Si le nouveau gouvernement allemand a été assermenté hier, les médias avaient commencé bien avant à faire accepter son programme auprès du public. Ils confirmaient ce que le WSWS avait écrit dès le début sur l’accord de coalition: le programme de la grande coalition (CDU-CSU-SPD) sera caractérisée par une politique de grande puissance, de militarisme et d’attaques féroces contre les droits sociaux et démocratiques.

Samedi, Der Spiegel a publié une tribune intitulée «Merci, Donald.» Le rédacteur en chef du magazine, Klaus Brinkbäumer, résume ce que Sigmar Gabriel, Ursula von der Leyen, Wolfgang Ischinger, Herfried Münkler et d’autres représentants de la politique étrangère allemande ont proclamé ces derniers mois et tire des conclusions précises.

Il fallait être reconnaissant au président américain car «les failles de l’alliance transatlantique» offraient à l’Allemagne «l’opportunité» de «grandir», dit l’argument central de cet article. L’Allemagne doit de nouveau mener une politique étrangère « sale » basée sur une politique de grande puissance. « L’époque où nous pouvions compter sur les Etats-Unis et laisser toutes les tâches majeures, et surtout les sales, aux Etats-Unis est terminée », déclare Brinkbäumer, ajoutant, « nous devons une fois encore faire de l’Europe une force politique mondiale. »

Brinkbäumer regarde avec convoitise la «Chine non démocratique», qui prône «le libre-échange et la mondialisation», qui est «prévisible» et «à certains égards un meilleur partenaire» qu’ «une Amérique brisée dans ses fondements démocratiques». En ce qui concerne les questions mondiales, l’Europe « doit choisir les partenaires dont elle a besoin pour imposer ce qu’elle considère juste. Et bien sûr, au besoin, contre les Etats-Unis ».

Brinkbäumer résume ensuite en quatre points ce que cela signifie concrètement.

« Il faut dire adieu à la politique étrangère gentille, protégée, parfois hypocrite du passé », lit-on d’abord. L’Allemagne ne peut plus « se cacher » et « prendre des positions moralement pures ».

Ensuite, il prône ouvertement la propagation du militarisme plutôt que de le déguiser: «Quand il s’agit d’opérations militaires impliquant des dépenses énormes et des risques avérés, alors dans une démocratie, elles devraient d’abord être débattues et ensuite tranchées. »

Il poursuit en exigeant une politique étrangère basée sur des intérêts et non sur des valeurs; cela doit aussi être discuté « sans crainte ». Il cite comme exemple la politique de l’Allemagne envers la Turquie et demande: «Voulons-nous que la Turquie respecte les droits de l’homme et les règles démocratiques, ou voulons-nous l’empêcher de s’orienter vers Moscou ou Pékin? »

Enfin, Brinkbäumer demande: «Nous devons unir l’Europe en une seule entité.» En fin de compte, «nous devons avoir une politique financière et économique commune, une armée commune, une stratégie commune et donc une politique étrangère commune». L’objectif doit être « une Europe forte – sinon nous, Européens, céderont notre importance et perdrons le combat ».

Il y a dix ans, un tel programme ouvertement impérialiste aurait provoqué des protestations ou au moins fait scandale. Aujourd’hui, il y a un consensus au sein de l’élite dirigeante et de ses partis, y compris le Parti de gauche. L’accord de coalition, signé par la CDU, la CSU et le SPD lundi, explique cela en détail.

Le cadre international, qui a permis à l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale de devenir une grande puissance économique par des moyens relativement pacifiques, n’existe plus. Les différends géostratégiques existent depuis longtemps avec les États-Unis. Ceux-ci sont maintenant aggravés par une guerre commerciale avec menaces de droits douanes sur l’acier et l’aluminium et de taxes punitives sur les voitures de la part du président américain Donald Trump, qui frapperaient au cœur l’économie allemande.

«Aucun autre pays ne serait aussi durement touché», déclare Der Spiegel,en citant l’économiste Gabriel Felbermayr. Un emploi allemand sur quatre dépend des exportations. En particulier, cinq industries clés – l’automobile, les machines, l’ingénierie électrique, les produits pharmaceutiques, les instruments de précision – sont parmi les principaux secteurs exportateurs vers l’Amérique.

De plus, l’Union européenne (UE), de loin le marché le plus important pour l’économie allemande, se désintègre. Suite au Brexit, les partis hostiles à l’UE détiennent désormais la majorité au parlement italien, un membre fondateur de la Communauté économique européenne. Et malgré l’enthousiasme pour le président français, Berlin et Paris n’ont pas trouvé d’entente pour mettre en œuvre la réforme de l’Union monétaire proposée par Macron – malgré le fait que la prochaine crise financière se profile.

La classe dirigeante allemande réagit à cette crise en recourant aux méthodes criminelles qu’elle a utilisées dans le passé. Dans sa nouvelle quête de domination mondiale, elle cherche à dominer l’UE et à en faire une alliance militaire armée jusqu’aux dents.

Cela a un impact direct sur la politique intérieure. Le militarisme et les politiques de grande puissance sont incompatibles avec la démocratie. Des années de coupes dans l’aide sociale combinées à une énorme expansion d’un secteur économique à bas salaires ont déjà énormément exacerbé les tensions de classe. Maintenant, l’augmentation des dépenses militaires est à l’ordre du jour. L’objectif convenu dans le pacte de coalition de 2 pourcents du PIB tel que requis par l’OTAN équivaut à un doublement du budget militaire à un total de 70 milliards d’euros par an. Tout cela doit être payé par la classe ouvrière.

C’est pourquoi la campagne contre les réfugiés s’intensifie de nouveau, bien que le nombre de demandes d’asile diminue de manière significative. Cette campagne sert à détourner le mécontentement social vers la couche la plus vulnérable de la société. En même temps, elle est utilisée pour éliminer les droits démocratiques fondamentaux et ériger un État policier pour réprimer l’opposition sociale.

Le nouveau ministre de l’Intérieur et de la patrie, Horst Seehofer (CSU), a marqué le début de cet assaut renouvelé dimanche en annonçant un «plan directeur pour des déportations plus déterminées», une surveillance de masse et d’autres mesures d’Etat-policier. Le même soir, au cours d’un talk-show télévisé, il a reçu le soutien de la nouvelle secrétaire générale de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, de la politicienne SPD Manuela Schwesig, de la cheffe du groupe parlementaire du Parti de gauche, Sahra Wagenknecht et du leader du FDP, Christian Lindner.

Lundi, le chef adjoint de la CSU et chef de groupe du Parti populaire européen au Parlement européen, Manfred Weber, a emboîté le pas avec une longue interview à la Süddeutsche Zeitung.

Weber a déclaré qu’il était « horrifié » par le résultat des élections italiennes. Un effondrement de l’UE « signifierait la fin de notre importance mondiale », a-t-il averti. Il a ensuite identifié « l’échec pathétique » des Etats de l’UE « en matière de politique migratoire » comme le principal problème.

Sa solution: « Nous avons besoin d’une sécurité renforcée à nos frontières [. …] Si les Bulgares tentent d’empêcher la migration illégale avec des clôtures à la frontière avec la Turquie, ils méritent d’être soutenus. » L’Europe a besoin « d’agents opérationnels » pour sécuriser conjointement les frontières. Au lieu des 1500 actuels, il en faut « au moins 10 000».

En tant qu’exemple à suivre pour l’expulsion des réfugiés, Weber a cité l’accord de 2016 avec la Turquie. « Nous devons organiser des rapatriements directs mais structurés depuis les camps, comme par exemple depuis Lesbos [l’île grecque] vers la Turquie [ …] En Libye, nous devons au moins construire des enclaves vers lesquelles nous pouvons ramener les migrants illégaux et nous en occuper».

«Une politique étrangère sale et orientée vers les intérêts», «d’énormes dépenses dans les opérations militaires», «des expulsions déterminées», voilà la pierre angulaire de la politique du nouveau gouvernement qui a pris ses fonctions hier. Ce sera le gouvernement allemand le plus à droite depuis le renversement du régime nazi.

Peter Schwarz

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Allemagne: les nouveaux ministres sociaux-démocrates

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Le limogeage du secrétaire d’Etat Rex Tillerson par le président américain mardi et l’annonce de son remplacement par le directeur de la CIA Mike Pompeo ont à voir avec une orientation, qui s’accélère, de l’administration américaine vers une politique de guerre planétaire comme solution à la crise profonde du capitalisme américain.

Limogé par un tweet matinal de Trump, Tillerson n’avait pas, selon ses assistants, été averti à l’avance qu’il allait être démis de ses fonctions. Le tweet est arrivé quelques heures après que Tillerson est revenu d’un voyage d’une semaine en Afrique, essentiellement une tournée d’excuses pour la qualification du continent comme «pays de merde» par Trump.

Trump a aussi annoncé que Pompeo serait remplacé par Gina Haspel, une personne directement impliquée dans les crimes de torture et de disparitions forcées.

Si la méthode de Trump pour limoger Tillerson fut abrupte, des rumeurs selon lesquelles le secrétaire d’État perdrait son siège au gouvernement circulaient depuis des mois à Washington, sur fond d’interventions répétées du président pour miner son supposé porte-parole dans le monde.

Dans une réprimande extraordinaire à son secrétaire d’Etat en octobre dernier, Trump avait tweeté depuis son club de golf du New Jersey que Tillerson « perdait son temps à négocier avec ‘le petit homme-fusée’ » surnom qu’il avait donné au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, ajoutant, « nous ferons ce qui doit être fait! », suggérant une action militaire. Le tweet était arrivé juste au moment où Tillerson avait des discussions avec les responsables chinois sur la crise dans la péninsule coréenne.

Au cours de la même semaine, on a appris que Tillerson avait qualifié Trump de «crétin» lors d’une réunion du Pentagone au sujet de la déclaration du président à ses conseillers qu’il voulait un décuplement des armes nucléaires américaines.

Quelles que soient les frictions entre le président américain et Tillerson, ancien PDG multi-millionnaire d’ExxonMobil, Trump a indiqué mardi un différent particulier sur la politique étrangère.

« En fait, je m’entendais bien avec Rex, mais il avait vraiment un état d’esprit différent, une pensée différente », a déclaré Trump aux journalistes au moment de quitter la Maison Blanche pour un voyage en Californie. « Si vous regardez l’accord sur l’Iran, je pense que c’est terrible. Je suppose qu’il pensait que ça allait.. . Donc nous ne pensions pas vraiment de la même façon. Avec Mike, Mike Pompeo, nous avons un processus de réflexion très semblable. Je pense que ça va très bien aller. »

Avec une fortune personnelle de plus de 300 millions de dollars et une carrière qui l’a amené au sommet de l’un des plus grands conglomérats pétroliers du monde, Tillerson est un défenseur dévoué des intérêts capitalistes américains. Il avait cependant d’importantes différences tactiques avec Trump et d’autres membres de l’administration, y compris sur la question de savoir si certains de ces intérêts pouvaient être obtenus par le biais de négociations diplomatiques plutôt que par une agression militaire.

Tillerson aurait été parmi ceux à la Maison Blanche qui le mois dernier ont dissuadé Trump de renverser l’accord nucléaire de 2015 négocié entre l’Iran et les P5 + 1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne) en ne signant pas la renonciation pendant quatre mois aux sanctions américaines imposées à propos du programme nucléaire. Trump se serait plaint en disant qu’il regrettait la décision et a promis de réimposer les sanctions en mai, la prochaine date limite de renonciation, à moins qu’il y ait un accord pour renégocier l’accord, y compris des termes que Téhéran ne peut pas accepter et n’acceptera pas.

Dans ce qui apparaît être une réponse au remaniement ministériel, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a tweeté mardi: « M. Trump a pris l’habitude d’être imprévisible et donc peu fiable pour quiconque avec qui il dialogue. Personne ne voudra conclure un accord avec la Maison Blanche si la signature des Etats-Unis n’est valable que pour 4 à 8 ans. »

Tillerson s’était également prononcé à plusieurs reprises pour des négociations avec la Corée du Nord, alors même que Trump la menaçait de «feu et de fureur» et disait vouloir «détruire totalement» ce pays et ses 25 millions d’habitants.

Finalement, Tillerson a été pris au dépourvu par Trump qui a déclaré soudainement la semaine dernière sa volonté de participer à des négociations directes avec la Corée de Kim Jong-un sur sa dénucléarisation et qui se tiendront en mai. Trump a fait son annonce juste un jour après que Tillerson avait dit aux journalistes en Éthiopie qu’il n’était pas clair « si les conditions sont bonnes pour commencer même à penser à des négociations. »

Le remplaçant proposé pour Tillerson, Mike Pompeo, a à maintes reprises affirmé sa détermination à mettre fin au traité nucléaire iranien et à poursuivre une stratégie de changement de régime à Téhéran. Après l’élection de Trump, il avait tweeté: « J’ai hâte de revenir sur cet accord désastreux avec le plus grand commanditaire du terrorisme au monde. »

En tant que directeur de la CIA, Pompeo qui s’est servi souvent d’une rhétorique anti-musulmane, a qualifié l’Iran de «théocratie despotique» et «d’empire pernicieux qui étend son pouvoir et son influence à travers le Moyen-Orient».

Ancien officier de chars de l’armée américaine et député « Tea Party » du Kansas, dont la carrière politique a été financée par les frères Koch, Pompeo s’est vanté en octobre dernier que sous sa direction, la CIA deviendrait une «agence beaucoup plus brutale». Il a déployé des commandos d’assassins de la CIA en Afghanistan pour éliminer les opposants au régime de Kaboul soutenu par les États-Unis.

Pompeo a aussi clairement exprimé son soutien au changement de régime en Corée du Nord, déclarant en juillet dernier qu’il « espérait que nous trouverions un moyen de séparer ce régime de ce système … Les Nord-coréens, j’en suis sûr, sont des gens adorables et aimeraient le voir partir. »

S’exprimant lors d’un talk-show dimanche, Pompeo a souligné que dans toute négociation entre Trump et Kim, « il n’y aura pas de concessions ».

Des sources à Washington ont indiqué que Trump voulait installer Pompeo comme secrétaire d’État avant que les négociations commencent.

La nomination de Pompeo suggère fortement que l’acceptation des pourparlers avec Kim est une ruse de la part de l’administration Trump, visant à ouvrir la voie à une action militaire américaine.

Interrogé dimanche lors d’une apparition sur ABC s’il était possible que les pourparlers n’aient pas lieu, le porte-parole de la Maison Blanche Raj Shah a répondu: « il y a une possibilité. Si c’est le cas, c’est la faute des Nord-Coréens, ils n’ont pas été à la hauteur des promesses qu’ils ont faites. »

Le remplacement de Tillerson par Pompeo a provoqué des réponses inquiètes des anciens alliés européens de Washington.

« Le limogeage de Rex Tillerson n’améliore en rien les choses », a déclaré le vice-ministre allemand des Affaires étrangères Michael Roth dans un tweet mardi.

Thomas Oppermann, le vice-président du parlement allemand, a lui, averti que le limogeage de Tillerson, qu’il a qualifié d ‘ « interlocuteur fiable et intelligent », entraînerait un « nouveau recul des relations germano-américaines ». Les brusques changements au sommet de l’administration américaine, a-t-il ajouté, était une manifestation des méthodes «capricieuses et erratiques» de Trump.

Les opposants politiques ostensibles de Trump au sein du Parti démocrate ont réagi au remaniement ministériel du seul point de vue de la campagne anti-Russie, dont ils ont fait le centre de leur opposition à l’administration.

Chuck Schumer, le porte-parole démocrate du Sénat, a déclaré que Tillerson « était beaucoup trop mou avec la Russie », et qu’il espérait que Pompeo « serait beaucoup plus dur et nous espérons qu’il peut persuader le président d’être plus dur ».

La porte-parole démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a quant à elle attribué le licenciement de Tillerson au fait qu’il avait impliqué la Russie dans l’empoisonnement d’un ex-espion domicilié en Grande-Bretagne. « Les actions du président Trump montrent que chaque responsable de son administration est à la merci de ses caprices personnels et de son culte de Poutine », a-t-elle tweeté.

Lorsque Tillerson a été nommé secrétaire d’État, les démocrates s’y sont opposés non par crainte qu’un PDG du pétrole n’assume la haute direction de la politique étrangère du gouvernement américain, mais plutôt du fait des accords qu’il avait conclu avec la Russie.

Désormais, loin de s’opposer à la poursuite du virage vers la guerre de l’administration Trump, ils demandent seulement qu’il se concentre plus directement sur une Russie dotée d’armes nucléaires.

Dans une déclaration mardi, Schumer a également précisé qu’il n’appelait pas les démocrates à s’opposer à la remplaçante de Pompeo comme directeur de la CIA, Haspel ; à la CIA depuis 30 ans elle est directement impliquée dans la torture de détenus sous l’administration Bush, ainsi que dans la destruction de preuves vidéo documentant ces crimes de guerre.

Bill Van Auken

 

 

Article paru en anglais, WSWS, le 14 mars 2018

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Il y a un peu moins d’un an, la caste médiatique, effrayée par la montée fulgurante de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages pour l’élection présidentielle, fabriquait de toute pièce un “buzz médiatique”. Elle s’offusquait que la France Insoumise, dans son programme, veuille “rejoindre les coopérations régionales dans une démarche de codéveloppement écologique, social et de progrès humain : par exemple l’ALBA pour les Antilles et la Guyane française (…)” (point numéro 15 de l’Avenir En Commun).

Dénoncée par l’éditorialiste militant Patrick Cohen et repris ensuite par tous ses confrères, cette mesure de l’Avenir en Commun, devait être la preuve des desseins autocratiques de Jean-Luc Mélenchon, puisque Cuba et le Venezuelaaaaaaa font parti de cette organisation de coopération régionale.

Pourtant, cette initiative n’est pas la plus révolutionnaire du programme de La France Insoumise. Elle s’inscrit même dans la logique diplomatique française. Comme le rappelle le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères: “La France appartient aux Caraïbes par ses collectivités des Amériques : Saint-Martin, Saint-Barthélémy, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, dont elle souhaite favoriser la pleine insertion dans la région”, notamment en “participant activement aux différents processus de coopération régionale” (1).

C’est la politique assumée et défendue par le président Macron et son gouvernement puisque, en ce moment (2), la France participe, en tant que membre associé, au sommet de l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC).

Or, tous les pays de l’ALBA (3), sont aussi membres de cette organisation de oopération, dont, bien sûr, Cuba et le Venezuelaaaaaaaa.

Comment comprendre le silence de Patrick Cohen ou Jean-Michel Aphatie? Pourquoi les journalistes qui fustigeaient, il y a encore quelques mois, la proposition de participation de notre pays à l’Alba approuvent aujourd’hui la politique étrangère de Mr Macron, qui assoit la France aux cotés de ces mêmes Etats?

Cerise sur le gâteau, la présidence tournante de l’AEC est assurée par le Venezuelaaaaaaa, où se déroule actuellement le sommet. Et toujours aucun « journaliste » pour s’indigner de la présence française à un sommet dirigé par une « dictature », selon les mots du président de la République ?

Ce silence assourdissant des médias est incompréhensible. Deux hypothèses : soit Jean-Luc Mélenchon a gagné la bataille culturelle, et le ralliement de la France à l’ALBA est devenue chose acquise, même pour les journalistes. Soit les mercenaires médiatiques de Mr Macron n’ont aucun intérêt à couvrir le sommet de l’AEC, car les évidences que nous rappelons plus haut démontreraient une fois de plus l’absence totale d’objectivité, d’honnêteté et de déontologie professionnelle dans les médias dominants.

A votre avis ?

Romain Migus

 

 

Notes

(1) Voir le site du Quai d’Orsay: https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/ameriques/amerique-centrale-et-caraibes/article/la-france-et-les-caraibes

(2) Le sommet de l’AEC à lieu du 14 au 16 mars 2018 à Porlarmar, Venezuela.

(3) A l’exception de la Bolivie. L’Equateur, quant à lui,  est membre en tant que pays observateur de l’AEC.

 

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Photo : Sergei Skripal, 66, et sa fille Ioulia, 33 ans.

Une nouvelle ‘affaire’ vient secouer les chancelleries occidentales, nommée l’Affaire Skripal, du nom de l’ancien colonel du service de renseignement de l’armée russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, tous deux empoisonnés sur le territoire britannique et actuellement hospitalisés dans un état « critique » selon les médecins.

L’histoire commence en 2004 où S. Skripal est arrêté par les autorités russes l’accusant de « haute trahison » pour avoir fourni l’identité de plusieurs agents de Moscou œuvrant en Europe. Condamné à 13 ans de camp, il est échangé en 2010 avec trois autres agents contre dix espions russes arrêtés par les États-Unis. Il se réfugie alors en Angleterre où il réside depuis.

La thèse de l’empoisonnement est rapidement établie dans la mesure où le père et sa fille ont été trouvés inconscients par un policier qui en contact avec eux s’est retrouvé lui-même empoisonné et dans le même état grave que les victimes.

Les premiers examens pratiqués par les experts britanniques établissent l’usage d’un gaz innervant développé à l’époque de l’URSS et baptisé ‘Novichok’. Incolore et inodore, il serait encore plus puissant que le gaz Sarin.

Les responsables du gouvernement britannique n’ont pas tardé à réagir, exigeant de la Russie une réponse à cet acte jugé « sans foi ni loi » dans les 24h. Ce qu’a refusé la Russie par la voie de son ambassadeur à l’ONU qui a déclaré que la Russie « ne parlait pas le langage des ultimatums, que sans preuves formelles il n’y avait aucune justification à produire. Et que son pays réfutait catégoriquement ces accusations ». Il a par ailleurs rappelé que Londres avait refusé de livrer des échantillons du produit toxique pour mener une enquête conjointement à celle menée par les autorités britanniques. La Russie a dit et répété qu’elle est prête à collaborer… sans réponse de la Grande-Bretagne pour l’instant.

Mais, deux jours après les faits, Londres s’empressait de pointer la responsabilité de Moscou par Boris Johnson, son ministre des Affaires étrangères qui prévenait : « Si l’enquête démontre la responsabilité d’un État, le gouvernement répondra de façon ferme ». Et des premières représailles étaient envisagées à l’encontre de Moscou comme l’impossibilité de participer « normalement » à la Coupe du monde de football, l’été prochain, en Russie.

Sans réaction à son ultimatum, la première ministre Theresa May a d’ores et déjà pris un train de sanctions par le renvoi de 23 diplomates russes du territoire britannique, la suspension des contacts bilatéraux avec Moscou, ainsi que le boycott du gouvernement et de la famille royale à la prochaine Coupe du monde de football organisée par la Russie cet été.

Comme on pouvait s’y attendre, le Royaume-Uni a reçu le soutien immédiat des États-Unis, de l’Allemagne, de la France, du Canada et de l’OTAN… toutes puissances en perdition dans les guerres qu’elles mènent de concert et perdent l’une après l’autre dans un Moyen-Orient qu’elles ont dévasté, face aux pays soutenus par la Russie et l’Iran et ce qui est qualifié d’axe de la résistance.

Comme on peut le voir, tout est bon en Occident pour tenter de détourner l’attention des populations sur les crimes et les massacres commis par cette douteuse coalition à l’œuvre depuis des décennies dans des pays désormais ruinés. Nos autorités poussent des cris d’orfraie sur le cas non prouvé d’empoisonnement de deux individus par l’Etat russe, mais poursuivent « sans foi ni loi » leurs saccages par centaines de milliers de victimes dans les pays arabes, finançant, armant et formant des mercenaires pour renverser les gouvernements qui ne leur conviennent pas. Leurs pratiques criminelles avec des groupes terroristes sont dénoncées et documentées depuis longtemps mais ils persistent, incapables de comprendre que leur ordre hégémonique d’antan n’est plus de mise ni accepté par des Etats qui relèvent la tête et veulent se débarrasser de cette suprématie coloniale que l’occident leur a imposée pendant des siècles. Et nous, citoyens, sommes entraînés dans ces dérives.

Dans le même esprit de complot occidental – comment l’appeler autrement ? – le chef d’état-major de l’armée russe a annoncé la découverte d’une usine d’armes chimiques à Aftris située dans la Ghouta orientale et libérée de ses mercenaires se battant contre le gouvernement syrien. De même, il y a quelques jours la Syrie a prévenu les instances de l’ONU du transfert de camions turcs chargés de chlore vers des groupes opposés à l’Etat syrien. Dans le même temps, les occidentaux n’ont de cesse de proférer des menaces à l’encontre de Bachar al Assad en cas d’usage d’armes chimiques qu’il n’a plus dans la mesure où celles-ci ont été détruites sous contrôle international il y a plus de trois ans.

Allons-nous encore longtemps devoir supporter ces sinistres responsables qui ne représentent qu’une poignée d’oligarques et financiers hypocrites, affairés à maintenir leur domination sur des populations précarisées, tout à l’opposé des aspirations de paix et de justice que celles-ci espèrent ?! Allons-nous une fois de plus tomber dans ces pièges grossiers qui nous sont tendus régulièrement pour nous indiquer l’ennemi à combattre ?! Allons-nous suivre aveuglément ces délinquants qui n’hésiteront pas à envoyer nos jeunes se faire tuer dans leurs sales guerres, sous de faux prétextes et encore animés de leur détestable esprit colonial ?!

C’en est assez, et que tous les belligérants non conviés par les autorités officielles des pays dans lesquels ils se sont déployés rentrent chez eux une fois pour toutes et abandonnent leurs sordides mentalités coloniales !

Daniel Vanhove

Le 15 mars 2018

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Le commerce international : Une guerre sans morts

mars 15th, 2018 by Chems Eddine Chitour

«Nous sommes en guerre avec l’Amérique…une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort». Silence…«Parce qu’ils sont très durs les Américains…Ils sont voraces…ils ne veulent que ce qu’ils veulent…un pouvoir sans partage sur le monde…» François Mitterrand

Cet aveu de Mitterrand montre la dureté des relations internationales et relativise tous les discours de bonnes intentions au profit de la realpolitik. Cette boutade est là pour nous rappeler que le monde actuel est une jungle, les pays occidentaux donnent l’impression d’une unité de façade contre les adversaires de l’Empire. Mais entre eux c’est une lutte à mort. Il n’est que de voir comment les Etats-Unis tentent d’imposer le traité transatlantique Tafta. On comprend dans ces conditions comment ces pays occidentaux feront tout pour casser la dynamique de la Chine, de l’Inde, de la Russie surtout depuis qu’ils se sont organisés (Brics).

A quoi sert l’OMC ?

L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est une organisation internationale créé en 1995 dont le siège est situé à Genève, en Suisse. Elle regroupe 161 pays. Le but de l’OMC est de faciliter le commerce. L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a donc pour objectif principal de favoriser l’ouverture commerciale. Pour cela, elle tâche de réduire les obstacles au libre-échange, d’aider les gouvernements à régler leurs différends commerciaux et d’assister les exportateurs, les importateurs et les producteurs de marchandises et de services dans leurs activités. L’OMC sert de cadre de négociation entre les Etats afin de réduire les obstacles au commerce et s’assure que les Etats respectent bien leurs engagements. L’OMC règle aussi les litiges pouvant naître entre les Etats en raison de ses accords. On l’aura compris, c’est une organisation dimensionnée à la taille des plus riches et quand la ressource se fait rare, les loups commencent à se manger entre eux

 Taxes sur l’acier et l’aluminium : Premier craquement de l’OMC

Un coup d’éclair que L’annonce de Donald Trump de taxer l’acier et l’aluminium et qui a provoqué de vives réactions « Inacceptable », « mesures injustes »…, indignation au sein des pays industrialisés et à un degré moindre chez les pays du brics. Pour les autres qui n’ont rien à vendre, ni avoir les moyens d’acheter, c’est un non-évènement

Le président américain a déclaré jeudi vouloir fortement taxer les importations Les Etats-Unis imposeront la semaine prochaine des droits de douane de 25 % sur les importations d’acier et de 10 % sur les importations d’aluminium afin de défendre une industrie sidérurgique américaine « décimée par des décennies de commerce inéquitable ».(…) « Nous regrettons fortement » cette décision américaine, a réagi Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.  « L’UE entamera le plus tôt possible des consultations sur le règlement des différends avec les Etats-Unis à Genève », a ajouté, la commissaire au commerce européenne, Cecilia Malmström. Le ministre des affaires étrangères allemand, Sigmar Gabriel, a déclaré, vendredi, que  « l’UE  [devait] réagir de manière ferme aux taxes douanières punitives des Etats-Unis qui menacent des milliers d’emplois en Europe ». Le Kremlin a exprimé, vendredi, sa « préoccupation », assurant que Moscou allait « analyser attentivement » ses relations commerciales avec Washington.  Nous partageons cette préoccupation et allons analyser attentivement la situation en ce qui concerne nos relations commerciales avec Washington », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov » (1).

« Tout tarif ou quota qui serait imposé à notre industrie canadienne de l’acier et de l’aluminium serait inacceptable », a déclaré, le ministre du commerce international canadien, François-Philippe Champagne Le chef de la Maison Blanche a promis de sanctionner ce qu’il considère comme des pratiques commerciales déloyales, notamment de la part de la Chine — bien que le pays ne représente que 2 % des importations américaines d’acier, son expansion industrielle massive a contribué à une production d’acier surabondante au niveau mondial, qui a fait reculer les prix. « Les conséquences pour la Chine ne sont pas très importantes », a déclaré Li Xinchuang, vice-secrétaire général de l’Association chinoise du fer et de l’acier. La Chine demande aux Etats-Unis de refréner leur recours à des mesures protectionnistes et de respecter les règles du commerce multilatéral, a déclaré Hua Chunying, une porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois. Si d’autres pays lui emboîtaient le pas, cela aurait un impact grave sur l’ordre du commerce mondial. » (1)

Trump déclenche la guerre commerciale

Il est hors de doute que la décision américaine a été réfléchie Pour Philip Blenkinsop et Susan Heavey :

« Le président américain Donald Trump a adopté vendredi une attitude de défi en déclarant que les guerres commerciales étaient saines et pouvaient être remportées De nombreux économistes estiment que des droits de douane sur l’acier et l’aluminium détruiraient plus d’emplois qu’ils n’en créeraient en raison des hausses de prix qu’ils provoqueraient sur de nombreux produits comme les voitures ou le pétrole, ce qui pénaliserait la consommation, principal moteur de l’économie américaine. Le Fonds monétaire international a abondé dans ce sens en déclarant que « les restrictions aux importations annoncées par le président des Etats-Unis vont probablement nuire non seulement à l’extérieur des Etats-Unis mais aussi à l’économie américaine elle-même » » (2).

« La Commission européenne a qualifié les droits de douane envisagés d’intervention flagrante équivalente à du protectionnisme. Son président Jean-Claude Juncker a déclaré « Nous allons mettre des barrières douanières sur les Harley-Davidson, sur le bourbon et sur les jeans Levis », a déclaré Jean-Claude Juncker « Nous sommes bien présents et ils vont apprendre à nous connaître. Nous aimerions avoir une relation raisonnable avec les Etats-Unis mais nous ne pouvons pas nous contenter de faire l’autruche » » (2)

Pour l’histoire la même Europe n’avait pas d’état d’âme a taxé l’acier chinois   L’Europe avait appelé ces droits douaniers, des « droits antidumping ». Souvenons nous des politiques de subventions européennes à l’agriculture ( la PAC) à hauteur de 25 milliars d’euros et américaines ( 55 milliards de $) imposés à ceux qui veulent rentrer dans l’OMC dont la charte interdit les subventions.

L’arrêt de mort de l’OMC est acté

« Trump peut-il signer l’arrêt de mort de l’OMC et du libre-échange ? écrivait d’une façon prémonitoire ne 2016 Mathilde Golla, Durant sa campagne, le candidat Républicain a mené une véritable croisade contre le libre-échange commercial. Le point d’orgue a été atteint fin juillet lorsque le prochain président a fait part d’une possible sortie des Etats-Unis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Donald Trump avait qualifié l’Organisation mondiale du commerce de «désastre».

«Nous allons renégocier ou sortir [de l’OMC]», avait-il ajouté. Pour Philippe Marin, professeur d’économie à Sciences-po si le directeur de l’OMC tente de convaincre la nouvelle administration de rester dans l’Organisation, c’est qu’une sortie des États-Unis de l’institution créée en 1995 pourrait en effet signer son arrêt de mort. Tout d’abord parce que Washington est le principal contributeur au budget de l’OMC, qui rassemble 162 Etats engagés dans la réduction des barrières au commerce. En outre, «si les États-Unis sortent de l’OMC, elle ne servira plus à rien», indique Philippe Martin. (3)

L’Organisation mondiale du commerce concernée s’est fendue d’un communiqué sans relief :

« l’OMC est « clairement préoccupée » par le projet du président américain de taxer les importations d’acier et d’aluminium, a indiqué le patron de l’OMC « Une guerre commerciale ne serait dans l’intérêt de personne« , « le risque d’escalade est réel, comme l’ont montré les premières réponses des autres » pays. « L’OMC surveillera la situation de près » (4).

On comprend le ras le bol des vassaux quand on sait par exemple que Le Nord Stream 2 est combattu par les Etats Unis et l’Ukraine Pour Angela Merkel : « C’est un projet économique qui ne constitue aucune menace à la sécurité énergétique de l’Union européenne, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel :

«Nous considérons le Nord Stream 2 comme un projet économique. Nous encourageons également la diversification des sources énergétiques. Le projet Nord Stream 2, d’un coût de 9,5 milliards d’euros, prévoit la construction de deux conduites, depuis le littoral russe jusqu’en Allemagne en passant par le fond de la Baltique. Sa capacité totale sera de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an et Le tronçon maritime passera par les zones économiques exclusives et les eaux territoriales de la Russie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et de l’Allemagne. l’Ukraine et les États-Unis.s’opposent Kiev redoute de perdre les recettes qu’elle tire du transit du gaz russe, tandis que Washington espère exporter son gaz en Europe » (5).

Le ras le bol de l’Europe qui veut s’émanciper des Etats Unis

La vieille Europe pour Donald Rumsfeld commence à sentir la dureté du joug américain dans tous les domaines . Elle rue d’une façon soft .Comme lui sur la contribution suivante : « Las d’être des «colonies militaires des USA», des pays européens avancent vers un conflit? Fin Février Angela Merkel a appelé l’Europe à «prendre son destin en main». Mais selon Keith Preston, rédacteur en chef du site Attack the System.com, l’Europe serait une «colonie militaire» pour les États-Unis. Si elle menait une politique indépendante à l’égard de la Chine ou de la Russie, un conflit avec Washington serait inévitable, d’après M.Preston. Les pays européens commencent à se lasser de leur dépendance militaire et politique par rapport à Washington et cela pourrait engendrer un conflit politique entre les États-Unis et l’UE et créer des problèmes pour l’Otan, a déclaré à Sputnik Keith Preston, rédacteur en chef et directeur de Attack the System.com.

«Un sentiment anti-américain se répand en Europe. Nombre de pays européens sont quelque peu déçus d’être des colonies militaires des États-Unis et souhaitent plus d’indépendance», a indiqué M.Preston rappelant que les nations européennes dépendaient des États-Unis en raison du soutien militaire qu’ils en reçoivent par le biais de l’Otan, mais «au prix d’une réduction de leur autonomie politique». (6)

« D’après M.Preston, l’Allemagne et la France ont déjà fait des pas en ce sens. Berlin a adopté «une position plus amicale à l’égard de la Russie» et d’autres pays européens pourraient suivre son exemple. Mais si l’Europe agit comme un acteur global indépendant et souhaite notamment baisser la tension dans ses relations avec la Russie ou la Chine, les États-Unis «y seront opposés», d’après M.Preston. «Les États-Unis profitent de l’influence dont ils bénéficient au sein de l’Otan, ainsi que de leur contribution importante au financement de l’Alliance, pour avoir un contrôle politique sur les pays d’Europe occidentale et, progressivement, sur l’Europe de l’Est […]. Si ces nations commençaient à mener une politique plus indépendante, il y aurait un conflit politique entre l’Europe et les États-Unis», a estimé M.Preston » (6).

 Algérie. L’OMC et La nécessité du compter sur soi

Il nous faut montrer constamment notre volonté d’adhésion à l’OMC dans un partenariat Winn-Winn et non Winn-Lose. Pour l’histoire ce que l’on claironne comme 150 pays ayant adhéré en dehors de la dizaine de pays occidentaux auxquels il faut ajouter quelques pays du Brics, tous les autres pays sont à des degrés divers des losers, des perdants, des éclopés d’une mondialisation laminoir dimensionnée à la taille des plus grands. Il en est ainsi de l’Union européenne qui nous a imposé un Accord d’association véritable marché de dupes L’Algérie a entamé le processus d’accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995.

«  Le vrai débat n’est pas là, mais se situe dans l’avenir économique du pays. Avec 30.000 importateurs pour 300 exportateurs. Nous avons beaucoup investi dans le social c’est une bonne chose mais cela ne crée pas de richesse. Il nous faut aller vers une transition qui nous mènera vers une économie de la connaissance.  L’adhésion à l’OMC est un leurre, nous devons nous focaliser sur les vrais périls qui nous guettent. Il ne faut pas croire que l’Algérie est « too big to fail ». Trop grosse pour chuter, Rien n’est impossible pour les architectes du Nouvel Ordre. Nous sommes avertis. Pourtant bien avant l’OMC   à la 4ème Conférence au Sommet des Non-Alignés des 4 – 9 Septembre 1973 à Alger, le Président Boumédiène fut délégué par ses pairs pour aller le le 10 Avril 1974 – depuis la tribune des Nations-Unies, dénoncer l’échange inégal entre le Nord et le Sud en réclamant au nom des Pays du Tiers-Monde, l’instauration d’un Nouvel Ordre Economique, plus juste rejetant «  »…toute forme de subordination ou de dépendance, toute ingérence et toute pression, qu’elles soient politiques, économiques ou militaires  On sait comment tout cela a terminé » (7).

 Conclusion

En fait toute cette architecture mise patiemment après les accords de Bretton Woods pour gérer le monde est en train de s’effilocher. Car tant qu’il y avait abondance des matières premières , tant que les pays du tiers monde ne représentaient rien ni du point de vue commerce , ni du point de vue puissance militaire .L’Empire et ses vassaux ont mis en coupe réglée le monde. Mais les craquements ont apparu le 15 aout 1971 quand Nixon a décrété que le dollar n’était plus indexé sur l’étalon or ; Cependant des institutions furent créés ce sera la Banque mondiale puis le FMI ,dans le même temps l’Otan- pour les récalcitrants- a été renforcé- alors qu’il devait disparaitre puisque c’était le pendant du pacte de Varsovie qui a disparu en 1989 avec la disparition de l’URSS. Juste après en 1995 apparaissait l’OMC qui dicte la norme des échanges des biens mais pas la circulation des personnes (visas… migrants). A la fin des années 90, il fallait à l’Occident – l’empire et ses vassaux européens un Satan de rechange il tombait du ciel , c’était l’islam. La démocratie aéroporté et le TPI ( pour juger les contrevenants) Par la suite trois nouveaux paramètres sont apparu d’abord l’avènement des Brics qui prônent un monde multipolaire et qui concurrencent par leur dynamisme économique l’ancien monde la finitude des matières premières dont l’énergie et les changements climatiques. Les Sud pillés regardent les riches s’étriper entre en eux. Les institutions mises en place par l’empire ne durent que quand elles servent l’empire et accessoirement ses vassaux ; Ainsi les Etats unis se sont retirés de l’Unseco, de l’Union Nations Unis pour les réfugiés coupables de dire le droit et d’aident la Palestine Avec Trump qui d’une certaine façon fait ce qu’il dit   ( ses promesses de compagne) de sombre jours se profilent pour les relations de l’Empire et de ses vassaux.

Prof. Chems Eddine Chitour

 

Notes

1.http://www.lemonde.fr/international/article/2018/03/02/taxes-sur-l-acier-et-l-aluminium-l-annonce-de-donald-trump-provoque-de-vives-reactions_5264572_3210.html

2.Philip Blenkinsop et Susan Heavey, Reuters 2 mars https://fr.yahoo.com/news/trump-sur-le-sentier-la-guerre-commerciale-183601163–business.html

3.Mathilde Golla  http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/11/10/20002-20161110ARTFI G00002-trump-peut-il-signer-l-arret-de-mort-de-l-omc-et-du-libre-echange.php

4.https://www.rtbf.be/info/economie/detail_l-omc-clairement-preoccupee-par-le-projet-de-taxes-de-trump?id=9855670

5.https://fr.sputniknews.com/international/201802161035171782-merkel-nord-stream-2/

6.https://fr.sputniknews.com/international/201803011035345944-europe-colonie-militaire-usa-conflit/

7.Chems Eddine Chitour https://www.legrandsoir.info/algerie-l-omc-un-non-evenement-la-necessite-du-compter-sur-soi.html

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Le jeu pervers de la coalition occidentale de Doha

mars 15th, 2018 by Jean-Yves Jézéquel

La grande Charte des Nations Unies assure théoriquement le droit des personnes, des peuples et des nations. Elle définit les droits des uns et des autres : tout ce qu’il faut pour s’assurer les conditions d’un monde de paix. Mais les USA, ont toujours voulu la guerre et que celle-ci soit permanente. Ils se sont donc arrangés pour que la guerre soit la règle habituelle depuis leur naissance…

Ainsi donc, les États-Unis sont en permanence engagés dans des guerres illégales et des horreurs dévastant le monde ; des comportements criminels qui auraient dû conduire sans doute à de nombreuses sanctions contre cet Empire dominant qui fait à sa tête et comme bon lui semble…

« Si les lois de Nuremberg étaient appliquées, tous les présidents des États-Unis de l’après-guerre auraient été pendus, » disait Noam Chomsky.

Toutes ces dernières années, les États-Unis, avec leurs alliés, se sont invités en toute illégalité sur le territoire d’autres États sans se formaliser. Ce comportement flibustier est devenu une seconde nature de « l’État profond » américain : au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique, en Amérique latine et en Europe de l’Est. L’arrogance domine ce comportement méprisant et prédominant qui s’impose de force à l’ensemble de la planète!

Depuis plusieurs années, de nombreux pays réclament une réforme de l’exercice du pouvoir au sein de l’ONU. Le pouvoir est entre les mains du Conseil de sécurité dont les membres, avec droit de veto, ont été déterminés dès la création des Nations Unies. Rappelons qu’il s’agit des États-Unis, de l’Angleterre, de la France, de la Russie et de la Chine.

En 2017, près de 200 000 hommes, soit 10% du personnel militaire américain, étaient déployés à l’étranger dans 800 bases militaires et 177 pays. Cette force militaire d’occupation n’est pas, bien entendu, sous le commandement des Nations Unies, mais sous commandement étasunien qui ne fait que « protéger » ses intérêts dans le monde. Les USA imposent leur prédominance sur les États et sur leurs richesses. Toute opposition à cette volonté de domination est considérée par les États-Unis comme une menace à sa sécurité nationale ! C’est un chef-d’œuvre d’arrogance et de cynisme !

C’est la raison pour laquelle le Venezuela est maltraité comme il se doit, car il ne se soumet pas à la dictature militaire et économique du grand pilleur de toute l’Amérique Latine! Le Venezuela a été déclaré, par décret présidentiel d’Obama, « menace à la sécurité nationale des États-Unis »! Si ce décret s’était adressé à la Chine, on aurait pu le comprendre, mais au Venezuela, on a là l’aveu explicite d’une volonté de brigandage ! Ce que le décret en question se garde bien de préciser, c’est que le Venezuela a la plus grande réserve de pétrole au monde, et que ses mines d’or et de diamant devraient venir alimenter exclusivement les coffres forts des Gringos flibustiers du monde…

La gosse de riche Nikki Haley, nommée « ambassadrice » des USA à l’ONU, ne tarit pas dans le genre « arrogance », « mensonge », « cynisme », « manipulation », « indignation », « fake news », et « menaces de répression, de destruction, de sanctions… » ! Bref : dès que cette personne insolite ouvre la bouche, c’est pour piquer une crise de nerfs et se moquer du monde entier en fanfaronnant l’idéologie de la violence, typiquement étasunienne. Elle joue à merveille le rôle qu’on lui a assigné : une comédie cynique venant confirmer l’idéologie du mensonge qui préside à toutes les décisions impérialistes des USA depuis leur naissance!

Avec elle, tous les États sont mis constamment en demeure de devoir choisir leur camp : si un État ne choisit pas son camp, alors il fait automatiquement partie de « l’axe du Mal » ; le camp des USA faisant, bien entendu et toujours, partie de « l’axe du bien » ! Cela va de soi. Ce camp est aussi celui des bigots et des fanatiques djihadistes du Salafisme wahhabite venu de la monarchie obscurantiste d’Arabie Saoudite, alliée et grande amie des USA. Ces fanatiques sont les mercenaires à son service au proche et moyen Orient… Tous ceux qui ne soutiennent pas ces criminels salafistes, les djihadistes égorgeurs et qui « font du bon boulot » au service de l’Empire en Syrie, en Libye, au Yémen, En Irak, en Afghanistan, ou tous ceux qui ne soutiennent pas les néo nazis d’Ukraine martyrisant le Donbass Novorossia, sont donc des « salauds », des « complotistes », des « révisionnistes » et des « négationnistes », mais aussi des « antisémites », car les opposants à la « coalition occidentale » sont des opposants à tous ces pays obscurantistes et fascistes du « pacte de Doha » (novembre 2012): les USA, l’OTAN, L’Angleterre, la France vassalisée, la Turquie, Israël, le Qatar, l’Arabie Saoudite.

La Nikki Haley « dénonce et menace », comme si elle parlait au nom de dieu en personne, donnant l’ordre à toutes les nations de dénoncer à leur tour tout ce qu’elle décrète comme étant « dénonciable », du haut d’un Sinaï politique fantasmatique et pitoyable! Toute Nation qui oserait préférer l’analyse critique à la béatitude de la propagande est aussitôt déclarée ennemi de la « paix » et de la « liberté » comme de la « démocratie »… Toute Nation qui opte pour le raisonnement objectif, le dialogue de la diplomatie, les enquêtes supervisées par les instances légitimes des Nations Unies, est déclarée amie des dictateurs et des dictatures qui « martyrisent leurs peuples »!

Les hurlements d’indignation sont commandés au claquement de doigts de la Nikki Haley prenant note des noms de tous ceux qui ne hurlent pas avec les loups, aussitôt inscrits sur la liste noire des « ennemis des USA »! Lorsque la Nikki Haley exhibe des photos d’enfants, déclarés « victimes des atrocités du Régime Assad », en ajoutant un discours de post-vérité que les Nations sont priées d’avaler comme « paroles d’évangile », sans sourciller, elle pense « sincèrement » que les peuples vont se mettre à pleurer lorsqu’on leur demande de pleurer à son claquement de doigts! De même, lorsque les États-Unis décident de changer provisoirement d’ennemis en Syrie, il faudrait que les Nations moutons se mettent à bêler en chœur contre un nouvel ennemi commun! Lorsque Nikki Haley raconte aux Nations Unies que les horribles égorgeurs de Daech d’hier sont aujourd’hui les Héros de la Ghouta Damas massacrés par le « Régime Assad » et ses alliés, ou en d’autres circonstances, tout l’inverse, il faudrait pratiquer les injures et les invectives dans la direction indiquée, une nouvelle fois à son claquement de doigts! L’ambassadrice des USA à l’ONU indique ainsi en permanence aux autres Nations, qui doit être louangé ou qui doit être condamné, qui est le « bon » et qui est le « méchant », qui doit être « soutenu » et qui doit être « combattu »… Les victimes de ce comportement odieux sont le dernier de ses soucis : elle est au service de « l’axe du bien » qui dirige sa politique du « bien » au nom d’une révélation divine, car les USA, disait très sérieusement Condoleezza Rice, sont le porte-parole de dieu et « la Nation qui a été choisie par lui » pour imposer au monde entier « sa loi de paix, d’amour et de liberté » : en d’autres termes, la guerre, la haine, le pillage et l’esclavage…!

