roman a vécu quelques années en Russie. Elle travaille dans le secteur des chiffres et se passionne pour la géopolitique et l’intelligence économique.



Articles Par : Catherine Roman

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