Si une Nation n’est pas d’accord avec les USA, elle est un « ennemi de la liberté ». Tout opposant à la parole incarnée de dieu via Nikki Haley, doit être châtié, puni, sanctionné, détruit, brûlé, écartelé, anéanti. Les leçons de l’histoire : elle s’en tape le coquillard! Ce qui l’intéresse, c’est une odieuse manipulation ayant pour but de culpabiliser tout récalcitrant. Il n’y a qu’une seule issue, ou celle de la conversion à la soumission ou celle de la torture jusqu’à ce que la conversion soit obtenue. L’anéantissement étant toujours la « solution finale » préférée des USA, à coups de bombes atomiques…

Il ne faut évidemment pas demander à une Nikky Haley de faire dans la subtilité ou d’admettre la complexité de la réalité : ce niveau de pensée n’est pas à sa portée et les USA n’ont jamais pratiqué une culture de l’humanisme : « chacun pour tous et tous pour chacun ». Ce qu’ils connaissent c’est le « chacun pour soi et dieu pour tous, en espérant qu’il existe et qu’il acceptera un interventionnisme supplétif »… La Nation qui refuse d’ânonner les inepties du discours hégémoniste Étasunien, est d’office un ennemi à éliminer, sans plus.

Conclusion

Nikky Haley nous a demandé de « choisir notre camp », sachant que le « camp étasunien » est celui du « bien », alors que tout autre camp est forcément celui du « Mal »! Quand on parle de « camp » nous ne sommes pas loin de devoir penser que tous ceux qui ne choisiront pas le bon, pourront se retrouver un jour dans les « Sachsenhausen » ou les « Dachau » de l’intolérance archaïque de ces dominants reptiliens…

On connaît les mots du pasteur Allemand Niemöller, déporté en 1937 au camp de concentration de Sachsenhausen, pour sa résistance contre le parti nazi, puis transféré en 1941 à Dachau :

« Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
 Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. 
Quand ils sont venus chercher les socio-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les Juifs,
je n’ai rien dit, je n’étais pas Juif.
 Quand ils sont venus chercher des catholiques,
je n’ai rien dit, je n’étais pas catholique.
 Puis ils sont venus me chercher, moi,
mais il ne restait plus personne pour protester ! »

Nous sommes certainement nombreux à protester et nous disons que la parole de Nikky Haley, représentant le jeu pervers de la coalition occidentale, est une injure faite à l’intelligence humaine et à la conscience de ceux qui se sentent responsables de la vie sur cette Terre. Nous sommes nombreux à ne pas attendre passivement le jour où nous serons dans l’obligation de choisir le camp de la honte : nous choisissons, non pas un camp, mais d’être des hommes libres et responsables avec une conscience capable de discernement. Voilà pourquoi ce « camp » pratiquant un jeu pervers au Proche et au Moyen Orient, a déjà perdu cette partie délirante.

Jean-Yves Jézéquel

 

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14 mars 2018: À l’occasion de la journée internationale de la femme Gemma Uwamariya a écrit un article intitulé « Le mensonge et l’injustice m’ont arraché Léon » (Mugesera) et elle en parle avec Robin Philpot. Elle trace le parcours familial de Léon, ses études de doctorat à l’Université Laval, les membres de la famille Hutu et Tutsi et sa saga judiciaire au Canada, y compris la décision de la Cour d’appel fédérale (trois juges) qui donnaient entièrement raison à Léon, jusqu’à son renvoi par le Canada au Rwanda en 2012, malgré les preuves nombreuses qu’il n’aurait pas un procès juste et que les conditions de détentions seraient inacceptables.

Gemma Uwamariya décrit les origines du mensonge et de l’injustice, dont les médias canadiens.

L’exemple le plus saisissant est celui de Raymond St-Pierre et de Radio-Canada qui a pris des images d’un discours pour y coller les paroles d’un autre discours, dont la traduction a été trafiquée pour culpabiliser Léon Mugesera.

De plus, à la suite de la remise du Prix Victoire Ingabire Umuhoza à Bruxelles par le Réseau international des femmes pour la démocratie et la paix, l’animateur Robin Philpot lit le discours de réception du lauréat Phil Taylor.

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Une étude récente de la RAND Corporation sur « la présence des États-Unis et son incidence sur les conflits » aurait prouvé qu’il existe une corrélation scientifiquement vérifiable entre l’armée américaine et certains types de conflits.

Comme presque tout ce qui sort d’un think tankfinancé par le gouvernement américain, les résultats ne rejettent pas directement la faute de la déstabilisation d’autres pays sur l’Amérique, mais ils sont assez précis pour prouver un lien clair entre l’armée américaine et les guerres hybrides sans bien sûr présenter cette relation sous un jour négatif ou en laissant entendre que le Pentagone en est responsable.

Sputnik a passé en revue un livre récemment publié par la RAND Corporation dans un article intitulé « L’aide militaire américaine augmente les chances de guerre civile et de répression par les États concernés » qui rapportait que l’étude du think tank sur « La présence des USA et l’incidence sur les conflits » aurait prouvé qu’il existe une corrélation scientifiquement vérifiable entre l’armée américaine et certains types de conflits. En parcourant le long document de 152 pages, c’est effectivement le cas, mais les détails plus fins révélés dans les conclusions du projet méritent d’être abordés plus en profondeur. Les lecteurs qui n’ont pas le temps de consulter le document original pourront trouver plus facile de lire directement le résumé de cette recherche qui tient sur deux pages, mais ils ne pourront pas encore obtenir la vision complète du propos.

Cela dit, les personnes intéressées devraient commencer par porter leur attention sur le chapitre 4, qui se concentre sur « l’évaluation empirique de la présence des troupes américaines et de leur comportement dans les conflits inter-étatiques ». C’est ce que les chercheurs ont conclu sur le sujet après avoir effectué une analyse statistique complexe en utilisant leur méthodologie unique :

  • La présence des troupes américaines à proximité d’États étant de potentielles cibles est associée à une probabilité moindre de guerre inter-étatique.
  • La présence des troupes américaines à proximité d’États étant de potentiels déclencheursest associée à une probabilité moindre de guerre inter-étatique.
  • La présence de troupes américaines dans des États étant de potentielles cibles est associée à une plus grande probabilité de comportement militarisé de faible intensité.
  • La présence de troupes américaines à proximité d’États étant de potentiels déclencheursest associée à une plus grande probabilité de comportement militarisé de faible intensité.
  • La présence des troupes américaines dans les États cibles est associée à une plus grandeprobabilité qu’un adversaire potentiel américain déclenchera un comportement militarisé à haute intensité.
  • La présence des troupes américaines à proximité est associée à une moindre probabilité de comportement militarisé de haute et de basse intensité par les alliés des États-Unis.
  • La présence des troupes américaines est associée à une plus grande probabilité que les États-Unis amorcent un comportement militarisé de haute et de basse intensité.
US military bases abroad
Bases militaires américaines à l’étranger

Fondamentalement, alors que la présence des troupes américaines semble dissuader l’apparition de guerres internationales, elle contribue en fait à « une plus grande probabilité d’un comportement militarisé de faible intensité » ce qui n’est qu’un euphémisme pour parler de guerre hybride. L’auteur décrit ce que cela implique dans son livre sur ce vaste sujet et dans des séries subséquentes décrites en plusieurs volumes relatant plus de 45 études de pays dont les scénarios pourraient être avancés afin de perturber, contrôler ou influencer les projets de la Route de la Soie chinoise par l’exploitation d’identités préexistantes comme variables dans des conflits dans les états ciblés. En ce qui concerne l’étude de la RAND corporation, il existe une relation évidente entre la présence de troupes américaines dans les états proxy « dirigés dans l’ombre » et une éclosion de guerre hybride sur ces théâtres. L’organisation présente bien sûr cela comme n’étant aucunement lié à la politique des États-Unis, mais plutôt comme une réaction à ce que l’on appelle un « potentiel adversaire américain » en fait visé depuis le début.

De toute façon et peu importe qui l’a initié (ou comme c’est probablement le cas, si l’État ciblé se défend pro-activement après avoir été provoqué, éventuellement par un raid sous faux drapeau par des « rebelles »/terroristes au sein de ses frontières), le plus souvent, la présence de troupes américaines à proximité est néanmoins une catégorie de conflit bien décrite selon le modèle de guerre hybride de l’auteur.

En regardant plus loin, on peut trouver des éléments similaires dans le chapitre 6 de l’étude de la RAND corporation sur l’« évaluation empirique de la présence américaine et du comportement des conflits intra-étatiques » qui approfondit les nuances de la guerre hybride à l’intérieur des États qui accueillent des troupes américaines ou reçoivent une assistance militaire du Pentagone. Voici ce qu’ils prétendent avoir découvert :

  • La présence des troupes américaines n’est pas associée à une répression accrue de la part de l’État.
  • L’aide militaire des États-Unis est associée à une répression accrue de la part de l’État.
  • La présence des troupes américaines n’est pas associée à la probabilité d’activités anti-régime.
  • L’aide militaire des États-Unis était associée à l’intensification des campagnes anti-régime pendant la guerre froide.
  • La présence des troupes américaines était associée à des conflits moins intenses pendant la guerre froide et plus encore pendant la période de l’après-guerre froide.
  • L’aide militaire des États-Unis était associée à l’intensification de conflits armés inter-étatiques pendant la guerre froide.

La première chose à remarquer est qu’il y a une distinction claire entre troupes américaines et assistance militaire, ainsi qu’entre guerre froide et après-guerre froide. Selon les 10 personnes impliquées dans la rédaction de ce rapport, la présence des troupes américaines ne fait généralement pas la différence d’une quelconque manière selon que le gouvernement hôte recoure à des mesures musclées pour faire face à l’agitation ou non, ni si cela a un effet apparent sur le fait de provoquer la montée en puissance des mouvements anti-gouvernementaux dans ces pays. De nos jours, cependant, le déploiement des forces américaines à l’étranger est lié plus à des conflits inter-étatiques dans cette période post guerre froide qu’avant, bien que cela puisse être dû au fait que la Global War on Terror du Pentagone se concentre sur les pays du Sud global ou tiers-monde, pays se trouvant être, par coïncidence ou non, des états de transit le long des réseaux de la Route de la Soie chinois (alias les cibles principales de la Guerre Hybride).

Cependant, l’aide militaire américaine a un effet tout à fait différent sur le champ de bataille. Le rapport indique qu’elle augmente actuellement en fonction de ce que les rapporteurs appellent la « répression d’État » dans les pays récipiendaires. À l’époque de la guerre froide, cette aide était vraisemblablement destinée à prévenir les insurrections communistes ou à y répondre, mais elle semble avoir eu un effet circulaire en alimentant ces conflits. L’analyse statistique ne tient curieusement pas compte de ce qui se passe dans le présent, bien qu’elle admette que cela mène à plus de « répression d’État ». La raison en est probablement que les technologies militaires et de surveillance sont comparativement relativement plus avancées aujourd’hui et elles sont beaucoup plus efficaces pour détecter les « menaces »par avance et les éliminer de manière proactive, même si ces menaces ne sont pas nécessairement les « terroristes » comme les gouvernements alliés des États-Unis ont tendance à les qualifier.

En dépit de la reconnaissance de cette possibilité, il ne faut pas négliger le fait de l’antépénultième découverte que « la présence de troupes US associée avec moins de conflit inter-étatique pendant la guerre froide et plus encore dans la période de l’après-guerre froide » n’est pas entièrement corrélable. Là où le Pentagone choisit de se déployer, en réaction à une explosion de terrorisme dans une situation donnée, la situation était préparée à l’avance pour se produire grâce aux efforts de la CIA et d’autres agences de renseignement dont les activités ne sont pas incluses dans l’analyse de la RAND Corporation. En conséquence, les critères qu’ils utilisent pour définir les « conflits inter-étatiques » devraient également être examinés, car ils définissent cela dans le contexte de leur étude comme étant « des campagnes anti-régime dans lesquelles les groupes d’opposition nationaux mènent une campagne coordonnée et soutenue pour atteindre des objectifs maximalistes contre le régime en place. Ces groupes ont une structure organisationnelle claire, et ils incluent au moins 1000 participants ». On parle aussi de « guerres civiles à grande échelle ».

Tandis que la RAND Corporation clarifie d’une manière importante que leur définition inclut en effet « les campagnes qui emploient des tactiques non-violentes (…) puisque même les mouvements non-violents peuvent se radicaliser ou amorcer des escalades vers des tactiques plus violentes » elle fait bien une allusion claire aux révolutions de couleur et leur prédisposition aux guerres non conventionnelles conformément à la théorie de la guerre hybride de l’auteur. Cela empêche encore l’étude d’incorporer certains niveaux de terrorisme moderne qui tombent en dessous de leur seuil stipulé de ce qu’est un « conflit inter-étatique ». La pertinence de cette analyse est que les conclusions du groupe de réflexion peuvent être fondamentalement erronées et donc (délibérément ou non) dépeindre une image inexacte de la relation entre l’assistance militaire américaine et les conflits armés inter-étatiques dans la période de l’après-guerre froide, la soi-disant « guerre mondiale contre le terrorisme » cachant ainsi la véritable relation du Pentagone avec les guerres hybrides provoquées pour affaiblir les projets de Routes de la Soie.

En tout cas, malgré ses possibles défauts et ses limites académiques (pour ne rien dire de la culture du « politiquement correct » pro-establishment qui imprègne de telles institutions), l’étude de la RAND Corporation est encore un document perspicace qui prouve par inadvertance qu’il existe une corrélation entre l’armée américaine et la guerre hybride. Comme le dit le proverbe, « la corrélation ne prouve pas la causalité » et bien que cela soit « techniquement » vrai dans le contexte « scientifique » confiné de la recherche, les observateurs objectifs devraient néanmoins tirer de ce rapport l’idée que cela équivaut à un autre élément de preuve pour établir l’argument selon lequel une telle relation existe bel et bien. Quand les conclusions de ce rapport sont incorporées dans d’autres analyses comme celles de l’auteur dans cet article, la conclusion pertinente est qu’il existe des raisons statistiques de soupçonner l’implication de l’armée américaine dans les guerres hybrides où elle est accusée de complicité.

Andrew Korybko

 

 

Article original en anglais : RAND Corporation Proves Link Between US Military And Hybrid War, Oriental Review, le 27 février 2018

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

 

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A peine une semaine après l’empoisonnent mystérieux de l’ancien membre du renseignement russe et espion britannique Sergueï Skripal et de sa fille Julia à Salisbury le 4 mars, au Royaume-Uni, les milieux dirigeants de l’Otan ont lancé une campagne pour attaquer la Russie. Avec le soutien de hauts responsables à Washington et en Europe, Londres utilise ce crime pour concocter des accusations contre la Russie ayant les répercussions les plus vastes.

Lundi, la première ministre Theresa May a lancé un ultimatum, qui a expiré à 0h aujourd’hui, en déclarant que sans «réponse crédible» de Moscou, son gouvernement conclura qu’il y a eu «usage illégal de la force par l’Etat russe contre le Royaume Uni.» On a fait pression sur elle au Parlement pour utiliser l’Article 4 du traité de l’Otan, qui force l’alliance à lancer des discussions si «l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de tout (Etat membre de l’Otan) est menacée.»

Ce sont des motifs pour lesquels les Etats se livrent la guerre, et l’Otan prépare manifestement une justification pour une guerre contre la Russie, une puissance nucléaire. Hier, alors que May se préparait à revenir au Parlement aujourd’hui avec ses propositions, les médias ont rapporté que Londres envisage aussi l’invocation de l’Article 5 du traité de l’Otan. Cet article force tous les pays de l’Otan à «aider» tout Etat membre de l’Otan qui se dit attaqué à mener «les actions qu’il jugera nécessaire, y compris le recours à la force armée.»

Face à ces menaces qui posent le danger de guerre nucléaire, la question s’impose: quel est le fondement des accusations que c’est Moscou qui a empoisonné les Skripal, gravement malades?

Le World Socialist Web Site n’est pas partisan de l’oligarchie kleptocratique qui dirige la Russie depuis la restoration du capitalisme par la bureaucratie stalinienne en Union soviétique en 1991. On ne peut écarter la possibilité qu’une fraction du renseignement russe, agissant soit avec, soit sans l’autorisation du président russe Vladimir Poutine, aura empoisonné les Skripal.

Mais Londres et l’Otan n’ont ni fourni des preuves physiques de l’implication du Kremlin, ni établi les mobiles d’une éventuelle attaque russe. Londres n’a pas non plus expliqué pourquoi, si Moscou voulait tuer Skripal parce que c’était un espion britannique aux années 1990 et début 2000, le Kremlin ne l’a pas exécuté après sa condamnation pour espionnage en 2006 mais l’a envoyé en 2010 en Grande Bretagne, en échange d’espions russes retenus par Londres.

A présent, les médias lancent un récit simpliste qui accuse Moscou: si un crime semble cibler des pays ou des individus hostiles au gouvernement russe, les gouvernements et médias de l’Otan tirent la conclusion en quelques heures qu’il est évident que le Kremlin est coupable.

En fait, en politique internationale, la réponse simple et évidente ne révèle presque jamais l’engrenage complexe d’intérêts politiques et économiques qui produisent un événement donné. Si l’affaire Skripal était un roman d’espionnage de Le Carré, ces accusations occuperaient 10 pages au début du livre, après quoi la vraie histoire se déroulerait sur les 400 pages suivantes. Dans des cas pareils, il faut se demander: quelle est la crédibilité de l’accusateur et, surtout, cui bono («A qui le crime profite-t-il»)?

A ceux qui disent qu’il est évident que Moscou a empoisonné Skripal, on peut rappeler les attentats à la bacille du charbon en 2001 aux Etats-Unis, qui ont tué 5 personnes peu après les attentats du 11 septembre. Là encore, les médias ont immédiatement fait porter la responsabilité aux cibles des menaces de guerre anglo-américaines de l’époque: les armes de destruction massive (ADM) du régime irakien et ses prétendus liens avec Al Qaïda. Mais en fait c’étaient des mensonges qui répondaient aux intérêts de l’administration américaine, qui voulait faire la guerre à l’Irak.

Et après l’invasion de l’Irak en 2003, quand il était très clair que l’Irak n’avait pas d’ADM et n’était pas du tout responsable des attentats, on a su que la variété de bacille du charbon utilisé dans les attentats était le produit du programme d’ADM de Washington à Fort Detrick, au Maryland. Qui l’avait utilisée? On a soupçonné un scientifique américain, Steven Hatfill, qui a ensuite été blanchi.

On ne sait toujours pas quels responsables américains étaient impliqués dans ces attentats. Le FBI a clos son investigation en 2010 après avoir accusé un autre scientifique, Bruce Edwards Ivins, qui s’était suicidé en 2008. Mais l’Académie Nationale des Sciences américaine a conclu en 2011 que le gouvernement américain n’avait pas les preuves scientifiques nécéssaires pour dire définitivement que la bacille du charbon utilisée dans les attentats provenait d’Ivins.

Il est difficile de voir comment tuer Skripal profiterait à Moscou. L’attentat s’est déroulé peu avant les élections russes ce week-end, alors que les puissances de l’Otan intensifient une confrontation avec Moscou en Syrie suite à l’échec de leur tentative de renverser le régime syrien. L’armée américaine a déjà attaqué et tué des dizaines de Russes en Syrie en février. En fait, l’affaire Skripal fournit une arme politique idéale, dont les ennemis de Poutine se servent déjà contre lui.

L’affaire profite plutôt aux sections de la bourgeoisie européenne qui font monter les tensions avec Moscou et aux sections de la classe dirigeante américaine, surtout autour de la CIA et du Parti démocrate, qui travaillent avec eux pour traiter Trump d’espion russe. L’empoisonnement des Skripal leur permet d’exercer une vaste pression sur les sections rivales de la classe dirigeante européenne, notamment dans les gouvernements français et allemands, qui prônent une politique militaire européenne indépendante et des liens plus étroits avec Moscou.

Ainsi, lundi, l’ex-président François Hollande a lancé une attaque à peine voilée dans Le Monde contre son successeur, Emmanuel Macron, qui collabore étroitement avec Berlin. Accusant la politique actuelle de l’Otan de permettre à Moscou d’aider le régime syrien à «liquider son opposition et massacrer son peuple», Hollande appelle à une confrontation avec Moscou: «Si la Russie est menaçante, elle doit être menacée.»

Hier, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a dit que Washington avait «pleinement confiance» dans l’analyse britannique des attentats, une déclaration qu’il a ensuite contredite en déclarant que la Russie n’était que «vraisemblablement responsable». S’il a limogé Tillerson peu après, Trump s’est fait l’écho des accusations de Tillerson contre la Russie, en déclarant: «On dirait que ce serait la Russie, étant données toutes les preuves qu’ils ont.»

Sous ces conditions, et après l’expérience de 2001, il faut dire que le soupçon pèse lourdement, aussi, sur des fractions des Etats britannique et américain.

Londres fonde ses accusations contre Moscou sur les analyses contradictoires de son installation à Porton Down, qui se trouve par coïncidence à 15 km de Salisbury et qui fabrique des armes biologiques et chimiques. Au départ Londres a dit que le poison était du fentanyl, sorte d’héroïne très puissante. Mais le 7 mars, Londres a déclaré que c’était un gaz neurotoxique comme le sarin ou le VX, sans expliquer comment Porton Down, qui se spécialise dans la production de ces gaz, a pu ne pas l’identifier correctement.

Lundi, May a déclaré que le gaz en question était du «novitchok», une arme chimique fabriquée au départ par l’Etat soviétique. Mais quand Moscou a demandé qu’on lui fournisse des échantillons du poison utilisé à Salisbury, selon les dispositions de la Convention sur les armes chimiques (CWC), Londres a refusé. Pour l’heure, les accusations contre Moscou dépendent entièrement du bien-fondé des déclarations de l’installation à Porton Down.

Mais ce n’est pas une source fiable. Porton Down a mené de nombreuses expériences illégales et secrètes sur des citoyens britanniques. Il y a en 1942 sa contamination à la bacille du charbon de l’île Gruinard, que Londres a dû décontaminer en 1986; la mort jugée illégale de Ronald Maddison en 1953 pendant des expériences au sarin sur des appelés; et la contamination de Lyme Bay entre 1963 et 1975 par des armes biologiques. Londres a dû payer 3 millions de livres aux victimes de ces expériences en 2008, mais sans avouer de faute.

Les accusations lancées par de pareilles sources contre Moscou dans l’obscure affaire Skripal n’ont aucune crédibilité. Seule une investigation internationale objective qui publierait ses conclusions en temps réel, pourrait établir la vérité de ce qui s’est passé. Entretemps, pour leur propre survie il est essentiel que les travailleurs américains, européens et du monde entier s’opposent à l’hystérie antirusse et au danger d’une confrontation militaire entre les grandes puissances nucléaires.

Alexandre Lantier

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La Première ministre britannique Theresa May a déclaré à la Chambre des Communes que la Russie était « très probablement » responsable du déploiement d’un « agent neurotoxique militaire » contre l’agent double Sergei Skripal, ce qu’elle a qualifié « d’acte sans discrimination et imprudent contre le Royaume-Uni ».

Le discours de May faisait suite à une réunion du Conseil de sécurité national pour discuter de la réaction de la Grande-Bretagne à l’empoisonnement de Skripal et de sa fille, Yulia, il y a un peu plus d’une semaine.

« Il est maintenant clair que M. Skripal et sa fille ont été empoisonnés avec un agent neurotoxique de qualité militaire et d’un type développé par la Russie. Il fait partie d’un groupe d’agents neurotoxiques connus sous le nom de Novichok », a déclaré May.

Son discours suit une vague d’hystérie anti-Russie déclenchée par les médias et l’establishment politique et militaire, y compris la mobilisation de 180 militaires dans la ville de Salisbury.

May n’a pas fourni la moindre preuve à l’appui de ses affirmations selon lesquelles la Russie aurait mis au point l’agent chimique utilisé à Salisbury. Elle a simplement affirmé que parce que la Russie peut produire un tel produit chimique, et à cause de « l’expérience de la Russie dans la conduite d’assassinats parrainés par l’État ; et de notre évaluation selon laquelle la Russie considère certains déserteurs comme des cibles légitimes pour les assassinats […] le gouvernement a conclu qu’il est très probable que la Russie était responsable de l’acte contre Sergei et Yulia Skripal. »

May a dit, « il n’y a donc que deux explications plausibles pour ce qui s’est passé à Salisbury le 4 mars. Soit c’était un acte direct de l’État russe contre notre pays. Soit le gouvernement russe a perdu le contrôle de cet agent neurotoxique potentiellement catastrophique et l’a laissé tomber entre les mains d’autrui. »

Le ministre des affaires étrangères, Boris Johnson, a « convoqué l’ambassadeur de Russie auprès du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth et lui avait demandé d’expliquer de laquelle de ces deux possibilités il s’agit… »

Le gouvernement a imposé un ultimatum de 24 heures, qui se terminait mardi à minuit, pour que la Fédération de Russie « fournisse une divulgation complète du programme de Novichok à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ».

Les actions imprudentes du gouvernement de May entraînent le Royaume-Uni au bord de la guerre avec la Russie.

Elle a défini sa position comme une réponse à « un modèle bien établi d’agression de l’État russe » dans toute l’Europe et au Moyen-Orient. « L’annexion illégale de la Crimée par la Russie fut la première fois depuis la seconde guerre mondiale qu’une nation souveraine a pris de force un territoire d’un autre en Europe », a-t-elle déclaré. Elle a accusé la Russie de « fomenter [le conflit] dans le Donbass », de « violer à plusieurs reprises l’espace aérien national de plusieurs pays européens » et « d’une campagne soutenue de cyber-espionnage et de désorganisation » incluant le fait de « s’ingérer dans les élections et hacker le ministère de défense danois et le Bundestag, entre autres. »

« Lors de son récent discours sur l’état de l’Union, le président Poutine a montré des images vidéo de lancements de missiles, de trajectoires de vol et d’explosions, notamment la modélisation d’attaques contre les États-Unis avec les impactes d’une série d’ogives en Floride. »

Elle a déclaré à la Chambre que son gouvernement « examinerait en détail la réponse de l’État russe mercredi. En l’absence de réponse crédible, nous conclurons que cette action équivaut à un usage illégal de la force par l’État russe contre le Royaume-Uni. Et je reviendrai à la Chambre pour exposer toute la gamme de mesures que nous prendrons en réaction. »

Quelques heures avant le discours de May, le contre-amiral Alex Burton, ancien commandant des Forces maritimes britanniques, qui a également commandé les forces navales de haut niveau de l’OTAN, a déclaré que la Grande-Bretagne risquait de perdre son statut de « puissance militaire crédible ». Se référant à la Russie, il a appelé à une augmentation importante des dépenses militaires à au moins 2,5 % du PIB, soit 7,7 milliards de livres supplémentaires par an.

Les dangers posés sont soulignés par les déclarations de l’ambassade de Russie à Londres, qui a accusé le gouvernement britannique de jouer « un jeu très dangereux », qui « porte le risque de conséquences plus graves à long terme pour nos relations ».

Les remarques de May auront été rédigées en étroite collaboration avec des sections puissantes de l’establishment militaire et politique aux États-Unis, centrées sur le Parti démocrate, qui ont poussé pour un affrontement avec la Russie contre une certaine résistance de l’administration Trump.

En réponse, la semaine dernière, le directeur du Renseignement national américain Dan Coats a déclaré à la commission des services armés du Sénat qu’il n’avait pas vu la preuve que la Russie essayait de se mêler des élections de 2018 à mi-mandat, mais affirma que ceci était très probable. Il s’attendait à ce que le Trésor américain annonce des sanctions contre la Russie dès cette semaine. Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a fait une annonce similaire, insistant sur le fait que Trump « soutient pleinement » ces actions.

Hier, le porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders, a été interrogée à plusieurs reprises sur l’incident de Salisbury lors d’une conférence de presse à Washington DC. Elle a refusé de dire si les États-Unis étaient d’accord avec l’attribution de la responsabilité de May par la Russie et n’a pas mentionné nommément la Russie. Clairement insatisfait, le journaliste a demandé si les États-Unis montraient du doigt le gouvernement Poutine, et Sanders a répondu : « Je pense qu’ils travaillent encore sur certains détails, et nous allons continuer à travailler avec le Royaume-Uni. »

Le même jour, l’Union européenne a déclaré qu’elle avait prolongé de six mois les sanctions contre la Russie, imposées après l’annexion de la Crimée par la Russie.

Répondant à May, le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a déclaré que toute la Chambre condamnait « l’attaque profondément alarmante » à Salisbury et qu’il fallait de la part des autorités russes un compte rendu complet.

Il a exhorté May à introduire des sanctions plus sévères contre les oligarques russes qui cachent leur argent au Royaume-Uni, notant qu’il y a eu plus de 800 000 livres de dons au parti conservateur « des oligarques russes et de leurs associés ».

S’il n’a pas contesté les accusations belliqueuses de May, Corbyn a averti le gouvernement : « Nous devons continuer à rechercher un dialogue solide avec la Russie sur toutes les questions qui divisent nos pays, nationales et internationales, plutôt que de simplement couper les contacts et laisser s’aggraver les divisions qui pourraient potentiellement devenir plus dangereuses. »

Sa mise en garde diplomatique fut accueillie aux cris de « honte ! » et de « déshonneur ! » des conservateurs et était inacceptable pour les fauteurs de guerre dans son propre parti.

Une procession de députés travaillistes, dont Yvette Cooper, Chris Leslie et John Woodcock, s’est joint aux conservateurs pour réclamer une « réponse unie », faisant écho à Tory Iain Duncan Smith qui avait condamné les « partisans de l’apaisement » tout en dénonçant Corbyn pour sa « politique de parti ».

L’ancien chancelier de l’échiquier travailliste Chris Leslie a insisté pour dire qu’il n’était « pas approprié » d’afficher « les différences politiques partisanes » quand « notre pays est potentiellement attaqué ».

Son collègue Mike Gapes a insisté pour dire que « tous les députés doivent être solidaires », et il a qualifié l’empoisonnement de Salisbury d ‘« acte de terrorisme ».

Liam Byrne, ancien secrétaire travailliste au trésor, a déclaré : « Le premier ministre devrait savoir que si, mercredi, elle conclut que nous sommes effectivement assiégés, elle trouvera l’unité et la résolution à la Chambre pour faire face à une menace commune. »

L’ancien ministre des Transports du cabinet fantôme, John Woodcock, qui avait précédemment déclaré qu’il ne pourrait pas soutenir Corbyn pour le poste de Premier ministre, a suggéré que le leader travailliste en tant que Premier ministre menacerait la sécurité nationale du Royaume-Uni.

« Il a fallu attendre de nombreuses années le niveau de résilience exprimé par le Premier ministre à la Chambre aujourd’hui, mais il est extrêmement bienvenu », a-t-il déclaré. « En effet, cela mettrait notre sécurité nationale en danger si nous étions dirigés par quelqu’un qui ne comprendrait pas la gravité de la menace que la Russie fait peser sur cette nation ».

Stephen Doughty, député travailliste pour Cardiff South et Penarth, a déclaré : « Puis-je demander à la première ministre de parler avec le secrétaire d’État à la culture, aux médias et au sport pour qu’il examine le permis de radiodiffusion de RT Today. Et parler aux autorités de la Chambre du blocage de leurs émissions dans ce bâtiment même. »

L’ancien ministre du Travail Chris Bryant, député de la Rhondda, a demandé : « Pouvons-nous arrêter la diffusion de la propagande de RT Today dans ce pays ? »

Laura Tiernan

 

Article paru en anglais, WSWS, le 13 mars 2018

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‘Les frappes de la coalition se fondent sur des renseignements et une surveillance étendue, de façon à s’assurer que toutes les cibles sont des installations militaires… d’importantes précautions sont prises pour éviter les zones civiles, principalement quand des femmes et de enfants y sont présents, » a dit un porte-parole de la coalition saoudienne au Yémen le 10 décembre dernier.

Six jours plus tard, une frappe de la coalition saoudienne a ciblé un marché au Yémen, tuant au moins 54 civils dont huit enfants.

Le même jour, une autre frappe de la coalition saoudienne a tué quatorze civils dans une ferme yéménite. Ils étaient tous membres de la même famille. Selon le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies au Yémen, ils s’ajoutaient aux 84 civils tués au cours des dix jours précédents au Yémen, et « Ces incidents prouvent le mépris total envers les vies humaines que toutes les parties, y compris la coalition menée par l’Arabie Saoudite, continuent à démontrer dans cette guerre absurde. »

Un porte-parole de la coalition saoudienne a répondu, non pas avec des mots de regret pour les familles des victimes, mais en mettant en question la crédibilité des Nations-Unies, et la « compétence de ses employés basés au Yémen ».

Même si cette réponse était surprenante, le déni n’est pas une tactique nouvelle pour le gouvernement saoudien. Depuis le début de la guerre au Yémen, et malgré la confirmation d’un chiffre de plus de 10 000 victimes civiles dans ce conflit par l’ONU, le gouvernement saoudien et ses lobbyistes de Washington DC ont travaillé à garder le Yémen sous le radar et à préserver le soutien militaire et logistique des USA, ainsi qu’à poursuivre des ventes record d’armes américaines à l’Arabie Saoudite.

Rien qu’en 2017, l’Arabie Saoudite a dépensé plus de 16 millions de dollars en lobbying et relations publiques via des firmes enregistrées comme agents étrangers. Ces efforts semblent avoir rapidement porté leurs fruits, à en juger par la conversation téléphonique du président Trump avec le roi d’Arabie Saoudite juste après son entrée en fonctions. Au cours de l’appel, « le royaume s’est engagé à soutenir l’établissement de zones humanitaires de sécurité en Syrie et au Yémen », selon un communiqué du Groupe Podesta envoyé à plus de 50 experts de think tanks de premier plan.

Un an plus tard, il n’y a pas de « zones humanitaires de sécurité » au Yémen, seulement des promesses saoudiennes renouvelées d’en créer à l’avenir.

Le 13 février 2017, deux semaines après la conversation de Trump avec Salmane, le Qorvis MSL Group a distribué un communiqué de presse de la part de l’Arabie Saoudite qui déclarait « la préservation de vies civiles reste une priorité absolue » pour la coalition menée par l’Arabie Saoudite au Yémen.

Deux jours plus tard, une frappe de la coalition saoudienne a tué, selon les rapports, neuf femmes et un enfant qui s’étaient réunis aux funérailles d’une femme locale.

Le 20 mai 2017, Trump a atterri en Arabie Saoudite pour son premier déplacement à l’étranger, annonçant au passage un contrat de vente d’armement de 110 milliards de dollars au royaume. Quatre jours auparavant, la firme Brownstein Hyatt Farber Schreck faisait enregistrer une fiche d’information « factuelle » que ses lobbyistes avaient fait circuler sur la réduction de dommages collatéraux civils, selon laquelle « l’Arabie Saoudite a entrepris plusieurs démarches pour mettre en place un processus plus exhaustif (sic) de choix et de validation de cibles pour les opérations de la coalition menée par l’Arabie Saoudite au Yémen. »

Cinq jours plus tard, une frappe de la coalition saoudienne a tué, selon les rapports, 24 civils sur une place de marché yéménite.

Le 22 août 2017, le prince héritier d’Arabie Saoudite a rencontré Jared Kushner (le gendre de Trump) et d’autres membres de l’administration Trump et s’est engagé à « renforcer la relation et la proche collaboration » entre les deux pays, selon un communiqué de presse distribué par le Qorvis MSLGroup de la part de l’ambassade saoudienne.

Le jour suivant, des frappes de la coalition saoudienne autour de la capitale du Yémen ont tué ou blessé, selon les rapports, au moins 30 civils.

Malgré tout, les Saoudiens et leur lobbyistes de Washington ont continué à vanter les efforts « humanitaires » saoudiens au Yémen. Le 22 janvier 2018, ils ont annoncé le plan ‘Yemen Comprehensive Humanitarian Operations’ (Plan complet d’opérations humanitaires au Yémen) pour remédier à la crise humanitaire du Yémen.

Le jour suivant, une frappe de la coalition au Yémen a tué, selon les rapports, neuf civils, y compris quatre enfants.

Malgré ces exemples et de nombreux autres, où les affirmations du lobby pro-saoudien ont été réfutées par les réalités horrifiantes du terrain au Yémen, les USA continuent à soutenir la coalition saoudienne. Toutefois, cette semaine, les sénateurs Sanders (Indépendant) et Lee (Républicain) ont présenté un projet de loi destiné à bloquer le soutien américain à la guerre contre le Yémen.

Les lobbyistes payés par l’Arabie Saoudite travaillent fiévreusement à s’assurer que cette loi ne passera pas. Ils ne parleront pas de l’immense souffrance du peuple yéménite, qui traverse la pire catastrophe humanitaire actuelle sur la planète, ou de la façon dont la guerre est en train d’aider Al-Qaïda à se renforcer et à s’enrichir. [Dépêche Reuters : Conséquence de la guerre, Al-Qaïda s’est taillé un mini-État très riche au Yémen, NdT]. Ils feront des promesses d’assistance humanitaire, d’améliorations pour éviter les victimes civiles. Ils promettront des choses démenties par les réalités de la guerre au Yémen.

Il est temps de cesser de les croire.

Ben Freeman

 

Paru sur Antiwar.com sous le titre The Lobbying War for War in Yemen

Traduction et source pour la version française : Entelekheia
Photo : un homme monte la garde à côté d’un point d’impact de bombardement d’un hôpital de MSF, Yémen.

Et pendant ce temps-là, à la Ghouta…

Ben Freeman est directeur de la Foreign Influence Transparency Initiative du Center For International Policy, et auteur de ‘The Foreign Policy Auction’, une enquête sur l’influence étrangère aux USA. Il est joignable à l’adresse [email protected]

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La stratégie de « confinement » anti-chinoise de l’Inde vise à amener New Delhi à prendre le contrôle des nœuds stratégiques le long des lignes maritimes de communication (LMDC) dans l’océan afro-indien, mais les plans du pays sont contrecarrés par l’ingéniosité de la Chine qui bricole des solutions de contournement asymétriques autour de ces goulets d’étranglement.

Dynamique de fond

Ne vous méprenez pas, il y a une nouvelle guerre froide qui fait rage entre la Chine et l’Inde à travers le plan de « Grande Asie du Sud ». Elle a récemment atteint son paroxysme lors de la guerre hybride améro-indienne dans les Maldives. Delhi pourrait intervenir militairement dans une crise provoquée de l’extérieur et provoquer une confrontation stratégique encore plus tendue avec la Chine. La dynamique de la géopolitique du XXIe siècle de l’ordre mondial multipolaire est telle que l’Inde a été « retournée » par les États-Unis contre la Chine dans cette nouvelle guerre froide, alors que la Chine était tournée contre l’URSS pendant l’ancienne guerre froide. Washington exploite à merveille les conflits préexistants entre ces deux grandes puissances afin de diviser et de régner indéfiniment sur l’hémisphère oriental pour son avantage hégémonique.

Il y a des décennies de cela, les États-Unis ont dressé la Chine contre l’URSS et ont opposé les deux pays communistes dans une lutte idéologique interne pour gagner les « cœurs et les esprits » du « Sud global » mais cette fois, ils cherchent à brouiller l’Inde et la Chine autour de cette bataille épique sur la connectivité compétitivedans le même espace afro-asiatique transcontinental. Alors que la vision globale de la route de la soie One Belt One Road de la Chine se concentre sur des projets d’infrastructures, le « Corridor de croissance Asie-Afrique » (également appelé « corridor de la liberté ») indo-japonais vise à développer les soins de santé, l’éducation et d’autres domaines. Les deux représenteraient idéalement une parfaite complémentarité si les deux parties coordonnaient leurs efforts pour obtenir des dividendes gagnant-gagnant. Mais cela va se transformer probablement en une campagne d’influence à somme nulle les uns contre les autres.

Resserrer l’étau

Ce n’est pas le choix de la Chine, mais celui de l’Inde, qui a été incité par les États-Unis à jouer un rôle militaire plus actif dans son océan austral afin de réduire la liberté de navigation de Pékin dans cet espace maritime à travers lequel passe la grande majorité de ses échanges commerciaux. C’est un rôle ironique que prend la soi-disant « plus grande démocratie du monde » contre un pays que les médias Mainstream dépeignent régulièrement comme faisant exactement la même chose dans la mer de Chine méridionale. Les États-Unis reconnaissent assez facilement que l’océan afro-indien est le point faible stratégique de la Chine et qu’elle doit concevoir une « solution » forte pour contrer le fait que Pékin a cassé la zone de confinement du détroit de Malacca avec le corridor économique sino-pakistanais ( CPEC) qui l’a doté d’un accès terrestre sans entrave à cette espace.

Avant d’expliquer la nature géostratégique de la stratégie améro-indienne du « confinement chinois » le lecteur doit d’abord reconnaître que l’accord LEMOA que les deux parties ont signé à l’été 2016, a permis à l’ancien État sud-asiatique « non aligné » d’entrer dans un partenariat militaire et stratégique sans précédent avec l’hégémon unipolaire, qui permet aux deux parties d’utiliser au cas par cas les installations militaires des uns et des autres. Dans la pratique, cela signifie que les forces armées indiennes peuvent utiliser la base de Diego Garcia située au centre de l’océan, tout comme leurs homologues américains sont maintenant libres d’en faire de même avec toutes les bases de l’Inde sur le sous-continent. En outre, les deux parties peuvent également placer leurs unités militaires dans leurs installations respectives en Afrique, ce qui, selon nous, est un développement important qui ne doit pas être négligé.

L’océan afro-indien

Avant d’explorer comment cette stratégie évolue rapidement dans la région, il est nécessaire d’expliquer ce que l’on entend par le néologisme de « l’océan afro-indien ». Comme nous l’expliquions dans un article précédent, l’« océan Indien » est un nom impropre parce que la rivière « Indus » dont il porte le nom et l’« Inde »sont en fait appelé « Sindhu » par ses indigènes pakistanais, invalidant ainsi le concept britannique de l’ère impériale derrière les noms modernes de ces deux entités. Cette terminologie est beaucoup plus précise géographiquement et historiquement dans un sens socio-culturel, divisant ce plan d’eau entre ses moitiés africaine et « indienne » en raison du fait que la partie ouest africaine mentionnée en premier a des liens séculaires avec le Moyen-Orient à cause de la « traite des esclaves par les Arabes » tandis que la majeure partie du sous-continent a connu des relations encore plus longues avec le sud-est asiatique en raison de son héritage hindou-bouddhiste partagé.

Ce n’est que pendant la période coloniale britannique que l’Inde et le reste du sous-continent ont entamé des relations étendues et significatives avec l’Afrique. Il est donc trompeur que l’Inde moderne revendique cette étendue d’eau dans sa totalité alors qu’elle n’a pas les bases historiques pour le faire sur sa moitié occidentale. On verra plus loin dans l’analyse que la distinction entre les parties africaine et indienne de cet océan a une signification stratégique en attirant l’attention sur les différentes conditions dans chaque espace compétitif, ce qui permet aux deux camps incluant des Grandes Puissances de concevoir plus efficacement des plans pour approfondir leur influence dans ces conditions de nouvelle guerre froide. Afin d’aider le lecteur à mieux comprendre la vaste portée géographique de ce que cela implique, voici une carte de l’océan afro-indien divisé en trois théâtres de compétition :

  • Vert : Océan Africain
  • Rouge : Océan Central
  • Bleu : Océan Indien

Maintenant, voici à quoi ressemble la carte en illustrant les projets d’infrastructures stratégiques de la Chine (en Rouge) et de l’Inde (en Orange) dans l’océan afro-indien, qu’ils soient d’ordre militaire ou économique (aéroport, port maritime) :

En commençant par l’océan africain, voici les projets mis en évidence :

Chine

Inde

En ce qui concerne l’océan central, l’infrastructure pertinente est la suivante :

Chine

Inde

  • Base navale et aérienne de Diego Garcia, Territoire britannique de l’océan Indien (via l’accord LEMOA avec les États-Unis)
  • Port de Trincomalee, Sri Lanka

Et enfin, les installations dans cet océan Indien, nouvellement défini, sont :

Chine

Inde

  • Base navale des îles Andaman et Nicobar (potentiellement soutenue par le Japon)
  • Base navale de Singapour

Les trois théâtres de « confinement »

La principale différence entre les projets afro-indiens de la Chine et de l’Inde est que Pékin est soupçonnée d’avoir une capacité potentielle de « double usage » à l’avenir, alors que beaucoup à New Delhi affichent ouvertement leurs motivations militaires. En outre, la Chine à mis son projet en chantier depuis des années, mais pour l’Inde, c’est un développement relativement récent qui s’est surtout imposé ces deux dernières années et qui a coïncidé avec son accord LEMOA avec les États-Unis. Il est évident que Washington dirige la stratégie afro-indienne de New Delhi dans le but de la transformer en un pouvoir naval (« atlantiste ») afin de « contenir » le pouvoir continental (« eurasiatique ») de la Chine. De plus, chaque théâtre afro-indien de compétition possède ses propres spécificités comme champ de bataille.

Océan africain

Cette région s’étend du Moyen-Orient jusqu’à l’Afrique de l’Est. La Chine y est limitée en terme d’infrastructure continentale tandis que l’Inde équilibre ses déploiements stratégiques avec des déploiements insulaires aux Seychelles et à Maurice. La connexion Chabahar-Gwadar pourrait être « trop confortable » pour certains, mais même dans le cas où aucune grande puissance n’y déploie de forces militaires en premier, les nouveaux droits de l’Inde d’ancrer ses unités navales dans le port de Duqm d’Oman pourraient « être un facteur de changement » qui oblige la Chine à emboîter le pas à Gwadar comme les média Mainstream imaginent à tort comme étant déjà le cas. Dans un tel scénario, il est peu probable que l’Inde reçoive les privilèges correspondants à Chabahar, mais c’est probablement pour cette raison attendue que New Delhi a « pivoté » proactivement vers Duqm.

L’importance stratégique de ce port omanais réside non seulement dans son potentiel double de connectivité maritime dans le cadre d’un éventuel projet GCC Silk Road et/ou d’un lien entre l’Afrique de l’Est et l’Asie centrale (les deux derniers selon l’Accord d’Achgabat auquel a récemment accédé l’Inde), mais aussi dans sa possible disruption dans le cas où les hostilités éclatent entre l’Inde et le Pakistan et/ou la Chine. C’est dans cet esprit que la décision d’Oman d’autoriser la Marine indienne à accoster à Duqm devrait être considérée comme un geste sans précédent par la monarchie parce qu’elle défie la « neutralité » traditionnelle de l’État et pourrait théoriquement en faire une cible d’Islamabad et/ou de Pékin si l’un de ces deux alliés (et dans ce cas, probablement les deux) entrait en guerre contre New Delhi.

Duqm est également important car il se situe entre Gwadar et Djibouti, interférant ainsi avec les lignes de communication ASGA du Pakistan entre le CPEC et son homologue africain de la route de la soie Djibouti-Addis Abeba, ainsi que celle partant de Port Soudan, dite route sahélo-saharienne de la soie. En outre, les forces indiennes de Duqm pourraient également créer des complications pour toute base spéculative pakistano-chinoise au sud Yémen à Aden en cas de guerre, donnant ainsi à cette ville désolée du désert une influence disproportionnée et non dite sur le plan général. Delhi actualise pleinement son potentiel stratégique (jusqu’à et y compris la considération de permettre à son allié américain d’utiliser également cette facilité). Au-delà de Duqm, la présence de l’Inde dans le triangle Seychelles-Madagascar-Maurice peut lui permettre ainsi qu’aux États-Unis (via le LEMOA) d’exercer une influence sur les ports de la Route de la Soie en Afrique de l’Est au Kenya et en Tanzanie.

Océan central

Cette partie de l’océan afro-indien est devenue un champ de bataille important récemment en raison de la guerre hybride de « l’État profond » indo-américain sur les Maldives, basée sur le retrait ou le « confinement » de l’influence chinoise dans cet archipel stratégique. Parallèlement à cela, l’Inde tente de pénétrer au Sri Lanka après avoir contribué au « coup d’État électoral » de 2015 contre l’ancien président Rajapaksa. Cela bien que ce dernier et son allié américain aient été surpris lorsque le parti politique du leader déchu a renversé les sondages locaux plus tôt cette semaine dans une démonstration étonnante de l’insatisfaction du peuple envers les autorités pro-indiennes qui l’ont remplacé.

Les événements dans ces deux pays sont cruciaux en raison de leurs conséquences géostratégiques dans le contexte de la nouvelle guerre froide sino-indienne, car le maintien ou la croissance de l’influence de Pékin sécuriserait le SLOC et renforcerait ainsi la présence de la Nouvelle Route de la Soie au cœur de la voie navigable océanique afro-indienne tandis que la victoire des forces mandataires indiennes contrecarrerait puissamment cela à l’avantage décisif de Washington, New Delhi et Tokyo. Alors que les situations politiques continuent de mijoter simultanément le long de l’axe septentrional maldivien-sri-lankais dans cette région, l’avant-poste indo-américain de Diego Garcia continue de surveiller les événements et jette une ombre omniprésente sur ces deux zones.

Océan Indien

La partie orientale de cette étendue d’eau, décrite avec plus de précision comme le véritable « océan Indien dans le cadre de cette analyse, a permis à la Chine de sécuriser une double installation continentale-maritime au Myanmar, dans l’État de Rakhine au nord-est du golfe du Bengale. Quant à l’Inde, son nouvel accès naval dans le détroit de Malacca grâce à son accord avec Singapour et les futures patrouilles conjointes avec le Japon dans les îles Andaman et Nicobar pourraient permettre à New Delhi de relier ces bases orientales avec son port sri-lankais à l’ouest et éventuellement une présence futur au Bangladesh dans le nord pour transformer la baie du Bengale en un « lac indien ». S’il était « réussi » ce mouvement reproduirait les conditions stratégiques de « confinement » de la mer de Chine méridionale que la République populaire cherchait initialement à éviter lorsqu’elle a commencé le couloir économique du Nord-Est Chine-Myanmar (CMEC), avec pour « conséquence » de le rendre d’autant plus important.

Contrer la doctrine navale du « confinement »

Car, aussi catastrophique que puisse être la situation stratégique pour la Chine en ce qui concerne la doctrine de « confinement » naval américano-indien, il existe encore plusieurs options réalistes pour contrer ce réseau émergent de menaces.

Un accord gagnant-gagnant avec Oman et les Seychelles

Il n’y a aucune raison que quiconque présume que la présence militaire de l’Inde dans ces deux pays stratégiquement positionnés est exclusive à ses forces navales, car la « diplomatie du CPEC » pourrait, selon toute vraisemblance, utiliser des accords gagnant-gagnant pour « acheter » son ticket d’entrée dans ces installations portuaires suivant ainsi le modèle perfectionné chez ce qui était auparavant les faire-valoir maldiviens et sri-lankais de New Delhi, il y a moins de dix ans. Bien qu’il soit bien sûr préférable pour la Chine et son allié pakistanais que l’Inde ne voit pas son empreinte militaire croître dans l’un ou l’autre de ces États, les « dommages » que cela pourrait éventuellement causer à la nouvelle route de la soie pourraient être atténués s’ils cherchaient avec sagesse à imiter l’exemple djiboutien en diversifiant au maximum leurs partenariats militaires et en les « équilibrant » entre de multiples « mécènes ».

Tirer parti des partenariats militaro-stratégiques avec des tiers multipolaires

Tout comme l’Inde a fait équipe avec les États-Unis, le Japon et bientôt la France(qui possède quelques avant-postes stratégiques dans l’océan afro-indien), la Chine et le Pakistan peuvent faire de même avec leurs partenaires militaires multipolaires de Russie et de Turquie dans ce même espace. Moscou n’en est pas encore revenue à avoir des droits de base permanents dans cette région, mais cela ne signifie pas qu’Islamabad ne peut pas l’inviter et lui donner un tel privilège à Gwadar, ce que la Russie pourrait accepter sous le prétexte plausible et ostensible qu’il n’est pas « orienté militairement » contre un parti tiers (les États-Unis) mais qu’il conditionne la protection de son futur pipeline irano-pakistanais contre toute menace régionale (par exemple les pirates de Daech/al-Shabaab/Baloutche, etc.). Quant à la Turquie, elle a déjà une base terrestre à Mogadiscio et pourrait essayer de l’étendre à l’avenir dans le domaine naval.

Le concept dominant est que l’introduction de tierces parties en partenariat avec la Chine et le Pakistan pourrait décourager toute ingérence unilatérale ou multilatérale de l’Inde et de ses alliés unipolaires contre le SLOC de la Route de la Soie, en s’appuyant sur un paradigme classique de stabilité dans une région de plus en plus tendue. La Russie et la Turquie ont récemment « étendu leurs ailes » et pourraient être très intéressées à participer à ce cadre, surtout si elles développent une couverture apolitique et non militaire utile afin de détourner les accusations selon lesquelles cela aurait pour effet de contrecarrer quelqu’un d’autre. En s’appuyant sur leurs partenariats militaro-stratégiques avec ces deux États, la Chine et le Pakistan peuvent sécuriser le CPEC et faire en sorte que la « fermeture eurasiatique » devienne véritablement une Convergence des Civilisations sans être compensée par la connexion navale omano-seychelloise de l’axe américano-indien selon un scénario à somme nulle dans ce cas.

Pause du blocus de la baie du Bengale

Bien que cet avenir soit encore lointain, l’Inde prépare visiblement le terrain pour sceller la baie du Bengale et neutraliser le CMEC chinois via sa coordination quadrilatérale espérée entre Singapour, la base des îles Andaman et Nicobar, le Sri Lanka et le Bangladesh. La Chine doit donc faire tout ce qui est en son pouvoir pour briser ce scénario de blocus de facto.

À cette fin, il est impératif de soutenir les gouvernements des Maldives et du Myanmar face aux menaces de guerre hybride, tout en encourageant le Sri Lanka et le Bangladesh à « s’éloigner » de l’Inde et à approfondir leurs relations « équilibrées »avec la Chine. Selon cette dernière recommandation, Rajapaksa pourrait potentiellement gagner les prochaines élections au Sri Lanka si sa tendance au retour reste consistant, alors que la possibilité de voir le parti d’opposition nationaliste du Bangladesh faire de même après un possible et récent emprisonnement politisé de son chef est beaucoup moins probable.

Néanmoins, la Chine doit en faire une priorité de sa sécurité nationale afin qu’elle ne « perde » ni l’un ni l’autre de ces deux États, car les conséquences pourraient être désastreuses si ils formaient les points cruciaux du réseau de « confinement »indo-américain visant à faire du golfe du Bengale un « lac indien ». Ce scénario entraînerait une pression sans précédent sur le CMEC, ce qui le rendrait stratégiquement inoffensif et pourrait également menacer la Route de la Soie de l’ASEAN.

Réflexions finales

Le centre mondial de gravité stratégique se déplace vers l’Est, de la zone euro-atlantique à la région Asie-Pacifique, l’océan afro-indien se situant au centre de ce changement de paradigme mondial et devenant par conséquent l’espace pivot ultime. Ce n’est pas un hasard si les États-Unis ont manipulé l’Inde pour en faire un allié et déclencher une nouvelle guerre froide avec la Chine parce que cette situation concurrentielle fournit le parfait prétexte à Washington pour utiliser New Delhi comme « patte de chat » pour « contenir la Chine » et étendre le réseau de proxys « dirigés dans l’ombre » par le Pentagone dans ce plan d’eau irremplaçable que traverse la majeure partie des flux commerciaux de Pékin.

La constellation croissante de bases indiennes qui ont germé depuis un an et demi, depuis que New Delhi a scellé son partenariat militaire stratégique avec les États-Unis à travers l’accord LEMOA de l’été 2016, suggère fortement que les planificateurs américains orchestrent l’expansion de l’Inde dans cet océan. Mais la Chine peut utiliser des solutions créatives en tirant parti de ses partenariats multipolaires de la Route de la Soie pour contrer de manière proactive cette menace latente avant qu’elle ne devienne incontrôlable. Néanmoins, on ne sait pas très bien lequel de ces deux « camps » arrivera en tête de la compétition d’influence géopolitique dans l’espace afro-indien, mais ce qui est certain, c’est que cette intense dynamique de rivalité stratégique définira les décennies à venir de ce XXIe siècle.

Andrew Korybko

 

Article original en anglais :

New Delhi’s US-Backed “Chinese Containment” Strategy in the Afro-Indian Ocean

Oriental Review 14 février 2018

Traduit par Hervé relu par Cat pour le Saker Francophone

 

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

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L’impact économique des sanctions prises par les pays occidentaux (Etats-Unis et UE) à l’égard de la Russie est souvent l’objet de débats. Mais, on s’intéresse peu à l’impact des contre-sanctions prises par la Russie sur les pays de l’Union européenne. Pourtant ces mesures, ainsi que le pivotement d’une partie du commerce extérieur de la Russie, ont eu des conséquences non négligeables sur les économies des pays concernés. La publication des chiffres du commerce extérieur russe permet de préciser quelques points sur ce sujet.

I. Baisse et transformation de la structure du commerce extérieur de la Russie

On s’intéresse ici uniquement au commerce des biens. Tous les chiffres qui seront donnés sont dits « Freight on Board » ou « FOB ». La première chose que l’on constate est effectivement une baisse du commerce extérieur de la Russie en prix (l’unité de mesure est le million ou le milliards de dollars). Cette baisse affecte tout autant les exportations (pénalisées par la baisse brutal du prix du baril) que les importations. Ces dernières baissent cependant pour plusieurs raisons :

  1. Baisse du pouvoir d’achat en dollar des entreprises et des ménages.
  2. Baisse absolue du pouvoir d’achat des ménages.
  3. Mise en place de mécanismes de substitution soit entre les importateurs, soit entre la production interne et les exportations.

Le cumul de ces facteurs explique que la baisse des importations aient été parallèle à la baisse des exportations.

Graphique 1

Evolutions du commerce extérieur de la Russie

Source : Banque Centrale de Russie

On constate cependant que le solde commercial de la Russie reste très largement positif sur l’ensemble de la période. Jamais, et cela contrairement à des rumeurs qui circulaient dans la presse à l’automne 2014 et au printemps 2015 la Russie n’a été confrontée à un déséquilibre de son commerce qui eut été susceptible de provoquer une nouvelle crise financière.

II. La modification de parts des partenaires

Cette baisse affecte donc le chiffre d’affaires global (Exportations + Importations). Le montant baisse brutalement en 2014 et jusqu’en 2016, avant de se redresser fortement en 2017.

Tableau 1

Chiffre d’affaires du commerce extérieur russe (biens) en milliards de dollars

Source : Banque Centrale de Russie

Notons que, calculé en roubles, ce chiffre d’affaires connaît des fluctuations bien moindres, et qu’il est même en 2017 supérieur de 20% à son niveau de 2013.

Cependant, ce qui est encore plus marquant est la modification de la part des partenaires commerciaux de la Russie. Ici encore, on utilise les données fournies par la Banque Centrale de Russie sur la base de la collecte des données des douanes. On constate que ces parts, pour les 15 premiers partenaires commerciaux de la Russie se modifient quelque peu entre 2013 et 2017. Le montant global de la part du chiffre d’affaires de ces 15 premiers partenaires évolue cependant peu, connaissant un pic à 82,4% en 2016 et un creux à 80,5% en 2017.

On constate immédiatement que 5 pays ont vu leur part dans le commerce extérieur de la Russie reculer. Il s’agit de l’Ukraine (dont le commerce avec la Russie était important en 2013) et qui subit de plein fouet les conséquences de la crise politique avec la Russie. L’impact sur l’économie ukrainienne de cette baisse a été très sévère. Mais, on constate aussi que certains pays de l’Union européenne voient leur part dans le commerce avec la Russie reculer substantiellement. C’est en particulier le cas de la France et de la Pologne, deux pays qui ont été frappés par les « contre-sanctions » visant les productions agricoles et agro-alimentaires prises par la Russie en rétorsion aux sanctions dont elle était la cible. On notera cependant que ceci n’affecte pas trois pays de l’UE, et probablement pour des raisons assez différentes.

L’Allemagne ne subit aucune conséquence des sanctions, et ceci très probablement parce que ses industriels ont adopté une politique très pragmatique à l’égard de la Russie, cherchant à contourner les mécanismes des sanctions, sans nul doute avec l’assentiment du gouvernement. Pour les Pays-Bas, la question est faussée car ce dernier pays reçoit une grande partie du gaz naturel russe avant de la revendre aux consommateurs finaux. Cela explique que les flux de commerce se maintiennent. Enfin, l’Italie a dû adopter une politique très semblable à celle de l’Allemagne, et les industriels italiens sont toujours bien présents, et très actifs, en Russie.

On notera aussi que des pays améliorent leur part dans le commerce extérieur russe. C’est, tout d’abord, le cas de la Chine et du Kazakhstan, mais qui relèvent de deux logiques différentes. La Russie a largement substitué le charbon du Kazakhstan au charbon ukrainien. Par contre, elle s’est globalement ouverte au commerce avec la Chine et a accru le volume de ses exportations de pétrole et de gaz vers ce pays. Le Japon et la Corée du Sud ont aussi vu leur part dans le commerce extérieur russe augmenter, ce qui correspond aussi au « tournant vers l’Asie » effectué par la Russie. Enfin, la Turquie, en dépit d’une période de conflit avec la Russie, s’est positionnée comme un exportateur de substitution sur les produits agricoles, au détriment de la France et de la Pologne.

III. Le coût des réajustements pour certains pays

On doit tenter maintenant de mesurer le coût de ces réajustements pour certains pays. Pour ce faire, il faut commencer par calculer les pertes en dollars par rapport au chiffre d’affaires de 2013 qui sont dû à la contraction générale du commerce extérieur de la Russie. Ces pertes se calculent en rapportant les montants des chiffres d’affaires de 2014 à 2017 à celui qu’ils avaient atteint en 2013.

 

Unité : milliards de dollars

Source : Banque Centrale de Russie

Il convient, dès lors, de distinguer ce qui est dû à la contraction globale du commerce extérieur russe, et ce qui est dû aux ajustements des parts dans ce commerce extérieur. Pour ce faire, on propose de calculer un chiffre fictif du commerce extérieur, en appliquant aux années de 2014 à 2017 les proportions de 2013 puis de comparer ce chiffre avec le chiffre réel de chaque pays dans son commerce extérieur avec la Russie. Cette comparaison donnera alors une indication des pertes et des gains subits par chacun de ces pays en raison des modifications des flux du commerce extérieur de la Russie.

 

On obtient alors, pour les pertes cumulées de 2014 à 2017, à la fois le montant des pertes uniquement liées au changement de structure mais aussi l’impact moyen (réparti sur 4 ans) de cet impact par rapport au chiffre d’affaire de chaque pays. Cela donne le tableau suivant :

Tableau 5

 

Le Kazakhstan apparaît comme, en proportion, le grand gagnant du réajustement du commerce extérieur russe, suivi par la Chine, le Japon et la Turquie. Parmi les perdants, si l’Ukraine fait figure de « numéro 1 », la deuxième place revient à la France. Pour ce dernier pays, la perte annuelle moyenne liée au réajustement de la structure du commerce, et concernant pour l’essentiel les exportations vers la Russie se monte à 5,75 milliards de dollars, soit 0,2% du PIB de la France (nous importons peu de la Russie).

L’impact (positif ou négatif) du réajustement du commerce extérieur russe a été significatif pour un certain nombre de pays. Si, le Kazakhstan et les pays industrialisés d’Asie tirent leur épingle du jeu, des pays comme l’Ukraine, la France et la Pologne subissent de plein fouet les effets de ce réajustement. Pour la France, on peut estimer qu’entre les effets des « contre-sanctions » et la timidité des exportateurs dans un contexte marqué par les sanctions (et l’absence de soutien de la part du gouvernement), les pertes ont été importante et pourraient avoir eu un impact de 0,2% sur le PIB annuel de 2014 à 2017. Quand ont voit les montants de la croissance du PIB durant ces années, ce n’est donc pas négligeable.

Jacques Sapir

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Les missiles de Poutine, arme de dissuasion?

mars 13th, 2018 by Israel Shamir

La présentation par Poutine, le 1er mars, des nouvelles armes russes a été interprétée à tort comme une déclaration de parité stratégique ou du triomphalisme. C’était en fait nécessaire, de toute urgence, pour prévenir une frappe stratégique. Ce danger n’est pas encore écarté, puisqu’une semaine plus tard, le 7 mars, le président Poutine a réaffirmé qu’il était prêt à utiliser ses armes nucléaires comme outils de rétorsion,  même si cela risquait d’en finir avec le monde.

« Certes, ce serait un désastre pour l’humanité, un désastre pour le monde entier », a dit Poutine, mais, en tant que citoyen de Russie et à la tête de l’Etat russe, je me  dois de poser la question : pourquoi voudrions-nous d’un monde sans la Russie ?

La réponse a été tranchante. Un homme moins solide aurait probablement répondu, en toute hypocrisie, pour éviter une phrase brutale du genre « oui, je vais  détruire le monde ». Cela signifie que le danger reste imminent, et par ces mots pleins de franchise, le président Poutine veut dissuader tous ceux qui pourraient le chercher un peu trop.

Pourquoi donc, soudainement, le président russe a-t-il décidé à ce moment précis, d’informer le monde sur ces nouvelles armes ? Ce n’est pas que les Russes, ou les Américains (en phase dans ce domaine) aient coutume de se répandre urbi et orbi sur leur créativité dernier cri en la matière. 2002, l’année où les US se sont retirés du traité ABM, est resté gravée au  nombre des dates historiques. Quelle raison, ou du moins quel déclencheur, était donc à l’œuvre ? Certains observateurs estiment que c’était une ruse préélectorale, à usage interne. Mais le principal opposant à Poutine, le candidat communiste Grudinine, n’a pas contesté la politique étrangère de Poutine ou les dépenses pour la défense ; les électeurs approuvent la politique étrangère de Poutine, de toute façon. La révélation de Poutine a rempli les Russes de fierté, mais ils auraient voté pour Poutine de toute façon.

Or de fait il y avait une raison différente et plus urgente : un terrible crescendo dans les menaces avait amené la Russie à se sentir très vulnérable. On peut supposer que leurs services de renseignement ont convaincu le président russe que les menaces étaient tout à fait réelles.

L’establishment US cherchait le moyen d’humilier et de punir la Russie depuis la mise en examen de treize Russes par le procureur spécial Mueller. Il alléguait que les conspirateurs russes voulaient « promouvoir la discorde aux US et miner la confiance du peuple dans la démocratie », selon les termes de Rod Rosenstein, le procureur général adjoint qui supervisait l’enquête de Mueller. Peu importait que les Russes inculpés ne soient pas des officiels de l’Etat russe ; ni que leurs efforts (si tant est qu’ils aient existé) soient assez piteux : quelques publicités coûtant environ $100 000, une goutte dans l’Océan, comparés aux vastes quantités dépensées tant par les campagnes de Clinton que de Trump. L’establishment US qualifiait ces actions mineures d’une poignée de citoyens privés russes d’acte « de guerre ».

Le 19 février, Glenn Greenwald a résumé les réactions US dans un article intitulé: « Un consensus se fait jour: la Russie a commis un acte de guerre de même niveau que Pearl Harbour et le 11 septembre ». Il nous a rappelé que des sénateurs des deux bords, tels le républicain John McCain et la démocrate Jeanne Shaheen, avaient décrit longuement l’ingérence russe en 2016 comme un « acte de guerre ». Hillary Clinton pour sa part avait qualifié le piratage russe de la Convention nationale démocrate et de la boîte de réception de John Podesta comme un « 11 septembre cybernétique ».

Tom Friedman du New York Times a dit sur « Morning Joe » que le piratage russe était « un évènement de la teneur du 11 septembre. Ils ont attaqué le cœur de notre démocratie. Un évènement du même ordre de grandeur que Pearl Harbour. »

Après la mise en examen, cette accusation est devenue un lieu commun rhétorique. « Karen Tumulty, du Washington Post, s’est plainte de l’inaction du président Donald Trump et a demandé à ses lecteurs d’imaginer « comment l’histoire aurait jugé Franklin D. Roosevelt au lendemain de Pearl Harbor, s’il avait déclaré sur les ondes de la radio que Tokyo rigolait bien. Ou si George Bush avait posé sur les débris du WTC avec une corne de taureau comme olifant pour entonner une tirade contre les démocrates, en donnant des noms. »

Greenwald concluait: si une ingérence russe dans les élections est du  même niveau que les attaques de Pearl Harbor et du 11 septembre, la riposte US devrait-elle se situer au même niveau que ces agressions ? » En d’autres termes, les politiciens US et les médias ont concrètement appelé à gratifier la Russie du même traitement que les US avaient réservé au Japon (Hiroshima et Nagasaki) et à l’Afghanistan (invasion suivie de seize ans d’occupation).

Dans leur recherché d’une escalade, depuis des paroles emportées jusqu’au feu [nucléaire], l’establishment anglo-américain a eu recours aux allégations habituelles  sur les attaques syriennes au gaz. Les gens étaient entraînés à répondre à ce genre d’accusations (et alternativement, à la boucler tandis que les US bombardent Mossoul et Raqqa, ou se préparent à pulvériser la Corée du nord.) Assad et la Russie se sont vus accusés de gazer le fief rebelle de la Ghouta orientale, dernière chance pour l’Occident de forcer un changement de régime en vertu du fait que cela était censé se passer tout près de la capitale.

C’est le 25 février qu’a été annoncée une attaque au chlore, aussitôt démentie par les Russes et les Syriens. Le ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov a affirmé que le « rapport bidon » anonyme avait été concocté aux US dans le but de dénigrer le gouvernement syrien et ses troupes, de les accuser de crimes de guerre et de causer une crise permanente en Syrie. Les US et leurs alliés, disait-il, sont « simplement en train d’exploiter des allégations sans fondement sur l’usage par Damas d’armes toxiques dans le cadre de leur ingénierie politique contre la Syrie. »

Les rebelles ont dit qu’ils étaient attaqués par du gaz au dioxyde de chlore, à la différence des fois précédentes où ils avaient affirmé que c’était du gaz sarin qui était utilisé. Le dioxyde de chlore sous forme gazeuse est quelque chose de trompeur ; il n’est pas mortel, même si l’inhalation est néfaste. Il est d’ailleurs difficile à repérer et à identifier formellement, car le chlore (sous la forme d’eau de Javel) est largement utilisé à l’échelle domestique, pour l’hygiène des installations sanitaires, et pour purifier l’eau ; ce n’est nullement un produit interdit (quoiqu’interdit sous forme gazeuse). Cet obstacle à  toute vérification  permet de proclamer n’importe quoi.

La situation dans la Ghouta orientale était une copie de ce qui s’était passé à Alep ; des reportages sur des enfants blessés, des films produits par les Casques blancs, et des tentatives acharnées de la part des rebelles pour empêcher les civils de quitter la zone. Chaque fois que les rebelles sont énergiquement pourchassés, ils nous ressortent la même histoire de civils souffrants et d’attaques au gaz, dans l’espoir que les US forceront le gouvernement syrien et leurs alliés russes à relâcher la pression.

Aucun doute que les civils aient souffert dans la guerre syrienne ; cependant, il y a un moyen d’en finir avec leur martyre. Les rebelles n’ont qu’à déposer les armes et rejoindre le processus politique, comme n’importe qui. Il y a des quantités d’Américains malheureux sous le régime de Trump, mais ils n’en profitent pas pour bombarder Washington DC ; ils gardent l’espoir d’une solution plus satisfaisante, à l’issue des prochaines élections. Leur exemple devrait être suivi par les rebelles syriens, et là, les civils ne souffriraient plus.

Si c’est trop leur demander, ils peuvent laisser partir les civils; et se battre jusqu’au dernier. Mais que nenni, ils ne laissent pas filer les civils, au contraire, ils produisent des reportages sur les civils qui souffrent et attendent de la Police montée qu’elle vienne gentiment les sauver.

Il y avait un angle d’analyse supplémentaire. Les rebelles de la Ghouta orientale sont entraînés et encadrés par des officiers des services d’intelligence britanniques et américains, et ils se sont trouvés sous le feu russe. C’était peut-être la revanche russe pour le bombardement des installations pétrolières près de Deir ez-Zor, où la compagnie militaire privée russe (appelée Wagner, du surnom de leur chef) avait encaissé le gros temps et souffert de lourdes pertes.Thierry Meyssan, le journaliste français bien connu qui réside à Damas, a affirmé que des troupes au sol russes participaient elles aussi à l’assaut sur la Ghouta orientale. Il est fort possible que les Russes et les Américains soient déjà en train de combattre directement, même si des deux côtés on refuse de reconnaître des pertes.

Le Secrétaire britannique aux Affaires étrangères Boris Johnson a été le premier à “envisager sérieusement” des frappes aériennes en Syrie. Il avait raté la balade en Libye (« on est venus, on a vu, il est mort ») et maintenant le rouquin veut absolument bombarder quelqu’un. Mais son parlement ne l’y autorise pas. Les Américains ont attrapé la balle au bond. Bloomberg a dit dans un édito:

« il est temps de fixer une nouvelle ligne rouge, sur laquelle les US ne reculeront pas. Trump devrait dire à Assad et à ses soutiens russes que toute nouvelle attaque avec des armes chimiques, y compris le chlore, donnera lieu à des représailles, encore plus cuisantes que celle du mois d’avril dernier ».

C’était une allusion à la frappe avec un missile de croisière de Trump sur la base aérienne de Shayrat, soit disant à titre de riposte pour l’attaque syrienne au gaz sarin à Khan Sheikhoun. Aussitôt des doutes sur cette « attaque au gaz sarin » avaient surgi, et Unz.com en avait fait état sans attendre. En juin 2017, Seymour Hersh a exposé toute l’affaire qui se tramait derrière Shayrat : il n’y avait pas eu d’attaque au gaz sarin du tout. Et le président Trump en avait été informé par ses propres services de renseignement qui lui recommandaient de laisser tomber. Mais il avait insisté et attaqué, tout en avertissant les Russes à l’avance, si bien qu’il n’y avait pas eu de morts du côté des Russes ni des Syriens, et très peu de dommages, pour un coût de $100 millions, pris dans les poches du contribuable US. Les médias dominants aux US jubilaient, et félicitèrent Trump avec cet exemple de conduite hautement présidentielle.

Le site républicain et amical envers Trump The American Conservative faisait objection aux plans de bombardements sur la Syrie ;

« Trump n’avait aucune légitimité pour attaquer les forces syriennes l’année dernière, et il n’en a pas plus maintenant. Il n’y a aucun mandat international qui justifie le stationnement de forces US en Syrie, ni la moindre autorisation pour une action militaire contre les forces gouvernementales syriennes ou leurs alliés. Si Trump ordonne une autre attaque illégale, les US vont commettre encore plus d’actes de guerre contre un gouvernement qui ne constitue nullement une menace pour nous, qui ne nous a rien fait, non plus qu’à nos alliés par traité, et qui continue de se battre à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. »

Mais les voix de ceux qui applaudissaient à toute frappe et au châtiment des Russes et des Syriens retentissaient encore plus fort. « La Maison blanche envisage de nouvelles actions militaires contre le régime syrien », écrivait le Washington Post le 5 mars. Le journal ajoutait des détails sur ceux qui poussaient à l’attaque (le conseiller à la sécurité nationale H. R. McMaster)  et sur ceux qui faisait objection (le secrétaire à la Défense Jim Mattis). « D’autres officiels, en particulier à la Maison blanche et au Département d’Etat, se montrent plus ouverts à une  action renouvelée contre Assad », disait l’article.

Il est là, l’arrière-plan du discours de Poutine le premier mars. Le président russe a parlé des nouveaux missiles insensibles à Aegis et impossibles à arrêter par des tirs  depuis le sol, qui peuvent faire des long-courriers US, le symbole le plus puissant de la puissance US, de simples appeaux.

« La Russie les coulera en cas d’attaque contre la Russie ou ses alliés », a dit Poutine. « Alliés » est le mot clé, dans le message. L’allié menacé de la Russie, c’est la Syrie. Poutine a prévenu les Américains que leur frappe sur la Syrie peut déclencher une frappe sur leur CSG (Groupe de frappes aériennes). « Si vous bombardez Damas, nous allons couler par le fond vos CSG dans la Méditerranée et dans le Golfe. Et nous pouvons aussi incinérer vos bases aériennes dans la région. »

La barre brusquement placée plus haut a changé les règles du jeu. Qui sait ce que sera la riposte russe après telle ou telle action des alliés occidentaux ? Les néocons belliqueux disent que ce n’est que du bla-bla, et de la fanfaronnade. Les réalistes disent que les US pourraient avoir à subir la perte douloureuse autant qu’humiliante de ses CSG avec des milliers de vies sacrifiées. Le président US s’était régalé, à suivre la frappe précédente sur la Syrie avec des  douzaines de Tomahawk avant de revenir à son superbe gâteau au chocolat. Si les frappes étaient revisitées et se retournaient contre les CSG attaquantes, ce serait tout à fait autre chose. Vous disiez Pearl Harbour ?

Même si cet échange ne débouchait pas sur des frappes nucléaires massives sur le territoire continental de la Russie comme des US, et une guerre comportant la destruction de la planète, le prix en serait fort élevé. Les Russes peuvent même s’en prendre au club privé de Trump à Palm Beach, en Floride, comme ils l’ont évoqué vicieusement sur leur vidéo moqueuse.

Apparemment, le président Trump a discuté de tout cela avec le Premier ministre Theresa May. Les Britanniques sont ceux qui ont le plus envie d’en découdre avec la Russie, pour une raison quelconque. Maintenant ils font de leur mieux pour arrêter le rapprochement en cours entre les US et la Russie. L’histoire bien particulière de l’empoisonnement de leur propre ex-espion avec un gaz innervant épice quelque peu leurs efforts, et leur infiltré de l’ambassade russe au Royaume Uni a touité : « dans les journaux de ce jour, les grands patrons appellent Theresa May a briser le dégel qui est possible entre Russie et US.

Serait-ce qu’ils ne font pas confiance au meilleur ami et allié de la Grande Bretagne ? », La partie de poker nucléaire devient d’autant plus excitante. Les Russes bluffent-ils, oui ou non ? Vont-ils jouer, ou abattre leurs cartes, c’est toute la question. Nous n’avons pas encore la réponse, l’histoire le dira.

En attendant, à en juger par le calme tendu qui règne sur le Moyen Orient et ailleurs, Poutine a fort bien joué. Les missiles US sont restés à quai, les missiles russes également. L’offensive russo-syrienne dans la Ghouta orientale progresse sans faillir, tandis que les opérations US au sol en Syrie sont bloquées, parce que les Kurdes sont trop occupés par leur empoignade avec les Turcs. Peut-être que nous survivrons à cette quasi confrontation, comme nous avons survécu à celle de 2011.

Israel Shamir

 

Article original en anglais :

Putin’s Missiles: Deterring an American Attack?, le 13 mars 2018

Cet article a été publié initialement par The Unz Review

 Traduction: Maria Poumier, Entre la plume et l’enclume

Israel Shamir can be reached at [email protected]

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L’Italie sous l’emprise USA/Otan

mars 13th, 2018 by Manlio Dinucci

Dans la première moitié du mars, sont simultanément en cours deux grands exercices de guerre -l’un en Méditerranée devant les côtes siciliennes, l’autre en Israël- tous deux dirigés et soutenus par les commandements et par les bases USA/Otan en Italie.

Au Dynamic Manta 2018 -exercice de guerre sous-marin, appuyé par les bases de Sigonella et Augusta et par le port de Catane- participent des forces navales des Etats-Unis, Canada, Italie, France, Belgique, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, Grèce et Turquie, avec 5000 soldats, navires de surface, sous-marins, avions et hélicoptères. L’exercice est dirigé par le Commandement Otan de Lago Patria (Jfc Naples), aux ordres de l’amiral étasunien James Foggo. Nommé par le Pentagone comme ses prédécesseurs, il commande en même temps les Forces navales USA en Europe et les Forces navales USA pour l’Afrique, dont le quartier général est à Naples Capodichino.

C’est l’amiral Foggo lui-même qui explique à quoi sert le Dynamic Manta 2018 : la “Quatrième bataille de l’Atlantique” a commencé, après celles des deux guerres mondiales et de la guerre froide. Elle est menée contre “des sous-marins russes de plus en plus sophistiqués qui menacent les lignes de communication maritime entre les Etats-Unis et l’Europe de l’Atlantique Nord”. L’amiral accuse la Russie de conduire “une activité militaire de plus en plus agressive”, en citant comme exemple des chasseurs russes qui survolent à basse altitude des navires USA. Mais il ne dit pas que ces navires de guerre croisent dans la Baltique et en Mer Noire tout près du territoire russe. Même chose pour les drones-espions USA Global Hawk qui, décollant de Sigonella, volent deux ou trois fois par semaine le long des côtes russes au-dessus de la Mer Noire.

L’amiral Foggo, tandis qu’avec sa casquette de commandant Otan il prépare en Italie les forces navales alliées contre la Russie, avec celle de commandant des Forces navales USA en Europe envoie depuis l’Italie la Sixième Flotte au Juniper Cobra 2018, exercice conjoint USA-Israël dirigé principalement contre l’Iran.

Partant de la base de Gaeta, est arrivé à Haifa le Mount Whitney, navire amiral de la Sixième Flotte, accompagné du navire d’assaut amphibie Iwo Jima. Le Mount Whitney est un quartier général flottant, relié au réseau mondial de commandement et contrôle du Pentagone y compris à travers la station Muos de Niscemi (Sicile).

Le Juniper Cobra 2018 -auquel participent 2500 militaires USA et autant d’Israéliens- a commencé le 4 mars, alors que le premier ministre Netanyahu, dans sa rencontre avec le président Trump, soutenait que l’Iran “n’a pas renoncé à ses ambitions nucléaires” (sans dire qu’Israël est l’unique puissance nucléaire au Moyen-Orient) et concluait : “l’Iran doit être stoppé, c’est là notre devoir commun”.

L’exercice simule la riposte israélienne au lancement simultané de missiles depuis Liban, Iran, Syrie et Gaza. Le scénario réel peut au contraire être celui d’un lancement de missiles faussement attribué aux Hezbollah libanais alliés de l’Iran, comme prétexte pour attaquer le Liban en visant l’Iran. Au maximum 72 heures plus tard, déclarent des officiers étasuniens et israéliens, arriveraient d’Europe (en particulier des bases en Italie) des forces étasuniennes pour épauler Israël dans la guerre.

La présence au Juniper Cobra du général Scaparrotti, chef du Commandement Européen des Etats-Unis, confirme ce plan, qu’il a défini dans une rencontre avec l’état-major israélien le 11 mars. Comme Scaparrotti est aussi Commandant suprême allié en Europe (charge qui revient toujours à un général USA), le plan prévoit une participation Otan, surtout italienne, en soutien à Israël dans une guerre à grande échelle au Moyen-Orient.

Manlio Dinucci

Article original en italien :

A Itália nas garras dos USA/NATO

Edition de mardi 13 mars 2018 de il manifesto

https://ilmanifesto.it/litalia-nella-morsa-usanato/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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Chaque peuple, chaque nation ont leur propre régime politique, économique et social. Les voies par lesquelles ces régimes prennent forme sont multiples : démocratie populaire, démocratie oligarchique, coup d’État ou, encore, corruption des têtes qui gouvernent le pays. Les motifs qui donnent lieu à de telles initiatives sont également multiples. Dans tous les cas, des intérêts spécifiques en sont à l’origine. Les peuples voudront reprendre le pouvoir de l’ensemble de leurs institutions politiques et économiques dans le but d’en être  les premiers bénéficiaires. Les oligarchies nationales en feront tout autant pour en être également les premiers bénéficiaires.

Ces luttes internes trouveront leur prolongation à l’échelle internationale chez ceux-là mêmes qui mènent le même combat. Les peuples du monde seront solidaires entre eux tout comme les oligarchies du monde seront solidaires entre elles.  La convergence des intérêts explique ces solidarités, peu importe ce qu’en dit le droit international et la Charte des Nations Unies. Les impératifs du droit s’inclinent devant les pouvoirs économiques, oligarchiques et impériaux qui n’en font qu’un pour les fins de cette cause.

Le  maquillage humanitaire  des changements de régime

Le panorama international des guerres qui ravagent, présentement, peuples et nations nous en dit long sur ces intérêts dissimulés par des discours, de ce qu’il y a de plus humanitaire. Par exemple, le renversement du régime de Saddam Hussein selon la version officielle avait pour objectifs officiels l’élimination d’un dictateur sanguinaire et la sécurité de l’Humanité, menacée par des armes de destruction massive.

Les intérêts cachés de la guerre en Irak par un discours de ce qu’il y a de plus humanitaire : sauver le peuple d’Irak d’un dictateur sanguinaire et l’Humanité d’armes de destruction massive. Une mission, en tout point humanitaire, qui aura causé plus de trois millions de morts  et asservi, jusqu’à ce jour, tout un peuple. Pas un mot, sur les intérêts politiques et économiques de ceux qui en ont été les envahisseurs. Il en va de même pour la Libye et la Syrie : libérer ces peuples de leurs dictateurs (Kadhafi et Bachar al Assad) et leur ouvrir ainsi la voie à la liberté.  Plus humanitaire que ça, ce n’est pas possible. Les centaines de milliers de morts et encore davantage de blessés ne peuvent être que le résultat de dommages collatéraux. ON se souviendra des bombardements humanitaires sur les populations civiles en Libye.

À cette liste limitée du MO, je me permets d’ajouter le cas du Venezuela où les oligarchies et l’empire (É.U.-OTAN)  sont déterminés à changer le Régime politique et économique. Bien que le Venezuela soit l’un des régimes les plus démocratiques de l’Amérique latine, Maduro, son président, est qualifié de dictateur par ces bons samaritains au service de la démocratie et de la liberté. L’image du Venezuela, telle que présentée par les médias qu’ils contrôlent, est celle d’un pays en ruine. Pour ces derniers, les pauvres sont abandonnés à eux-mêmes et tous ceux qui le peuvent s’exilent en terre étrangère. Une image bien loin de la réalité. La démocratie y est bien vivante et son exercice repose sur un système électoral qualifié par la Fondation Carter comme l’un des plus fiables au monde. Le 31 décembre dernier, plus de  41% des électeurs sont allés aux urnes pour élire une Assemblée nationale constituante, soit 8 089 324 votes. Comme point de référence, l’Assemblée nationale législative avait été élue, en 2015, avec 39,61% des voix. Une victoire célébrée alors par l’opposition officielle comme une grande victoire. Le Chili, tout récemment, a élu son nouveau président avec 26% de l’électorat. Toujours est-il que le Venezuela, pour ceux qui veulent en prendre le contrôle,  demeure toujours une dictature qui opprime son peuple.

Les véritables motifs des changements de régime

Sur les 197 États existants, dont 193 sont membres des Nations Unies, un nombre très limité de ces derniers fait l’objet d’une intervention internationale de changement de régime.  Derrière le voile humanitaire, si bien orchestré pour manipuler l’opinion mondiale,  il y a  une tout autre réalité qui donne froid aux yeux. Cette dernière se révèle dès que nous nous posons la question des intérêts qu’un tel changement de régime  représente pour ceux qui en sont les auteurs. Elle  nous conduit également aux ambitions économiques et géopolitiques de ces derniers. Il en résulte inévitablement la conquête des richesses et du pouvoir géostratégique que représente la cible. Tout cela met à découvert l’objectif global de ces interventions guerrières : la domination des peuples et des nations. De ces éléments, les médias « meanstream » ne parlent pas. Le mensonge, enveloppé de manipulation, règne en maître dans ce monde où l’humanitaire n’est qu’une façade qui n’existe que pour les faiseurs et diffuseurs d’images. On fait tout pour que le monde ne voit pas ce qui se passe derrière les rideaux,  qu’il  n’entendent pas  ce qui se dit derrière les murs.

Je me permets de terminer avec cet extrait de l’Évangile selon Mathieu. Il cadre bien avec cet article.

« Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.15 Car le cœur de ce peuple est devenu insensible; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, Qu’ils ne comprennent de leur cœur, Qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. 16 Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent » Mt, ch.13, 14-16)

De quoi méditer pour tous ceux et celles qui croient toujours qu’une Humanité qui génère justice, vérité, paix, solidarité est toujours possible.

Oscar Fortin

13 mars, 2018

 

 

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Les Kurdes ont bloqué Damas dans les cordes

mars 12th, 2018 by Andrew Korybko

Contexte du conflit

La semaine dernière a vu une série de rapports contradictoires sur le véritable statut de l’Armée arabe syrienne (AAS) et de ses milices alliées à Afrin, avec la conclusion générale que Damas joue un jeu de stratégie dangereux avec Ankara en évoquant timidement la possibilité de s’allier avec les Kurdes « fédéralistes » du PYD-YPG. L’auteur a écrit à ce sujet dans sa dernière analyse intitulée « Mouvements autour d’Afrin en Syrie : Assistance astucieuse à des alliés ou Armageddon en devenir ? » qui inclut des références à ses deux textes fondateurs cruciaux sur le sujet, dont « Est-il même possible de ‘trahir’ les Kurdes ? » avec un avertissement, « les Kurdes syriens pensent qu’ils peuvent jouer un tour à Damas ».

Le point principal étant qu’aucun acteur ne devrait ressentir de « culpabilité » à rompre ses « engagements » antérieurs avec les Kurdes syriens parce qu’il est impossible de les « trahir » de toute façon. Mais Damas pourrait ne pas s’en rendre compte et est donc susceptible de prêter le flan au PYD-YPG qui cherche à provoquer un conflit conventionnel turco-syrien. Malheureusement, le seul fait que Damas soit en train de flirter avec les Kurdes est la preuve qu’elle pourrait tomber dans leur piège, bien que, pour la défense du gouvernement, cela ne soit possible que dans le cadre d’une mesure tactique à court terme dans le but de contrer une menace plus grande et plus existentielle, la Turquie.

Sphères d’influence

Cela, avec tout le respect dû à Damas, est une supposition risquée à faire parce qu’elle néglige les nuances du partenariat stratégique russo-turc et les revendications légitimes d’Ankara sur la lutte contre les terroristes kurdes, dont tout le monde devrait se rappeler qu’elle est passivement approuvée par Moscou qui a retiré ses forces militaires d’Afrin et de facto donné le feu vert à l’Opération rameau d’olivier. La Turquie n’a pas l’intention d’« annexer » une partie de la Syrie comme le prétendent des voix infondées et trompeuses, mais elle veut cependant établir une sphère d’influence dans le pays en remplaçant le PYD-YPG par des Kurdes et des Arabes pro-turcs. Ils ne sont pas les seuls à créer leur propre « fief » dans le pays, puisque les « fédéralistes » kurdes eux-mêmes ont déjà permis à 2 000 soldats américains de se déployer sur 10 bases dans le tiers nord-est agricole et riche en énergie de la Syrie.

Israël est également impliqué, car ce n’est pas un secret qu’il a l’intention d’étendre puis de cristalliser finalement la soi-disant « zone de désescalade » à côté des Hauteurs du Golan occupé afin de créer sa propre sphère. L’Iran, enfin, ne joue pas des coudes aussi manifestement que les autres. Téhéran a de fait le droit international de son côté puisque la zone d’influence envisagée correspond aux territoires sous le contrôle de l’AAS. Quant à la Russie, elle est engagée dans une complexe opération d’équilibrage tentant de gérer ces aspirations parfois contradictoires afin de faire progresser ses propres conceptions du remplacement du leadership déclinant de l’Amérique dans la région et de renforcer ainsi l’ordre mondial multipolaire qui émerge.

« Équilibrage »

À cette fin, la Russie veut que les hostilités militaires se terminent le plus tôt possible afin qu’elle puisse user de son influence sur le processus politique pour diviser de facto les sphères d’influence de tous les concurrents, devenant ainsi le pouvoir indispensable au Moyen-Orient. Le problème est que la Syrie et l’Iran sont contre ce modèle : Damas est opposée en principe et aussi parce qu’elle croit que tout ce qui ne libère pas « chaque centimètre carré » du pays comme le président Assad l’a promis, le discréditerait. Téhéran craint, de son côté, que ses alliés du Hezbollah soient « poignardés » pendant ce processus et contraints de se retirer de Syrie. C’est pourquoi ces anciens partenaires se coordonnent entre eux afin de garder ouvertes les hostilités aussi longtemps que possible dans l’espoir que l’incertitude qui en résulte puisse créer des fenêtres d’opportunité pour eux de repousser les sphères d’influence de leurs rivaux turcs, américains et israéliens.

La Russie tient à son plan de jeu et perd patience de plus en plus avec l’un et l’autre, sachant très bien que sa grande vision stratégique risque d’être minée par la Syrie et l’Iran si ces deux réussissent à atteindre leurs objectifs. Moscou estime qu’elle a plus à gagner à long terme, en vue d’une « vision globale » en se ralliant pragmatiquement aux revendications de la Turquie et à la sphère d’influence d’Israël tout en concluant un « gentlemen’s agreement » avec les États-Unis en acceptant passivement leur zone dans le nord-est contrôlé par les Kurdes. Mais tout le travail diplomatique et stratégique de la Russie est maintenant menacé parce que la Syrie semble avoir écouté le conseil présumé de l’Iran en soutenant les Kurdes du PYD-YPG à Afrin contre les Turcs.

La « carte kurde » de Damas

Ce n’est pas seulement que la Syrie veut contrarier les Turcs, ou causer assez de confusion à exploiter pour libérer plus de territoire, qui peut expliquer son soutien aux Kurdes, aussi temporaire et tactique qu’il soit. Il y a aussi des motivations plus profondes. La Syrie est un État richement diversifié composé de nombreuses sous-identités qui se sont unies pour former cette nation contemporaine, et les Kurdes en sont l’une des principales composantes. Si le président Assad était perçu sérieusement par son peuple comme « vendant » ce qui est techniquement ses propres citoyens malgré : 1) leur trahison avec cette collaboration avec les États-Unis, mais encore 2) en soutenant la déclaration anticonstitutionnelle de « fédéralisation » avec la mise en place d’un État proxy Américano-sioniste dans le nord-est du pays, alors cela pourrait conduire à l’effondrement de l’État syrien moderne.

Pour expliquer cela, il faut comprendre que la « reconnaissance » implicite du gouvernement qu’un de ses membres a trahi le pays pour des raisons centrées sur un « nationalisme identitaire » pourrait rapidement conduire à l’érosion de l’identité contemporaine (concept clé) du pays qui a été construite après l’indépendance quand cette civilisation millénaire devint brusquement un État-nation après des siècles d’occupation ottomane. Cela ne veut pas dire que la Syrie a toujours eu « besoin » des Kurdes, mais seulement qu’aujourd’hui la suppression de ce facteur stratégique de l’équation nationale pourrait être désastreuse en ce sens qu’elle pourrait « légitimer »d’autres « causes » identitaires séparatistes, menant rapidement à l’effritement de l’essence même de l’État syrien moderne. Cela ne doit pas arriver. C’est la crainte d’un tel scénario qui pourrait expliquer pourquoi Damas s’est senti obligée de soutenir les Kurdes dans une tentative désespérée de s’assurer de leur « loyauté » aussi fragile et à court terme soit-elle.

Une autre motivation possible pourrait être liée à l’histoire de la Syrie et le soutien aux militants kurdes depuis qu’elle a décidé d’accueillir le fondateur du PKK, Abdullah Ocalan, en 1979 dans le but d’égaliser asymétriquement sa disparité stratégique avec la Turquie, membre de l’OTAN et beaucoup plus forte. Alors que l’ancien président Hafez el-Assad a expulsé ce personnage controversé en 1998 à la suite de pressions turques sans précédent, il est probable que certains éléments de l’État profond syrien conservent un certain degré de contact avec son organisation pour ne pas perdre ce levier de pression non conventionnel qui pourrait être utile en cas de guerre future avec son voisin. À cet égard, il est logique que l’AAS ait armé le PYD-YPG, qui a lui-même été une émanation du PKK d’Ocalan, aux premiers stades de la guerre hybride contre la Syrie lorsque les Kurdes se battaient contre des terroristes soutenus par des étrangers et n’avaient pas encore ouvertement trahi Damas.

Aujourd’hui, on ne peut nier que le PYD-YPG a commis une trahison contre l’État syrien par sa collaboration avec les Américains et des appels flagrants à un changement de régime vers une « fédéralisation » contre son gouvernement démocratiquement élu. Il est ironique que Damas ne se sente pas encore à l’aise de reconnaître cette réalité en raison de la crainte sus-mentionnée que cela pourrait catalyser la destruction du « nationalisme » contemporain du pays et par la suite son être même. Les autorités syriennes et leurs alliés iraniens pensent qu’il y a plusieurs vautours qui tournent autour de la République arabe et attendent d’en dépecer chacun une partie, que ce soit par le scénario irréaliste de le faire de jure (qui ne serait jamais reconnu par aucun autre joueur et n’est sérieusement considéré par personne en ce moment) ou de facto par une « décentralisation » le long des « zones de désescalade »transformées en sphères d’influence. Ils pensent que les acteurs étatiques (qui incluent leur ennemi israélien qu’ils ne vont pas reconnaître comme légitimes) constituent une plus grande menace que les Kurdes sans état.

Réflexions finales

Cela pourrait être une erreur de calcul massive de leur part parce que cela minimise le danger que le PYD-YPG pose non seulement à l’intégrité de l’État syrien par sa croisade « fédéraliste » américano-sioniste mais aussi par la réaction qu’elle risque de provoquer en Turquie qui ne va probablement pas s’arrêter avant que la menace soit annulée. La réponse d’Ankara pourrait même inclure d’attaquer l’AAS sous le prétexte que l’armée nationale « défend des terroristes » un scénario qui pourrait voir la Russie rester sur la touche en tant que « punition » passive infligée à la Syrie pour « outrage » et tentative de saper la stratégie d’équilibrage autour de la multipolarité, méticuleusement tissée par Moscou. Damas s’est placée dos au mur dans un endroit difficile après avoir été encouragée par Téhéran à « affronter » le plan des sphères d’influence russo-turco-israéliennes et celui implicite que suivrait probablement Moscou et Washington en jouant sa propre version syrienne de la « carte kurde » mais ce jeu risque de se retourner contre elle de la pire façon imaginable.

Le danger n’est pas seulement que les forces armées turques mènent une guerre totale contre leurs homologues syriens − un scénario qui est terriblement réel – mais que Damas montre qu’elle est incapable de surmonter sa propre identité, « dépendante » des Kurdes en supprimant l’idée de longue date qu’ils font partie « intégrante »de la société syrienne et ne peuvent être directement combattus à n’importe quel prix, peu importe ce qu’ils font, même quand il s’agit de travailler avec les ennemis américano-sionistes du pays. Le fait que les Kurdes puissent « s’en tirer » est frappant puisque aucun membre arabe ou turc de la société du pays n’a jamais reçu une telle « faveur ». Cela prouve simplement que les dirigeants syriens ont encore le sentiment que la Syrie a davantage besoin des Kurdes que l’inverse. C’est une vulnérabilité stratégique majeure qui est exploitée par le PYD-YPG alors que la Syrie dit elle-même, ironiquement, que ce mouvement ne représente même pas la volonté de la majorité des Kurdes.

C’est pour ces raisons que l’on peut conclure que les Kurdes ont bloqué Damas dans les cordes, mais comme dit le dicton, « un renard coincé est plus dangereux qu’un chacal ». Cela signifie que la Syrie pourrait réagir de manière imprévisible dans les prochaines semaines alors qu’elle se bat pour ce que ses leaders croient vraiment être le destin existentiel de l’État lui-même.

Andrew Korybko

 

Article original en anglais :

The Kurds Have Backed Damascus into a Corner

Oriental Review 22 février 2018

Traduit par Hervé relu par Cat pour le Saker Francophone

 

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime(2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

 

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Le discours annuel du président Russe Vladimir Poutine, le 1er mars 2018, adressé à l’Assemblée fédérale russe et diffusé à la Nation via la télévision, contient une section au sujet des technologies militaires russes innovantes, que les médias pro-OTAN ont préféré minimiser comme constituant ou bien un stratagème propagandiste, ou bien une acrobatie rhétorique de campagne. Compte tenu des allusions aux développements technologiques militaires russes dévoilés en plus sur le théâtre de guerre syrien depuis septembre 2015, Washington ignore ce qui constitue clairement un développement stratégique bouleversant les règles du jeu. Et ceci transforme en gâchis les centaines de milliards de dollars de la soi-disant technologie de défense missilière américaine qui est en train d’être mise en place depuis la Corée du Sud, le Japon et jusqu’à la Pologne et au-delà, rien de plus que de l’argent du budget de défense du Pentagone jeté par les fenêtres.

La section relative à la sécurité militaire, au sein d’un discours de deux heures de Poutine, prononcé face à l’Assemblée fédérale russe le 1er mars, commence environ à ses deux tiers [à partir de 1h15 dans la vidéo officielle du discours retransmise par Russia Today, NdT] après des développements extensifs relatifs à la planification économique, à la transformation du système de santé et à l’amélioration de l’éducation.

La pierre d’angle de Poutine dans ce passage relatif à la sécurité, qui a été ignorée par les médias occidentaux, ce fut la réponse russe au « retrait américain unilatéral du traité sur la défense anti-balistique de 1972, et dans la pratique au déploiement de leurs systèmes de défense anti-balistique à la fois aux États-Unis et au-delà de leurs frontières nationales ».

La signification stratégique de cette décision prise à l’époque par l’administration Bush Jr.–Cheney, n’avait pas échappé aux planificateurs de la Défense militaire russe. Elle a en effet ouvert la voie, pour le Pentagone et pour l’OTAN, à un encerclement de la Russie au moyen d’un ensemble de systèmes de défense anti-balistique [DAB] pointés face aux sites de lancement de missiles nucléaires russes. Poutine a clarifié que ce traité ABM de 1972 avait rendu la guerre nucléaire impensable, car fondée sur la perspective d’une Destruction Mutuelle et Assurée : « Le traité ABM n’a pas seulement créé une atmosphère de confiance, mais il a aussi empêché l’une ou l’autre partie d’utiliser des armes nucléaires imprudemment, ce qui aurait mis en danger l’humanité, parce que le nombre limité de systèmes de défense anti-balistiques rendait l’agresseur potentiel vulnérable à une frappe en réponse. »

En effet, quand Washington s’est unilatéralement retiré du traité ABM en 2002, le gouvernement américain a commencé une série de mouvements agressifs incluant l’élargissement de l’OTAN aux anciens pays communistes d’Europe de l’Est − quitte à fomenter un coup et une guerre civile en Ukraine ainsi que d’autres provocations − qui avaient mené à la construction de bases de missiles anti-balistiques en Roumanie et en Pologne, toutes deux membres de l’OTAN, de même que face à l’Extrême-Orient russe au Japon et en Corée du Sud.

De plus, comme Vladimir Poutine l’a remarqué « le système de défense anti-balistique mondial américain inclut également cinq croiseurs et 30 destroyers, qui pour autant que nous le sachions, ont été déployés dans des régions proches des frontières russes ». Ce n’est pas là un déploiement mineur aux yeux des Russes.

La Revue de la posture nucléaire par Trump

La décision prise par les forces qui gouvernent la Russie à présent de dévoiler un tableau intimidant de ses technologies militaires de rupture, incluant des missiles de croisière hypersoniques à propulsion nucléaire et des drones sous-marins, n’était pas qu’un stratagème électoral. Il s’est agi d’une réponse directe au discours de janvier 2018 sur l’État de l’Union adressée au Congrès par le Président américain, et à la publication quelques jours plus tard par la revue Nuclear Posture Review, et Poutine l’a dit de but en blanc.

Ce document, publié en 2018 sur l’ordre de Trump, constitue un glissement radical par rapport aux administrations précédentes. Il abandonne en effet les déclarations précédentes prenant parti contre une « utilisation en premier » d’armes nucléaires, et donne un coup d’accélérateur aux efforts de modernisation nucléaire, incluant l’intention de mettre en place de « nouvelles armes nucléaires » ; la restauration des capacités des missiles de croisière lancés par sous-marins ainsi que des missiles balistiques lancés par sous-marins à têtes [nucléaires] à rendement explosif faible, tout en prétendant faire fi du contrôle [international] des armements.

Dans une section de cette revue américaine, il est en effet déclaré que « les États-Unis ne considéreraient l’emploi d’armes nucléaires qu’en cas de circonstances extrêmes, afin de défendre les intérêts vitaux des États-Unis, de leurs alliés et de leurs partenaires. Des circonstances extrêmes qui pourraient inclure des attaques stratégiques significatives non nucléaires… » (souligné par l’auteur). Aucune définition de ce que Washington appelle ici une « attaque stratégique significative non nucléaire » n’est proposée. En bref, comme un analyste nucléaire américain l’a remarqué, cette nouvelle doctrine nucléaire américaine est basée sur la compétition et la confrontation. 1.

Après avoir décrit les efforts répétés des Russes vis-à-vis de Washington, afin de voir les Américains réintégrer le traité ABM, après son abandon unilatéral par l’Administration Bush en 2002, Poutine a continué son discours : « À un certain point, j’ai pensé qu’un compromis serait possible, mais il ne devait pas en être ainsi. Toutes nos propositions, absolument toutes, ont été rejetées. Et alors nous avons dit que nous devrions dorénavant améliorer nos systèmes de frappe modernes afin de protéger notre sécurité. En réponse, les États-Unis ont déclaré qu’ils n’étaient pas en train de créer un système de défense anti-balistique contre la Russie… ». 2.

Ceci bien sûr, était un mensonge stratégique calculé. La Russie a conclu, après des efforts répétés de négociation, que Washington, à la suite de la destruction de l’économie et des capacités militaires de la Russie − durant les années 1990 et l’ère Eltsine qui ont suivi l’effondrement économique soviétique − était déterminée à « poursuivre un avantage militaire unilatéral ultime afin d’être en mesure de dicter ses termes dans chaque sphère d’action du futur ». 3

La recherche américaine de la Primauté nucléaire ultime.

La capacité de première frappe nucléaire, aussi appelée techniquement Primauté nucléaire, constitue l’avantage militaire unilatéral ultime dont les stratèges du Pentagone ont rêvé depuis les années 1950, tandis que l’URSS testait sa première bombe H et ses premiers ICBM. Cette primauté consiste en la capacité de lancer une première frappe nucléaire contre la Russie, sans craindre que la Russie soit capable de la contrer de manière convaincante parce que les réseaux de missiles anti-balistiques américains auraient été en mesure de contrer la vaste majorité des armes nucléaires russes lancées en retour.

La défense anti-balistique américaine n’est pas du tout défensive en ce sens. Elle est, au contraire, offensive à l’extrême. Car si les États-Unis étaient capables de se parer effectivement contre toute potentielle frappe en retour russe suite à une première frappe nucléaire américaine, alors les États-Unis seraient en position de dicter leurs termes au monde entier, et pas uniquement à la Russie. Voilà ce qu’est donc la Primauté nucléaire. Comme me l’a dit il y a quelques années dans un échange privé l’ancien lieutenant-colonel Robert Bowman, ancien directeur du programme américain de défense anti-balistique sous Reagan : « La défense anti-balistique est le chaînon manquant avec une capacité de première frappe ». 4.

Dans son dernier discours, Vladimir Poutine décrit donc la réalité stratégique à laquelle les planificateurs de la sécurité militaire russe font face : « Les États-Unis se permettent une croissance constante et incontrôlée du nombre de leurs missiles anti-balistiques, améliorant leur qualité et créant de nouveaux centres de lancement de missiles. Si nous ne faisons rien, ceci conduira finalement à la dévaluation complète du potentiel nucléaire de la Russie. Ceci signifierait que tous nos missiles pourraient simplement être interceptés. »

Quand les enjeux impliquent en effet le déchaînement d’un holocauste nucléaire, quand bien même il commencerait par des armes nucléaires « à faible rendement »avec pour toile de fond les confrontations d’une nouvelle Guerre froide avec la Russie provoquée durant ces récentes années, il n’est pas surprenant que le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie (CSFR [Совет Безопасности Российской Федерации – СБРФ]) ait décidé − juste à ce point d’équilibre précaire avant une potentielle confrontation grandissante entre l’Est et l’Ouest, de dévoiler sa sobre réponse.

La réponse russe : la mise en échec de la primauté nucléaire américaine

Poutine a donc dévoilé pour la première fois des contre-mesures sur lesquelles la Recherche et Développement militaire russe ont poursuivi leurs travaux discrètement depuis 2002, afin de contrer l’agenda américain de Primauté nucléaire, qui devenait de plus en plus clair. Poutine a évoqué en effet le fait que la Russie a « développé et travaillé continuellement au perfectionnement de systèmes hautement efficaces mais de coût modéré afin de surclasser toute défense anti-balistique. Ils sont à présent installés dans tous nos complexes de missiles balistiques intercontinentaux ».

Pourtant, le véritable élément nouveau que Poutine a révélé, c’est également une liste stupéfiante de missiles avancés de nouvelle génération, capables de tenir tête aux défenses anti-balistiques américaines et de l’OTAN.

Premièrement, il a montré un film du nouveau missile Sarmat. Pesant plus de 200 tonnes avec une courte phase d’accélération, il est déjà très difficile pour les systèmes anti-balistiques américains de l’intercepter. Le Sarmat peut être équipé avec de puissantes têtes nucléaires, sa trajectoire est hypersonique [normal pour un ICBM, NdT] et dispose des moyens les plus modernes de trajectoires évasives contre toute défense anti-balistique. Il a une portée virtuellement illimitée [satellisable ou trajectoire partiellement satellitaire ? NdT] et est capable d’attaquer tant par-dessus le pôle Nord que le pôle Sud.

Le Sarmat n’a pourtant été que la première des réponses russes mentionnées face à la menace grandissante de l’OTAN. Vladimir Poutine a ensuite décrit le développement par l’industrie de défense russe d’une « unité d’énergie nucléaire de forte puissance mais de faible dimension, susceptible d’être installée dans un missile comme notre dernier missile X-101 tiré depuis un avion, ou bien dans un missile de croisière de la taille d’un Tomahawk américain ; un type de missile russe similaire à son homologue américain mais d’une portée d’une douzaine de fois plus longue, une douzaine ou en fait d’une portée illimitée. Il s’agit d’un missile de croisière furtif volant à basse altitude, capable d’emporter une tête nucléaire, tout en étant capable de contourner les frontières [et autres zones d’interdiction]. Il est invincible contre toutes les défenses anti-balistiques ou antiaériennes, existantes ou prospectives ».

Venaient ensuite les systèmes d’armes sans pilote basés sur des technologies de rupture. Vladimir Poutine a révélé le développement couronné de succès de nouveaux « drones submersibles pouvant se déplacer à grande profondeur, je dirais même à des profondeurs extrêmes, d’un continent à l’autre, à des vitesses de multiples fois supérieure à la vitesse des sous-marins, des meilleures torpilles et de tous types de vaisseaux de surface, incluant les plus rapides. C’est réellement fantastique. Ils sont silencieux, hautement manœuvrables et n’ont quasiment pas de vulnérabilité que l’ennemi pourrait exploiter. Il n’y a simplement rien dans le monde capable de leur résister ». Poutine a ajouté que ces nouveaux submersibles « peuvent emporter des têtes conventionnelles ou nucléaires, ce qui leur permet d’engager des cibles variées, incluant des groupes aériens, des fortifications ou des infrastructures côtières ». C’est beaucoup, face à une doctrine américaine de suprématie par la projection de forces via ses 10 groupes aéronavals conçus autour des porte-avions, qui deviennent à présent autant de cibles faciles.

Poutine a continué en remarquant que les unités de puissance nucléaire pour ces submersibles autonomes, ont été testé sur des périodes de plusieurs années, et qu’elles sont « 100 fois plus petites que les unités qui alimentent les sous-marins modernes, mais pourtant plus puissantes et peuvent passer en mode de combat, c’est-à-dire atteindre des capacités maximum de l’ordre de 200 fois plus rapide ».

Les missiles hypersoniques Kinzahl et Avangard, basés sur des principes physiques nouveaux.

Poutine a encore dévoilé le système de missiles hypersonique russe Kinzhal [кинжал – poignard, NdT]. C’est, comme Poutine l’a décrit « un système de missile aérien hypersonique de haute précision… le seul de ce type dans le monde. Ces tests ont été accomplis avec succès, et de plus le 1er décembre dernier [2017], ces systèmes sont entrés en service actif sur les bases aériennes du district militaire du Sud de la Russie ». En d’autres termes il ne s’agit pas d’un système hypothétique mais bien opérationnel. La définition d’un aéronef hypersonique correspond à cinq fois la vitesse du son. Le Kinzhal va à Mach 10, et comme Poutine l’a décrit : « le missile vole à vitesse hypersonique, 10 fois plus vite que la vitesse du son, mais peut également manœuvrer dans toutes les phases de sa trajectoire de vol, ce qui lui permet également de surclasser tout système de défense anti-balistique ou antiaérien existant et, je pense, prospectif, pour parvenir à délivrer des têtes conventionnelles ou nucléaires sur une portée de plus de 2000 km ».

Finalement, le Président russe a révélé les développements d’« Avant-garde »[авангард], un autre missile hypersonique volant à des vitesses excédant Mach 20 : « Dans sa trajectoire vers sa cible, le bloc de croisière glissant du missile [certainement plutôt : surfant en apparence sur son onde de choc, mais en fait plutôt sur un coussin d’air ionisé formant un plasma, technologie MHD, NdT] peut s’engager dans des manœuvres intenses, à la fois latérales (de plusieurs milliers de kilomètres) et verticales. C’est ce qui le rend absolument invulnérable face à tout système de défense antimissile ou antiaérien. L’utilisation de nouveaux matériaux composites [certainement aussi des supraconducteurs, NdT], ont rendu possible de permettre au bloc ‘glissant’ du missile de réaliser un vol guidé sur une longue distance, pratiquement dans les conditions d’une formation d’un plasma [MHD, confirmation, NdT]. Il vole vers sa cible comme une météorite, comme une boule de feu. La température à sa surface atteint les 1600-2000°C mais pourtant le bloc de croisière demeure guidé avec fiabilité. »

Le discours de Poutine se conclut par cette déclaration, complètement ignorée de l’Occident : « Nous avons dit à plusieurs reprises à nos partenaires américains et européens qui sont des membres de l’OTAN : nous allons faire les efforts nécessaires pour neutraliser les menaces posées par le déploiement d’un système global de défense anti-balistique américain ». Il rappelle clairement au passage que la Russie a averti Washington et l’OTAN depuis 2004 : « Malgré tous les problèmes avec l’économie, les finances et l’industrie de Défense, la Russie est demeurée une puissance nucléaire majeure. Mais non, personne ne voulait réellement nous parler concernant le cœur du problème, et personne n’a voulu nous écouter. À présent, écoutez-nous. »

L’une des appréciations les plus succinctes suite à ces révélations militaires de Poutine est venue du Saker [anglophone], l’un des plus sobres et clairs commentateurs des capacités militaires russes comme occidentales. Sur ce blog, le jour du discours de Vladimir Poutine, il a été remarqué : « Jeu, set et match : il est en effet établi à présent que la partie est finie pour l’Empire [américain] : il n’existe plus d’options militaires contre la Russie. » 5.

F. William Engdahl

 

Article original en anglais :

Russian Military Cutting Edge Technologies: Putin Is Not “Rattling Nuclear Sabers” – It’s Real

Publié initialment par New Eastern Outlook 6 mars 2018

Traduit par Jean-Maxime Corneille, version française publiée par Le Saker francophone

 

William F. Engdahl est consultant en risques stratégiques et conférencier, titulaire d’un diplôme en Sciences Politiques de l’Université de Princeton. Il est l’auteur de plusieurs livres à succès sur le pétrole, la géopolitique et les OGM.

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L’inquiétude pour les civils que les puissances occidentales affichent n’est qu’une nouvelle entourloupe pour prolonger autant que possible l’existence de groupes terroristes. Il faut se poser la question que les médias dominants se gardent bien de poser : qui exactement les États-Unis, le Royaume-Uni et la France essaient-ils de protéger dans la Ghouta orientale?

JAISH AL-ISLAM

Le célèbre groupe Jaish al-Islam est le plus important groupe terroriste de la Ghouta orientale qui abrite leur quartier général. Ils sont considérés comme des « rebelles modérés » par l’Occident. Mais quand on sait ce que le nom du groupe même signifie*, on ne voit pas comment un tel groupe pourrait être « modéré »? Ils ont une idéologie salafiste et ils sont profondément haïs par les habitants de Damas qui les considèrent comme la première cause de leurs souffrances. Jaish al-Islam est une organisation terroriste génocidaire qui n’a qu’un seul objectif, l’extermination et l’asservissement des minorités religieuses syriennes.

Le groupe est né le 29 septembre 2013 à partir de la fusion de dizaines de groupes terroristes ; son noyau de base était Liwa al-Islam qui avait deux ans d’existence. Le fondateur de cette faction était le tristement célèbre Zahran Alloush, fils du célèbre érudit salafiste Abdullah Muhammad Alloush.

Jaish al-Islam a commis des attentats terroristes terriblement meurtriers à Damas, et il est responsable de la mort de milliers de civils. L’un des pires crimes que ce groupe a commis est connu sous le nom de massacre d’Adra, au cours duquel des dizaines de civils ont été brutalement massacrés, décapités et parfois brûlés vifs. De nombreux civils enlevés à Adra ont par la suite été placés dans des cages en fer sur des places publiques de la Ghouta orientale (comme « boucliers humains » ndt) le 1er novembre 2015*. Cet acte a soulevé l’indignation du peuple de Damas.

Zahran Alloush a été tué lors d’une frappe aérienne le 25 décembre 2015 ; les citoyens de Damas ne pouvaient espérer recevoir un meilleur cadeau de Noël.

Pendant de nombreuses années, Jaish al-Islam a été allié à la branche syrienne d’Al-Qaïda, le Front al-Nusra. Mais l’alliance s’est rompue à cause de querelles sordides sur la répartition  de l’argent qu’ils recevaient des pays du Golfe, ou de celle du butin récolté lors de leurs activités criminelles.

Pour l’Occident, Jaish al-Islam fait partie de l’ « opposition modérée » syrienne.

HAYAT TARIR AL-SHAM (ANCIENNEMENT FRONT AL-NUSRA, AL-QAÏDA EN SYRIE)

Ce célèbre affilié d’Al-Qaïda est présent dans la Ghouta orientale depuis fin 2011. Il n’y a pas grand-chose à dire sur cette organisation terroriste que l’on ne sache pas déjà. Fondée fin 2011 et officiellement déclarée en janvier 2012, l’organisation est responsable d’un grand nombre des atrocités commises dans toute la Syrie. L’attaque la plus odieuse contre Damas a probablement eu lieu en décembre 2016, lorsqu’un de leurs membres a envoyé deux de ses filles de 7 et 9 ans commettre un attentat suicide à la bombe contre le poste de police du quartier de Midan. La fillette de 7 ans, Islam, s’est fait exploser au poste, mais sa sœur Fatemah a échappé à la mort, parce qu’elle n’a pas pu entrer dans le poste**. Voilà le genre d’organisation terroriste qu’est Al-Nusra.

Comme le stipule la Résolution 2401 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, tout groupe ou individu affilié à Hayat Tahrir al-Sham est une cible légitime.

FAYLAQ AL-RAHMAN

Cette organisation terroriste opère exclusivement dans la province de Damas. On leur a livré des systèmes de missiles antichars filoguidés BGM-71 TOW, et ils sont également considérés comme des forces d’opposition modérées appartenant à l’ « Armée syrienne libre ». En réalité, ils ne sont pas différents des autres groupes terroristes. Ils sont presque constamment alliés au Front al-Nusra, sauf quand ils se disputent avec cette organisation terroriste pour savoir qui dirigera les prières du vendredi.

AHRAR AL-SHAM

L’organisation criminelle salafiste Ahrar al-Sham, probablement le plus grand groupe terroriste en Syrie, est aussi présente dans la Ghouta orientale où elle est actuellement alliée à Jaish al-Islam. Ils ont été les alliés de Faylaq al-Rahman jusqu’au 11 mai 2017, date à laquelle ils se sont alliés avec Jaish al-Islam contre le Front al-Nusra, dans le cadre des conflits qui ont opposé entre eux les groupes terroristes de la Ghouta orientale.

Ahrar al-Sham, qui change de camp comme de chemise, est probablement le meilleur exemple du chaos et de l’anarchie qui règnent dans la Ghouta orientale. Aujourd’hui, ce sont de féroces ennemis du Front al-Nusra, pour des motifs dérisoires. Leur existence dans la Ghouta orientale dépend entièrement de leurs relations avec Jaish al-Islam.

* * *

Toutes ces factions partagent la même idéologie takfiri et bénéficient du même soutien financier des pays du Golfe. Certaines d’entre elles sont directement soutenues par les puissances occidentales. Elles sont toutes responsables de milliers de morts et de dizaines de milliers de civils blessés dans la ville de Damas. Elles font toutes pleuvoir quotidiennement des obus de mortier et des missiles sur Damas, et leurs combattants sont considérés par plus de 7 millions d’habitants du grand Damas comme des terroristes, des criminels et des barbares qu’il faut anéantir sans la moindre pitié.

 Matija Lukač

 

Paru sur Balkan Post sous le titre Eastern Ghouta in the shoes of Aleppo: the media propaganda again.
Extrait traduit ici paru sur OffGuardian sous le titre Who are the US, UK and France trying to protect in Eastern Ghouta?Traduction Dominique Muselet
Photo : La Ghouta orientale : une taupinière pour terroristes,  Le dessous des Cartes

Version française publiée initialement par entelekheia.fr

Notes :

* « L’Armée de l’islam »

** Voir l’article « En Syrie, un groupe rebelle enferme des civils dans des cages comme « boucliers humains » , Le Vif.be, 01/11/2015
http://www.levif.be/actualite/international/en-syrie-un-groupe-rebelle-enferme-des-civils-dans-des-cages-comme-boucliers-humains/article-normal-431293.html

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Le 3 janvier dernier, Macron nous infligeait un affligeant discours obsédé par le « complotisme », pour nous annoncer qu’il préparait une loi contre les « Fake News », car des sondages manipulés au service du système, comme cela a été démontré, (Cf. par exemple article dans mondialisation.ca du 11 mars 2017-http://www.mondialisation.ca/sondages-sondeurs-et-post-verite/5579091), déclaraient que quatre Français sur cinq étaient « complotistes » !

(Voir https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/0301099896848-macron-annonce-une-loi- contre-les-fausses-nouvelles-2142233.php) et (https://www.francetvinfo.fr/internet/securite-sur-internet/info-franceinfo-pres-de-huit-francais-sur-10-croient-a-au-moins-une-theorie-du-complot-selon-une- etude_2546849.html#xtor=CS2-765--)

Déjà Hollande avait déclaré en janvier 2015 :

« Les théories du complot se diffusent sans limites et ont, dans le passé, déjà conduit au pire. Nous devons agir (…) pour qu’un cadre juridique puisse être défini (…) et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement». (Discours à l’occasion du 70ème anniversaire de Birkenau)

Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que c’est l’État Français, complice des nazis, qui arrêtait les Juifs martyrisés à Birkenau! C’est donc l’État Français qui était le « complotiste » en chef, ligué contre les Juifs, pendant que le peuple des résistants, majoritairement communistes, se battait contre les fascistes pro nazis du Gouvernement de Vichy!

Bien entendu, il faut replacer cette protestation de Hollande dans son contexte : elle venait de la contestation largement répandue sur les engagements qu’il avait pris soutenant des groupes terroristes djihadistes en Syrie, sans l’avis du Parlement et encore moins celui du peuple Français, suite aux accords clandestins de DOHA en novembre 2012. Petit rappel pour la mémoire :

« Le montage de cette… (structure de coalition occidentale) est réalisé à Doha, capitale du Qatar… La Ligue Arabe, dominée par les dictatures du Golfe… participe à cette opération qui vise à détruire la société syrienne. Quelques-uns des dix articles du texte fondateur de ce rassemblement hétéroclite de déserteurs, de comploteurs exilés et de « personnalités » qui ne représentent qu’elles-mêmes exposent leurs visées. Ce texte fondateur de la Coalition, véritable déclaration de guerre à la société syrienne, a le mérite de rappeler que cette « Coalition » a été inspirée depuis l’étranger (États-Unis et Qatar) et d’inscrire noir sur blanc qu’elle se positionne en dehors des principes de la Charte des Nations Unies et du droit international. L’article 2 de ce « programme politique » indique ainsi que « Les parties signataires ont pour objectif commun de renverser le ‘ régime syrien ‘, ses bases et ses symboles » ; l’article 3 que « La Coalition s’engage à n’engager ni dialogue, ni négociation avec le régime » ; l’article 8 que « La Coalition procédera, après sa reconnaissance internationale, à la composition d’un gouvernement provisoire ». Tels sont les objectifs que soutiennent ouvertement Washington, Londres et Paris et une Ligue Arabe qui n’a plus d’« arabe » que le nom. Loin de la prétendue guerre civile qui, selon les médias et dirigeants occidentaux, se déroulerait en Syrie, cette Coalition organisée depuis l’étranger par des étrangers cherche non pas à ouvrir des réformes dans le cadre d’un processus démocratique, comme nombre de médias en accréditent l’idée, mais bien à « renverser le régime » en violant la souveraineté de la République arabe syrienne par ingérence, pression et menace extérieure. Son but est très clair : empêcher le peuple syrien de choisir son système politique en lui imposant après la guerre « un gouvernement provisoire » dont il n’aura pas décidé et composé par Washington et Doha. Cette réunion de Doha et le montage de cette organisation politico-militaire s’opèrent en complète violation de la Charte des Nations Unies et de la résolution 3281 de l’ONU. » (Cf., Izambert, Jean-Loup. 56 – Tome 1 : L’État français complice de groupes criminels (Faits de société) (French Edition) (pp. 100-101). IS Edition.)

Et le président Hollande de la monarchie absolue républicaine française, sans l’avis de personne, faisait partie de ces violeurs de la Charte des Nations Unies. Aujourd’hui, il fait partie des responsables des crimes contre l’humanité par le martyre abominable du peuple Syrien! Jean-Yves Le Drian continue encore aujourd’hui, sans scrupule, à cautionner ces crimes abominables contre le peuple Syrien en radotant le discours incompréhensible qui consiste à répéter que c’est Bachar El-Assad qui martyrise son peuple avec ses alliés diabolisés! Les tonnes de preuves incontestables (documents écrits, faits, images, vidéos, enquêtes, reportages, rapports officiels multiples, déclarations des chefs d’États eux-mêmes compromis dans le crime, jusqu’à des témoignages filmés d’anciens terroristes djihadistes repentis…etc…) qui démontrent que c’est la « coalition de Doha » qui a fixé cet objectif d’écraser la République Syrienne coûte que coûte, n’y changent rien !!!

Et en écrivant cette pure et simple vérité documentée (Cf., « Le djihad et le management de la terreur », Jean-Yves Jézéquel, Vérone Éditions, 2017 et « 56 », Jean-Loup Izambert, IS éditions, 2015), selon les critères du Reichstadt et de la nouvelle « Propaganda-Abteilung Frankreich », je suis d’office classé dans les « complotistes » …

A la suite de cette annonce d’Hollande sur la répression de la liberté de pensée et d’expression de la pensée critique, un rapport se voulant très sérieux avait été pondu sur le « complotisme », terme qui a été inventé par la CIA dans le but de couvrir à bon compte ses crimes incessants à travers le monde, Hollande voulant à son tour utiliser ce terme pratique pour couvrir ses propres crimes en Syrie.

(Cf.,https://www.lexpress.fr/actualite/politique/document-le-conspirationnisme-un- extremisme-politique-influent_1657135.html;

La loi renseignement.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_relative_au_renseignement#cite_note-11)

Il n’est pas inutile de revoir les déclarations de Hollande et de Fabius : Hollande confirmait, dans un entretien avec le Monde du 19 août 2014, que « la France a livré et continue de livrer des armes directement aux ‘rebelles’ de l’Armée Syrienne Libre… »
Il disait encore : « … Nous ne devons pas relâcher le soutien que nous avions accordé à ces rebelles qui sont les seuls à participer à l’esprit démocratique!» Ces déclarations ont réellement été faites ouvertement, sans se cacher : il ne s’agit pas de « délire complotiste ». Chacun peut aller vérifier ces déclarations, s’il est honnête!

Or, ces groupes de ‘rebelles’ en question sont des islamistes qui s’étaient regroupés dans Daech et qui ont pratiqué ces atrocités contre la population syrienne telles que celles qui ont été racontées par Marie-Ange Patrizio et déposées entre les mains de la commission d’enquête parlementaire dirigée par Patricia Adam, présidente à partir de 2012, de la commission de la défense nationale et des forces armées. Marie-Ange Patrizio n’a jamais obtenu de suites à son témoignage direct documenté et incontestable qui a été enterré par la Commission priée par le Gouvernement de garder le silence complice et coupable…

L’ASL (l’Armée Syrienne Libre) était constituée par des hommes des mouvements d’Al Qaeda, du Front Al-Nosra devenu depuis août 2016 : Le Front Fateh Al-Cham (encore présent aujourd’hui à la Ghouta Damas et tuant les civiles qui essaient de quitter cet enfer), avant de former l’essentiel des troupes djihadistes terroristes de Daech ou ISIS, EIIL, aujourd’hui démantelé. Quant à Fabius, le ministre des affaires extérieures de 2012 à 2016 dans le Gouvernement Ayrault, il disait lors d’un voyage au Maroc : « Al-Nosra fait du bon boulot en Syrie ! »

Ce fameux rapport sur le « complotisme » demandé par Hollande avait été rédigé en février 2015 par un inconnu en mal de « célébrité », Rudy Reichstadt, un fanatique auto-proclamé de la défense inconditionnelle des crimes d’États ! Il avait créé un site internet qu’il avait appelé « Observatoire » et dans lequel il prétendait faire la chasse au « complotisme » !

En janvier 2018, on retrouvait ce même chasseur de « complotistes », toujours aussi nébuleux mais désormais associé à la Fondation Jean Jaurès pour lui donner du poids ! Macron faisait donc son annonce sur la loi de contrôle de l’information, c’est-à-dire de la censure par une sorte de nouvelle « Propaganda-Abteilung Frankreich » et le Reichstadt associé publiait son sondage bidon quatre jours après cette annonce !

Il est évident que le rapport de 2015 ne parle pas de lutter contre des croyances aveugles en des thèses « complotistes » absurdes, mais utilise ouvertement ces thèses farfelues pour décrédibiliser la parole dissidente.

La cabbale organisée par la nouvelle « Propaganda-Abteilung Frankreich » de Macron désigne le complotisme comme une pathologie, établit une relation entre « complotistes » et révisionnistes ou antisionistes. Ce procédé est ordurier, mais dans la société dirigée par des fanatiques de l’ordo libéralisme mondialiste, ce fascisme n’est pas étonnant.

En résumé, si vous faites partie de ceux qui affirment clairement ou qui doutent simplement et discrètement de l’existence des « armes de destruction massive de Saddam Hussein », vous êtes « paranoïaque » et « délirant », car vous osez ne pas croire en la parole innocente des États et de leurs Instances qui ne disent rien que la vérité! Affirmer le contraire étant blasphématoire et passible de sanctions sévères…

Dans ce rapport du dénommé Reichstadt, nous découvrons aussi que les eurosceptiques sont des « complotistes », car dit cet auteur « illuminé », ce sont des antisémites qui soupçonnent la loi de 73 (interdiction d’emprunter à la banque nationale se traduisant plus tard par la même interdiction d’emprunter à la BCE), d’être un « complot » de banquiers juifs contre la nation ! Ainsi donc, si vous faites partie de ceux qui pensent que les États européens devraient pouvoir emprunter légitimement à la BCE, vous êtes un antisémite donc un « complotiste »! Ce rapport d’illuminé est pris au sérieux par un Macron à la tête de l’État français! Nous avons du souci à nous faire…

Si vous êtes un admirateur averti et informé d’Hugo Chavez ou de Vladimir Poutine, vous êtes un salaud de « complotiste »! Si vous êtes un militant de gauche ou d’extrême gauche, un ex-Indigné, un contestataire objectif et fortement documenté de la version officielle du 11-Septembre, un adepte des « médecines alternatives », vous êtes mis dans le même sac que les antisémites, les « terroristes », les néo-nazis, les négationnistes et toute la vermine des amis de la dictature et des dictateurs… Bref, vous faites alors partie de la « racaille à exterminer » d’une façon ou d’une autre pour le triomphe inconditionnel du fanatisme de la pensée unique et du fascisme absolu de l’ordo libéralisme qui doit régner en maître incontestable et incontesté sur l’humanité dressée à sa soumission silencieuse!

(https://www.lexpress.fr/actualite/politique/document-le-conspirationnisme-un-extremisme-)

La loi renseignement, (lefigaro.fr), permettait déjà à l’exécutif de sauter la case justice pour bloquer des sites internet ou espionner les navigations web de n’importe quel particulier. Aujourd’hui c’est carrément les méthodes de l’Inquisition qui sont revues et réactualisées par Macron pour châtier les dissidents et les hérétiques contestataires de l’ordo libéralisme et de ses perversions criminelles.

(Cf., également http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/10/03/loi-antiterroriste-de-multiples-mesures-qui-etendent-le-domaine-de-la-surveillance-numerique_5195554_4408996.html)

CONCLUSION

Cette cabbale contre ceux qui sont indistinctement affublés de l’étiquette « complotistes », relève d’une forme d’arriération mentale, car celui qui accuse de « paranoïa » ceux qui ne pensent pas comme lui, sans avoir la compétence pour se prononcer sur ce qu’est la paranoïa, est très probablement un paranoïaque qui s’ignore.

Je voudrais donc recommander à l’État Français d’indiquer gentiment aux illuminés fanatiques qui l’inspirent, d’aller se faire soigner dans un bon établissement psychiatrique afin d’arrêter d’ânonner publiquement de telles inepties au nom d’un pouvoir qui dès à présent a perdu toute crédibilité et toute légitimité…

Quant à la loi nouvelle sur les « fake news », elle dit le faible niveau de conscience d’un Macron se révélant aussi facilement manipulable par le discours incantatoire de la propagande atlantiste. On peut également penser qu’il est une simple victime consentante de l’idéologie fasciste mondialiste de l’ordo libéralisme à laquelle il adhère corps et âme…

(Voir : 10 mai 2017 : « Pourquoi l’ultra libéralisme est-il un fascisme ? » in mondialisation.ca)

Jean-Yves Jézéquel

Le 9 mars 2018

 

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L’avertissement nucléaire de Poutine

mars 9th, 2018 by Manlio Dinucci

Le discours du président russe Poutine sur l’état de la nation, dédié aux questions internes et internationales, a suscité en Italie un faible intérêt politico-médiatique et quelques commentaires ironiques. Pourtant il devrait être écouté avec une extrêmes attention.

Evitant les périphrases diplomatiques, Poutine joue cartes sur table. Il dénonce le fait que dans les 15 dernières années les Etats-Unis ont alimenté la course aux armements nucléaires, en essayant d’acquérir un net avantage stratégique sur la Russie. Cela est confirmé même par la Fédération des scientifiques américains : grâce à des techniques révolutionnaires, les USA ont triplé la capacité destructrice de leurs missiles balistiques d’attaque nucléaire. En même temps -souligne Poutine- les USA, sortant du Traité Abm, ont déployé un système mondial de “défense anti-missiles” pour neutraliser la capacité russe de répondre à une première attaque nucléaire. Dans le sillage de l’expansion de l’Otan à l’Est, ils ont installé des sites de missiles en Roumanie et en Pologne, tandis que d’autres systèmes de lancement (de missiles non seulement intercepteurs mais aussi d’attaque nucléaire) se trouvent sur 18 navires de guerre déployés dans des aires proches du territoire russe.

Plusieurs fois la Russie a averti les Etats-Unis et les états européens membres de l’Otan que, en riposte à ce déploiement, elle allait adopter des contre-mesures. “Mais personne ne nous écoutait, donc maintenant écoutez-nous”, prévient Poutine. Il passe ainsi au langage de la force, le seul à l’évidence qu’on comprend à Washington.

Après avoir rappelé qu’à la suite de l’écroulement de l’URSS la Russie avait perdu 44,6% de son potentiel militaire et que les USA et leurs alliés étaient persuadés qu’elle n’aurait plus pu le reconstruire, Poutine montre sur deux grands écrans les nouveaux types d’armes stratégiques développés par la Russie.

Un missile de croisière lancé depuis les airs armé de tête nucléaire, avec rayon d’action pratiquement illimité car alimenté à l’énergie nucléaire, une trajectoire imprévisible et la capacité de pénétrer à travers n’importe quelle défense anti-missile.
Les missiles Kinzhal (Poignard) et Avangard à vitesse hypersonique (plus de 10 fois celle du son).

Le missile balistique intercontinental Sarmat de 200 tonnes sur plate-forme mobile, avec une portée de 18 000 Km, armé de plus de 10 têtes nucléaires qui manoeuvrent à la vitesse hypersonique pour échapper aux missiles intercepteurs.

Un drone sous-marin plus rapide qu’une torpille qui, alimenté à l’énergie nucléaire, parcourt des distances intercontinentales à grande profondeur pour atteindre des ports et fortifications côtières avec une tête nucléaire de grande puissance.

Poutine révèle les caractéristiques de ces armes car il sait que les Etats-Unis sont en train de développer des armes analogues et qu’il veut les avertir que la Russie est désormais à leur niveau ou à un niveau supérieur.

Cela confirme que la course aux armements nucléaires se joue non pas sur la quantité mais, de plus en plus, sur la qualité des armes, c’est-à-dire sur le type de vecteurs et sur les capacités offensives des têtes nucléaires. Cela confirme en même temps le péril croissant que nous courons en ayant sur notre sol des armes nucléaires et des installations stratégiques étasuniennes, comme le Muos et le Jtags en Sicile.

Le ministre des Affaires étrangères russe Lavrov dénonce : “Les Etats européens non-nucléaires membres de l’Otan, violant le Traité de non-prolifération, se trouvent entraînés par les USA à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques contre la Russie”. L’avertissement est clair, y compris pour l’Italie. Mais aucun des principaux partis n’en a pris acte, en effaçant de la campagne électorale, avec une sorte d’accord tacite, toute référence à l’Otan et aux armes nucléaires. Comme si cela n’avait rien à voir avec notre avenir et avec notre vie même.

Manlio Dinucci

Article original en italien :

L’avvertimento nucleare di Putin

Edition du vendredi 9 mars 2018 de il manifesto

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

 

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Le président de la Russie a prononcé une allocution à l’Assemblée fédérale. La cérémonie s’est déroulée le 1er mars 2018 dans la salle d’expositions du Manège de Moscou. 

Ont assisté à l’allocution les membres du Conseil de la Fédération, les députés de la Douma d’État, les membres du gouvernement, les dirigeants de la Cour constitutionnelle et de la Cour suprême, les gouverneurs, les présidents des assemblées législatives des organes constitutifs de la Fédération de Russie, les dirigeants des religions traditionnelles, des personnalités publiques y compris les présidents des Chambres civiques régionales ainsi que les directeurs des principaux organes de presse.

Le 1er mars 2018 – Source The Saker via le Kremlin

Le président de la Russie, Vladimir Poutine : – Citoyens de Russie, membres du Conseil de la Fédération et de la Douma d’État,

L’allocution d’aujourd’hui est un événement très spécial, tout comme l’époque dans laquelle nous vivons, où les choix que nous faisons et chaque mesure que nous prenons sont appelés à façonner l’avenir de notre pays pour les décennies à venir.

C’est à de tels moments charnières que la Russie a prouvé, à maintes reprises, sa capacité à se développer et à se renouveler, à découvrir de nouveaux territoires, à construire des villes, à conquérir l’espace et à faire des découvertes majeures. Cet élan résolument tourné vers l’avenir, joint à nos traditions et à nos valeurs, a assuré la continuité de l’histoire millénaire de notre nation.

Nous avons connu des transformations importantes et difficiles et nous avons été capables de surmonter de nouveaux défis économiques et sociaux extrêmement complexes, nous avons préservé l’unité de notre pays, édifié une société démocratique et l’avons mise sur la voie de la liberté et de l’indépendance.

Nous avons assuré la viabilité et la stabilité de presque tous les domaines de la vie, ce qui est essentiel pour un immense pays multi-ethnique comme le nôtre, avec sa structure fédérative complexe et la diversité de ses cultures, avec des clivages historiques qui sont encore présents dans la mémoire du peuple et des défis importants auxquels la Russie a dû faire face tout au long de son histoire.

Cependant, si la durabilité est le fondement du développement, elle ne le garantit pas. Nous n’avons pas le droit de permettre qu’une situation, lorsque la stabilité a été atteinte, conduise à l’autosatisfaction, d’autant plus qu’il reste tant de problèmes non résolus.

Aujourd’hui, la Russie se classe parmi les pays chefs de file dans le monde, avec un fort potentiel, tant pour l’économie à l’exportation que pour la défense. Mais nous n’avons pas encore atteint le niveau requis pour mener à bien notre tâche essentielle et garantir la qualité de vie et la prospérité de la population. Mais nous devons le faire et nous le ferons.

Comme je l’ai dit dans le passé, le rôle et la position de l’État dans le monde moderne ne sont pas déterminés uniquement ou principalement par les ressources naturelles ou les capacités de production ; le rôle décisif est joué par le peuple, ainsi que par les conditions de développement, d’affirmation de soi et de créativité de chaque individu. Par conséquent, tout dépend des efforts déployés pour préserver le peuple de Russie et garantir la prospérité de nos citoyens. Nous devons réaliser une percée décisive dans ce domaine.

Je le répète, une base solide a été créée pour cela. Par conséquent, nous pouvons maintenant définir et accomplir de nouvelles tâches. Nous avons déjà une expérience considérable dans la mise en œuvre de programmes et de projets sociaux ambitieux. L’économie russe a fait la preuve de sa résilience et la situation macro-économique stable actuelle nous ouvre de nouvelles perspectives pour aller de l’avant et maintenir une croissance à long terme.

Enfin, le monde accumule actuellement un énorme potentiel technologique qui permet de réaliser une véritable percée dans l’amélioration de la qualité de vie de la population et la modernisation de l’économie, de l’infrastructure et du mode de gouvernement de l’État et de l’administration. L’efficacité avec laquelle nous serons capables d’utiliser les potentialités colossales de la révolution technologique et comment nous répondrons à ses défis dépend de nous seuls. Dans ce sens, les prochaines années seront décisives pour l’avenir du pays. Je répète, ces années seront décisives.

Je vais vous dire pourquoi. Ce que je vais dire maintenant n’a aucun lien avec le cycle politique national ou même avec l’élection présidentielle. Peu importe qui est élu président, chaque citoyen russe et chacun d’entre nous doit être capable de voir ce qui se passe dans le monde, ce qui arrive autour de nous et à quels défis nous sommes confrontés.

La cadence des progrès technologiques s’accélère fortement. Elle augmente de façon spectaculaire. Ceux qui parviendront à profiter de cette vague technologique feront un bond en avant. Ceux qui n’y parviendront pas seront submergés et noyés par cette vague.

Le retard et la dépendance technologiques se traduisent par une réduction de la sécurité et des possibilités économiques du pays et, finalement, par la perte de sa souveraineté. C’est la situation actuelle. Le retard affaiblit et érode inévitablement le potentiel humain. Parce que les nouveaux emplois, les entreprises modernes et une vie attrayante se développeront dans d’autres pays, plus prospères, où iront les jeunes gens instruits et talentueux, ce qui épuisera les pouvoirs vitaux et l’énergie pour développer la société.

Comme je l’ai dit, les changements concernent la civilisation dans son ensemble, et l’ampleur même de ces changements, exigent une réponse tout aussi puissante. Nous sommes prêts à la fournir. Nous sommes prêts pour une véritable percée.

Ma confiance se fonde sur les résultats que nous avons obtenus ensemble, même s’ils peuvent paraître modestes à première vue, ainsi que sur l’unité de la société russe et, encore plus important, sur l’immense potentiel de la Russie et de notre peuple talentueux et ingénieux.

Pour aller de l’avant et nous développer de manière dynamique, nous devons élargir la liberté dans tous les domaines, renforcer les institutions démocratiques, les gouvernements locaux, les institutions de la société civile et les tribunaux ainsi qu’ouvrir le pays au monde, aux idées nouvelles et aux initiatives.

Il est grand temps de prendre un certain nombre de décisions difficiles qui se font attendre depuis longtemps. Nous devons nous débarrasser de tout ce qui entrave notre développement et empêche les gens de libérer pleinement leur potentiel. Il est de notre devoir de concentrer toutes les ressources et de rassembler toutes notre force et notre volonté dans cet effort audacieux qui doit apporter des résultats.

Faute de quoi, il n’y aura pas d’avenir pour nous, nos enfants ou notre pays. Il ne s’agit pas de conquérir ou de dévaster notre terre. Non, le danger n’est pas là. La principale menace et notre principal ennemi est le fait que nous sommes à la traîne. Si nous sommes incapables d’inverser cette tendance, nous le serons encore plus. C’est comme une maladie chronique grave qui ruine constamment l’énergie du corps et le détruit progressivement de l’intérieur. Bien souvent, le corps ne s’aperçoit pas de ce processus destructeur.

Nous devons maîtriser le pouvoir créatif et stimuler le développement de façon à ce qu’aucun obstacle ne nous empêche d’avancer avec confiance et indépendance. Nous devons prendre notre destin en main.

Collègues,

Quelle devrait être notre priorité ? Permettez-moi de répéter que je crois que le principal facteur de développement est le bien-être du peuple et la prospérité des familles russes.

Permettez-moi de vous rappeler qu’en 2000, 42 millions de personnes vivaient au dessous du seuil de pauvreté, ce qui représentait près de 30% ou 29% de la population. En 2012, cet indicateur est tombé à 10%.

La pauvreté a légèrement augmenté avec la crise économique. Aujourd’hui, 20 millions de Russes vivent dans la pauvreté. Bien sûr, c’est beaucoup moins que les 42 millions de personnes de l’année 2000, mais c’est encore beaucoup trop. Il y a même des travailleurs qui doivent mener des vies très modestes.

Pour la première fois dans notre histoire récente, le salaire minimum a été aligné sur le niveau de subsistance. Cette disposition entrera en vigueur le 1er mai 2018 et profitera à environ 4 millions de personnes. C’est une mesure importante mais qui n’offre pas encore de solution fondamentale.

Nous devons revoir la structure de l’emploi, devenu inefficace et archaïque, proposer de bons emplois qui motivent les gens, améliorer leur bien-être et les aider à découvrir leurs talents. Nous devons créer des emplois décents et bien rémunérés. Cela permettrait d’atteindre l’un des objectifs importants pour la nouvelle décennie, qui est de garantir une croissance soutenue des revenus réels et de réduire le taux de pauvreté d’au moins la moitié au cours des six prochaines années.

Il est de notre devoir moral d’apporter un soutien complet aux membres de la génération plus âgée, qui ont apporté une contribution immense au développement national. Les citoyens âgés doivent jouir de conditions dignes pour une vie longue, active et en bonne santé. Plus important, nous devons augmenter les pensions de retraite et les indexer régulièrement pour qu’elles dépassent l’inflation. Nous nous efforcerons également de réduire l’écart entre le montant des pensions et les salaires de pré-retraites. Et, bien sûr, nous devons augmenter la qualité des soins de santé et de l’aide sociale pour les citoyens âgés et aider les personnes seules et celles confrontées à des problèmes dans leur vie.

Nous devons aborder toutes ces questions selon une approche globale. Comme je le vois, le nouveau gouvernement devra élaborer un programme spécial d’aide systématique aux citoyens âgés et d’amélioration de leur qualité de vie.

Nous considérons que chaque personne est importante et précieuse. Les gens doivent savoir qu’on a besoin d’eux et ils doivent vivre une vie longue et en bonne santé et profiter de leurs petits-enfants et de leurs arrière-petits-enfants. Ils doivent pouvoir voir leurs enfants grandir et réussir dans un pays puissant, prospère et qui se développe rapidement, et atteint de nouveaux niveaux de développement.

La Russie doit s’affirmer fermement parmi les cinq plus grandes économies mondiales et son PIB par habitant doit croître de 50% jusqu’au milieu de la prochaine décennie. C’est une tâche très difficile. Je suis convaincu que nous sommes prêts à l’accomplir.

Bien entendu, l’espérance de vie est un paramètre d’une importance fondamentale pour évaluer le bien-être des citoyens et du pays. En 2000, la Russie affichait une espérance de vie d’un peu plus de 65 ans, celle des hommes tombant au-dessous de 60 ans. Ce n’est pas seulement bas, c’est une tragédie et ce paramètre est tragiquement inadéquat.

Ces dernières années, la Russie a affiché une augmentation importante de son espérance de vie moyenne, qui est parmi les plus élevées au monde. Nous avons réussi à accomplir cette tâche. L’espérance de vie a augmenté de plus de sept ans et se monte actuellement à 73 ans. Mais bien sûr, ce n’est pas suffisant non plus. Aujourd’hui, nous devons nous fixer un tout nouvel objectif. D’ici la fin de la prochaine décennie, la Russie doit rejoindre avec confiance le club des pays affichant une espérance de vie de 80 ans et plus, qui comprend le Japon, la France et l’Allemagne.

En même temps, l’espérance de vie des gens menant une vie en bonne santé, active et pleine lorsqu’ils ne sont pas entravés par la maladie, doit croître plus rapidement que ce qui est prévu. Je suis convaincu que nous pouvons atteindre cet objectif, compte tenu des tendances positives des années précédentes. Pour cela, toute la Russie devra faire un saut quantique dans son développement pour que la vie de chaque personne soit transformée.

Collègues,

Nous devons créer un environnement moderne et transformer les villes et les villages dans tout le pays. Ce faisant, nous devons nous assurer qu’il préservent leur identité et leur héritage historique. Nous avons déjà une expérience positive avec la rénovation de l’environnement et de l’infrastructure urbains. Permettez-moi de développer ce point. Des villes comme Kazan, Vladivostok et Sotchi ont déjà profité de telles améliorations. Le changement est en cours dans de nombreuses capitales régionales et de nombreuses petites villes. Dans l’ensemble, nous savons comment le faire.

Je propose de lancer un programme de développement du territoire à grande échelle en Russie, qui comprendrait le développement des villes et d’autres communautés en doublant les dépenses dans ce domaine au cours des six prochaines années.

Il est évident que l’effort pour développer des villes et d’autres communautés va de pair avec la nécessité de relever des défis dans d’autres domaines, y compris la santé, l’éducation, l’environnement et le transport. Les initiatives dans tous ces secteurs nécessiteront des fonds supplémentaires. J’en parlerai plus loin dans mon discours.

La rénovation urbaine devrait être soutenue par l’introduction de techniques et de matériaux de construction de pointe, de solutions architecturales modernes, de technologie numérique pour les services sociaux, les transports et les services publics. Entre autres choses, cela rendrait le secteur du logement plus transparent et plus efficace, de manière à ce que les gens bénéficient de services de qualité à un coût raisonnable.

Ce projet d’envergure promet de meilleures perspectives de développement économique et social, un cadre de vie moderne et un climat favorable aux initiatives culturelles et civiles, les petites entreprises et les start-ups. Tout cela faciliterait l’émergence d’une classe moyenne importante et créative en Russie.

Bien entendu, beaucoup dépendra des autorités municipales et locales et de si elles seront réceptives aux idées nouvelles. La capacité de répondre aux divers besoins des différentes générations, y compris les familles avec enfants, les retraités et les personnes handicapées, sera également déterminante. La population doit avoir son mot à dire sur l’avenir de ses villes et villages. Nous en avons discuté à maintes reprises avec les dirigeants des municipalités. Aujourd’hui, je ne dis pas cela uniquement pour cocher la case. Je vous demande de le porter à l’attention des décideurs à tous les niveaux.

Il est important que le développement des villes devienne le moteur de tout le pays. La Russie a un vaste territoire et sa vie active et dynamique ne peut pas être concentrée dans quelques métropoles. Les grandes villes doivent répartir leur énergie et servir de soutien pour le développement territorial équilibré et harmonieux de l’ensemble de la Russie.

Il est par conséquent urgent de disposer d’une infrastructure moderne adéquate. J’y reviendrai plus loin. Il est cependant évident que des services développés est ce qui permettra aux résidents des petites villes et des villages de jouir de toutes les possibilités et des services modernes disponibles dans les grandes villes, et les petites villes seront étroitement incluses dans l’espace économique et social de la Russie. En même temps, nous soutiendrons des initiatives qui aideront nos petites villes et villages à préserver leur identité culturelle, à redécouvrir leur potentiel unique d’une manière nouvelle.

Une attention particulière sera accordée au développement social et aux infrastructures des zones rurales. L’agriculture russe est déjà devenue une industrie compétitive à l’échelle mondiale. Les gens qui travaillent à cette réussite devraient donc mener une vie confortable et moderne.

Collègues,

Je comprends combien il est important pour chacun, pour chaque famille, d’avoir sa propre maison, son propre foyer. Je sais que c’est le problème des problèmes en Russie. Il perdure de décennie en décennie. Combien de fois les gouvernement on promis et essayé, sincèrement essayé, de le résoudre. Mais nous pouvons et nous devons le faire maintenant.

En 2017, trois millions de familles en Russie ont amélioré leurs conditions de vie. Maintenant, nous devons atteindre un niveau stable (j’insiste sur ce point : c’est la première fois dans l’histoire de la Russie moderne) – un niveau où au moins cinq millions de familles améliorent leurs conditions de logement chaque année. C’est une tâche difficile – passer de trois millions à cinq. Nous avons atteint 3.1 millions l’an dernier, mais nous devons en atteindre cinq. Pourtant, c’est un objectif réalisable.

Je vois trois facteurs clé pour rendre le logement plus accessible. Le premier est l’augmentation des revenus des gens. J’en ai déjà parlé dans le passé et nous devons nous en assurer. Ensuite, une baisse des taux d’intérêt et, bien sûr, une augmentation de l’offre sur le marché du logement.

J’aimerais vous rappeler une chose dont peu de gens se souviennent, à savoir que 4000 prêts hypothécaires seulement ont été consentis en 2001. Seulement 4000. Le taux d’intérêt était de 30%, y compris sur les prêts émis en devises étrangères. Soit dit en passant, la moitié des prêts hypothécaires étaient émis en devises étrangères. Peu de gens pouvaient se permettre de contracter un prêt hypothécaire alors. L’an dernier, le nombre de prêts hypothécaires a presque atteint un million. En décembre, le taux d’intérêt moyen en roubles est descendu pour la première fois en dessous de 10%.

Nous savons bien sûr que les conditions de prêt sont individuelles et peuvent différer d’un emprunteur à l’autre. Mais nous devons continuer à réduire le taux d’intérêt à 7%-8%. Nous avons eu de longues discussions sur le chiffre que je devrais énoncer ici. Je suis sûr que le chiffre que nous devons viser devrait être 7%. Ces six prochaines années, les prêts hypothécaires doivent devenir accessibles à la majorité des familles russes, aux travailleurs et aux jeunes professionnels.

Voici d’autres chiffres. Entre 1950 et 1970, nous avons construit annuellement à peu près 60 millions de mètres carrés de logements par an. Ce chiffre est passé à 70 millions à la fin des années 1990. Aujourd’hui, nous construisons environ 80 millions de mètres carrés de logement chaque année. Nous avons construit encore plus de logements en quelques années, mais le chiffre moyen est de 80 millions. Nous devons avancer et atteindre de nouveaux sommets dans ce domaine, c’est-à-dire augmenter le volume des logements construits chaque année de 80 millions à 120 millions de mètres carrés. C’est un objectif ambitieux mais réaliste, compte tenu des nouvelles technologies, de l’expérience accumulée par nos entreprises de construction ainsi que des nouveaux matériaux. L’augmentation de 80 à 120 millions de mètres carrés est ce que nous devons et pouvons atteindre. Je vais vous dire pourquoi : si nous voulons que 5 millions de familles reçoivent de nouveaux logements chaque année, nous devons atteindre le chiffre de 120 millions de mètres carrés.

Ceux qui investissent leur argent dans des projets de logement doivent être protégés de manière sûre. Nous devrions progressivement passer de la construction unitaire au financement de projets, dans lesquels les promoteurs et les banques, mais pas les gens, assument les risques.

Je propose aussi de réviser l’impôt foncier des particuliers. Il doit être juste et abordable.

Certaines personnes, y compris celles qui sont dans cette salle, ont essayé de me convaincre que cet impôt devrait être basé sur la valeur de la propriété sur le marché. Ils m’ont dit que recourir à l’évaluation désuète du Bureau de l’inventaire technique est un anachronisme. Mais il s’est avéré en réalité que la valeur cadastrale, qui devrait être comparable à la valeur marchande, la dépassait souvent de loin. Ce n’était pas prévu dans l’accord. Et les gens ne s’attendaient pas à cela de nous.

Nous devons revoir le mode de calcul de l’impôt ainsi que celui de la valeur cadastrale de la propriété. D’une manière ou d’une autre, elle ne doit pas dépasser la valeur réelle du marché. Toutes les décisions sur ce plan doivent être prises sans délai au cours du premier semestre de cette année.

Collègues,

Nous devons accéder à tout le pays avec des communications avancées afin de développer les villes et les bourgs, améliorer l’activité commerciale et fusionner tout le territoire de la Russie.

Le pont de Crimée s’ouvrira aux voitures dans quelques mois et aux trains l’année prochaine. Cela stimulera le développement de la Crimée et de toute la région russe de la mer Noire.

Nous avons restructuré les routes fédérales. Maintenant, nous devons moderniser les routes régionales et locales. Je ne parlerai pas des chiffres ici, mais je les connais. C’est un fait que les routes fédérales ont été en grande partie rénovées. La situation est un peu moins bonne pour les routes régionales et elle est totalement inacceptable pour les routes locales. Je m’adresse ici aux dirigeants des régions et des villes : vous devez constamment concentrer votre attention sur les routes. Vous devez améliorer la qualité de la construction des routes en utilisant une technologie et des solutions avancées, des prêts hypothécaires pour les infrastructures et des contrats à long terme.

Bien sûr, une autre tâche essentielle est d’améliorer la sécurité et de réduire au minimum le taux de mortalité dans les accidents de la route.

Dans l’ensemble, ces six prochaines années, nous devons presque doubler les dépenses pour la construction et la réparation des routes et allouer plus de 11 milliards de roubles pour cela, toutes sources confondues. C’est beaucoup ; gardez à l’esprit que nous avons alloué 6.4 milliards de roubles entre 2012 et 2017 roubles, mais nous avons besoin de 11 milliards.

De grands corridor de transport eurasiens se développement également. Une route pour les véhicules automobiles qui fera partie du corridor Europe–Asie Pacifique est déjà en construction. Nos partenaires chinois et kazakhs impliqués avec nous dans ce projet ont déjà accompli leur part. Leurs sections sont déjà ouvertes, donc nous devons accélérer nos travaux.

La capacité de rendement de la ligne de chemin de fer principale Baïkal–Amour et du Transsibérien sera multipliée par 1.5 jusqu’à 180 millions de tonnes, en six ans. Il faudra sept jours pour que des conteneurs de Vladivostok atteignent les frontières occidentales de la Russie. Il ne s’agit là que de l’un des projets d’infrastructure qui apporteront rapidement des retombées économiques rapides. Il inclut le fret, ce qui fait que tous les investissements seront rapidement remboursés et qu’il contribuera au développement de ces régions.

Le volume des cargaisons en transit sur nos chemins de fer doit presque quadrupler. Cela signifie que la Russie deviendra un leader mondial du transit des marchandises entre l’Europe et l’Asie.

En 1990, les ports de l’Union soviétique avaient une capacité globale de 600 millions de tonnes, mais après l’éclatement du pays, nous en avons perdu la moitié. Au début des années 2000, les ports russes ne pouvaient traiter que 300 millions de tonnes. Au cours des 17 dernières années, ce chiffre a triplé. Au début de 2017, la capacité globale des ports en Russie a dépassé un milliard de tonnes pour la première fois dans l’histoire. Comme vous pouvez le voir sur les graphiques, cela dépasse de plus de deux tiers le niveau atteint par l’Union soviétique. Soit dit en passant, ce sont les chiffres du début de l’année 2017 et la capacité actuelle est de 1 025 milliard de tonnes.

Nous devons encore accroître cette capacité, notamment en multipliant par 1,5 la capacité des lignes ferroviaires vers les ports du bassin d’Azov et de la mer Noire, pour la porter à 131 millions de tonnes.

La route maritime du Nord sera la clé du développement de l’Arctique et de l’Extrême-Orient russes. En 2025, le trafic de marchandises sur cette route sera décuplé pour atteindre 80 million de tonnes. Notre but est d’en faire une route de transfert vraiment mondiale et compétitive. Permettez-moi de vous rappeler que la route maritime du Nord était utilisée plus activement à l’époque soviétique comparé à ce que nous avons fait jusqu’à présent. Nous allons certainement développer cette route et atteindre de nouveaux horizons. Je n’en doute pas.

Nous poursuivons notre politique volontariste pour attirer les investissements et créer des centres de croissance économiques et sociaux dans l’Extrême-Orient russe. Nous créerons toutes les conditions pour assurer aux gens un environnement de vie favorable, afin qu’ils puissent s’installer dans cette région, accroissant ainsi sa population.

Un certain nombre de projets industriels à grande échelle ont été lancés dans l’Arctique. Ils répondent aux normes environnementales les plus élevées. Nous renforçons les infrastructures de recherche, de transport, de navigation et militaires qui devraient garantir les intérêts de la Russie dans cette région stratégique. La Russie construit des brise-glace nucléaires d’avant-garde. Nous avons eu la flotte de brise-glace la plus puissante au monde et elle le restera.

Nous rénoverons et étendrons le réseau d’aéroports régionaux dans toute la Russie. Dans six ans, la moitié des régions seront reliées les unes aux autres par des vols directs. La situation où il fallait prendre une correspondance à Moscou lorsqu’on voulait se rendre dans une région voisine appartiendra au passé. Nous y travaillons déjà. Cela inclut des efforts pour développer l’aviation et les aéroports.

La stratégie de développement spatial servira de base à la préparation d’un plan global de modernisation et d’expansion de l’ossature de l’infrastructure du transport. Je pense que c’est une priorité pour le prochain gouvernement.

La Russie doit non seulement devenir la principale plaque tournante mondiale de la logistique et du transport, ce qui est très important, mais aussi un centre mondial pour le stockage, le traitement, le transfert et la protection fiable d’importants volumes d’informations, ce qu’on appelle le Big Data.

Dans l’ensemble, le développement de l’infrastructure doit tenir compte des changements technologiques mondiaux. Autrement dit, les projets que nous envisageons aujourd’hui doivent inclure des solutions pratiques pour combiner l’infrastructure avec les drones et la navigation maritime et aérienne numérique, ainsi que l’utilisation de l’intelligence artificielle pour rationaliser la logistique.

De même, nous devons introduire de nouvelles technologies pour la production, le stockage et la distribution de l’énergie. Au cours des six prochaines années, nous projetons d’attirer quelque 1,5 milliards de roubles d’investissement privé pour moderniser notre secteur de production d’électricité. Tous les réseaux électriques du pays doivent passer à la technologie numérique. Nous devons utiliser la méthode dite de production décentralisée pour fournir de l’électricité aux régions éloignées.

En 2024, l’Internet à haut débit sera accessible dans tout le pays. Nous compléterons la construction de lignes à fibres optiques dans la plus grande partie des zones peuplées de plus de 250 personnes. Les petites villes reculées de l’Extrême-Nord, de Sibérie et de l’Extrême-Orient russe accéderont à l’Internet par le biais d’un réseau de satellites russes.

Nous utiliserons les télécommunications de pointe pour donner à notre population l’accès au monde numérique. Comme nous le savons, il s’agit là de davantage que des services modernes, l’enseignement à distance et la télémédecine, bien que tout cela soit très important. Plus que cela, les gens seront capables d’utiliser l’espace numérique pour mener des recherches, organiser des groupes de volontaires et de projet ou diriger des entreprises. Dans notre immense pays, cette combinaison de talents, de compétences et d’idées constitue une immense ressource d’innovation.

Collègues,

Une tâche essentielle à laquelle nous sommes tous confrontés est de rendre largement accessibles des soins de santé de pointe et de grande qualité. Nous devons être guidés par les standards internationaux les plus élevés dans ce domaine.

De 2019 à 2024, nous devons dépenser chaque année plus de 4% du PIB pour développer le système de soins. En même temps, l’objectif que nous devons garder à l’esprit est 5%. En termes absolus, cela signifie que les dépenses de santé doivent doubler. En outre, nous devons trouver de nouvelles possibilités de financement qui ne limiteraient pas la croissance économique.

Je tiens à remercier les médecins, les ambulanciers et les infirmières pour leur travail difficile et hautement nécessaire. Beaucoup de choses dépendent de ces personnes, ainsi que des enseignants, des conseillers et des travailleurs culturels, et ils doivent toucher des salaires décents.

Nous avons fait beaucoup pour mettre en œuvre les décrets de mai 2012. Je dois dire qu’il y a eu plusieurs échecs, mais dans l’ensemble, malgré les objectifs exigeants de ces décrets, sans eux nous n’aurions pas eu les résultats que nous voyons aujourd’hui. Nous devons toujours nous fixer des objectifs ambitieux.

Nous ne devons pas perdre les positions que nous avons déjà atteintes. Je me réfère au niveau des salaires. Les salaires du secteur public doivent continuer à augmenter, ainsi que la qualité du travail et les compétences des personnes travaillant dans la santé, l’enseignement et d’autres domaines qui définissent le bien-être de la population.

Ces dernières années, nous avons optimisé le réseau hospitalier du pays. Cela a été fait pour proposer un système de soins efficace. Cependant, dans certains cas, je dois le dire aujourd’hui, trop de changements administratifs ont été introduits : des hôpitaux dans de petites villes et villages ont été fermés. Personne n’a proposé une alternative, et les gens ont été abandonnés pratiquement sans aide médicale. Le seul conseil qu’on leur donnait était : « Allez en ville pour recevoir un traitement. » Je dois dire que c’est inacceptable. Ils ont oublié l’essentiel : les gens, leurs intérêts et leurs besoins, des chances égales et la justice.

Cela ne doit pas se produire dans la santé ni dans aucun autre domaine. Nous devons fournir, ou restaurer là où c’est nécessaire, un accès facile aux soins primaires. Nous pouvons le faire, nous nous aurions dû le faire dès le début, lorsque nous avons lancé les réformes.

Cela doit être fait aussi rapidement que possible. Dans la période entre 2018 et 2020, il faut s’assurer que chaque bourgade avec une population de 100 à 2000 habitants dispose d’une station paramédicale et d’une clinique ambulatoire. Pour les villages de moins de 100 habitants – nous avons également des villages aussi petits – nous organiserons des unités médicales mobiles, des véhicules tout-terrain avec tout le matériel de diagnostic nécessaire.

Ces projets devraient faire l’objet d’un suivi attentif. Je les considère comme extrêmement importants. Et je demande également au Front populaire russe de rester en contact avec les gens, de garder un œil sur la situation sur le terrain. En même temps, les cliniques ambulatoires et les stations paramédicales, les installations régionales de santé et les centres médicaux de pointe devraient être reliés dans un unique réseau numérique de façon à ce que l’ensemble du système de santé national soit impliqué dans l’aide à chaque personne.

La prévention des maladies est une tâche d’une importance vitale. Dans les années 1990, ce travail a été largement négligé. Nous avons commencé à le restaurer. Nous devons offrir à tous les gens la possibilité d’avoir un examen physique complet au moins une fois par an. C’est aussi important pour encourager à une attitude responsable à l’égard de sa propre santé.

Les diagnostics modernes réduiront la mortalité dans la population en âge de travailler et consolideront les tendances positives dans le traitement des affections cardiovasculaires. Nous pouvons voir ces tendances positives, ce qui est très bien. Mais nous devons aussi combattre d’autres menaces, comme le cancer.

Collègues,

Je pense que pratiquement chacun de nous a des parents ou des amis souffrant de cette maladie – le cancer. Je propose de mettre en place un programme national spécial contre le cancer, d’y impliquer des scientifiques et l’industrie pharmaceutique nationale, pour moderniser les centres d’oncologie, construire un système moderne allant du diagnostic précoce au traitement rapide et efficace qui protégera les patients. Nous avons une expérience positive dans ce domaine. Nous devons atteindre l’avant-garde, le plus haut niveau de tous les indicateurs essentiels qui démontrent l’efficacité des traitements du cancer – les experts doivent connaître ces indicateurs.

Collègues,

L’assistance médicale seule ne suffit pas à protéger la santé publique. Nous devons aussi garantir des normes élevées de sécurité environnementale dans toute la Russie.

Il est difficile d’avoir une longue vie en bonne santé lorsque des millions de personnes boivent de l’eau de mauvaise qualité, lorsque nous voyons de la neige noire, comme c’est arrivé à Krasnoïarsk, et lorsque les gens dans les grands centres industriels tels que Tcherepovets, Nijni Taguil, Tcheliabinsk ou Novokouznetsk ne voient pas le soleil pendant des semaines.

Nous avons renforcé les exigences environnementales pour les entreprises, ce qui devrait réduire la pollution industrielle. À partir de 2019, 300 entreprises industrielles ayant un impact négatif sur l’environnement devront se convertir aux meilleures technologies respectueuses de l’environnement disponibles et toutes les entreprises à haut risque environnemental devront le faire à partir de 2021.

Nous nous sommes attaqués de nombreuses fois à ce problème, et chaque fois nos entreprises se plaignaient des difficultés que cela entraînait. Maintenant, il n’y a plus de retour en arrière. Je veux que tout le monde sache que nous ne retarderons plus ce programme plus longtemps.

Nous devons également moderniser nos centrales thermiques, nos chaufferies et nos services publics, construire des voies de contournement pour décongestionner le trafic de transit dans les grandes villes, ainsi qu’utiliser des véhicules de transport public à faible impact. Les autorités et les volontaires publics ont signalé quelque 22 000 décharges. Nous devons aborder ce problème en priorité, à commencer par la rénovation et la remise en état des décharges à l’intérieur des villes.

Nous devons sérieusement améliorer la qualité de l’eau potable. Dans certaines petites villes, l’eau n’est accessible que quelques heures par jour. Nous devons utiliser les technologies de l’industrie de la défense pour régler ces problèmes.

Nous allons lancer des projets de conservations des systèmes naturels uniques du lac Baïkal et du lac Teletskoïe, ainsi que de tout le bassin de la Volga, ce qui contribuera à améliorer les conditions de vie de près de la moitié de la population de Russie.

Nous allons créer 24 nouvelles réserves et parc naturels. Ils doivent être ouverts pour l’écotourisme, ce qui est important pour encourager une attitude soigneuse et responsable à l’égard de la nature.

Collègues,

L’an 2018 en Russie a été déclaré Année des volontaires. Il est hautement symbolique que l’année ait commencé avec l’adoption d’une loi qui chargeait les autorités à tous les niveaux d’assister les volontaires. Aujourd’hui, des citoyens déterminés et conscients et des ONG à but social contribuent à résoudre les problèmes cruciaux. C’est l’implication du peuple dans les affaires nationales et son engagement civique ainsi que les valeurs culturelles, morales et spirituelles qui font de nous un peuple unique capable d’atteindre des objectifs ambitieux.

Il est essentiel que nous préservions notre identité à l’ère des grands changements technologiques. À cet égard, la culture a un rôle clé à jouer en tant que code civilisationnel national qui peut libérer le potentiel créatif humain.

Je propose de lancer un programme de création de complexes culturels, éducatifs et muséaux dans les régions. Ils offriront des salles de concert, des écoles de théâtre, de musique et de danse et d’autres institutions créatives, ainsi que des espaces d’exposition où les principaux musées du pays pourront exposer leurs trésors. Pourquoi stocker tant d’œuvres dans les entrepôts des musées ? Je parle de centres de culture qui seraient ouverts aux jeunes et aux personnes de tous âges. Le premier projet de ce type sera réalisé à Vladivostok, et d’autres régions et villes dans toute la Russie seront sélectionnées ultérieurement.

Chers collègues,

Nos enfants veulent voir une Russie tournée vers l’avenir. Vous trouverez beaucoup de réflexions sincères à ce sujet dans les dissertations scolaires. Avoir des rêves audacieux aide, si vous cherchez à atteindre un objectif ambitieux. Nous devons aider chaque enfant à découvrir son talent et à réaliser son potentiel. L’avenir de la Russie est dans ses salles de classe. Les écoles doivent répondre aux défis actuels pour que le pays fasse de même.

Les experts internationaux s’accordent pour dire que la Russie a l’un des meilleurs systèmes d’enseignement primaire au monde. Nous poursuivrons nos efforts pour développer l’enseignement général à tous les niveaux. Permettez-moi de souligner que tous les enfants devraient avoir accès à un enseignement de qualité. L’égalité des chances en matière d’enseignement est un puissant facteur de promotion du développement national et de la justice sociale.

Nous devons passer à des méthodes d’enseignement totalement nouvelles, incluant l’apprentissage personnalisé, afin de cultiver chez nos enfants la disposition au changement et la curiosité créative, leur enseigner à travailler en groupe, ce qui est très important dans le monde moderne, et à acquérir d’autres compétences applicables à l’ère numérique. Nous soutiendrons absolument les enseignants talentueux qui sont motivés à poursuivre une croissance professionnelle continue. Et bien sûr, nous devons construire un système ouvert et moderne pour la sélection et la formation des directions scolaires. Ce sont les directeurs des écoles qui sont chargés de construire un corps professoral et un état d’esprit productif.

Nous continuerons d’améliorer le système complet pour soutenir et développer les compétences et les talents créatifs de nos enfants. Le système doit s’étendre au pays entier et y intégrer les ressources de projets tels que Sirius et Quantorium, ainsi que des centres d’éducation extra-scolaires et les centres de création pour enfants dans toute la Russie.

Nous devons mettre en place un système d’orientation professionnelle moderne, où les écoles travaillent en partenariat avec les universités, les groupes de recherche et les entreprises performantes. Je propose de lancer un nouveau programme d’orientation professionnelle pour les écoliers, Ticket pour le futur, à partir de la prochaine année académique. Le programme permettra aux enfants d’essayer des emplois réels dans les grandes entreprises russes. Nous attribuerons un milliard de roubles à ce projet rien que cette année.

Je crois que le mentorat est un autre aspect important à améliorer. Ce n’est qu’en réunissant connaissances de pointe et fondements moraux, en assurant un véritable partenariat et une compréhension mutuelle entre les générations que nous pourrons devenir plus forts.

Collègues,

La connaissance, la technologie et l’expertise d’aujourd’hui sont les avantages compétitifs les plus importants. Ils sont la clé d’une véritable percée et d’une meilleure qualité de vie.

Dès que possible, nous devons développer un cadre légal progressiste et éliminer tous les obstacles au développement et à un large usage des équipements robotiques, de l’intelligence artificielle, des véhicules sans pilote, du commerce électronique et de la technologie de traitement des Big Data. Et ce cadre légal doit être revu en permanence et se baser sur une approche souple de chaque domaine et de chaque technologie.

Nous disposons de toutes les ressources nécessaires pour mettre rapidement en œuvre les technologies 5G et l’internet des objets.

Nous devons construire nos propres plate-formes numériques. Il va sans dire qu’elles devront être compatibles avec l’espace mondial de l’information. Cela ouvrirait la voie à la réorganisation des processus de fabrication, des services financiers et de la logistique, y compris en utilisant la technologie des blockchains, qui est très importante lorsqu’il s’agit de transactions financières, de droits de propriété, etc. Ces initiatives ont une application concrète.

Nous devons commencer à élaborer ou à localiser des technologies et des solutions essentielles y compris celles utilisées pour développer l’Arctique et les plate-formes de forage marines, construire de nouveaux systèmes énergétiques, de transport et d’infrastructure urbaine. C’est aussi important dans les domaines liés à l’amélioration de la qualité de vie, tels que les outils de réadaptation de pointe pour les personnes handicapées.

Il est de notre devoir de soutenir les entreprises de haute technologie, de procurer aux start-ups un environnement favorable et d’introduire de nouvelles solutions industrielles. Je parle d’une infrastructure conviviale, de systèmes fiscaux, de règlements techniques et de financement du risque.

Le développement technologique doit être solidement ancré dans la recherche fondamentale. Ces dernières années, nous avons été en mesure d’élargir notre activité de recherche et nous sommes maintenant à l’avant-garde dans un certain nombre de domaines. L’Académie des sciences et les principaux instituts de recherche de Russie y ont largement contribué.

En nous appuyant sur les progrès réalisés les années précédentes, y compris en développement l’infrastructure de recherche, nous devons amener nos recherches à un nouveau niveau. Des projets de construction de méga installations de recherche scientifique de pointe sont déjà en cours à Gatchina et Doubna. Le Conseil de la science et de l’éducation a récemment pris la décision de construire un puissant collisionneur de particules synchrotron à l’Akademgorodok de Novossibirsk et un collisionneur de particules nouvelle génération à Pritvino, dans la région de Moscou.

Grâce à ces installations, la Russie deviendra l’un des pays pionniers dans le monde en termes de capacité et de performance de son infrastructure de recherche. Ces unités donneront un important avantage concurrentiel aux équipes de recherche et aux entreprises de haute technologie russes, par exemple dans le développement de nouveaux médicaments, de matériaux et de micro-électronique.

Évidemment, cette infrastructure et ces projets de recherche ambitieux ne manqueront pas d’attirer nos compatriotes et des chercheurs de l’étranger. À cet égard, nous devons créer un cadre légal qui permettrait à des équipes de recherche internationales de travailler en Russie.

Les grands centres de recherche et d’enseignement devraient commencer à travailler à pleine capacité. Ils intégreront les possibilités des universités, des instituts académiques et des entreprises de haute technologie. De tels centres sont déjà en cours de création à Kazan et Samara, à Tomsk et Bivossibirsk, à Iekaterinenbourg et Tioumen, à Vladivostok et Kaliningrad, et dans d’autres villes.

Il est important qu’ils se concentrent sur la mise en œuvre de grands projets interdisciplinaires, y compris dans un domaine aussi prometteur que la recherche sur le génome. Une percée capitale dans ce domaine ouvrira la voie pour développer de nouvelles méthodes de diagnostic, de prévention et de traitement de nombreuses maladies et élargira les possibilités de sélection en agriculture.

Nous devons renforcer la supériorité de l’école nationale de mathématiques. Elle donne à la Russie un fort avantage compétitif à l’ère de l’économie numérique. Les centres internationaux de mathématiques fourniront également des plate-formes pour ces travaux. Ceux-ci opèrent déjà à Kazan et Novossibirsk. Suite aux décisions adoptées, nous ouvrirons davantage Saint-Pétersbourg, Moscou et Sotchi.

Les jeunes Russes prouvent déjà leur position dominante dans la science et d’autres domaines. L’an dernier, des écolier russes ont remporté 38 médailles dans des compétitions académiques internationales. Nos équipes ont triomphalement remporté l’Olympiade en sciences naturelles et en robotique, l’Olympiade des métiers, et nos étudiants ont obtenu les meilleurs résultats en programmation pour la douzième fois.

Sur la base des meilleures pratiques et de l’expérience, nous devons moderniser rapidement le système d’enseignement professionnel, procéder à des changements qualitatifs dans la formation des étudiants, en particulier dans les domaines de pointe du développement technologique, instaurer le niveau « baccalauréat en sciences appliquées » dans ces professions techniques qui requièrent effectivement un diplôme d’ingénieur, et organiser également des centres de recyclage professionnel avancé et de développement professionnel.

Je propose également de créer les conditions les plus confortables et les plus attrayantes pour que les jeunes gens talentueux issus d’autres pays puissent aussi s’inscrire dans nos universités. Ils viennent déjà étudier ici. Mais nous devons également créer les conditions pour que les meilleurs diplômés étrangers de nos universités travaillent en Russie. Cela s’applique pleinement aux scientifiques et aux spécialistes qualifiés étrangers.

Je pense que nous devons sérieusement améliorer la procédure d’octroi de la nationalité russe. L’accent devrait être mis sur les ressortissants étrangers dont la Russie a besoin : des jeunes, en bonne santé et instruits. Pour eux, nous devons créer un système simplifié pour obtenir la nationalité russe.

Collègues,

Pour assurer un développement décisif et améliorer l’éducation, les soins de santé et la qualité de l’environnement urbain et de l’infrastructure, il sera nécessaire d’allouer des fonds supplémentaires considérables dans les six prochaines années à ces fins.

Question : à quel coût ? Où trouvons-nous ces fonds? Tout d’abord, il est essentiel de hiérarchiser clairement ces tâches et d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques. Il est nécessaire d’impliquer plus activement les entreprises privées dans le financement de grands projets. Le futur gouvernement devra établir de nouvelles règles d’imposition dès que possible. Elles devraient être stables et fixes pour les prochaines années.

Permettez-moi d’insister sur le fait que nous avons besoin de solutions fiscales qui assureraient des recettes budgétaires à tous les niveaux et garantiraient la mise en œuvre de tous les engagements sociaux. Fait important, ils devraient encourager plutôt qu’entraver la croissance économique. C’est la mise en valeur du potentiel économique du pays et de chacune de ses régions qui constitue la principale source de ressources supplémentaires. Pour y parvenir, nos taux de croissance économique devraient dépasser ceux du reste du monde. C’est une tâche difficile mais pas un exemple de vœu pieux. C’est une condition fondamentale pour une percée dans la solution des questions sociales, infrastructurelles, de défense et autres. Le nouveau gouvernement devrait se fixer comme objectif d’atteindre de tels taux de croissance.

Au cours des dernières années, nous avons amélioré la résilience de notre économie. La dépendance de l’économie vis-à-vis des prix des hydrocarbures a été considérablement réduite. Nous avons augmenté nos réserves d’or et de devises. L’inflation a chuté à un niveau jamais vu – un peu plus de 2%. Bien sûr, nous comprenons tous que l’augmentation des prix pour de nombreux produits de première nécessité est beaucoup plus élevée. Cela devrait être strictement contrôlé par différentes agences, y compris le service anti-monopole. Mais dans l’ensemble, ce faible niveau d’inflation crée des possibilités supplémentaires de développement. Permettez-moi de vous rappeler que, tout récemment, en 2015, l’inflation était de près de 13%, 12,9% pour être précis.

En effet, la Russie a créé une nouvelle réalité macroéconomique avec une inflation faible et durable dans l’économique générale. Pour les gens, c’est une condition de la croissance du revenu réel et de prêts hypothécaires moins chers. Pour les entrepreneurs, cela signifie une prévisibilité dans les affaires et des prêts moins chers. Les entreprises devraient également s’adapter à ces nouvelles conditions macroéconomiques. Enfin, cela permet d’attirer des prêts à long terme et des investissements privés dans des projets d’infrastructure à grande échelle.

Nous avons maintenant la possibilité, sans accélérer l’inflation, et en maintenant une approche prudente et responsable, de réduire graduellement les taux d’intérêt et de rendre les prêts plus abordables. Je compte sur le soutien de la Banque de Russie pour que, en prenant ses décisions, en mettant en œuvre des mesures de politique monétaire et en développant les marchés financiers, elle travaille en contact avec le gouvernement dans l’objectif commun de créer un environnement propice à la croissance économique.

Afin de modifier davantage la structure de l’économie nationale et d’améliorer sa compétitivité, il est impératif d’utiliser les sources de croissance à un niveau fondamentalement différent. Où sont-elles ? Tout d’abord, il est important d’augmenter la productivité de la main-d’œuvre sur une nouvelle base technologique, gestionnaire et personnelle. Nous accusons toujours un retard important par rapport à cet indicateur.

Il est nécessaire de faire en sorte que la productivité du travail dans les moyennes et grandes entreprises des industries de base, telles que la fabrication, la construction, les transports, l’agriculture et le commerce, augmente d’au moins 5% par an, ce qui nous mettra niveau des principales économies mondiales d’ici la fin de la prochaine décennie.

Je tiens à souligner que l’augmentation de la productivité signifie aussi des salaires plus élevés et, par conséquent, une demande accrue des consommateurs. À son tour, cela constitue un facteur supplémentaire de croissance économique.

Toutes nos actions devraient pousser les entreprises à offrir des produits techniquement complexes et à mettre en œuvre des technologies plus efficaces. Il est nécessaire de faire un inventaire des subventions et autres instruments pour le soutien direct des industries, et de les cibler sur la fabrication de biens compétitifs.

L’augmentation des investissements est la deuxième source de croissance. Nous avons déjà fixé la tâche de les amener à 25% du PIB, puis à 27%. Malheureusement, cet objectif n’a pas encore été atteint. Pour assurer une croissance durable, nous devons le faire à tout prix. J’espère que le nouveau gouvernement, en collaboration avec la Banque de Russie, présentera un plan d’action concret dans ce domaine.

L’investissement devrait être principalement employé à moderniser et rééquiper les industries et à rénover en retour l’industrie manufacturière. Nous devons assurer la dynamique la plus élevée ici, pour atteindre un niveau où, en moyenne, une entreprise sur deux entreprend des changements technologiques en une année. C’est alors que l’effort de renouvellement dans l’économie et l’industrie sera perceptible.

La promotion des petites entreprises est la troisième réserve de croissance économique à grande échelle. Au milieu de la prochaine décennie, leur contribution au PIB du pays devrait approcher les 40%, et le nombre de personnes employées devrait passer de 19 à 25 millions de personnes. L’un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les entrepreneurs est l’accès aux ressources financières. Il existe un programme gouvernemental pour les petites entreprises de production qui offre des prêts à seulement 6,5% d’intérêt. Je pense que ce programme doit continuer. Dans l’ensemble, ce mécanisme de soutien doit devenir plus largement disponible.

Enfin, une autre source de croissance est le développement des exportations hors matières premières. Il est nécessaire de supprimer toutes les barrières administratives et de créer les conditions les plus favorables pour les entreprises entrant sur les marchés étrangers.

Dans les six prochaines années, nous devons doubler la quantité d’exportations hors matières premières et non énergétiques pour atteindre 250 milliards de dollars – en particulier amener les exportations d’ingénierie à 50 milliards de dollars. Les exportations de services, y compris l’éducation, la santé, le tourisme et les transports, doivent atteindre 100 milliards de dollars par an.

Au début des années 2000, nous étions profondément dépendants des importations alimentaires. La situation a complètement changé. Nous sommes maintenant à l’aube de nouveaux changements. Dans quatre ans à peine, nous prévoyons d’approvisionner davantage les marchés mondiaux que ce que nous importons de l’étranger. Nous devons augmenter les exportations de viande et de produits à haute valeur ajoutée, et rendre le pays plus autosuffisant en viande bovine, lait et légumes.

Je tiens à souligner que le développement de l’industrie agricole est étroitement lié à la production de produits de base. Cependant, ce développement ne doit pas se faire au détriment des petites exploitations et de leurs travailleurs. Nous devons soutenir les entreprises familiales et les agriculteurs. Nous développerons une agriculture coopérative et créerons des conditions permettant aux résidents des zones rurales d’augmenter leurs revenus. De temps en temps, nous entendons parler de problèmes qui affectent les intérêts des gens, j’en suis conscient. De tels cas doivent être pris très au sérieux.

Néanmoins, je tiens à remercier les travailleurs de l’industrie agricole pour la récolte record de 134 millions de tonnes. Notez que c’est plus que la récolte record en Union soviétique. En 1978, l’URSS a produit 127,4 millions de tonnes. Maintenant, il est courant que la Russie dépasse les 100 millions de tonnes.

Effectivement, une récolte aussi importante a aussi un inconvénient. Les prix ont baissé ; il y a quelques problèmes de stockage et de transport. Nous avons établi des rabais pour le transport des céréales par chemin de fer jusqu’au 1er juillet 2018 pour soutenir nos producteurs.

Il est nécessaire d’étendre cette mesure aux prochaines saisons de récolte et d’organiser des livraisons supplémentaires en Oural, en Sibérie et dans les régions éloignées, loin des ports. Nous devons aider ceux qui veulent et peuvent transformer les cultures localement. La valeur ajoutée doit être augmentée. Ensuite, nous pouvons aller dans l’industrie du bétail. Nous discuterons certainement de ces problèmes et d’autres signalés par les travailleurs agricoles lors du forum des producteurs agricoles en mars, et élaborerons des mesures supplémentaires pour soutenir l’industrie.

Collègues

Pour que l’économie fonctionne à sa pleine capacité, nous devons radicalement améliorer le climat des affaires et garantir la liberté entrepreneuriale et la concurrence.

Laissez-moi souligner un point fondamental à cet égard. L’État doit progressivement réduire sa part dans l’économie. À cet égard, il convient de noter que celui-ci a repris un certain nombre d’actifs financiers dans le but de relancer le secteur bancaire. Ces initiatives vont dans la bonne direction et ont mon soutien. Cela dit, ces actifs doivent être mis sur le marché et vendus sans délai.

Nous devons nous débarrasser de tout ce qui permet aux fonctionnaires corrompus et aux forces de l’ordre de faire pression sur les entreprises. Le Code pénal ne devrait pas servir d’outil de règlement des différends corporatifs.

Je demande au groupe de travail sur le suivi et l’analyse des pratiques d’application de la loi dans l’activité entrepreneuriale, en collaboration avec la Cour suprême, les services de répression, le Parquet et les représentants du monde des affaires de rédiger des propositions spécifiques sur ce sujet. Cette question ne doit pas être prise à la légère. Toutes les propositions doivent être soigneusement examinées et approuvées, et cela doit être fait le plus tôt possible.

En même temps, le droit pénal devrait être strictement appliqué dans le cas d’infractions portant atteinte aux intérêts des citoyens ou de la société, ou violant les libertés économiques. Je veux parler des infractions contre les biens et avoirs détenus par les citoyens, des prises de contrôle illégales, des violations du droit de la concurrence, de l’évasion fiscale et du détournement de fonds publics.

J’aimerais maintenant passer à un autre sujet important. Lors de réunions avec des entreprises, alors que le nombre d’inspections semble diminuer, j’entends souvent que les changements radicaux ne se sont pas encore matérialisés. La présence d’inspecteurs dans les entreprises devrait devenir l’exception et se limiter aux installations à haut risque. Sinon, des méthodes de surveillance à distance peuvent être utilisées. L’ensemble du système de contrôle et de surveillance devrait adopter une approche axée sur les risques dans un délai de deux ans. Permettez-moi de vous rappeler que le cadre législatif pertinent est déjà en place.

Il est important de soutenir les entrepreneurs de start-up, d’aider les gens à faire le premier pas, afin qu’ils puissent ouvrir leurs propres entreprises en un seul clic, effectuer les paiements obligatoires, recevoir des services et des prêts en ligne.

Les entreprises individuelles et les travailleurs indépendants qui utilisent des services numériques doivent généralement être libérés des activités bureaucratiques, et autorisés à payer des taxes via une simple transaction en mode automatique. En ce qui concerne les entreprises qui utilisent des équipements de caisse enregistreuse, leurs déclarations fiscales doivent être simplifiées. Vous savez, c’est une question de routine, à première vue, mais cette routine fastidieuse est ce qui nous empêche d’avancer vigoureusement. Nous devons tout faire pour nettoyer cet espace. J’ajouterai que l’introduction intensive des technologies et des plates-formes numériques nous permettra de faire des progrès constants vers une plus grande transparence à l’abri de l’économie souterraine.

Maintenant, je voudrais m’adresser à tous les représentants des entreprises russes, ceux qui dirigent leur propre petite entreprise, une entreprise familiale ou une ferme, une entreprise innovante ou une grande entreprise industrielle. Je sais, je sais que nous avons encore beaucoup à faire. Et je vous assure que nous ferons tout pour donner à nos entrepreneurs de nouvelles possibilités d’expansion de la production, d’ouverture d’entreprises et de création d’emplois modernes. Mais en même temps, je m’attends à ce que les entreprises russes augmentent leur contribution à la percée du développement du pays et que le respect pour le travail entrepreneurial augmente dans la société. C’est très important.

Collègues,

Nous devons construire des services modernes pour les entreprises, mais ce n’est pas tout ; le système d’interaction entre l’État et la société, entre l’État et la population doit être clair et compréhensible, pratique et confortable.

Nous avons déjà mis en place un réseau de centres multifonctionnels. Toute personne, n’importe où dans le pays, peut maintenant utiliser les services publics comme un guichet unique. Permettez-moi de vous rappeler qu’il s’agissait d’un programme spécial que nous avons développé et mis en œuvre.

Nous devons aller de l’avant, assurer la fourniture de pratiquement tous les services publics en temps réel via des services à distance dans un délai de six ans. Tous les documents circulant entre les agences de l’État devraient être numérisés, ce qui est important à la fois pour les organismes d’État et pour les citoyens, afin de ne pas naviguer sur Internet pendant des heures à la recherche d’information. Il sera possible de tout mettre au même endroit. J’ajouterai que la numérisation de l’ensemble du système d’administration publique et sa plus grande transparence sont également un puissant facteur de lutte contre la corruption.

Les fonctionnaires de tous les niveaux devraient être intéressés à améliorer leur efficacité et à se concentrer uniquement sur l’obtention de résultats concrets. Soit dit en passant, nous parlons toujours de corruption et de fonctionnaires. Je dois dire, et je n’ai pas le droit de ne pas le dire : la grande majorité de nos fonctionnaires sont des gens honnêtes, décents et axés sur leurs buts. Cependant, ce que j’ai dit aidera tout le monde, y compris les représentants du gouvernement et les utilisateurs des services gouvernementaux. Cette ligne de pensée devrait être utilisée pour reconstruire le système de service public, le cas échéant, et pour introduire des méthodes de travail par projet.

Bien sûr, il est nécessaire d’assurer l’avancement du personnel professionnel moderne dans les services gouvernementaux et municipaux, les affaires, l’économie, la science, l’industrie, et toutes les autres sphères.

Comme vous le savez peut-être, le premier concours des Dirigeants de la Russie a eu lieu et plusieurs autres projets sont mis en œuvre pour soutenir les jeunes travailleurs, les entrepreneurs, les innovateurs, les bénévoles, les écoliers et les étudiants. Ces projets ont rassemblé des centaines de milliers de jeunes de toutes les régions et sont devenus une étape importante dans leur vie et leur carrière professionnelle.

Je tiens à le souligner : pour tous ceux qui veulent travailler, se mettre en avant et qui sont prêts à servir honnêtement la Patrie et le peuple, et veulent réussir, la Russie sera toujours un pays offrant des chances. C’est la garantie de la réussite de notre développement et d’un pas en avant vers la confiance.

Tous les projets et les priorités que j’ai évoqués aujourd’hui, tels que le développement spatial, l’investissement dans les infrastructures, l’éducation, la santé, l’environnement, les technologies innovantes et la recherche, la promotion du talent, la jeunesse, tout cela est conçu pour travailler à une tâche stratégique – la percée du développement de la Russie. En même temps, nous ne pouvons pas oublier d’assurer, de manière fiable, sa sécurité.

Collègues,

L’opération en Syrie a prouvé les capacités accrues des forces armées russes. Au cours des dernières années, beaucoup a été fait pour améliorer l’armée et la marine. Les forces armées ont maintenant 3,7 fois plus d’armes modernes. Plus de 300 nouvelles unités d’équipement ont été mises en service. Les troupes de missiles stratégiques ont reçu 80 nouveaux missiles balistiques intercontinentaux, 102 missiles balistiques lancés par des sous-marins et trois sous-marins nucléaires, de la classe Borei emportant des missiles balistiques. Douze régiments de missiles ont reçu le nouveau missile balistique intercontinental Yars. Le nombre de porteurs d’armes de haute précision à longue portée a été multiplié par 12, tandis que le nombre de missiles de croisière guidés a augmenté de plus de 30 fois. L’Armée de terre, les Forces aérospatiales et la Marine se sont également considérablement renforcées.

La Russie et le monde entier connaissent les noms de nos plus récents avions, sous-marins, armes antiaériennes, ainsi que les systèmes de missiles guidés terrestres, aéroportés et maritimes. Toutes ces armes sont à la pointe de la technologie. Un réseau de radars d’alerte pour avertir d’une attaque de missile a été créé le long du périmètre de la Russie (c’est très important). D’énormes lacunes sont apparues après la désintégration de l’URSS. Toutes ont été réparées.

Un bond en avant a été fait dans le développement d’avions sans pilote ; le centre de contrôle de la défense nationale a été créé ; et le commandement opérationnel de la zone maritime lointaine a été mis en place. Le nombre de membres des services professionnels a augmenté de 2,4 fois et la disponibilité de l’équipement dans les forces armées est passée de 70% à 95-100%. La longue file d’attente pour les logements permanents (des personnels) a été éliminée et la période d’attente a été réduite de 83%.

Maintenant, sur le problème de défense le plus important.

Je parlerai des plus nouveaux systèmes d’armes stratégiques que nous créons en réponse au retrait unilatéral des États-Unis d’Amérique du Traité antimissile balistique et du déploiement, en pratique, de leurs systèmes de défense antimissile aux États-Unis et au-delà de leurs frontières nationales.

Je voudrais faire un petit voyage dans le passé récent.

En 2000, les États-Unis ont annoncé leur retrait du Traité sur les missiles anti-balistiques. La Russie était catégoriquement opposée à cette décision. Nous avons vu le Traité ABM Soviétique-US, signé en 1972, comme la pierre angulaire du système de sécurité international. En vertu de ce traité, les parties avaient le droit de déployer des systèmes de défense antimissile balistique uniquement dans l’une de ses régions. La Russie a déployé ces systèmes autour de Moscou et les États-Unis autour de la base ICBM de Grand Forks.

Conjointement avec le Traité de réduction des armements stratégiques, le Traité ABM a non seulement créé un climat de confiance, mais a aussi empêché les deux parties d’utiliser imprudemment des armes nucléaires qui auraient mis en danger l’humanité, car le nombre limité de systèmes de défense antimissile balistique rendait l’agresseur potentiel vulnérable à une riposte.

Nous avons fait de notre mieux pour dissuader les Américains de se retirer du traité. Tout à fait en vain. Les États-Unis se sont retirés du traité en 2002. Même après cela, nous avons essayé de développer un dialogue constructif avec les Américains. Nous avons proposé de travailler ensemble dans ce domaine pour apaiser les inquiétudes et maintenir une atmosphère de confiance. À un moment donné, j’ai pensé qu’un compromis était possible, mais ce n’était pas le cas. Toutes nos propositions, absolument toutes, ont été rejetées. Et puis nous avons dit que nous devrions moderniser nos systèmes de frappe pour protéger notre sécurité. En réponse, les États-Unis ont déclaré qu’ils ne créaient pas un système BMD (système anti-missile) global contre la Russie, qui est libre de faire ce qu’elle veut, et que les États-Unis présumeront que nos actions ne sont pas dirigées contre eux.

Les raisons derrière cette position sont évidentes. Après l’effondrement de l’URSS, la Russie, connue sous le nom d’URSS ou de Russie soviétique à l’étranger, a perdu 23,8% de son territoire national, 48,5% de sa population, 41% de son PIB, 39,4% de son potentiel industriel (près de la moitié de notre potentiel, je voudrais le souligner), ainsi que 44,6% de sa capacité militaire en raison de la division des forces armées soviétiques entre les anciennes républiques soviétiques. L’équipement militaire de l’armée russe devenait obsolète et les forces armées étaient dans un état pitoyable. Une guerre civile faisait rage dans le Caucase, et les inspecteurs américains supervisaient le fonctionnement de nos principales usines d’enrichissement d’uranium.

Pendant un certain temps, la question n’était pas de savoir si nous serions en mesure de développer un système d’armes stratégiques – certains se demandaient si notre pays serait même en mesure de stocker et de conserver en toute sécurité les armes nucléaires dont nous avons hérité après l’effondrement de l’URSS. La Russie avait d’énormes dettes, son économie ne pouvait fonctionner sans des prêts du FMI et de la Banque mondiale ; la politique sociale était impossible à soutenir.

Apparemment, nos partenaires ont eu l’impression qu’il était impossible pour notre pays, dans un avenir prévisible, de relancer son économie, son industrie, son industrie de défense et ses forces armées à des niveaux soutenant le potentiel stratégique nécessaire. Et si tel est le cas, il est inutile de tenir compte de l’opinion de la Russie, il est nécessaire de poursuivre l’ultime avantage militaire unilatéral afin de dicter les termes à l’avenir, dans toutes les domaines.

Fondamentalement, cette position, cette logique, à partir des réalités de cette période, est compréhensible, et nous sommes nous-mêmes à blâmer. Durant ces 15 années écoulées depuis le retrait des États-Unis du Traité sur les missiles anti-balistiques, nous avons constamment essayé de réengager le côté américain dans des discussions sérieuses, pour obtenir des arrangements dans la sphère de la stabilité stratégique.

Nous avons réussi à atteindre certains de ces objectifs. En 2010, la Russie et les États-Unis ont signé le nouveau traité START, contenant des mesures pour la réduction et la limitation des armes offensives stratégiques. Cependant, à la lumière des projets de construction d’un système mondial de missiles anti-balistiques, qui sont toujours en cours aujourd’hui, tous les accords signés dans le cadre du nouveau START commencent à être progressivement dévalués car pendant que le nombre de vecteurs porteurs et d’armes se réduit, l’une des parties, à savoir les États-Unis, s’autorise une croissance constante et incontrôlée du nombre de missiles anti-balistiques, améliore leur qualité et crée de nouvelles zones de lancement de missiles. Si nous ne faisons rien, cela aboutira finalement à la dévaluation complète du potentiel nucléaire de la Russie. Cela signifie que tous nos missiles pourraient tout simplement être interceptés.

Malgré nos nombreuses protestations et plaidoyers, la machine américaine a été mise en mouvement, la chaîne de production continue. De nouveaux systèmes de défense antimissile ont été installés en Alaska et en Californie ; à la suite de l’expansion de l’OTAN à l’est, deux nouvelles zones de défense antimissile ont été créées en Europe occidentale : une a déjà été créée en Roumanie, alors que le déploiement du système en Pologne est maintenant presque achevé. Leur gamme continuera d’augmenter ; de nouvelles zones de lancement doivent être créées au Japon et en Corée du Sud. Le système de défense antimissile mondial américain comprend également cinq croiseurs et 30 destroyers qui, à notre connaissance, ont été déployés dans des régions proches des frontières de la Russie. Je n’exagère pas le moins du monde ; et ce travail avance rapidement.

Qu’avons-nous fait, en dehors de la protestation et de l’avertissement ? Comment la Russie répondra-t-elle à ce défi ? Voici comment.

Durant toutes ces années, depuis le retrait unilatéral des États-Unis du Traité ABM, nous avons travaillé intensivement sur les équipements avancés et les armes, ce qui nous a permis de faire une percée dans le développement de nouveaux modèles d’armes stratégiques.

Laissez-moi rappeler que les États-Unis sont en train de créer un système de défense antimissile mondial, principalement pour contrer les armes stratégiques qui suivent des trajectoires balistiques. Ces armes forment l’épine dorsale de nos forces de dissuasion nucléaire, tout comme chez les autres membres du club nucléaire.

En tant que telle, la Russie a développé et continue de perfectionner des systèmes hautement efficaces mais à prix modique pour vaincre la défense antimissile. Ils sont installés sur tous nos systèmes de missiles balistiques intercontinentaux.

En outre, nous nous sommes lancés dans le développement de la prochaine génération de missiles. Par exemple, le ministère de la Défense et les entreprises de l’industrie des missiles et de l’aérospatiale sont en phase active de test d’un nouveau système de missiles doté d’un lourd missile intercontinental. Nous l’avons appelé Sarmat.

Sarmat remplacera le système Voevoda fabriqué par l’URSS. Son immense pouvoir était universellement reconnu. Nos collègues étrangers lui ont même donné un nom assez menaçant (SS-18 Satan).

Cela dit, les capacités du missile Sarmat sont beaucoup plus grandes. Pesant plus de 200 tonnes, il a une phase de décollage courte, ce qui le rend plus difficile à intercepter pour les systèmes de défense antimissile. La portée du nouveau missile lourd, le nombre et la puissance de ses ogives sont plus importants que ceux de Voevoda. Sarmat sera équipé d’un large éventail de têtes nucléaires puissantes, y compris hypersoniques, et les moyens les plus modernes d’échapper à la défense antimissile. Le haut degré de protection des lanceurs de missiles et les capacités énergétiques importantes du système permettront de l’utiliser dans n’importe quelles conditions.

Pourriez-vous montrer la vidéo, s’il vous plaît ?

La portée du Vevevoda est de 11 000 km alors que le Sarmat n’a pratiquement aucune restriction de portée.

Comme le montre la vidéo, il peut attaquer des cibles à la fois via les pôles Nord et Sud.

Sarmat est un missile formidable et, en raison de ses caractéristiques, n’est pas troublé par les systèmes de défense antimissile les plus avancés.

Mais nous ne nous sommes pas arrêtés là. Nous avons commencé à développer de nouveaux types d’armes stratégiques qui n’utilisent pas du tout des trajectoires balistiques lorsqu’elles se dirigent vers une cible et, par conséquent, les systèmes de défense antimissile sont inutiles contre elles, absolument inutiles.

Permettez-moi d’apporter des précisions concernant ces armes.

Les armes avancées de la Russie sont à la pointe de la technologie, une réalisation unique de nos scientifiques, concepteurs et ingénieurs. L’une d’entre elles est une unité de production d’énergie nucléaire à petite échelle qui peut être installée dans un missile comme notre dernier missile lancé par air X-101 ou le missile américain Tomahawk – un type similaire mais avec une portée des dizaines de fois supérieure, des dizaines, en pratique une portée illimitée. Il s’agit d’un missile furtif volant à basse altitude transportant une ogive nucléaire, avec une portée presque illimitée, une trajectoire imprévisible et une capacité à contourner les zones d’interception. Il est invincible contre tous les systèmes de défense antimissile et de défense anti-aérienne existants et à venir. Je vais le répéter plusieurs fois aujourd’hui.

Fin 2017, la Russie a lancé avec succès son plus récent missile à propulsion nucléaire sur le terrain d’entraînement central. Pendant son vol, le moteur nucléaire a atteint sa capacité de conception en fournissant la propulsion nécessaire.

Maintenant que le lancement du missiles et les essais au sol ont été couronnés de succès, nous pouvons commencer à développer un type d’arme complètement nouveau, une arme nucléaire stratégique équipant un missile avec un système de propulsion nucléaire.

Envoyez la vidéo, s’il vous plaît.

Vous pouvez voir comment le missile contourne les intercepteurs. Comme la portée est illimitée, le missile peut manœuvrer aussi longtemps que nécessaire.

Comme vous le savez sans doute, aucun autre pays n’a développé quelque chose comme ça. Il y aura quelque chose de similaire un jour mais à ce moment-là, nos gars auront trouvé encore mieux.

Maintenant, nous savons tous que la conception et le développement de systèmes d’armes sans pilote est une autre tendance commune dans le monde. En ce qui concerne la Russie, nous avons développé des engins submersibles sans pilote qui peuvent se déplacer à de grandes profondeurs (je dirais des profondeurs extrêmes) par des voies intercontinentales, à une vitesse plusieurs fois supérieure à celle des sous-marins, des torpilles de pointe et de toutes sortes de navires de surface, même les plus rapides. C’est vraiment fantastique. Ils sont silencieux, très maniables et n’ont pratiquement aucune vulnérabilité à exploiter par l’ennemi. Il n’y a tout simplement rien dans le monde capable de leur résister.

Les véhicules sous-marins sans pilote peuvent transporter des ogives conventionnelles ou nucléaires, ce qui leur permet d’engager diverses cibles, notamment des groupes d’aéronefs, des fortifications côtières et des infrastructures.

En décembre 2017, une unité de production d’énergie nucléaire innovante pour ce véhicule sous-marin sans équipage a complété un cycle d’essai qui a duré de nombreuses années. Le moteur nucléaire est unique pour sa petite taille tout en offrant un rapport poids/puissance incroyable. Il est cent fois plus petit que les unités qui alimentent les sous-marins modernes, mais il est encore plus puissant et peut passer en mode combat, c’est-à-dire atteindre une capacité maximale 200 fois plus vite.

Les tests effectués nous ont permis de commencer à développer un nouveau type de vecteur stratégique qui peut transporter des armes nucléaire massives.

Lancez la vidéo, s’il vous plaît.

À propos, nous n’avons pas encore choisi de noms pour ces deux nouvelles armes stratégiques, le missile de croisière à portée illimitée et le véhicule sous-marin sans pilote. Nous attendons des suggestions du ministère de la Défense.

On sait que les pays à fort potentiel de recherche et de technologie de pointe développent activement des armes dites hypersoniques. La vitesse du son est généralement mesurée en nombre de Mach en l’honneur du scientifique autrichien Ernst Mach, connu pour ses recherches dans ce domaine. Un Mach est égal à 1 062 kilomètres par heure à une altitude de 11 kilomètres. La vitesse du son est Mach 1, les vitesses entre Mach 1 et Mach 5 sont appelées supersoniques, et l’hypersonique est supérieure à Mach 5. Bien sûr, ce type d’arme procure des avantages substantiels dans un conflit armé. Les experts militaires pensent que ce système serait extrêmement puissant et que sa vitesse le rendrait invulnérable aux systèmes actuels de défense antimissile et aérienne, puisque les missiles intercepteurs ne sont, en termes simples, pas assez rapides. À cet égard, il est tout à fait compréhensible que les principales armées du monde cherchent à posséder une telle arme idéale.

Amis, la Russie a déjà une telle arme.

L’étape la plus importante dans le développement des systèmes d’armes modernes a été la création d’un système de missile hypersonique de haute précision ; comme vous le savez déjà, c’est le seul du genre au monde. Les essais ont été achevés avec succès et, en outre, le 1er décembre de l’année dernière, ces systèmes ont commencé leur service d’essai sur les aérodromes du District militaire sud.

Les caractéristiques de vol uniques de l’avion transporteur à grande vitesse permettent la livraison du missile au point de décharge en quelques minutes. Le missile volant à une vitesse hypersonique, dix fois plus rapide que la vitesse du son, peut également manœuvrer pendant toutes les phases de sa trajectoire de vol, ce qui lui permet également de vaincre tout système de défense anti-aérienne et anti-missile actuel, et je pense futur, délivrant des ogives nucléaires et conventionnelles à une distance de plus de 2 000 kilomètres. Nous avons appelé ce système Kinzhal (Dagger).

Vidéo, s’il vous plaît.

Mais ce n’est pas tout ce que j’ai à dire. Une véritable percée technologique est le développement d’un système de missiles stratégiques avec un équipement de combat fondamentalement nouveau, une aile volante, qui a également été testée avec succès. Je vais répéter une fois de plus ce que nous avons dit à plusieurs reprises à nos partenaires américains et européens membres de l’OTAN : nous ferons les efforts nécessaires pour neutraliser les menaces posées par le déploiement du système de défense antimissile américain. Nous l’avons mentionné lors des discussions et nous l’avons même dit publiquement. Retour en 2004, après les exercices des forces nucléaires stratégiques lorsque le système a été testé pour la première fois, j’avais dit ce qui suit lors d’une réunion avec la presse (C’est embarrassant de me citer, mais c’est la bonne chose à dire ici) :

Ainsi, j’avais dit : « Alors que d’autres pays augmentent le nombre et la qualité de leurs armes et de leur potentiel militaire, la Russie devra également s’assurer qu’elle possède des armes et une technologie de nouvelle génération. 

À cet égard, je suis ravi de vous informer que les expérimentations réussies au cours de ces exercices nous permettent de confirmer que les forces armées russes, les Strategic Missile Forces, recevront prochainement de nouveaux systèmes d’armes à haute vitesse hypersonique et à haute précision capables de frapper des cibles à des distances intercontinentales et pouvant ajuster leur altitude et leur trajectoire pendant qu’ils voyagent. C’est une déclaration très importante car aucun pays dans le monde n’a à ce jour de telles armes dans son arsenal militaire. » Fin de citation.

Bien sûr, chaque mot a un sens parce que nous parlons de la possibilité de contourner les zones d’interception. Pourquoi avons-nous fait tout cela ? Pourquoi en avons-nous parlé ? Comme vous pouvez le voir, nous n’avons pas caché nos plans et nous en avons parlé ouvertement, principalement pour encourager nos partenaires à discuter. Je le répète, c’était en 2004. Il est étonnant qu’en dépit de tous les problèmes économiques, financiers et ceux de l’industrie de la défense, la Russie soit restée une grande puissance nucléaire. Non, personne ne voulait vraiment nous parler du problème et personne ne voulait nous écouter. Alors écoutez maintenant.

Contrairement aux types d’équipements de combat existants, ce système est capable d’effectuer un vol intercontinental à des vitesses supérieures à Mach 20.

Comme je l’ai dit en 2004, en atteignant sa cible, le missile de croisière en vol plané s’engage dans des manœuvres latérales intensives – horizontales et verticales – sur plusieurs milliers de kilomètres. C’est ce qui le rend absolument invulnérable à tout système de défense aérienne ou antimissile. L’utilisation de nouveaux matériaux composites a permis à ce type de missile de réaliser un vol guidé à longue distance pratiquement dans des conditions de formation d’un plasma. Il vole vers sa cible comme une météorite, comme une boule de feu. La température à sa surface atteint 1600-2000 degrés Celsius, mais le missile est guidé de manière fiable.

Lancez la vidéo, s’il vous plaît.

Pour des raisons évidentes, nous ne pouvons pas montrer l’apparence extérieure de ce système ici. C’est toujours très important. J’espère que tout le monde comprend cela. Mais laissez-moi vous assurer que nous avons tout cela et que cela fonctionne bien. De plus, les entreprises industrielles russes se sont lancées dans le développement d’un nouveau type d’arme stratégique. Nous l’avons appelé l’Avangard.

Nous sommes bien conscients qu’un certain nombre d’autres pays développent des armes avancées avec de nouvelles propriétés physiques. Nous avons toutes les raisons de croire que nous avons une longueur d’avance à ce propos – du moins dans les domaines les plus essentiels.

Nous avons réalisé des progrès significatifs dans le domaine des armes laser. Ce n’est plus seulement un concept ou un plan. Ce n’est même pas dans les premières étapes de production. Depuis l’année dernière, nos troupes ont été armées d’armes laser.

Je ne veux pas révéler plus de détails. Ce n’est pas encore le moment. Mais les experts comprendront qu’avec de tels armements, la capacité de défense de la Russie s’est multipliée.

Voici une autre courte vidéo.

Ceux qui s’intéressent aux équipements militaires sont invités à suggérer un nom pour ce nouvel armement, ce système de pointe.

Bien sûr, nous allons affiner cette technologie de pointe. Évidemment, il y a beaucoup plus de développement que ce que j’ai mentionné aujourd’hui. Mais cela suffit pour l’instant.

Je tiens spécialement à souligner que les armes stratégiques nouvellement développées – en fait, de nouveaux types d’armes stratégiques – ne sont pas le résultat de quelque chose qui nous est resté de l’Union soviétique. Bien sûr, nous nous sommes appuyés sur quelques idées de nos prédécesseurs ingénieux. Mais tout ce que j’ai décrit aujourd’hui est le résultat de plusieurs dizaines d’organismes de recherche, de bureaux d’études et d’instituts.

Des milliers, littéralement des milliers de nos experts, des scientifiques exceptionnels, des designers, des ingénieurs, des travailleurs passionnés et talentueux ont travaillé pendant des années, tranquillement, humblement, de façon désintéressée, avec un dévouement total. Il y a beaucoup de jeunes professionnels parmi eux. Ils sont nos vrais héros, avec notre personnel militaire qui a démontré les meilleures qualités de l’armée russe au combat. Je veux m’adresser à chacun d’entre eux et dire qu’il y aura absolument des prix, des prix et des titres honorifiques, mais comme j’ai souvent rencontré de nombreux participants en personne, je sais que vous n’êtes pas à la recherche de prix. Le plus important est d’assurer la sécurité de notre pays et de notre peuple de manière fiable. En tant que président et au nom du peuple russe, je tiens à vous remercier pour votre travail acharné et ses résultats. Notre pays en a tellement besoin.

Comme je l’ai déjà dit, tous les futurs produits militaires sont basés sur des progrès remarquables qui peuvent, devraient être et seront utilisés dans les secteurs civils de haute technologie. Je voudrais souligner que seul un pays doté du plus haut niveau de recherche fondamentale et d’éducation, d’une recherche développée, de la technologie, des infrastructures industrielles et des ressources humaines peut développer avec succès des armes uniques et complexes de ce type. Vous pouvez voir que la Russie a toutes ces ressources.

Nous allons développer ce potentiel et nous concentrer sur la réalisation des objectifs ambitieux que notre pays s’est fixés en termes de développement économique, social et d’infrastructure. Une défense efficace servira de garantie au développement à long terme de la Russie.

Je tiens à réaffirmer que chacun des systèmes d’armement que j’ai mentionnés est particulièrement important. Plus important encore, l’ensemble de ces avancées permet au ministère de la Défense et à l’état-major général de développer un système de défense complet, dans lequel chaque pièce du nouvel équipement militaire se verra attribuer un rôle approprié. En plus des armes stratégiques actuellement en alerte de combat et bénéficiant de mises à jour régulières, la Russie disposera d’une capacité de défense qui garantira sa sécurité à long terme.

Bien sûr, il y a beaucoup de choses à faire en matière de construction militaire, mais une chose est déjà claire : la Russie possède une armée moderne, de haute technologie, assez compacte compte tenu de la taille du territoire, centrée sur le corps des officiers, dévouée à son pays et prête à tout sacrifier pour son peuple. Tôt ou tard, d’autres armées auront également la technologie, les armes, même les plus avancées. Mais cela ne nous inquiète pas, puisque nous les avons déjà et que nous aurons de meilleurs armements à l’avenir. Ce qui importe, c’est qu’ils n’auront jamais des gens ou des officiers comme le pilote major Romain Filipov.

J’espère que tout ce qui a été dit aujourd’hui fera réfléchir à deux fois un agresseur éventuel, puisque des mesures hostiles contre la Russie, telles que le déploiement de défenses antimissiles et le rapprochement des infrastructures de l’OTAN à la frontière russe, deviennent inefficaces en termes militaires et entraînent des coûts injustifiés, les rendant inutiles pour ceux qui promeuvent ces initiatives.

Il était de notre devoir d’informer nos partenaires de ce que j’ai dit aujourd’hui sous les engagements internationaux auxquels la Russie avait souscrit. Le moment venu, les experts des ministères des Affaires étrangères et de la Défense auront de nombreuses occasions de discuter de toutes ces questions avec nos partenaires, si bien entendu ils le désirent.

Pour ma part, je dois noter que nous avons mené le travail de renforcement des capacités de défense de la Russie dans le cadre des accords actuels de contrôle des armements ; nous ne violons rien. Je devrais dire spécifiquement que la force militaire croissante de la Russie n’est une menace pour personne ; nous n’avons jamais eu l’intention d’utiliser ce potentiel pour des objectifs offensifs et encore moins agressifs.

Nous ne menaçons personne, nous n’attaquerons personne et nous ne saisirons rien de qui que ce soit sous la menace des armes. Nous n’avons besoin de rien. C’est exactement le contraire. J’estime nécessaire de souligner (et c’est très important) que la puissance militaire croissante de la Russie est une garantie solide de la paix mondiale car cette puissance préserve et maintiendra la parité stratégique et l’équilibre des forces dans le monde, qui, comme on le sait, a été et reste un facteur clé de la sécurité internationale après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à nos jours.

Et à ceux qui, au cours des 15 dernières années, ont essayé d’accélérer une course aux armements et cherché un avantage unilatéral contre la Russie, ont introduit des restrictions et des sanctions illégales du point de vue du droit international visant à restreindre le développement de notre nation, y compris dans le domaine militaire, je dirai ceci : tout ce que vous avez essayé d’empêcher par une telle politique est déjà advenu. Personne n’a réussi à brider la Russie.

Maintenant, nous devons être conscients de cette réalité et être sûrs que tout ce que j’ai dit aujourd’hui n’est pas un bluff – et ce n’est pas un bluff, croyez-moi – et donnera à réfléchir, et éloignera, ceux qui vivent dans le passé et sont incapables de regarder vers l’avenir, pour qu’ils cessent de faire tanguer le bateau dans lequel nous sommes tous et qui s’appelle la Terre.

À ce propos, je voudrais noter ce qui suit. Nous sommes grandement préoccupés par certaines dispositions de la révision de la posture nucléaire [des États-Unis], qui élargissent les possibilités de réduire le seuil d’utilisation des armes nucléaires. Derrière des portes closes, on peut dire n’importe quoi pour calmer quelqu’un, mais on lit ce qui est écrit. Et ce qui est écrit est que cette stratégie peut être mise en action en réponse aux attaques d’armes conventionnelles et même à une cyber-menace.

Je dois noter que notre doctrine militaire dit que la Russie se réserve le droit d’utiliser des armes nucléaires uniquement en réponse à une attaque nucléaire, ou une attaque avec d’autres armes de destruction massive contre le pays ou ses alliés, ou un acte d’agression contre nous avec l’utilisation d’armes conventionnelles qui menacent l’existence même de l’État. Tout cela est très clair et spécifique.

Ainsi, je vois qu’il est de mon devoir d’annoncer ce qui suit. Toute utilisation d’armes nucléaires contre la Russie ou ses alliés, armes de courte, moyenne ou de portée quelconque, sera considérée comme une attaque nucléaire contre notre pays. Les représailles seront immédiates, avec toutes les conséquences qui en découlent.

Il ne devrait y avoir aucun doute à ce sujet. Il n’y a pas besoin de créer plus de menaces pour le monde. Au lieu de cela, asseyons-nous à la table des négociations et imaginons ensemble un système nouveau et pertinent de sécurité internationale et de développement durable pour la civilisation humaine. Nous disons cela depuis le début. Toutes ces propositions sont toujours valables. La Russie est prête pour cela.

Nos politiques ne seront jamais basées sur des déclarations prétendant à l’exceptionnalisme. Nous protégeons nos intérêts et respectons les intérêts des autres pays. Nous observons le droit international et croyons au rôle central inviolable de l’ONU. Ce sont les principes et les approches qui nous permettent de construire des relations fortes, amicales et égalitaires avec la majorité absolue des pays.

Notre partenariat stratégique global avec la République populaire de Chine en est un exemple. La Russie et l’Inde bénéficient également d’une relation stratégique spéciale privilégiée. Nos relations avec de nombreux autres pays dans le monde entrent dans une nouvelle phase dynamique.

La Russie est largement impliquée dans les organisations internationales. Avec nos partenaires, nous faisons progresser des associations et des groupes tels que l’OTSC, l’Organisation de coopération de Shanghai et les BRICS. Nous faisons la promotion d’un programme positif à l’ONU, au G20 et à l’APEC. Nous sommes intéressés par une coopération normale et constructive avec les États-Unis et l’Union européenne. Nous espérons que le bon sens prévaudra et que nos partenaires opteront pour un travail honnête sur un pied d’égalité.

Même si nos points de vue divergent sur certains points, nous demeurons des partenaires parce que nous devons travailler ensemble pour relever les défis les plus complexes, assurer la sécurité mondiale et construire le monde futur, de plus en plus interconnecté, avec des processus d’intégration de plus en plus dynamiques.

La Russie et ses partenaires de l’Union économique eurasienne cherchent à faire un groupe d’intégration mondialement compétitif. L’agenda de l’UEE comprend la construction d’un marché commun pour l’électricité, le pétrole, les produits pétroliers et le gaz, l’harmonisation des marchés financiers et la mise en relation de nos autorités douanières. Nous continuerons également à travailler à un plus grand partenariat eurasien.

Collègues,

C’est une période de changement pour le monde entier et ceux qui sont prêts et capables de changer, ceux qui agissent et progressent prendront les devants. La Russie et son peuple ont exprimé cette volonté à chaque moment décisif de notre histoire. En seulement 30 ans, nous avons subi des changements qui ont pris des siècles dans d’autres pays.

Nous continuerons à tracer notre propre chemin avec confiance, comme nous l’avons toujours fait. Nous allons rester unis, comme nous l’avons toujours fait. Notre unité est la base la plus durable pour les progrès futurs. Dans les années à venir, notre objectif est de renforcer davantage cette unité afin que nous formions une équipe qui comprenne que le changement est nécessaire et soit prête à consacrer son énergie, ses connaissances, son expérience et son talent à la réalisation d’objectifs communs.

Les défis et les objectifs ambitieux donnent un sens particulier à nos vies. Nous devons être audacieux dans nos plans et nos actions, prendre des responsabilités et des initiatives, et devenir plus forts, ce qui signifie être utiles à nos familles, à nos enfants, à tout le pays ; changer le monde et notre pays pour le mieux ; et créer la Russie dont nous rêvons tous. Ce n’est qu’alors que la prochaine décennie et l’ensemble du XXIe siècle seront sans aucun doute l’âge des triomphes exceptionnels pour la Russie et notre succès commun. Je crois que ce sera le cas.

Merci.

 

 

Traduit par Diane et jj, relu par Catherine pour le Saker francophone

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Le Premier ministre éthiopien a démissionné de manière inattendue et a déclenché un nouvel état d’urgence dans le deuxième plus grand pays d’Afrique.

Le premier ministre Haile Mariam Desalegn a fait cette annonce à la fin de la semaine dernière, mais a déclaré qu’il continuerait d’exercer ses fonctions jusqu’à ce que le gouvernement nomme un successeur. Cette action surprise a pour toile de fond la libération par les autorités de dizaines de personnalités de l’opposition accusées de terrorisme et d’autres crimes connexes depuis la mise en place du dernier état d’urgence à l’automne 2016. À l’époque, le groupe ethnique le plus important, les Oromos, a été impliqué dans les troubles. Ils ont été galvanisés par les plans du gouvernement d’étendre la région de la capitale en empiétant sur leur territoire historique qui entoure complètement Addis-Abeba.

Cependant, ce groupe a récemment été en conflit avec les Somaliens ethniques sur des droits fonciers le long de leur frontière intérieure controversée, et la deuxième plus grande minorité et peuple éthiopien traditionnel de l’Amhara a commencé séparément ses propres manifestations anti-gouvernementales. Au total, des groupes ethniques représentant plus de la moitié de la population du pays créent de graves perturbations à travers tout le pays. Le point commun derrière leurs actions est leur mécontentement partagé sur la nature du fédéralisme éthiopien. L’opposition estime qu’elle est superficielle et ne fait que donner un pourboire aux minorités dominantes de chaque région, tandis que les autorités affirment qu’une délégation de pouvoirs supplémentaires conduirait à la « balkanisation » du pays.

La situation en matière de sécurité est d’autant plus marquée que certains des groupes ethniques minoritaires opposés au gouvernement sont armés et bénéficieraient d’une aide de l’Érythrée voisine, une ancienne région de l’État Éthiopien, désormais enclavée, qui a accédé à l’indépendance en 1993. Depuis, ce nouveau pays s’est engagé à miner son ancienne patrie. Ceci explique pourquoi Addis-Abeba s’est senti obligé d’imposer un autre état d’urgence afin de prévenir toute menace qui pourrait se matérialiser pendant cette période sensible. Quant à savoir pourquoi le premier ministre a démissionné soudainement, il ne s’agit pas nécessairement du résultat direct des troubles eux-mêmes, mais plutôt celui de divisions « profondes »qu’ils ont contribué à accentuer.

Les partis Oromo et Amhara qui font partie du Front démocratique révolutionnaire populaire éthiopien (EPRDF), se sont probablement sentis contraints par les troubles dans leurs régions pour faire pression sur leurs homologues du Tigré et du Peuple du Sud – le premier aurait une influence disproportionnée sur l’État – pour permettre la libération de leurs compatriotes emprisonnés. Cela a enhardit indirectement les « réformistes fédéralistes » et contribué à cette crise de sécurité en spirale que seule la démission du Premier ministre et l’état d’urgence subséquent ont la moindre chance de contrôler. Cependant, les conséquences de ces derniers événements ne se limitent pas seulement au pays de la Corne de l’Afrique, car elles ont aussi de sérieuses implications pour la Chine.

Le chemin de fer Djibouti-Addis-Abeba récemment ouvert le « CPEC sino-africain » représente le principal investissement de la Route de la soie sur le continent, mais ce couloir de transit vital pour le deuxième plus grand pays d’Afrique pourrait être menacé si les agitations des Oromos ne sont pas réprimées et si des groupes armés sabotent cette route. De plus, la simple perception de l’Éthiopie comme d’un endroit « dangereux » – objectivement ou non – pourrait décourager les investisseurs internationaux et ralentir le taux de croissance rapide de ce pays appauvri. Cette situation pourrait entraver ainsi les plans de modernisation économique et influer indirectement sur les grandes attentes stratégiques de la Chine pour l’Éthiopie et le reste de l’Afrique, dans une large mesure, dans le contexte de l’émergence de l’ordre mondial multipolaire.

Andrew Korybko

 

Article original en anglais :

Ethiopia’s Latest State of Emergency

Oriental Review 26 février 2018

Traduit par Hervé relu par Cat pour le Saker Francophone

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime(2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

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Les Palestiniens de la ville de Rafah au sud de Gaza reçoivent, le 23 janvier 2017, leurs rations mensuelles de nourriture dans un centre de distribution de l’UNRWA. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

« La Bande de Gaza est au bord d’une crise humanitaire. » Vous avez déjà entendu ça ? On nous parle de l’effondrement imminent à Gaza de l’eau potable, des eaux usées, de la santé et des installations électriques depuis l’éclatement de la Seconde Intifada, il y a 18 ans.

Dans leur livre « La Condition de l’État unique », Ariella Azoulay et Adi Ophir essaient de répondre à la question : « Quel est l’intérêt d’Israël à maintenir Gaza au bord de l’effondrement ? »

Leur réponse demeure valable quinze ans plus tard : c’est de maintenir les Palestiniens perpétuellement au point  de non retour, donnant ainsi la preuve de la victoire décisive d’Israël. Les Palestiniens ne peuvent pas considérer leurs existences comme une évidence légitime, car Israël peut prendre leurs vies n’importe quand. C’est la base du rapport de domination d’Israël sur les Palestiniens.

Dans leur livre « La Condition de l’État unique », Ariella Azoulay et Adi Ophir essaient de répondre à la question : quel est l’intérêt a d’Israël à maintenir Gaza au bord de l’effondrement ?

Mais si cette réponse est juste, elle n’est pourtant pas suffisante. Il y a aussi une réponse économique: Tant que Gaza demeure au bord de l’effondrement, les donateurs internationaux maintiennent le flux d’argent de l’aide humanitaire. Si la crise prenait fin et si le siège était levé, on peut être presque sûrs que les donateurs internationaux changeraient de type d’aide concentrerait à nouveau leur subsides au développement de l’économie gazaouie (comme cela s’est passé de 1994 à 2000, jusqu’au déclenchement de la Seconde Intifada).

Ce type d’aide entrerait vraisemblablement en concurrence avec certaines branches des sociétés israéliennes et menacerait donc l’économie israélienne. Maintenir Gaza au bord de l’effondrement assujettit l’arrivée de l’argent de l’aide humanitaire internationale exactement là où il sert les intérêts d’Israël.

Compte tenu de la force croissante de la droite populiste, qui représente les Palestiniens comme des ennemis absolus de l’État d’Israël, nous devons nous demander pourquoi le gouvernement israélien a refusé la deuxième opportunité qu’il a eue de sortir de la situation « limite » – précipiter une crise humanitaire encore pire et provoquer des décès en masse à Gaza et plus généralement dans les territoires occupés. Malgré sa haine nationale toujours plus profonde envers les Palestiniens, le gouvernement israélien a clairement fait ce qu’il fallait pour prévenir ce genre de scénario, autorisant la livraison d’urgence de médicaments et de machines de désalinisation (financées internationalement) pour empêcher des décès en masse à Gaza. Mais pourquoi ?

En dépit des nombreuses protestations du côté palestinien, les Accords de Paris signés en 1994 constituent toujours le cadre des principaux accords économiques entre Israël et l’Autorité Palestinienne, y compris la Bande de Gaza. Israël contrôle le système douanier et il n’y a donc pas de droits de douane sur les produits importés d’Israël vers les territoires occupés, tandis qu’il y en a sur les produits importés de l’étranger.

Les organisations internationales sont tenues de fournir de l’aide humanitaire de la façon la plus efficace possible. Elles doivent acheter la nourriture la moins chère possible pour aider le plus de gens possible dans les limites de leur budget. Alors que les produits alimentaires sont moins chers en Jordanie et en Egypte, l’importation de nourriture de Jordanie et d’Egypte dans les territoires occupés est taxée. En principe, les taxes vont dans les caisses de l’AP, mais ceci ne préoccupe pas les organisations humanitaires. Au lieu de cela, on leur demande d’acheter aux sociétés israéliennes davantage de produits à distribuer, sauf si le coût de l’importation d’un autre pays, taxes comprises, soit inférieur au prix en Israël.

De plus, les règles de sécurité israéliennes exigent que les organisations humanitaires utilisent les sociétés de transport et les véhicules israéliens, étant donné que les sociétés palestiniennes n’ont pas le droit d’entrer en Israël pour récupérer les marchandises dans les aéroports ou les ports de mer. Encore plus significatif:  le fait que les Palestiniens n’ont pas leur propre monnaie ni de banque centrale : l’aide financière doit se faire en nouveaux shekels israéliens. La monnaie étrangère reste à la Banque d’Israël et les banques commerciales israéliennes collectent quantité de frais de service au cours de toutes ces opérations.

En réalité, le gouvernement israélien exporte l’occupation : tant que la communauté internationale souhaite contribuer financièrement à la prévention d’une crise humanitaire à Gaza, les sociétés israéliennes  leur fournissent des marchandises et des services et à en recevoir le paiement en devises étrangères.

Des réfugiés palestiniens reçoivent des colis de soutien à un centre de distribution de nourriture des Nations Unies à Rafah au sud de la Bande de Gaza le 21 janvier 2018. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

Dans une étude que j’ai conduite pour l’association palestinienne Aid Watch (Observatoire de l’Aide) en 2015, j’ai remarqué la corrélation qui existe entre l’aide internationale d’un côté et le déficit en marchandises et services entre les économies palestinienne et israélienne de l’autre. Pour cette étude, les données venaient de la période 2000-2013. J’ai découvert que quelque 78 % de l’aide fournie aux Palestiniens se retrouvait dans l’économie israélienne. C’est une estimation grossière, bien sûr. Et il faut se souvenir que cela ne représente pas qu’un simple profit net pour les sociétés israéliennes, mais des recettes. Les sociétés israéliennes doivent fournir les marchandises et les services contre cet argent et supporter les coûts de production.

Au vu de ces chiffres, il est aisé de comprendre le fossé qui existe entre les déclarations du gouvernement populiste contre les Palestiniens et les mesures qu’il prend, tranquillement mais systématiquement, pour faire croître l’aide humanitaire internationale envers les Palestiniens. En janvier, au cours d’une réunion d’urgence des pays contributeurs, le ministre de la Coopération Régionale Tzahi Hanegbi a présenté un plan d’un milliard de dollars pour la reconstruction de la Bande de Gaza – financé de l’étranger, bien sûr. Le plan du ministre des Transports Yisrael Katz pour construire une île artificielle au large de Gaza suggérait aussi que des bailleurs étrangers supportent aussi une partie du coût de l’occupation, apportant ainsi des devises étrangères dans les caisses israéliennes et empêchant en même temps la situation à Gaza de se détériorer jusqu’au point de non retour.

Le tableau que j’ai présenté ici n’est pas nouveau. C’est évident pour les pays contributeurs, les organisations d’aide internationale, l’armée israélienne et le gouvernement israélien. C’est évident, bien sûr, pour les Palestiniens, qui ont besoin de cette aide mais qui savent aussi qu’elle facilite la tâche de l’occupation pour les autorités israéliennes.

Pourtant, on trouve un autre sérieux problème dans ce tableau. Il présuppose l’existence d’un état qu’on appelle « la limite » de la crise humanitaire et qui génère des discussions sans fin sur le fait de savoir si la situation actuelle constitue un crise ou non. Mais à partir de quand exactement la situation économique de Gaza constitue-t-elle une crise humanitaire ? Combien faut-il de morts avant que le siège soit levé pour éviter d’atteindre ce point au-delà duquel on ne peut mettre fin à la famine de masse, à la maladie et à la désintégration du tissu social ?

L’initiative d’aide récente la plus importante pour dépasser cette situation, c’est l’initiative de la flottille. Les flottilles apportent de l’aide aux Palestiniens en coordination avec les demandes spécifiques des résidents de Gaza qui n’ont pas le droit de passer par Kerem Shalom. Sans utiliser des devises israéliennes et sans payer de droits de douane au trésor public israélien, les bateaux tentent d’apporter directement de l’aide sans intermédiaire. Sans surprise, la réponse d’Israël a été violente – en mai 2010, l’armée a tué neuf militants sur le Mavi Marmara.

Mais que ferait le gouvernement israélien si les principales organisations d’aide internationale adoptaient un mode d’action similaire pour fournir directement de l’aide aux Palestiniens, sans utiliser les sociétés israéliennes et sans payer de taxes aux autorités israéliennes ? Cette stratégie mettrait en évidence l’intérêt économique qu’a Israël à garder Gaza à « la limite » et obligerait le gouvernement israélien à choisir : prendre un contrôle direct sur la vie des Palestiniens et en assumer le coût, ou permettre aux organisations humanitaires internationales de fournir l’aide aux conditions de leur choix, aidant ainsi les Palestiniens à sortir de la crise.

Ceci n’abrogerait pas la responsabilité d’Israël envers les Palestiniens – qui est définie par le droit international – mais cela éliminerait le stimulant financier qui pousse Israël à maintenir l’occupation et le siège de Gaza.

Shir Hever

Shir Hever est un chercheur en économie et journaliste qui vit à Heidelberg, Allemagne. Son dernier livre, La Privatisation de la Sécurité Israélienne, a été publié par Pluto Press en 2017.

Une première version en hébreu de cet article est parue à Local Call. A lire ici.

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

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«La femme est l’avenir de l’homme». Louis Aragon

Rituellement et par suivisme on se rappelle de l’apport de la femme pour commémorer toujours par suivisme un évènement qui a démarré aux Etats Unis et qui a concerné des femmes occidentales dans un contexte particulier. Depuis c’est devenu la mode de mettre la femme en avant pour ensuite l’oublier pendant 364 jours. En fait il n’est de conquête que par un processus d’émancipation endogène non par rapport à l’homme mais par rapport à l’ignorance. Les pays musulmans et surtout arabes, n’ayant pas de vision pour leur peuple font dans le mimétisme ravageur d’un Occident qui série dicte la norme du bien et du mal

Qu’est-ce que la femme ?

Dans ce XXIe siècle de tout les dangers, la science bouscule tout les repères biologiques , identitaires et culturels . Même les religions n’arrivent pas à suivre et n’arrivent pas à développer un discours cohérent vis-à-vis des avancées de la science dénuées d’éthique. Il est admis en effet, que l’Occident est à bien des égards « sorti » de la religion –comme gardienne de repères sans pour autant en faire un fond de commerce comme le fit l’Eglise et même les gardiens de l’Orthodoxie musulmane, et du judaïsme excluant de ce fait tout libre arbitre- pour aller vers la libération multi- dimensionnelle allant jusqu’à problématiser le devenir de l’enfant , comme ce sera le cas dans certains pays où l’enfant est vêtu d’une façon indifférente comme un petit garçon ou comme une petite fille, alimentant de ce fait la théorie Queer , un théorie outre atlantique en Europe la théorie du genre qui fait que c’est à l’enfant de décider ce qu’il veut être fille ou garçon donnant corps à la fameuse sentence de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme , on le devient »

Au-delà des « avancées scientifiques » notamment de la césarienne, de la peridurale qui font que la femme n’enfante plus dans la douleur tel que dit dans la Bible , dans le monde du futur qui risque d’être structuré par le transhumanisme, le rôle de la femme en tant que matrice est remis en cause avec la PMA , les futurs utérus industriels . Le rôle de la femme devenant de plus difficile à cerner. La frontière est floue puisque rien de fondamental ne séparera la femme de l’homme dans une nouvelle humanité hybride homme machine avec les promesses à terme de l’immortalité.

S’il est vrai que le statut de la femme est différent en Orient ou en Occident, je ne suis pas sûr que la femme en Occident après deux siècles de lumière où sous les coups de boutoir du positivisme de la modernité , l’Eglise –héritière du judaïsme , gardienne du Temple et ayant fait- contrairement au sacerdoce du Christ- soit aussi le lieu de l’infériorité et de l’asservissement de la femme ; La modernité a mis le curseur totalement de l’autre côté de la morale de l’éthique. On assiste depuis un demi-siècle à un démantèlement de la cellule familiale à la confusion des rôles au non de la liberté individuelle. Naturellement le libéralisme sauvage y fait son beurre. Mais qu’en est y réellement du statut de la femme dans les religions et notamment dans l’Islam objet de toutes les sollicitudes de la part d’un Occident qui veut le faire rentrer dans la norme ?

Pour l’historienne Zohra Credy : « Le statut de la femme est une question qui alimente les débats aussi bien en Orient qu’en Occident. Ce qui est frappant c’est que dans les deux camps le discours est réducteur. En Occident on parle d’un islam, comme si l’islam était un. Le dogme ne s’impose pas partout et de la même façon à toutes les sociétés musulmanes. L’islam a été traversé par plusieurs courants et continue à être l’objet de multiples interprétations. En Orient, le discours islamique a tendance à réduire l’islam à un code régissant le statut de la femme et plus encore avec les islamistes à sa tenue vestimentaire. Le même juriste qui après avoir pris son verre de vin, peut regagner le tribunal et légiférer sur la base de lois religieuses ! Schizophrénie ? Peut-être ! C’est autour du statut de la femme que se cristallise le débat entre modernité et tradition depuis plus d’un siècle. Les techno-sciences ont imposé une certaine modernité aux sociétés arabo-musulmanes et on a l’impression que dans ce déchirement entre la modernité et la tradition certains cherchent à cantonner la femme dans son rôle de gardienne de la tradition islamique pendant que d’autres misent sur son émancipation ». (1)

Zohra Credy accuse les gardiens du dogme de ne pas faire preuve d’audace dans l’interprétation. Le problème jusqu’à quelle limite faut il être audacieux sans décrocher dut texte et aussi sur quel texte nous devons nous appuyer en priorité . le Coran ou les hadiths ? « Si l’égalité homme/femme écrit-elle pose encore problème c’est parce que certains musulmans ont décidé de continuer à recourir à des législations qui ont été établies au 9ème siècle. Cette décision n’a aucune légitimation coranique. Au contraire le Coran invite l’homme à s’adonner en permanence à l’interprétation des textes, à l’effort intellectuel pour les comprendre et les adapter en fonction des lieux et des circonstances (Al-Ijtihad). Les Musulmans ont l’islam qu’ils veulent avoir. L’islam rationnel et tolérant d’Ibn Rochd de Cordoue (Averroès) n’est pas l’islam salafiste et rigoriste d’ibn Taymiyya, fondateur de la doctrine fondamentaliste rigoriste wahhabite ». (1)

Le statut de la femme dans le Christianisme et le judaïsme

«Toutefois, ajoute –elle ,la discrimination de la femme n’est pas un problème particulier à l’islam. C’est pourquoi, les approches occidentales sur l’islam manquent d’objectivité car toutes les religions oppriment la femme au nom de lois divines, les textes de Saint Augustin et de Saint Paul sont éclairants à ce sujet. Saint Paul s’appuyant sur l’Ancien et le Nouveau Testament fonde le principe de la suprématie de l’homme sur la femme « Comme l’Eglise est soumise au Christ, ainsi soient soumises en toutes choses les femmes à leur maris » (…) Aujourd’hui, en Israël, Etat théocratique, ce que l’occident semble l’oublier, le statut de la femme obéit à la loi Talmudique. (…) Du fait de l’emprise des lois religieuses sur le droit de la famille en Israël, l’égalité homme femme n’existe pas. La gestion du divorce et du mariage est placée sous l’autorité exclusive des tribunaux rabbiniques depuis 1951. Il n’y a pas de mariage civil en Israël. Le divorce est un droit unilatéral masculin. La femme qui n’obtient pas le get, soit une déclaration de l’époux auprès du tribunal rabbinique acceptant le divorce, se trouve agunah , c’est-à-dire enchaînée à son mari. Si elle se remarie, son mariage est illégal et l’enfant issu de ce mariage est illégitime et dépourvu de droit. Par contre sans déclarer le get le mari peut se remarier et son mariage est béni par la loi religieuse». (1)

« L’islam conclut elle n’a donc pas le monopole de l’oppression de la femme, le discours des islamistes rencontre aisément celui des religieux juifs sur le terrain des discriminations de la femme. Le procès fait à l’islam à travers le port du foulard, vu comme une atteinte à la dignité de la femme, me semble d’autant plus inapproprié que le discours sur le voile oublie souvent que la République a colonisé l’Afrique du Nord. Pendant la période coloniale, la France n’a importé ni la laïcité ni l’émancipation de la femme ». (1)

Les repères à suivre

Loin de moi de décrire la marche à suivre pour que la femme soit l’égale de l’homme et le dépasse. Cependant, je suis de ceux qui sont convaincus que seul le savoir permettra à la femme de gagner ses galons, ce n’est ni un cadeau ni une aumône. Faut il rappeler pour autant que le droit de vote n’a été accordé aux femmes en France qu’en 1946 soit vingt ans après la Turquie d’Atatürk, que les femmes n’avaient pas le droit d’avoir un compte chèque jusqu’au début des années soixante dix. Ce n’est pas le fait de faire des quotas au sein des Assemblées Nationales vues comme des records qui feront que l’émancipation de la femme est acquise. Ce qui compte ce n’est pas l’aspect quantitatif mais l’aspect qualitatif, nous l’avons vu avec la déclaration intempestive, d’une députée inculte qui a failli problématiser un vivre ensemble déjà bien fragile. Un proverbe du terroir de l’Algérie nous apprend que « Kamcha nhale khir man chouari dhabbane » « Une poignée d’abeilles est de loin préférable à des sacs de mouches »

Dans cet ordre , et sans aller dans le détail , je vais décrire quelques héroînes qui ont parqué l’histoire de l’Algérie, ensuite je veux passerai en revue des exemples de réussite musulmans en formulant l’histoire que nos jeunes filles suivent ce chemin , celui du travail de la sueur , de la réflexion des études sérieuses loin de toute emprise idéologique. Naturellement ce que je crois être les invariants d’un islam millénaire doivent nous servir de repères et de fonds rocheux mais en l’occurrence, il s’agit justement d’ijtihad au sens de l’effort.

Les Algériennes qui ont marqué l’Histoire

Je veux présenter d’abord les héroïnes qui peuvent être pour nous des icones à suivre pour leur combat pour l’Algérie Ces femmes invisibles des battantes qui ont marqué l’histoire de l’Algérie Les Algériennes de coeur, qui ont défendu l’Algérie et qui méritent mille fois d’être à l’honneur, bien que leur modestie et leur grandeur d’âme leurs interdisent de faire dans le m’as-tu-vu et d’être aux premières loges pour avoir les faveurs des gouvernants et surtout à mille lieux de l’image que nous nous faisons de nos mères, humbles et discrètes. Le but de ce plaidoyer pour la femme est de convaincre qu’au-delà de la dimension de mère d’épouse, qu’il faut absolument conforter, le combat des femmes a donné ses lettres de noblesse à l’histoire de ce pays. Aussi loin que nous plongeons notre regard dans notre histoire, nous trouvons sans difficulté comme exemple de bravoure : l’Algérienne.

La première héroïne qui nous vient à l’esprit est Tin Hinan la princesse du Hoggar. Tin Hinan est le nom que des traditions orales donnent à l’ancêtre originelle des Touareg nobles du Hoggar. Tin Hinan serait, selon la tradition touarègue, une princesse originaire de la tribu Berabers, dans le Tafilalet; A la même époque, qui a entendu parler de Roba la berbère dont le sacerdoce a été récupéré par l’Eglise romaine? Au septième siècle , une autre héroïne Kahina Dihya ou Damya reine guerrière berbère zénète des Aurès qui combattit les Omeyyades lors de l’expansion islamique en Afrique du Nord au VIIe siècle. Plusieurs penseurs disent que c’est une des premières féministes bien avant le Moyen Âge et une des premières reines guerrières de l’Histoire.

Un autre fait glorieux qui met en scène la femme algérienne est celui du mystère de Fatma Tazoughert (la rouquine?). Unique femme, dit-on, des siècles après la Kahina, qui ait régné avec majorité sur les Aurès et perpétué le matriarcat, on la retrouve partout dans les chansons des «Rahabas» et les «contes». Nous arrivons au XIXe siècle, la figure altière de Lalla Fatma N’Soumer nous interpelle. En effet, lors de la phase de conquête, les troupes coloniales françaises eurent à affronter en Kabylie, une armée dirigée par une femme, Lalla Fatma N’Soumeur appellée la Jeanne d’Arc algérienne par son adversaire le maréchal Randon. Quand on pense avec quelle sollicitude en France Jeanne d’Arc est convoquée pour conforter un récit national fragile alors qu’en Algérie, ce sont des dizaines de Jeanne d’Arc qui peuvent valablement constituer la trame d’un récit national trois fois millénaire !!!

Nous ajouterons , Lalla Zineb, l’insoumise à la tête d’une grande zaouïa de l’ouest a marqué son époque à la fin du XIXe siècle . Elle lutta pied à pied avec le pouvoir colonial qui voulait l’évincer au profit de son cousin plus conciliant. Rien n’y fit, elle dirigea la zaouïa de main de maitre jusquà sa mort Pourquoi tant d’auteurs européens lui ont consacré des pages vibrantes Pourquoi l’Université de Berkeley lui consacre une étude monumentale et que l’Université algérienne semble en ignorer l’existence? Lalla Zineb se rappelle les récits des rescapés Mokrani. Elle se souvient de tous les chefs de confrérie écrasés par la machine de guerre coloniale, les Ouled Sidi Cheikh, les Bouamama, les Haddad.

Bien plus tard, les héroïnes de la guerre de Libération furent nombreuses Elles sont des exemples à prendre pour la jeunesse. Ces jeunes filles et dames n’avaient pas dépassé pour la plus part vingt cinq ans Il est impossible de recenser toutes celles qui -surtout modestement- ont contribué à l’Indépendance du pays. . Il est impossible de recenser toutes celles qui -surtout modestement- ont contribué à l’Indépendance du pays. Ces milliers d’anonymes dont il faut revivifier le souvenir se distinguent par leur «invisibilité» estimant qu’elles n’ont fait que leur devoir et n’ont pas à en faire un fonds de commerce. C es mères de ces sœurs de ces épouses qui ont rendu possibles chacune à sa façon la libération du pays du joug colonial.

Les femmes et le savoir dans la société iranienne

Si la femme algérienne veut s’émanciper, il est important qu’elle arrache le droit d’être éduquée. Cela ne sera pas suffisant, c’est à elle d’aller à la conquête du savoir. Je veux proposer dans ce qui suit quelques exemples de réussites dans un pays musulman, en l’occurrence l’Iran. Le premier exemple qui me vient à l’esprit est celui de Maryam Mirzakhani morte récemment en juillet 2017 ? Elle avait 40 ans et la vie devant elle. « Cela me brise le cœur…, partie bien trop tôt», a écrit Firouz Michael Naderi, scientifique américano-iranien et ancien de la Nasa, sur Twitter «Un génie ? Oui, mais aussi une fille, une mère et une épouse.» Maryam a battu nos attentes, en remportant une médaille d’or à l’Olympiade internationale de mathématiques en tant que première étudiante iranienne à le faire. Mirzakhani est un bijou pour toutes les femmes iraniennes et pour toutes les femmes du monde entier. Elle est un modèle pour être humble et humain ainsi que ses capacités intellectuelles et académiques.» Elle fut élève du lycée Farzanegan de Téhéran, un lycée pour jeunes filles surdouées dépendant du Sampad, Mirzakhani obtient un BSC en mathématiques en 1999 de l’université de technologie de Sharif à Téhéran, et un doctorat de mathématiques de Harvard en 2004 elle est nommée, à l’âge de 31 ans, professeur de mathématiques à Stanford après avoir été maître de conférences à l’université de Princeton. Maryam Mirzakhani était devenue, en 2014, la première femme lauréate de la plus prestigieuse récompense en mathématiques.» Après avoir boudé pendant une dizaine d’années ces olympiades du fait de résultats catastrophiques, l’Algérie a renoué depuis quelques années avec les concours.

L’année de la médaille Fields de Maryam Mirzakhani avait correspondu en Algérie à un événement attristant, celui d’un mimétisme ravageur d’un Occident qui met en œuvre une macdonalisation des cultures. Il fallait singer l’Occident non pas dans ses prouesses technologiques mais dans ce qu’il a de plus débilisant et dégradant. Ainsi dans une de mes contributions, j’avais étalé mon désespoir suite à l’élection de Miss Algérie 2014 au moment ou Maryam Mirzakhani recevait la médaille Fields, «(…) Dans l’Algérie de 2014, plus que jamais, le peuple est ‘’accompagné » dans ce qu’il y a de plus stérile en termes d’intelligence, de créativité. Ainsi, rituellement, comme au temps de l’Empire romain décadent, on distrait la plèbe, la canaille, les ‘’sans-dents », dirait le président Hollande, avec du pain et des jeux de cirque : ‘‘Panem et circenses » Notre faute , vient plus globalement de l’errance, de l’état d’esprit qui fait le manque de cap culturel, le désarmement moral, le laisser-aller sans stratégie d’ensemble qui font fait que chacun se croit autorisé à faire ce que bon lui semble, à être dans l’air du temps, à singer ce que l’Occident a de plus pervers, alors que le pays risque de s’effriter identitairement et est en passe de rater le train du progrès.»

On ne s’arrêtera pas de le dire, il n’y a que le savoir qui doit passer ! Il a fallu donc attendre 78 ans avant que la médaille Fields ne soit décernée à une femme. Hassan Rohani, a posté un tweet félicitant Maryam Mirzakhani, lauréate de la médaille Fields de mathématiques. «Félicitations à celle qui devient la première femme à remporter la médaille Fields et rend les Iraniens très fiers», écrit le dirigeant de la République islamique sur son fil Twitter. Loin des clichés occidentaux qui présentent l’Iran sous un jour couleur de soufre, la réalité est tout autre ! «Derrière chaque grand homme se trouve une femme plus grande, comme le dit le célèbre dicton. Si je peux ajouter humblement, derrière chaque grande nation se trouve une grande montagne d’hommes et de femmes innovantes, résilientes L’un des engagements les plus importants de la Révolution islamique était de fournir une éducation universelle aux Iraniens, indépendamment du genre et de la classe sociale. Aujourd’hui plus de 60% des universitaires sont des femmes. Selon la Banque mondiale, les femmes iraniennes se répartissent uniformément dans les secteurs économiques de l’éducation, de l’agriculture, de l’administration et des finances. De plus, en sciences, tout en rompant les frontières liées au genre, la première femme musulmane et le premier Iranien à se rendre à la station spatiale internationale était Mme Anousheh Ansari en 2006. (2)

De même, Mme Maryam Mirzakhani a fait de l’histoire en 2014 en tant que première femme et la première Iranienne à être honorée du prix le plus prestigieux en mathématiques, la médaille Fields. Elle a été professeur de mathématiques à l’Université de Stanford. L’Iran toujours eu une grande contribution aux progrès mathématiques et scientifiques grâce aux grands hommes comme al-Khawarizmi (l’inventeur de l’algèbre), Omar Khayyam (résolution des équations du 3e degré par la méthode graphique…), Il ne faut pas oublier que les femmes iraniennes sont aussi commandants de bords sur les avions .L’une d’elle est d’ailleurs PDG d’Iran Air Enfin chacun sait que Shirin Ebadi est la seule femme musulmane à avoir reçu le prix Nobel de littérature

L’Iran : est-ce le pays des miracles ou le pays du travail bien fait et de la rigueur ?

De nos jours, l’Iran est une puissance technologique performante. Elle est à des années-lumière des autres pays musulmans. Elle fabrique ses chars, ses avions et ses drones. Selon le Global Security (organe du Pentagone), l’armée de l’air iranienne est, quant à elle, capable de construire des avions de chasse type F4, des F5 et des F-17. Sa marine compte six sous-marins type SSK Kilo et serait en train d’en terminer quatre autres. Ses missiles sont très divers, de courte, moyenne et longue portée. Par ailleurs, l’Iran a créé et mis sur orbite son premier satellite. Dans un article élogieux, publié le 18 août 2008, le journal américain Newsweek, que l’on ne peut pas soupçonner pourtant d’empathie avec l’Iran, décrit le miracle : « En 2003, surprise des responsables du département d’Electronical Engineering de l’Université de Stanford, qui constatent que les meilleurs étudiants aux difficiles épreuves d’admission à leur cycle Ph.D. proviennent d’un même pays et d’un même établissement : la Sharif University of Science and Technology en Iran. Les parents privilégient, s’agissant de l’orientation scolaire de leurs enfants, les formations d’ingénieurs et la médecine aux autres disciplines. Une sélection rigoureuse : chaque année 1 500 000 lycéens passent un examen d’entrée à l’université, 10% d’entre eux s’orientent vers les universités publiques les plus prestigieuses et 1% parmi les plus brillants, telles que Sharif ». (2)

Où en sommes nous dans le pays ?

Une grève de plus qui plonge encore plus le système éducatif dans la tourmente . Une grève qui fait que l’enseignant revendique des acquis salariaux comme tous les travailleurs des autres secteurs. On l’aura compris le piège actuel de l’éducation est qu’elle gère des problème qui ne sont pas des ses prérogatives ! Loin s’en faut ! Par contre on l’aura compris l’acte pédagogique est totalement absent des revendications des syndicats et de la tutelle. Ce qui compte c’est de sauver l’année, c’est-à-dire le rituel du contenant et non le contenu, à savoir l’acte pédagogique et la façon dont il sera assimilé par l’élève maintenant qu’il est possible de sauver l’année avec des semaines de grève, quitte à faire appel à l’irrationnel

Le système éducatif algérien est malade du fait d’une lente détérioration de l’acte pédagogique et de la tentation de la facilité, Nous devons regarder vers le futur. Cependant, comment voulons nous faire émerger les disciplines scientifiques si on sait que les lycées techniques creusets des bacs les plus durs ( Mathématiques techniques) ont été carrément supprimés que les maths ne représentent que 2 % du total des élèves du secondaires, alors que ce chiffre est de 35% en Allemagne de 25 % en Iran ; Cerise sur le gâteau le laminage des matières scientifiques est consacré dans les études supérieures avec la disparition des filières d’ingénieurs et de techniciens ! Enfin La proportion de filles dans les disciplines de mathématiques et physique et technologique gagnerait à être plus élevée.

Conclusion

Où en sommes-nous de cette errance qui nous incite à commémorer les fêtes décidées par les autres dans d’autres contextes ? Doit on fêter ce 8 mars comme un solde de tout compte annuel de notre reconnaissance envers ces femmes ,nos mères nos filles nos épouses ou avoir constamment à l’esprit par des preuves au quotidien de notre attachement à ce qu’elles font pour nous ? Les vrais défis du pays sont d’avoir une vision pour le futur, De sursis en sursis, la crise morale est toujours là ! Comment la conjurer au-delà du fait d’un consensus des partis politiciens qui font de l’école et de l’université une caisse de résonance. Il nous faut un projet dans la durée ! Imaginons cette jeunesse -en panne d’espérance- soit fascinée par l’avenir elle serait prête à se défoncer pour le pays, c’est aux hommes politiques de leur donner du grain à moudre au lieu de les habituer à la pente dangereuse de la facilité, porteuse de tous les dangers.

Nous avons besoin de réhabiliter dans les faits nos repères et miser à marche forcée sur l’économie de la connaissance. L’Algérie ne peut rien faire sans une participation pleine est entière de la moitié de la population représentée par l’élément féminin Pour cela, il nous faut déconstruire les repères occidentaux et se ressourcer à nos propres valeurs, sinon nous continuerons dans un mimétisme ravageur à singer beaucoup de «valeurs» discutables de l’Occident perpétuant ainsi le mal le plus grand, l’errance qui fait de nous à Dieu ne plaise, des zombies ballotés dans tous les sens, par une doxa occidentale du magister dixit. Tous nos repères sont brouillés. Ne persistera en définitive, que le décorum sans épaisseur de cette commémoration sous forme d’une grande bouffe rituelle tous les 8 mars, une « zerda » pour utiliser un terme de l’Algérie profonde. Non, nous devons nous réveiller de ce grand sommeil Les brillantes performances des iraniennes ne doivent rien au hasard, elles sont issues d’un creuset de l’élite, mot encore tabou en Algérie. Jusqu’à quand nous ne comprendrons pas qu’il faut faire la place aux légitimités du neurone ? La question reste posée.

Prof. Chems Eddine Chitour

Notes
1. Zohra Credy : Le Statut de la femme dans le monde arabe http://arretsurinfo. ch/authors/zohra-credy: 25 novembre 2017
2. http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2017/07/17/article.php?sid=216500 &cid=41

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Si nous prenons au sérieux la Journée internationale des femmes, qui a lieu le 8 mars chaque année, pour faire campagne en faveur de la liberté et de l’égalité des femmes et des jeunes filles, alors nous ne devrions pas ignorer les Palestiniennes.

La violence et la discrimination dont les femmes du monde entier font l’expérience sont aggravées en Palestine par l’occupation et les pratiques d’apartheid israéliennes qui affectent tous les Palestiniens les femmes en particulier, de manière disproportionnée. Un exemple de la violence de l’occupation israélienne est son traitement des prisonnières palestiniennes.

À l’approche de la Journée internationale des femmes, il reste de nombreuses prisonnières dont le sort est au mieux incertain.

Ahed Tamimi

Ahed Tamimi (Photo: David Kattenburg)

La plus célèbre est peut-être Ahed Tamimi, 17 ans. Ahed reste en prison après avoir été arrêtée en décembre pour avoir giflé un soldat israélien au cours d’une manifestation contre l’extension des colonies israéliennes illégales dans son village de Nabi Salih en Cisjordanie.

Le procès d’Ahed dans un tribunal militaire israélien est fermé aux observateurs (officiellement pour sa « protection »), rendant la couverture du procès presque impossible. Elle est aussi confrontée à l’aggression des médias israéliens. En décembre, le journaliste israélien Ben Caspit a dit des protestations de la famille Tamimi, dans des commentaires retirés ultérieurement, que «  dans le cas des filles, nous devrions les faire payer à une autre occasion, dans l’obscurité, sans témoins ni caméras ».

Manal Tamimi est une femme moins bien connue de la famille Tamimi qui n’ignore pas la brutalité de l’occupation. Malgré les efforts pour saboter ses comptes sur les réseaux sociaux, Manal réussit à dénoncer les violations quotidiennes des droits humains dont souffrent les Palestiniens vivant sous occupation israélienne.

Facebook a apparemment restreint le compte de Manal après qu’elle a diffusé en direct un des raids israéliens sur Nabi Saleh le 25 février, au cours duquel huit jeunes habitants ont été enlevés. Parmi ces jeunes arrêtés se trouvaitMohammed Tamimi, un cousin d’Ahed.

L’arrestation de Mohammed a provoqué une large indignation, car il a un tiers du crâne en moins après un tir à bout portant d’un soldat israélien en décembre. Cet incident a déclenché la manifestation au cours de laquelle Ahed a été arrêtée.

Quant à elles, Rusaila et Sara Shamasneh sont une mère et sa fille de la ville palestinienne de Qatanna. Elles ont été relâchées le 25 février, mais seulement après que Rusaila a eu recours à une grève de la faim pour protester contre la séparation d’avec sa fille.

Cinq jours plus tôt, elles avaient été condamnées à 40 jours d’emprisonnement sur la charge mal définie et fourre-tout d’ « incitation ». Les charges se réfèrent à des commentaires faits deux ans plus tôt lors des funérailles de leur fils et frère Mohammed Shamasneh, qui a été tué par des soldats israéliens.

Dareen Tatour

Dareen Tatour est l’une des nombreuses prisonnières politiques palestiniennes qui ont été maltraitées par le système judiciaire israélien.

L’expérience du système judiciaire israélien qu’a eue la poétesse palestinienne Dareen Tatour est un autre cas de son injustice. Initialement assignée à résidence et interdite d’utilisation d’Internet après qu’elle a mis en ligne une présentation d’un de ses poèmes, elle a perdu jusqu’à maintenant plus de deux ans de sa vie en détention et procès.

972mag.com déclarait en décembre : «  Depuis un an et demi, un drame étrange et perturbant se déroule dans une cour de justice de Haifa. À la place de l’accusée se trouve une poétesse, en jugement pour un poème politique qu’elle a écrit, interprété et publié sur Facebook. Qu’elle aille ou non en prison pour avoir rendu public ce poème repose largement sur la manière dont le juge interprète finalement quelques mots traduits par un [officier de police] dont la principale qualification est qu’il a étudié la littérature arabe au lycée.

Dareen Tatour, 35 ans, est une citoyenne palestinienne de la ville de Reineh, juste à la sortie de Nazareth. Son poème ‘Qawem Ya Sha’abi, Qawemhum’ (‘Résiste, mon peuple, résiste-leur’) a été rendu public en 2015, à l’apogée des manifestations palestiniennes en Israël et en Cisjordanie et d’une vague d’attaques à l’arme blanche, ou contre des véhicules, de la part de prétendus ‘loups solitaires’ contre des forces de sécurité israéliennes et contre des civils, principalement à Jérusalem et à Hébron.

Quelques jours plus tardla police a fait irruption dans sa maison et l’a arrêtée au milieu de la nuit. Elle a passé trois mois en prison et est assignée à résidence depuis, attendant le jugement de son procès. Elle a été inculpée d’incitation à la violence et pour avoir exprimé son soutien à une organisation terroriste ».

L’article remarquait : «  Son arrestation et son procès politique représentent une nouvelle ère terrifiante dans laquelle les Palestiniens, et quelques Juifs israéliens, sont arrêtés et emprisonnés par les autorités israéliennes, parfois sans procès, pour des choses qu’ils écrivent sur Facebook…

Dans les deux dernières années, Israël a a arrêté des centaines de Palestiniens… (et un très petit nombre de Juifs israéliens) pour des déclarations politiques publiées en ligne — principalement sur Facebook…

Presque tout Palestinien arrêté ces jours-ci dans n’importe quel contexte de dissidence ou de protestation politique se voit demander par ses interrogateurs de montrer ses comptes sur les réseaux sociaux. Leur contenu devient souvent la substance des charges criminelles, dont la sévérité est souvent calculée selon le nombre de followers, de « j’aime » et de partagesde tout post accablant qui y est trouvé»

Le cas de Tatour a déclenché des protestations de la part d’une série d’écrivains renommés et de PEN International, une ONG défendant globalement la liberté d’expression des écrivains.

Khalida Jarrar

Khalida Jarrar (Photo: Abed Omar Qusini/Reuters)

Khalida Jarrar est une avocate senior de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine, le corps représentant officiellement le peuple palestinien), membre élue du Conseil législatif palestinien pour le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), socialiste et révolutionnaire. Elle a été condamnée à six mois de « détention administrative » en juillet dernier après son arrestation dans un raid juste avant l’aube à Ramallah en Cisjordanie. Elle a été inculpée d’ « incitation à la violence ».

La détention administrative est une mesure controversée qui permet aux cours israéliennes de garder les Palestiniens en prison sans inculpation ni procès. Bien qu’elle n’ait pas eu de procès sur l’allégation d’ « incitation », Jarrar a vu son ordonnance de détention administrative renouvelée pour six mois en janvier, selon Amnesty International.

De telles ordonnances peuvent être renouvelées indéfiniment sans qu’il soit besoin d’inculper le ou la détenu.e.

Le cas de Jarrar n’est pas aussi largement connu hors de Palestine que celui d’Ahed Tamimi, mais Amnesty International a appelé à la relaxe des deux, et à la fin de la pratique de détention administrative.

Pour ajouter à la visibilité du cas de Ahed, l’actrice juive américaine Sarah Silverman a subi l’indignation des défenseurs d’Israël pour avoir appelé à sa libération. Silverman avait auparavant réclamé la fin de l’occupation de la Palestine par Israël et appelé les Juifs à soutenir la même cause.

Signe de l’échelle de la solidarité internationale envers Ahed et d’autres prisonnières palestiniennes, une coalition de groupes de femmes en Inde — représentant environ 10 millions de femmesa lancé un appel pour leur libération et a exprimé son soutien à la campagne globale de boycott, de désinvestissement et de sanctions visant Israël. La coalition s’est aussi indignée de ce que 500 Palestiniennes aient été tuées par les forces d’occupation israéliennes depuis 2000.

Affirmations désespérées

Le soutien international envers les prisonniers palestiniens est croissant, suscitant des efforts parfois étranges d’Israël pour discréditer les dissidents palestiniens. Par exemple, dans ce qui ressemble à l’allégation d’un obscur site conspirationniste d’extrême-droite, Israël a lancé une investigation officielle il y a deux ans prétendant que le famille Tamimi —dont les protestations durables attiraient l’attention—étaient en fait des acteurs posant pour des Palestiniens.

The Intercept a indiqué le 25 janvier : « Michael Oren, un haut fonctionnaire israélien en charge de la diplomatie, a été vertement raillé jeudi pour avoir admis qu’il avait ouvert une investigation formelle d’une famille de militants palestiniens basée sur une théorie du complot sur internet, qui affirme qu’ils ne sont pas une famille réelle, mais une troupe d’acteurs payés pour prétendre que l’occupation de leurs terres en Cisjordanie les contrarie…

Interrogé sur ce qui l’a conduit à ouvrir une investigation classifiée sur cette théorie … Oren a dit à Haaretz qu’il soupçonnait que ‘les membres de la famille avaient été choisis pour leur apparence’, une référence évidente au fait qu’Ahed et son jeune frère Mohammed sont blonds et clairs de peau.

Il a aussi trouvé leurs vêtements suspects, appelant leurs jeans et T-shirts « un vrai costume de scène. Des vêtements américains sous tous rapports, pas palestiniens, avec des casquettes de base-ball à l’envers. Même les Européens ne portent pas des casquettes de base-ball à l’envers ».

« Tout était préparé. C’est ce qui est connu sous le nom de Pallywood », a-t-il ajouté, en se référant à une théorie conspirationniste d’un blogueur américain selon lequel toutes les vidéos documentant des incidents dans lesquels les soldats israéliens sont vus en train de maltraiter des Palestinienssont des mises en scène ».

De telles affirmations indiquent l’effort désespéré d’Israël pour discréditer les militants pacifistes comme Ahed. Le 15 janvier un éditorial d’Al Jazeerasuggérait qu’Ahed devenait une « Rosa Parks palestinienne », en référence à la célèbre icône des droits civils afro-américains qui avait refusé de céder son siège à un homme blanc en Alabama il y a plus de soixante ans.

De telles tactiques désespérées montrent à quel point la résistance des Palestiniennes terrifient Israël.

Lisa Gleeson

Source : Greenleft

Traduction : Catherine G. pour l’Agence Média Palestine

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Il y a quelque chose de très louche avec les violations des règles antidopage pour lesquelles le joueur de curling et la bobeuse russe ont été épinglés la dernière semaine des Jeux olympiques d’hiver de Peyongchang.

Il n’est pas logique qu’un athlète consomme une seule fois un produit chimique qui n’a aucune valeur dans des circonstances où il est presque certain d’être détecté, avec d’énormes conséquences négatives.

C’est précisément cela qui se passe. Alexandre Kruchelnitsky, médaille de bronze russe au curling mixte, a dû renoncer à sa médaille et à celle de son épouse et partenaire parce que des traces de meldonium ont été trouvées dans son échantillon d’urine. Le meldonium est un médicament qui aide à maintenir le cœur en bonne santé en augmentant le débit sanguin. Cela ne comporte aucun avantage dans un sport comme le curling qui requiert de l’exactitude, de la stratégie et de la concentration mais n’est pas contraignant physiquement. Le « balayage » pour aider à guider la pierre sur la glace ne dure que vingt secondes, ou moins. Les joueurs de curling internationaux ont été stupéfaits par la nouvelle et déconcertés par l’idée de prendre des médicaments pour améliorer la performance au curling. Le capitaine de l’équipe danoise de curling a déclaré :  « Je pense que la plupart des gens vont rire et demander : pourquoi avez-vous besoin de vous doper ? ».

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Kruchelnitsky nie fermement prendre des drogues interdites. « Je suis catégoriquement opposé au dopage (…) Jamais, à aucun moment lorsque j’étais impliqué dans le sport, je n’ai usé de substances interdites. »

Il en va de même pour le second cas de violation des règles anti-dopage. La bobeuse russe Nadejda Sergueïeva a subi de nombreux tests négatifs (propres) avant d’être testée positive pour la trimétazidine, interdite. Le bob est encore un sport qui exige de l’habileté physique et mentale mais pas d’endurance physique.

Lors de la réunion du CIO du 25 février pour clore les Jeux d’hiver de Peyongchang, la présidente du groupe de mise en application du CIO, Nicole Hoevertz, a expliqué que les athlètes russes avaient été testés « plus que tout autre athlète ». Elle et son groupe étaient convaincus que les 168 membres de l’équipe russe étaient propres. À environ 82:00 dans la vidéo, elle dit que les deux violations russes de l’anti-dopage étaient « très particulières ». Elle a présenté le directeur médical et scientifique du CIO, Dr. Richard Budgett, pour plus de détails. Il a laissé entendre que le meldonium ne serait pas utile dans le curling. Il est ensuite allé plus loin et a suggéré que la violation des règles anti-dopage concernant la trimétazidine était peut-être une erreur. Il a expliqué que la trimétazidine « est une substance dans laquelle il y un composé mère, un traitement courant de la migraine, disponible en particulier en Chine et au Japon et, si on trouve cela, ce n’est pas considéré comme une violation des règles. Et si c’est à un niveau très bas, comme dans ce cas, c’est une possibilité ».

Sergueïva nie avoir jamais pris des drogues interdites et s’est même montrée sur les médias sociaux avec un T-shirt affirmant son engagement pour un sport propre.

La bobeuse russe Nadejda Sergueïeva

Qui en profite ?

Une autre possibilité est que de la poudre de meldonium ou de trimétazidine ait été subrepticement introduite dans la nourriture des athlètes. Cette consommation unique entraînerait un test positif.

En fait, il y a des forces sur la scène internationale qui sont ravies que la Russie se batte depuis deux ans contre la diffamation et l’accusation de « dopage parrainé par l’État ». Elles veulent que le dénigrement et les sanctions actuels à l’encontre de la Russie se poursuivent, ce qui pourrait peut-être influencer les prochaines élections nationales et compromettre l’accueil par la Russie de la Coupe du monde de footballcet été.

L’un de ces groupes est la Central Intelligence Agency (CIA) américaine. La CIA a une longue histoire de petits et grands actes criminels. Il ne serait sans doute pas difficile pour elle d’infiltrer les installations olympiques ou de soudoyer un individu pour laisser des traces de meldonium ou d’une autre poudre dans la nourriture ou la boisson de quelqu’un.

Ceux qui ont rapidement rejeté cette possibilité pensaient probablement aussi que l’Irak détenait des armes de destruction massive en 2002. C’était une affirmation fausse étayée par une preuve fabriquée par la CIA.

Il est bien documenté que la CIA commet des assassinats, des coups d’État et des actes de sabotages majeurs. La CIA a répertorié certaines de ses méthodes dans The Official CIA Manual of Trickery and Deception (Le Manuel officiel de la CIA sur la tromperie et le mensonge). Elle ne se contente pas d’assassinats et de coups d’État. Dans le livre In Search of Enemies, l’ancien officier l’agence John Stockwell a raconté comment la CIA a inventé une fausse histoire sur les soldats cubains violant des femmes angolaises pour calomnier Cuba.

Des forces de police corrompues déposent parfois des preuves sur un suspect qu’elles souhaitent inculper. Ce pourrait être fondamentalement la même chose pour faire ingérer de la nourriture ou de la boisson dopée à un athlète russe.

La CIA a un mobile et a exprimé son intention :

* Contrairement aux dirigeants russes qui qualifient les États-Unis de « partenaire »les dirigeants américains traitent de plus en plus la Russie d’« adversaire ». La récente Stratégie de sécurité nationale National Security Strategy des États-Unis affirme explicitement qu’ils ont l’intention de répondre à la Russie comme à un adversaire : « Les États-Unis répondront à la concurrence croissante, politique, économique et militaire à laquelle nous sommes confrontés dans le monde entier. La Chine et la Russie défient la puissance, l’influence et les intérêts américains, tentant d’éroder la sécurité et la prospérité américaines. »

* Malgré l’absence de preuves claires, il existe une croyance répandue selon laquelle la Russie s’est « immiscée » dans l’élection américaine. Le sentiment anti-russe a été attisé dans l’affirmation exagérée que l’action russe non prouvée était « un acte de guerre, un acte de guerre hybride ».

* Les forces néoconservatrices parlent ouvertement de « punir » la Russie. L’ancien directeur adjoint de la CIA, Michael Morrell, a déclaré : « Nous devons faire payer le prix aux Russes. » Il a confirmé à la télévision publique que cela signifie tuer des Russes (et des Iraniens) en Syrie. Il fut le chef de la CIA pendant 33 ans, et il a fait publiquement campagne pour Hillary Clinton.

Est-ce que la CIA a introduit les preuves de dopage ? Nous ne le savons pas avec certitude mais il ne faut pas le rejeter d’emblée. La CIA a les moyens, l’occasion et surtout le mobile pour impliquer faussement les Russes dans de nouveaux cas de dopage dans le but d’empêcher la Russie de passer outre les sanctions et les punitions sportives internationales. Elle a fait des choses beaucoup plus fourbes, manipulatrices et scandaleuses que cela.

Parti pris médiatique

Malheureusement, les médias occidentaux n’enquêteront pas sur cette possibilité. Les médias occidentaux ne peuvent même pas rendre compte d’événements comme la réunion du CIO d’hier. Le fait que la présidente du Groupe de mise en application du CIO ait chaleureusement loué la participation russe aux Jeux olympiques de Peyongchang n’est pas mentionné dans les médias occidentaux. Le fait que le Dr. Budgett ait soulevé des questions sur l’exactitude des violations des règles anti-dopage contre la Russie n’est pas mentionné dans les articles du NY Times, du Guardianbritannique ou d’Inside the Games. Au lieu de quoi, le rédacteur d’Inside the Games a exagéré une fois de plus la voix des critiques de la Russie, tout en minimisant les voix des athlètes internationaux qui veulent mettre le scandale du dopage de côté et aller de l’avant.

Les médias occidentaux ont rapporté mensongèrement que les athlètes russes avaient « avoué » les violations. En fait, les deux athlètes russes nient farouchement prendre des drogues interdites.

Le parti pris des médias occidentaux se manifeste également dans la focalisation sur le prétendu dopage russe et la minimisation ou l’ignorance d’autres éventuelles violations. Par exemple, l’histoire de l’équipe norvégienne de ski de fond et leur usage de médicaments interdits contre l’asthme. Ils contournent les restrictions en disant à leur médecin que la plupart de leurs athlètes sont asthmatiques. Cette situation résulte de l’incohérence des règles et des règlements. Une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) peut être accordée en secret par un médecin à tout athlète désigné. Ils ne sont pas tenus de le divulguer publiquement, ce qui incite à la corruption et à l’abus.

Le parti pris de McLaren

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L’Agence mondiale antidopage (AMA) a aussi été partiale. Il y a plus d’un an, son enquêteur, Richard McLaren, a affirmé que « plus d’un millier d’athlètes russes ont profité »de la prétendue conspiration russe pour tricher avec le système antidopage. McLaren a déclaré que la preuve serait communiquée aux diverses fédérations sportives. En septembre 2017, il a été révélé que des accusations avaient été portées contre 96 athlètes. Parmi ceux-ci, l’AMA a disculpé 95 athlètes de toute irrégularité ; il n’y a eu preuve de violation que pour un seul athlète. Plus récemment, le Tribunal arbitral du sport a complètement annulé les interdictions pour 28 athlètes russes. En résumé, il semble que l’accusation de McLaren à propos de « plus d’un millier d’athlètes qui profitaient » était une exagération ou une invention énorme.

Et maintenant, où cela va-t-il ?

La Commission exécutive du CIO a indiqué qu’elle avait l’intention de lever la suspension du Comité olympique russe si on ne découvrait plus de « violations des règles antidopage » dans le dernier lot d’échantillons des athlètes des Jeux olympiques de Peyongchang. Les résultats sont attendus dans quelques jours.

Une nouvelle violation des règles antidopage pourrait apparaître. Si tel est le cas, cela compliquera considérablement l’effort de réintégration de l’athlétisme russe. Même si les tests finals sont tous propres, ceux qui s’opposent à la Russie continueront à essayer de retarder ou d’empêcher la pleine intégration de la Russie dans la communauté mondiale du sport.

L’ancien directeur du Laboratoire de Moscou, Gregory Rodchenkov, est l’arme principale de la campagne accusant la Russie de « dopage parrainé par l’État ». Icarus est un film sur lui qui a reçu un financement et une promotion énormes. Il est nominé pour un Oscar. Cela servira bien la campagne.

Les Russes ont été accusés d’essayer d’assassiner Rodchenkov. Mais s’il décède subitement un jour, il est plus probable que ce soit la CIA. À ce stade, Rodchenkov a fait tout le mal qu’il pouvait au sport russe. La seule chose qu’il pourrait encore faire, éventuellement, est de se rétracter ou de s’effondrer. Ses maîtres l’ont empêché de se présenter devant les diverses commissions chargées d’examiner les accusations. À ce stade, Rodchenkov pourrait être plus précieux mort que vivant. Sa mort serait une arme puissante pour entraver la normalisation des relations avec la Russie.

L’ancien directeur du laboratoire antidopage russe et « témoin » clé du « programme russe de dopage » Gregory Rodchenkov hier et aujourd’hui.

Pour conclure et pour revenir aux Jeux olympiques de Pyeongchang, il faut être prudent avant de présumer de la culpabilité des athlètes russes qui ont été accusés de violations des règles antidopage. Cela n’a aucun sens que deux athlètes russes prennent des médicaments inutiles en sachant qu’ils seront testés et découverts.

L’incident du dopage sert les intérêts de ceux qui, en Occident, ne cherchent pas moins de conflits, mais plus, et cherchent à affaiblir la Russie par une guerre « hybride ».

Il est possible que la CIA soit impliquée dans les derniers incidents, exactement comme elle l’est pour le Dr.Gregory Rodchenkov. Elle a les moyens, l’occasion et le mobile. Elle a l’expérience et l’histoire.

Si c’est vrai, c’est un nouvel exemple de la dégradation dangereuse des relations internationales. Le mouvement olympique a pour but de favoriser des relations pacifiques. La triste vérité est qu’il y a des forces qui veulent l’empêcher. Elles préfèrent diaboliser et diviser dans une quête de suprématie économique et géopolitique sur des « adversaires ». Le sport international n’est qu’une nouvelle arène pour elles.

Rick Sterling

 

Article original en anglais :

Did the CIA Sabotage Russia at the Olympics? Publié le 26 février 2018

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

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Violence sexuelle : et maintenant?

mars 8th, 2018 by Claude Jacqueline Herdhuin

Ces derniers temps, les médias sociaux et les médias traditionnels me donnent froid au dos. En fait, leur pouvoir, lorsqu’il est mal contrôlé, m’effraie. Contrôler, ne veut pas dire censurer. Rédacteurs, animateurs, journalistes, lecteurs et auditeurs, nous avons tous une responsabilité dans les dérapages médiatiques. Toute médaille a son revers et celui des médias sociaux, c’est de permettre à chacun et à chacune de laisser libre cours à sa furie. Je vais me faire haïr et je l’assume entièrement.

Mon agresseur n’est pas un porc et je ne souffre pas du syndrome de Stockholm.

J’ai immédiatement réagi de façon épidermique à la campagne « Balance ton porc ». Je n’aimais ni le nom qui lui a été donné, ni le but. Une chasse aux sorcières qui permet de mettre au banc, de régler des comptes et de « mettre à mort ». Je ne nie pas la souffrance des victimes, mais je pense que la solution n’est pas dans la mise à mort publique des agresseurs. Agresser, harceler, violer sont des actes condamnables et elles doivent être soutenues et encouragées dans leur démarche pour obtenir justice. L’être humain est capable du meilleur et du pire. Les victimes ne font pas exception à la règle.

Elles devront vivre toute leur vie avec l’acte qu’elles ont subi. Les années pourront passer, mais elles auront toujours en elles le souvenir vivace du jour où leur vie a basculé. Ce drame a été magnifiquement traité dans le film Festen de Thomas Vinterberg. Une réunion de famille pour les soixante ans du père prend une tournure inattendue. Terrible secret de famille révélé par Christian, abusé ainsi que sa sœur jumelle par son père quand ils étaient enfants. Cette dernière s’est suicidée, seule issue possible pour elle.

Écrire, c’est s’exposer. Enfant et adolescente, j’ai moi-même été victime d’agressions sexuelles. Une enfance noire, les souvenirs effraient, la vie semble interminable. La peur est omniprésente. La honte, le silence puis la fuite à l’autre bout du monde. Mais le monde ne sera jamais assez grand pour échapper à ce passé. La solution est en nous et en nous seuls (hommes et femmes abusés).

Les cauchemars, la colère, la rage et l’impuissance sont nos compagnons. Un traumatisme qui gangrène impitoyablement notre existence. L’important est de pouvoir, tout d’abord, en parler. Le silence est le plus grand obstacle à la guérison. Le briser est le premier pas vers la libération. Cela se fait souvent dans un état de crise. Un flash-back alors qu’on fait la vaisselle. La mémoire de ce corps qui fait mal. La difficulté, voire l’impossibilité, d’aller au bout de ses rêves, d’aimer et de se laisser aimer. Parler est un acte de bravoure. Malheureusement, trop souvent, l’entourage et la famille vont préférer le déni. Quand j’ai parlé, trente plus tard, on m’a dit « Nous avons le choix de te croire ou non. » On a décidé de ne pas me croire. Les séances de thérapies ont suivi, durant des années. Les lectures et les groupes de soutien m’ont ouvert les yeux. Ce n’est pas en haïssant mon agresseur que j’allais aller mieux. Bien au contraire, cela ne contribuait qu’à infecter une plaie déjà purulente. Le salut résidait dans la parole et le partage de mon expérience.

La prise de parole est indispensable, mais ne doit pas se faire n’importe comment. Et surtout pas sur des sites dans le cadre de campagne de dénonciation qui deviennent du lynchage. Elle est privée, avant de pouvoir devenir publique. Elle commence avec soi-même, elle favorise la prise de conscience de l’ampleur de ce qui est arrivé. Ce processus relève uniquement du domaine personnel. Un enfant parle à son toutou, un adulte se parle avant de pouvoir parler à quelqu’un d’autre. Après la prise de parole, la victime peut passer aux actes. Dénoncer le coupable, aller chercher de l’aide, peut-être le confronter. Accepter ce qui est arrivé et consacrer toute son énergie à prendre soin d’elle afin de se reconstruire et de se construire une vie heureuse. Chaque histoire de violence sexuelle est unique. Chaque victime est un être précieux. Un trésor qui ne demande qu’à vivre. Des décennies après l’irrémédiable, j’ai confronté mon agresseur, je lui ai offert mon pardon. Il n’a pas su l’accepter. Tant pis, je me suis libérée et là est l’important. Ce n’est pas un porc, c’est un homme, un être humain.

Pendant cette traversée qui ressemblait à une course d’obstacles, j’ai ragé, hurlé, je lui ai souhaité mille maux. Heureusement, j’ai rencontré des hommes et des femmes qui m’ont écoutée, consolée et guidée. Un jour, j’ai assisté à une formation de résolution de conflit très particulière. Plutôt que d’isoler et d’ostraciser l’agresseur, on y apprenait à l’intégrer et à l’inviter à faire partie de la solution. Une approche humaine pour la victime et l’agresseur. J’avoue avoir été dubitative au début. Cela exige d’aller contre soi pour communiquer avec l’autre, le violeur. Un geste libérateur, même si ce dernier refuse la main tendue. En considérant cet autre comme un être humain, la victime se réhumanise. Un transfert du fardeau s’opère et elle peut récupérer son énergie pour s’aimer et aimer la vie.

Je vais me faire haïr, mais ce ne sont pas les groupes féministes qui m’ont aidée, ni les campagnes de dénonciation. Ce sont les groupes de soutien animés par des pairs. Le partage basé sur des expériences communes permet d’aller au-delà d’une approche fondée sur de simples croyances. Aussi bonnes soient les intentions, il est dangereux dans ce domaine de prendre des positions pour des motifs intellectuels ou militants. La vision est forcément limitée, voire biaisée. Il manque l’amour d’autrui. L’ouverture sur une problématique qui va au-delà du porc et de la victime. Pour aider, il faut aimer. Je ne pense pas que ce soit le cas des campagnes de dénonciation dont le but est de conduire les présumés agresseurs à l’abattoir. La haine n’a jamais rien guéri. Elle ne fait que maintenir la victime dans un rôle de victime et lui refuse tout droit à la guérison. C’est comme si, tous les jours, quelqu’un venait lacérer une plaie en voie de cicatrisation. Rien n’est simple : j’ai connu une femme qui, jeune enfant, avait été agressée par sa mère et son père.

J’aime les hommes.

J’ai haï des hommes qui m’ont fait souffrir, mais j’aime les hommes.

Claude Jacqueline Herdhuin

Auteure, réalisatrice

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Femmes en Syrie: Mère Agnès-Mariam dénonce les « rebelles/terroristes »

mars 8th, 2018 by Mère Agnès-Mariam de la Croix

7 mars 2018: Militante pacifiste pressentie pour le Nobel de la paix, Mère Agnès-Mariam de la Croix travaille d’arrache-pied à soulager le sort des civils syriens qui sont à la merci de bandes armées terroristes, aujourd’hui dans la Ghouta, banlieue de Damas, hier à Alep. Chaque fois que le gouvernement syrien libère des secteurs du territoire, dit-elle, on apprend que 25 % des femmes, y compris des jeunes filles, ont été victime d’agressions sexuelles. Elle en a recueilli de très nombreux témoignages. Mais le silence à ce sujet est total, surtout dans nos grands médias. On préfère protéger ces terroristes d’Al Qaeda, financés et armés par l’Arabie Saoudite, qui ont pris le contrôle de la Ghouta il y a plus de 5 ans.

On se pose la question: comment on réagirait si des groupes, armés jusqu’aux dents par des forces étrangères, s’emparaient de banlieues entières de Montréal ou de Paris. Poser la question, c’est y répondre: on s’attendrait à ce que l’État les déloge. Mais pourquoi le deux poids deux mesures quand le gouvernement syrien fait justement cela?

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Libye : Sept ans depuis le 17 février

mars 7th, 2018 by Yuriy Zinin

Le 17 février, sept ans auront passé depuis le début des événements en Libye qui ont conduit au renversement de son dirigeant, Mouammar Kadhafi. Ces années ont été pleines d’événements dramatiques et souvent sanglants, qui, selon différents indices (souveraineté effective, stabilité, activité commerciale, etc.) ont laissé le pays dans une situation bien pire.

Depuis 2014 le pays se trouve dans une situation chaotique, divisé en deux secteurs, avec des capitales opposées à Tripoli et Tobrouk, chacune avec son propre gouvernement, son Parlement et ses services de sécurité. Le rapport de force entre elles est changeant.

L’an dernier, la zone contrôlée par l’Armée nationale, dirigée par le maréchal Khalifa Haftar (c’est-à-dire le secteur Est, ou secteur de Tobrouk) s’est étendue. Ce secteur comprend le « croissant pétrolier » (les puits et les principaux ports pour exporter le pétrole). Le gouvernement d’Accord national, dirigé par Fayez al-Sarraj, a une emprise fragile sur le pays.

Depuis trois ans, les Nations unies et plusieurs pays arabes voisins ont essayé, sans succès, de persuader les deux parties adverses de se conformer à l’accord de paix qu’elles ont signé au Maroc (qui a appelé à la création de structures étatiques transitoires unifiées, des élections au nouveau Parlement, etc.). L’Accord de Shkirat a expiré à la fin de 2017.

De nombreux experts considèrent que les négociateurs qui se réunissent pour discuter des questions découlant du traité manquent d’autorité pour prendre des décisions et que les groupes militaires qu’ils représentent sont hétérogènes, chacun étant éclaté en un certain nombre de camps, divisé selon des lignes régionales et tribales.

Afin de sauver le processus de négociation, le représentant spécial des Nations unies pour la Libye, Hasan Salam, a présenté un plan en trois étapes pour l’année prochaine. Il a proposé l’amendement de l’Accord de Shkirat, la restructuration du gouvernement basé à Tripoli, la rédaction d’une Constitution et la tenue d’élections au nouveau Parlement.

La question est de savoir comment organiser des élections honnêtes, impartiales et démocratiques lorsqu’il y a deux gouvernements. Et quelle est l’importance des élections pour le Libyen moyen qui vit dans une sécurité incertaine et souffre des troubles et des problèmes économiques et sociaux ?

La baisse de la valeur du dinar libyen et l’inflation annuelle de 30% provoquent une chute du niveau de vie. Avant la révolution, un dinar pouvait être échangé pour trois dollars et lorsqu’il était à son niveau le plus haut, les Libyens regardaient le « dollar vert » avec mépris. Aujourd’hui, un dollar peut s’échanger sur le marché pour 9 dinars libyens.

Il en résulte vraiment une augmentation des prix, puisque la plus grande partie des marchandises, en particulier la nourriture, est importée. Les Libyens sont confrontés à la malédiction du manque d’argent liquide, aux queues dans les banques, aux coupures de courant, à la détérioration des services, etc.

Tous ces problèmes sont le résultat de l’effondrement de l’économie et du secteur manufacturier de la Libye. Selon Mustafa Sanalla, le président de la National Oil Corporation, la Libye a perdu 180 milliards de dollars depuis 2011 à cause de l’action de diverses milices dans les régions où le pétrole est extrait, raffiné et transporté.

En 2017, la Libye a perçu 14 milliards de dollars de ses ventes de pétrole, trois fois plus que l’année précédente. Mais en 2010, l’année précédant la révolution, les exportations de pétrole ont apporté environ 47 milliards de dollars au budget national. Il est vrai que récemment, la quantité d’« or noir » extraite est passée à un million de barils par jour, mais ce chiffre est encore inférieur au niveau d’avant la révolution, 1,6 million de barils par jour.

Sur les 150 pays répertoriés dans le classement des « meilleurs pays pour les entreprises étrangères » par le magazine Forbes, la Libye occupe l’avant-dernière position.

Résultat de cette situation, l’attitude de la population à l’égard des idéaux de la révolution de février sont en train de changer. Aujourd’hui, dans les cercles politiques et médiatiques de Libye, on observe une division claire entre les « Févriéristes » et les « Septembristes ».

Les « Févriéristes » sont ceux qui soutiennent totalement la révolution du 17 février et sont convaincus que les « rebelles contre un régime despotique » ont remporté une juste victoire.

Ceux qui soutiennent l’ancien régime de Kadhafi sont appelés « Septembristes »  car c’est la Révolution de septembre qui a porté Kadhafi au pouvoir. Ce camp, hochant la tête d’étonnement, se demande s’il valait la peine de verser autant de sang, de perdre des vies et de subir d’énormes pertes matérielles pour terminer simplement dans l’État actuellement divisé qu’est la Libye.

Ces deux courants de pensée ont leurs propres factions libérale, islamiste et laïque. C’est pourquoi de nombreux analystes politiques locaux les incitent à trouver des points d’accord communs, d’éviter les positions extrêmes et de placer les intérêts de leur pays au-dessus de leurs calculs et préoccupations politiques égoïstes.

Par exemple, Fatima Hamroush, une ancienne ministre dans le gouvernement post-révolutionnaire de la Libye, a demandé la création d’un cabinet ministériel d’urgence composé de politiciens aux affiliations très diverses, y compris d’anciens associés de Kadhafi. Cela bien que Dr. Hamroush ait été autrefois une critique féroce du régime précédent.

Il semble possible qu’un consensus politique, atteint dans le respect de la loi, puisse combler le vide institutionnel actuel. Mais la société libyenne est toujours divisée par les chocs puissants qu’elle a subis dans une guerre impliquant l’OTAN et d’autres puissances étrangères et pendant la période de conflits sectaires qui ont suivi.

Les milieux politiques sont déchirés par les désaccords et pris en otage par des ressentiments, des soupçons et des animosités mutuels qui se sont accumulés au fil des années.

Yuriy Zinin

 

Article original en anglais : Libya: 7 Years since February 17, New Eastern Outlook, 1e 17 février 2018.

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

Youri Zinine, chargé de recherche principal à l’Institut d’État des relations internationales de Moscou, exclusivement pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.

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Venezuela, l’intervention illégale

mars 7th, 2018 by Julio Yao Villalaz

Après avoir violemment critiqué le gouvernement de Nicolás Maduro et demandé une élection présidentielle anticipée, le Groupe de Lima, rassemblant 12 États américains, exige qu’il y renonce. Cette volte-face participe de la campagne internationale initiée par les États-Unis contre la République bolivarienne. Il s’agit de faire accroire en une faillite du pays d’Hugo Chávez, en une situation humanitaire catastrophique et, partant de là, de justifier une intervention militaire. Le diplomate panaméen Julio Yao Villalaz réfute cette argumentation. (Réseau Voltaire)


Les États-Unis veulent faire accepter une intervention contre le Venezuela avec la complicité du « Groupe de Lima » qui se compose de 12 pays, soit moins de la moitié des membres de l’OEA (Organisation des États américains) parmi lesquels figure le Panama ; mais c’est une entreprise illégitime et impossible, dans la mesure où cela bafoue scandaleusement la Charte de l’OEA, celle de l’Onu, et le droit international.

La violation du droit international se pratique depuis qu’Hugo Chávez était arrivé au pouvoir au Venezuela, et que les États-Unis ont commencé à perdre là des privilèges et une véritable manne pétrolière.

Illégalité d’une intervention au Venezuela au regard de la Charte de l’OEA

L’OEA a perdu de son prestige, mais sa charte consacre bel et bien certains principes du droit international qui rendent impossible une intervention individuelle ou collective de ses membres dans les affaires internes et externes d’autres États ; ce sont, mutatis mutandi, les principes mêmes de la Charte de l’Onu, entre autres :

- 1. Chaque État a le droit de choisir, sans ingérence extérieure, son système politique, économique et social, et le mode d’organisation qui lui convient le mieux. Il a pour devoir de ne pas intervenir dans les affaires des autres États. Sous réserve des dispositions précédentes, les États américains coopèrent largement entre eux, indépendamment de la nature de leurs systèmes politiques, économiques et sociaux (Article 3 e).

- 2. Les différends de caractère international qui surgissent entre deux ou plusieurs États américains doivent être réglés par des moyens pacifiques ; (Art. 3, i).

- 3. Aucun État ou groupe d’États n’a le droit d’intervenir directement ou indirectement, pour quelque motif que ce soit, dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre État. Le principe précédent exclut l’emploi, non seulement de la force armée, mais aussi de toute autre forme d’ingérence ou de tendance attentatoire à la personnalité de l’État et aux éléments politiques, économiques et culturels qui la constituent. (Art. 19).

- 4. Aucun État ne peut appliquer ou prendre des mesures coercitives de caractère économique et politique pour forcer la volonté souveraine d’un autre État et obtenir de celui-ci des avantages d’une nature quelconque. (Art. 20).

- 5. Le territoire d’un État est inviolable, il ne peut être l’objet d’occupation militaire ni d’autres mesures de force de la part d’un autre État, directement ou indirectement, pour quelque motif que ce soit et même de manière temporaire. (Art. 21).

- 6. Les États américains s’engagent dans leurs relations internationales à ne pas recourir à l’emploi de la force, si ce n’est dans le cas de légitime défense, conformément aux traités en vigueur, ou dans le cas de l’exécution desdits traités. (Art. 22).

- 7. Aucune des stipulations de la présente Charte ne sera interprétée comme une diminution des droits et obligations des États membres, et ce, conformément à la Charte des Nations unies. (Art. 131).

La charte dite démocratique de l’OEA ne saurait être invoquée contre le Venezuela parce que la « démocratie représentative » qu’elle prétend sacraliser entre en conflit avec l’article 103 de la Charte de l’Onu, qui prévaut sur celle de l’OEA.

« En cas de conflit entre les obligations des Membres des Nations unies en vertu de la présente Charte et leurs obligations en vertu de tout autre accord international, les premières prévaudront. »

La Charte de l’Onu ne mentionne pas la « démocratie représentative » (objectif primordial de la Charte démocratique interaméricaine de l’OEA) en tant que modèle ou système politique obligatoire pour ses membres, parce qu’elle reconnaît qu’il existe de par le monde diverses formes d’organisation politique ou de gouvernement, telles que les républiques et les monarchies (démocratiques ou non, présidentialistes ou parlementaires), les principautés, etc.

Mais la République bolivarienne du Venezuela va bien au-delà des « démocraties représentatives » de la région, car le Venezuela est une démocratie participative, et c’est l’un des pays les plus démocratiques au monde, comme le prouvent son histoire et son expérience actuelle, tels que constatés par l’Onu, par des organismes internationaux des droits humains, par des personnalités et des associations prestigieuses, telle la Fondation Carter, entre autres.

Qui sont les membres du « Groupe de Lima » ?

Cependant les États-Unis et leurs satellites du Groupe de Lima persévèrent dans la violation du droit international, et cela malgré le fait qu’ils n’ont même pas obtenu au sein de l’OEA le soutien espéré pour cette aventure impérialiste, car les pays indépendants du bassin caraïbe et d’autres les en ont empêchés ; en effet, presque tous les membres du Groupe de Lima bafouent les normes qui pourraient permettre une gouvernance démocratique élémentaire.

- De quel droit les États-Unis se réclament-ils pour piller le Venezuela, alors que c’est le premier pays à violer la charte de l’Onu et le négateur absolu du droit international ? Les États-Unis constituent le pays qui a rejeté le plus grand nombre de traités relatifs aux droits humains, ou a refusé de les ratifier au plan mondial ; les États-Unis ont le plus grand nombre de condamnations à mort au monde ; le budget de la « Défense » y est plus élevé que celui des six États qui le suivent dans la liste ; c’est le pays qui a le plus de bases militaires au monde, plus de mille ; c’est le pays qui a divisé le monde en 10 zones de commandement militaire, sans autorisation ni consentement d’aucun des pays concernés ; c’est le pays qui accapare la plus grande part des richesses mondiales ; selon la FAO, il suffirait de 1 060 millions de dollars pour en finir avec la faim dans le monde, mais les États-Unis dépensent un milliard de dollars en guerres diverses.

De quel droit cet État voyou refuse-t-il au peuple vénézuélien son droit à l’existence ?

- De quel droit la Colombie est-elle en tête de l’agression contre le Venezuela, alors que sur le plan extérieur, la Colombie est un pays occupé par les États-Unis (qui y ont implanté sept bases militaires) et qui ne jouit donc pas de l’indépendance ? Au plan interne, la Colombie est un narco-État dont un citoyen sur dix est contraint de vivre à l’étranger, suivi en cela par le Brésil et le Pérou ; la Colombie a trahi les Accords de paix signés avec la guérilla, assassine, et permet à des paramilitaires de liquider systématiquement les défenseurs des droits des pauvres et des droits de l’homme. La Colombie tolère le harcèlement et l’agression de mouvements politiques qui participent à la politique nationale, comme les Farc.

- De quel droit le Pérou allègue-t-il le manque de démocratie au Venezuela, alors que son président, Pedro Pablo Kuczynski, a failli se voir destitué par le Congrès pour « incapacité morale » à exercer le gouvernement, après avoir reçu des pots-de-vin d’Odebrecht, et avoir amnistié illégalement l’ex-président Alberto Fujimori, qui reconnaît avoir pratiqué le génocide, et tandis que le gouvernement péruvien est assiégé en permanence par des réclamations des travailleurs de la Santé et de l’Éducation ?

- De quel droit l’Argentine remet en question la transparence au Venezuela, alors que le président Mauricio Macri est mouillé jusqu’au cou dans le scandale Odelbrecht et celui des Panama Papers [1] ? Son gouvernement est en butte aux réclamations quotidiennes du peuple, des indiens Mapuches, des retraités et des classes moyennes ; c’est un pays qui stagne, alors qu’il parvenait à remonter la pente du progrès sous le mandat de Cristina Kirchner.

- De quel droit le Brésil offre-t-il son territoire comme tremplin pour une intervention et pour dénoncer la « dictature » au Venezuela, alors que le président non élu Michel Temer est parvenu à son poste grâce à un coup d’État « en douceur » contre la présidente Dilma Roussef, et qu’il est accusé par le Procureur général de l’État de « corruption passive, obstruction à la justice et organisation criminelle », tandis qu’il bloque de façon antidémocratique la candidature de Luis Inacio Lula da Silva à la présidence ?

- De quel droit le Mexique dénonce-t-il au Venezuela une « crise humanitaire » alors que le président Enrique Penia Nieto préside un gouvernement corrompu et qui ne se maintient que grâce au narcotrafic et au crime organisé, un gouvernement qui a livré les richesses du pays aux transnationales des États-Unis et alors que le Mexique possède le record mondial de journalistes assassinés et disparus ?

- Quant au Honduras, de quel droit conteste-t-il la légitimité de l’Assemblée nationale constituante du Venezuela, alors que son « président » inconstitutionnel et non élu mais installé au pouvoir par une fraude de dimensions cosmiques, José O. Hernandez, s’accroche au pouvoir en s’appuyant sur les baïonnettes du SouthCom des États-Unis [2] et fait tirer sans états d’âme sur son propre peuple ?

Le cas particulier du Panama

De quel droit le Panama remet-il en question l’indépendance et la démocratie du Venezuela, alors que le Parti panaméen du président Juan Carlos Varela est arrivé au pouvoir dans les bras des envahisseurs, les États-Unis (qui avaient reconnu Guillermo Endara comme président du Panama sur une base militaire états-unienne), à la suite de l’invasion de 1989 [3] ? Il convient de se souvenir qu’en droit international, les accords signés sous occupation militaire sont ipso facto nuls et non avenus.

De quelle moralité se réclame le Panama pour détruire le droit du Venezuela à l’autodétermination alors que Guillermo Endara, le premier président fantoche en poste après l’invasion et président du Parti panaméen (le parti de l’actuel président Juan Carlos Varela) a souscrit à l’accord dit Arias Calderón-Hinton (1991) qui est à la base des traités Salas-Becker de 2002, traités qui ont livré le Panama à seize agences fédérales des États-Unis, parmi lesquelles le Pentagone, l’US Army, l’US Air Force, l’US Navy et le Service de garde-côtes des États-Unis ? Ces instances états-uniennes peuvent faire à nouveau de Panama une plateforme pour le SouthCom avec des objectifs d’agression.

De quel droit le Panama s’ingère-t-il dans les affaires vénézuéliennes, alors que les gouvernements panaméens ont toléré sans objection les manœuvres Panamax (2003-2018) réalisées tous les ans entre les pays de la région et les puissances membres de l’Otan sur la base d’un traité entre le Chili et les États-Unis ? Ce traité, signé en 2003, viole le Traité de neutralité et la Constitution panaméenne. Panama ne le reconnaît pas et ne l’a pas ratifié.

De quel droit le président panaméen Juan Carlos Varela a-t-il souscrit aux accords « Nouveaux Horizons 2018 », qui peuvent servir à couvrir une intervention contre le Venezuela, dans la mesure où ce traité bafoue le Traité de neutralité, la Constitution du Panama et le droit international ?

De quel droit le président du Panama peut-il entreprendre des actions contre le Venezuela, dans la mesure où les traités Salas-Becker, dont font partie les accords Nouveaux Horizons, n’ont jamais été soumis à l’approbation de l’Assemblée législative ou nationale panaméenne, de sorte qu’il n’existe pas d’obligation constitutionnelle pour leur application ?

L’ex-présidente du Panama, Mireya Moscoso, membre du Parti panaméen, s’est déshonorée en souscrivant à la totalité des traités Salas-Becker (entre 2001 et 2004, à l’exception de celui de 1991) et en amnistiant illégalement, sur la demande du général Colin Powell (qu’on appelle « le boucher du Panama [4]), le terroriste avoué Luis Posada Carriles, qui avait tenté d’assassiner le président cubain Fidel Castro en 2002. Cette amnistie a été annulée par la Cour suprême de justice après qu’il en ait profité pour disparaître.

L’ex- président Moscoso est celui qui avait autorisé le traité Alemán-Zubieta-Becker (du 1er avril 2002), signé par l’administrateur de l’autorité chargée du Canal, Alberto Alemán Zubieta, qui n’était nullement habilité à signer des traités et qui, le comble, l’a entériné et signé en anglais, alors que la Constitution consacre l’espagnol comme la langue officielle de Panama : tous deux ont donc outrepassé leurs prérogatives (voir la Constitution nationale de la République du Panama, art. 191).

Nonobstant l’incapacité morale ou légale du groupe de Lima pour attaquer le Venezuela, les États-Unis insistent pour l’envahir avec la complicité de gouvernements non représentatifs, anachroniques, délinquants et ennemis du droit international, en profitant du carnaval de ces jours-ci (mardi 20 février) qui fait diversion, tandis qu’ils se déhanchent dans le sillage de leur dieu Momo, les États-Unis, sous le drapeau infâme d’une nouvelle « intervention humanitaire ».

Le détournement de la « responsabilité de protéger » sous un prétexte humanitaire

On veut nous faire croire qu’il y a au Venezuela une « crise humanitaire » qui exige de faire s’affronter les peuples de la région entre eux, des pauvres contre d’autres pauvres, des frères contre leurs frères, pour satisfaire les appétits de Washington, en interprétant au profit des États-Unis les recommandations du génial stratège chinois Sun Tzu, qui conseillait d’économiser ses propres forces et utiliser celles d’autres peuples.

Les interventions humanitaires, qui répondent à la nécessité de protéger les victimes des guerres, quand n’existe ni volonté, ni capacité, de la part du souverain pour assumer cette responsabilité, ont été détournées par les pouvoirs hégémoniques afin de masquer leurs vilenies prédatrices [5]

Personnellement je me suis opposé, en tant que président de la SERPAJ-Panama, à l’adoption en bloc du projet, lors de la réunion de l’Onu en Amérique centrale (San José, 2005), convoquée par la Fondation Arias. Parfois on confère le « droit de protéger » inhérent à l’intervention humanitaire au Conseil de sécurité de l’Onu, à une entente régionale comme l’Otan ou à un groupe d’États.

En Yougoslavie avait été mise en place une « intervention humanitaire » censée empêcher un nettoyage ethnique que Slobodan Milosevic aurait mis en œuvre en Bosnie, mais l’Otan (autrement dit les États-Unis), avait envahi la Yougoslavie, seul pays européen qui n’était pas membre de cette organisation militaire, l’avait démembrée en fonction des intérêts géopolitiques de l’Empire, et l’a plongé dans la ruine.

La vérité est apparue trop tard :

« Dix ans après que Slobodan Milosevic, ex-président de la Yougoslavie disparu, fut retrouvé mort dans des circonstances étranges (alors qu’il était en détention), la Cour pénale internationale a exonéré l’homme politique serbe de la responsabilité des crimes de guerre supposément commis en Bosnie…

Slobodan Milosevic a été vilipendé de façon systématique par toute la presse occidentale et par la classe politique des pays de l’Otan. Les moyens de communication de l’époque l’avaient qualifié de « boucher des Balkans » et comparé à Hitler. Il avait été accusé illégalement de génocide, en tant que « monstre assoiffé de sang », faisant les gros titres des principaux médias européens et états-uniens d’alors.

C’est grâce à ce cliché falsifié qu’on tenta de justifier les sanctions économiques contre la Serbie mais aussi les bombardements de l’Otan en 1999 sur la Serbie, ainsi que la guerre acharnée contre le Kosovo [6]. »

En Libye, fut mise en place une « intervention humanitaire » destinée à en finir avec la violation des droits de l’homme perpétrée par le « dictateur » Mouammar Kadhafi. Mais l’Otan appliqua son « droit de protection » à la population « sans défense ». En sept mois, 40 000 bombes et missiles furent largués sur la population, et avec l’aide d’espions, de terroristes et de mercenaires étrangers, 120 000 Libyens furent tués ; on assassina Kadhafi de façon atroce et particulièrement perverse, les actifs et le pétrole du pays furent expropriés, et le pays sombra dans un enfer perpétuel ; les Libyens « à la peau sombre » furent éliminés du gouvernement malgré le fait que le Conseil des droits humains à l’Onu avait félicité précisément cette année-là (en 2011) Kadhafi pour les progrès de la Libye en matière d’égalité raciale. C’est plus tard que l’on apprit que la tentative de Kadahafi pour remplacer le dollar par une monnaie commune africaine constituait l’une des raisons véritables de l’intervention « humanitaire ».

Dans le cas du Panama, les États-Unis n’ont même pas pris la peine d’informer l’OEA ni l’Onu, encore moins le Sénat états-unien, qu’ils seraient tenus d’approuver l’invasion de 1989, mais le général Manuel Antonio Noriega fut diabolisé à coup de mensonges, ce qui ressort de documents « secrets et sensibles » du Conseil de sécurité nationale états-unien, documents qui fixaient comme objectif l’abrogation des traités sur le canal et le projet de mettre un terme aux négociations entre le Japon et Panama en vue de l’ouverture d’un nouveau canal. [7].

Mais au Venezuela il n’y a pas de crise humanitaire ni de guerre civile, pas plus qu’il n’y en avait au Panama. Il y a une intervention externe dans les affaires internes et externes du peuple, une intervention qui se manifeste sous forme de guerres ultramodernes et multiformes, avec l’appui transnational d’États, d’organisations non-gouvernementales et de personnalités qui tentent de détruire la Nation vénézuélienne, d’abolir les conquêtes de sa Révolution et de lui voler ses prodigieuses richesses naturelles.

Une intervention contre le Venezuela serait une agression contre l’Amérique latine et le Bassin caribéen, un retour en arrière dans la construction de l’unité latino-américaine, un coup porté à la mémoire des libertadoresde Notre Amérique ; pour toutes ces raisons, une telle intervention est juridiquement impossible et ne saurait réussir.

Julio Yao Villalaz

Article original en espagnol :

Venezuela, una intervención imposible, ALAI, 14 février 2018

Traduction Maria Poumier, version française publiée par le Réseau Voltaire

Photo :  Le 14 février 2018, les douze ministres des Affaires étrangères du Groupe de Lima se sont opposés à l’élection présidentielle anticipée au Venezuela. Selon eux, et bien qu’ils la réclamaient encore la veille de sa convocation, les conditions n’en sont pas réunies. Identiquement, en 2014, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe avaient dénoncé l’élection présidentielle en Syrie, la qualifiant à l’avance de « farce ». Pourtant, tous les observateurs étrangers présents sur place avaient attesté de son caractère démocratique.

Notes

[1] « Le cabinet Mossak-Fonseca, vu du Panama », par Julio Yao Villalaz, Traduction Maria Poumier, La Estrella de Panamá , Réseau Voltaire, 27 avril 2016.

[2] L’auteur se réfère au commandement régional des forces armées états-uniennes en charge des troupes déployées dans les nombreuses bases militaires US en Amérique du Sud, en Amérique centrale et dans les Caraïbes (Note du Réseau Voltaire).

[3] L’auteur fait référence à l’intervention militaire états-unienne justifiée officiellement par Washington en brandissant une implication supposée du général panaméen Manuel Antonio Noriega dans le narcotrafic international et parce qu’il aurait constitué une « menace » contre la libre circulation grâce au canal interocéanique. À ce jour, il est impossible de préciser le nombre des civils morts lors des bombardements « chirurgicaux » de l’US Air Force contre les quartiers populaires de la capitale panaméenne, déclenchés, tout comme l’invasion, sans la moindre déclaration de guerre de la part de Washington (Note du Réseau Voltaire.)

[4] Le général Colin Powell connu en tant que secrétaire d’État de l’administration Bush Jr., pour avoir exhibé devant le Conseil de sécurité de l’ONU des « armes de destruction massive » (sous la forme d’une fiole de cinq centimètres) qui rendaient « nécessaire » l’invasion contre l’Irak, était le chef d’État-major conjoint des États-Unis au moment de l’invasion du Panama (Note du Réseau Voltaire).

[5] Depuis 2005, l’Onu a posé la responsabilité pour chaque État de protéger sa population et, lorsque cet État est failli, le droit des autres États d’intervenir à la place du défaillant (Note du Réseau Voltaire).

[6] « El Tribunal Internacional de La Haya reconoce tardíamente la inocencia de Slobodan Milosevic », Canarias-Semanal.org (España), 27 de juillet 2016.

[7] Voir le prochain ouvrage de Julio Yao El Monopolio del Canal y la Invasión a Panamá, EUPAN, 2018.

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Alors que les experts s’interrogeaient sur la possible évolution de l’ordre mondial vers un système multipolaire, voire simplement tripolaire, les brusques avancées de la technologie militaire russe imposent le retour à une organisation bipolaire. Revenons sur les enseignements des trois dernières années, jusqu’aux révélations du président Poutine, le 1er mars 2018.

Retour à la case départ : le monde est à nouveau bipolaire. Les États-Unis, imbus de leur supériorité, n’ont pas vu venir le relèvement militaire de la Russie.


Au second trimestre 2012, la Russie et ses alliés s’étaient engagés à déployer une force de paix en Syrie dès l’accord de Genève conclu.

Mais tout tourna autrement lorsque la France relança la guerre, en juillet 2012. Bien que la Russie ait fait reconnaître l’Organisation du Traité de sécurité collective par l’Onu afin de déployer des soldats musulmans, principalement du Kazakhstan, rien ne bougea. Malgré les appels à l’aide de Damas, Moscou resta longtemps silencieux. Ce n’est que trois ans plus tard, que l’armée de l’Air russe arriva et bombarda les installations souterraines des jihadistes.

Durant les trois ans qui suivirent, divers incidents militaires opposèrent la Russie aux États-Unis. Le Pentagone se plaignit par exemple de l’étrange agressivité des bombardiers russes qui s’approchaient des côtes US. À Damas, on s’interrogeait sur le silence de Moscou et l’on se demandait s’il avait oublié ses engagements. Il n’en était rien. La Russie constituait en secret un nouvel arsenal et ne débarqua que lorsqu’elle pensa être prête.

Dès le début de son intervention, son armée installa un système, non pas de brouillage, mais de déconnexion des commandes de l’Otan, dans un rayon de 300 kilomètres autour de Lattaquié. Par la suite, elle déploya le même système en mer Noire et à Kaliningrad. Outre ses nouveaux aéronefs, la Russie utilisa des missiles de croisière plus précis que ceux des USA, tirés par sa marine depuis la mer Caspienne. Le mois dernier elle a testé sur le champ de bataille, des avions multi-rôles ayant des capacités inconnues jusqu’ici.

Il est apparu que, selon les généraux US sur le terrain, l’armée russe dispose désormais de forces conventionnelles plus efficaces que celles des États-Unis. Cependant, leurs homologues du Pentagone doutent encore de cette progression, tant ils sont certains d’être militairement supérieurs pour l’éternité. Selon eux, il est tout simplement ridicule de comparer les deux armées, la leur ayant un budget huit fois plus important. Toutefois, jamais dans la science militaire, on a comparé les performances de deux armées rivales au seul montant de leurs budgets, ce que Vladimir Poutine a souligné en évoquant la qualité exceptionnelle de ses soldats comparée à celle des États-Unis.

Quoi qu’il en soit, si les Russes sont un peu meilleurs en matière conventionnelle, ils ne peuvent se déployer sur plusieurs théâtres d’opération simultanés et Washington conserve sa supériorité nucléaire.

L’entrée en guerre, le 24 février 2018, de l’infanterie russe dans la Ghouta de Damas est certes la conséquence d’un accord avec les Etats-Unis qui se sont engagés à ne plus s’investir en Syrie et donc, à ne pas reproduire le harcèlement qu’ils organisèrent contre l’Armée rouge en Afghanistan. Elle est aussi le signe que le Pentagone craint désormais que l’armée russe ne lui rende la pareille, ailleurs dans le monde.

C’est précisément à ce moment que le président Poutine conteste la supériorité nucléaire US. Lors de son discours devant son Parlement, le 1er mars 2018, il a annoncé que son pays détient un ahurissant arsenal nucléaire.

Tous ces programmes sont plus ou moins connus de longue date, mais les experts ne les imaginaient pas opérationnels avant longtemps. Or, la plupart le sont déjà. On doit se demander comment les Russes ont pu les mettre au point à l’insu des services de Renseignement US. C’est pourtant ce qu’ils sont parvenus à faire avec le Su-57 qu’ils ont testé au combat, il y a trois semaines, alors que la CIA ne l’imaginait pas prêt avant 2025.

Vladimir Poutine a révélé son nouvel arsenal. Le missile balistique intercontinental (ICBM) Sarmate (du nom d’un peuple russe antique pour qui les femmes et les hommes étaient égaux). Il reprend la technique de la « tête orbitale » qui avait déjà assuré la supériorité russe durant les années 70, et que l’Union soviétique avait abandonné en signant et en ratifiant les accords SALT II. Or, le Sénat US n’a jamais ratifié ce Traité, le rendant caduque. Ce type de missile, dont la tête est d’abord placée en orbite, puis entre dans l’atmosphère et fonce sur sa cible, a un rayon d’action illimité. Les Traités prohibant la nucléarisation de l’espace interdisent de placer une charge nucléaire de manière pérenne en orbite, mais pas de la faire entrer dans l’espace durant une partie de son trajet. En l’état actuel des connaissances, il ne peut être intercepté durant cette période. Le Sarmate peut surgir dans l’atmosphère et attaquer n’importe qui, n’importe où.

Le missile Dague (Kinzhal en russe) qui doit être tiré depuis un bombardier pour atteindre dans l’atmosphère une vitesse hypersonique, c’est-à-dire cinq fois supérieure à celle nécessaire pour atteindre le mur du son. Cette vitesse vertigineuse le rend évidemment impossible à intercepter. Il a été testé avec succès, il y a trois mois.

La Russie dispose aussi d’un moteur à énergie nucléaire (c’est-à-dire d’une centrale nucléaire) qui a été miniaturisé au point de pouvoir équiper un missile de croisière à charge nucléaire. Les missiles de croisière ayant un trajet imprévisible et ce moteur ayant une autonomie quasi-infinie, ils sont pour le moment invincibles.

Ce moteur, placé sur un drone sous-marin, lui permet de transporter à une vitesse plusieurs fois supérieure à celle d’un sous-marin classique une charge nucléaire considérable. Outre ses effets radioactifs, la charge transportée pourrait déclencher un tsunami de 500 mètres de haut au large de n’importe quelle côte océanique.

Enfin, la Russie tente de mettre au point un projectile hypersonique, l’Avant-garde, qui non seulement cumulerait les caractéristiques de passage dans l’espace du Sarmate et de vitesse de la Dague, mais dont la trajectoire pourrait en plus être ajustée au cours de son trajet.

Les nouvelles armes nucléaires russes ont été conçues pour rendre inopérant le « bouclier » anti-missiles que le Pentagone développe, base après base, dans l’ensemble du monde depuis une quarantaine d’années. Ce n’est pas un problème de force supérieure, mais de conception technique. Le principe du bouclier n’offre aucune défense possible face à elles.

Pis, le président Poutine a également annoncé la réalisation d’une arme laser dont il a tenu secrètes les caractéristiques. Il semble qu’elle soit capable d’intercepter une partie des lanceurs US.

Pour le moment, les états-majors des pays membres de l’Otan ne croient pas un mot de ces allégations, tant ces armes relèvent à leurs yeux de la science-fiction.

Pourtant, l’Histoire nous a appris que la Russie, le pays des échecs, pas du poker menteur, ne bluffe jamais à propos de son arsenal. Elle a souvent fait croire que des armes à l’étude étaient déjà opérationnelles, mais elle n’a jamais officiellement annoncé « prêtes au combat » des armes qui ne l’étaient pas encore. Les plus de 200 nouvelles armes employées en Syrie nous ont convaincus de l’avancée technologique de leurs scientifiques.

Les immenses progrès de la Russie ont fait perdre aux États-Unis le privilège de la première frappe. Désormais, en cas de guerre nucléaire, les deux Grands pourront se frapper mutuellement. Les USA disposeront d’un nombre considérablement plus élevé de missiles à charge nucléaire, et la Russie sera en mesure d’en intercepter un grand nombre. Chacun ayant la capacité de dévaster plusieurs fois la planète, les deux se trouvent théoriquement à nouveau à égalité dans ce type d’affrontement.

Côté US, le complexe militaro-industriel est en panne depuis une vingtaine d’années. Le plus important projet d’avionique de l’histoire, le F-35, devait remplacer à la fois les F-16, les F-18 et les F-22, mais Lockheed Martin est incapable de concevoir les logiciels annoncés. L’actuel F-35 en est en réalité totalement incapable de remplir son cahier des charges et l’US Air Force envisage de reprendre la production de vieux aéronefs.

Certes, le président Donald Trump et son équipe ont décidé d’attirer de nouveaux cerveaux aux États-Unis pour y relancer la production d’armements et contraindre le lobby militaro-industriel de répondre aux besoins du Pentagone au lieu de continuer à lui vendre les mêmes vieilles carcasses. Mais il lui faudra au moins vingt ans pour récupérer le retard accumulé.

Les progrès techniques de la Russie ne bouleversent pas seulement l’ordre mondial en rétablissement contre toute attente un système bipolaire, ils contraignent aussi les stratèges à repenser la guerre.

L’Histoire nous a appris que peu d’hommes réalisent immédiatement les changements de paradigme militaire. Au XVème siècle, lorsque les armées française et anglaise livrèrent la bataille d’Azincourt, les chevaliers en armure français furent écrasés par les archers et arbalétriers à pied anglais, quoi qu’inférieurs en nombre. Pourtant, des généraux persistèrent à privilégier le corps-à-corps au combat à distance avec des flèches et des boulets. On vit encore pendant un siècle des chevaliers en armure se faire massacrer sur des champs de bataille.

Par exemple, aucune bataille de chars n’a eu lieu depuis la défaite du président Hussein, en 1991 lors de l’opération Tempête du désert. Pourtant la presque totalité des armées n’a pas su interpréter ce qui s’était passé. La victoire, en 2006, de petits groupes de Résistants du Hezbollah contre les chars Merkava israéliens a montré de manière indubitable la vulnérabilité de ce type d’armes. Rares sont les États qui en ont tiré des conclusions, sauf l’Australie et la Syrie par exemple. La Russie elle-même persiste à produire d’énormes forteresses roulantes qui ne résisteront pas à ses propres RPG correctement maniés.

L’arsenal russe est invincible, en tous cas si l’on tente de le combattre avec d’anciennes méthodes. Il est par exemple impensable d’intercepter des projectiles hypersoniques. Mais on pourra peut-être en prendre le contrôle avant qu’ils n’atteignent cette vitesse. Les recherches militaires vont donc s’orienter vers le contrôle des commandes et communications ennemies. Manque de chance, dans ce domaine aussi, les Russes sont en avance.

Thierry Meyssan
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Le discours du président russe Poutine sur l’état de la nation, dédié aux questions internes et internationales, a suscité en Italie un faible intérêt politico-médiatique et quelques commentaires ironiques. Pourtant il devrait être écouté avec une extrêmes attention.

Vidéo original en italien avec sous-titres en français :

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Dans une nouvelle attaque contre la liberté d’expression, l’Union européenne (UE) appelle les grandes entreprises de médias sociaux et d’Internet, notamment Facebook, Twitter et Google, à censurer automatiquement et immédiatement l’information mise en ligne.

Le 1ᵉʳ mars, la Commission européenne a appelé les entreprises et les États membres à assurer « la détection et la suppression des contenus illégaux par des mesures réactives (dites « notification et action ») ou des mesures proactives. Elle a également identifié un vaste secteur d’information devant faire l’objet de la censure. Selon la Commission, ses recommandations s’appliquent à toutes les formes de « contenu à caractère terroriste, d’incitation à la haine et à la violence, de contenus d’exploitation sexuelle d’enfants, de produits contrefaits et de violation du droit d’auteur. »

« En tenant compte du fait que le contenu terroriste est le plus dangereux dans les premières heures de son apparition en ligne, toutes les entreprises devraient supprimer en règle générale ce contenu dans l’heure qui suit son signalement », indique le communiqué.

Les mesures dont parle l’UE obligeraient les entreprises à créer des programmes, qui ne seraient responsables devant personne, pour ratisser Internet et supprimer le contenu créé par les utilisateurs. Cela consoliderait les mesures de censure que l’UE a proposées l’année dernière via son Forum Internet, qui a appelé les entreprises technologiques à œuvrer pour développer la suppression automatique de contenu en ligne.

L’UE a salué les avancées dans cette direction qui ont déjà eu lieu. Selon l’UE, « Twitter a indiqué que la suppression des trois quarts des 300 000 comptes supprimés entre janvier et juin 2017 a été réalisée avant que le premier tweet ne soit posté. Selon YouTube, plus de 150 000 vidéos ont été supprimées depuis juin 2017. Une fois conscient d’un contenu terroriste, Facebook supprime 83 pourcents des copies téléchargées par la suite dans l’heure qui suit le téléchargement.

L’UE a justifié sa politique par des allégations galvaudées sur la lutte contre le terrorisme. « Alors que plusieurs plateformes ont supprimé plus de contenu illégal que jamais avant […] nous devons encore réagir plus vite contre la propagande terroriste et d’autres contenus illégaux qui constituent une menace sérieuse sur la sécurité, sur la sûreté et sur les droits fondamentaux de nos citoyens », a dit le commissaire au numérique Andrus Ansip.

Des articles de presse sur cette dernière exigence de censure de la part de l’UE ont cité le besoin, comme l’écrit le Guardian, de lutter contre le « contenu extrémiste sur le web » qui a « influencé les agresseurs isolés qui ont tué des personnes dans plusieurs villes européennes suite à leur radicalisation ».

L’argument selon lequel la censure par l’UE viserait les terroristes « isolés » est un mensonge, surtout parce que les terroristes isolés sont en grande partie une fiction politique. Les principales attaques terroristes en Europe ont été menées non pas par des individus isolés, mais par des membres de réseaux islamistes actifs dans les guerres par procuration de l’OTAN au Moyen-Orient, et activement surveillés et protégés par les services de renseignements européens.

Les organisateurs d’attentats terroristes en France en 2015 et en Belgique en 2016 étaient bien connus des services de renseignement. Les frères Kouachi qui ont mené l’attentat contre Charlie Hebdo, Abdelhamid Abaaoud, le meneur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, et les frères El Bakraoui qui ont mené les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles étaient tous bien connus des services de renseignement européens. Ils ont été autorisés à voyager librement et à préparer leurs attaques, car leurs réseaux étaient des contacts de renseignement opérant sous la protection de l’État.

De même, les liens de la milice de l’État islamique avec l’auteur de l’attaque du marché de Noël à Berlin, Anis Amri, et Salman Abedi l’auteur de l’attentat de Manchester étaient bien connus des services secrets allemands et britanniques, respectivement, avant qu’ils n’agissent. Ces attentats ont été exploités par les pays de l’UE pour intensifier les mesures d’État-policier qui détruisent les droits démocratiques fondamentaux, comme en témoigne l’état d’urgence en France.

Maintenant, la diversion de la lutte contre les terroristes « solitaires » sert de prétexte à de nouvelles attaques contre la liberté d’Internet et la liberté d’expression.

Ces attaques sont bien avancées. L’UE veut que les mêmes entreprises informatiques qui travaillent étroitement sur la censure d’Internet avec un grand nombre d’États, surtout Washington et les agences de renseignement américaines, utilisent des méthodes similaires pour piétiner la liberté d’expression et d’autres droits démocratiques en Europe. C’est ce qui ressort des récentes remarques de Julian King, le commissaire européen à la sécurité.

La censure comme celle proposée par l’UE, a déclaré King, est « non seulement possible, c’est déjà fait par un certain nombre de plateformes majeures ». Il a appelé à « des mesures proactives pour identifier et supprimer le contenu illégal, y compris les moyens automatisés tels les filtres des téléchargements là où cela est convenable ». Il a également appelé les entreprises de l’informatique à coopérer avec les « États membres de l’UE, les signaleurs de confiance, et entre eux pour travailler ensemble et bénéficier des meilleures pratiques. »

De telles remarques sont un avertissement. Les politiciens américains et les firmes de l’informatique ont déclaré ouvertement qu’ils cherchaient à mener une censure politiquement orientée, visant à promouvoir des organes de presse « fiables » qui ne seraient guère plus que des organes de propagande d’État. Surtout, ces mesures de censure sont mises en œuvre pour limiter l’accès aux publications socialistes et anti-guerre, comme le World Socialist Web Site, dans un contexte d’opposition croissante à la guerre et à l’austérité de la part des travailleurs et des jeunes américains.

L’été dernier, le WSWS a identifié une baisse très importante de son lectorat, ainsi que celui d’autres sites web socialistes, anti-guerre et progressistes, qui a été la conséquence de la mise en œuvre par Google d’un nouvel algorithme visant à promouvoir des sources d’information « fiables » aux dépens d’autres sources « indépendantes ».

Maintenant, sous prétexte de lutter contre le « contenu terroriste », l’UE cherche également à mettre en place des mesures répressives pour censurer Internet qui visent carrément la montée du mécontentement social et politique au niveau international. Les grandes puissances européennes adoptent déjà des lois de censure similaires au niveau national. Depuis le 1ᵉʳ janvier, la loi allemande dite « loi Facebook » est entrée en vigueur, permettant à Berlin de réguler et de censurer Internet de la même manière que l’administration Trump et son attaque contre la neutralité du net aux États-Unis.

Au nom de la lutte contre le contenu « illégal », l’UE vise toute opposition qui remettrait en question ses projets visant à réduire les dépenses sociales pour financer la remilitarisation et les guerres à l’étranger.

Alors que l’élite dirigeante allemande prépare un nouveau gouvernement de coalition entre les sociaux-démocrates et les chrétiens démocrates, les partis impliqués dans le nouveau gouvernement ont appelé au renforcement des forces armées allemandes et de l’influence allemande dans le monde entier.

En France, le président Emmanuel Macron a annoncé 300 milliards d’euros de dépenses militaires au cours des six prochaines années, ainsi qu’une forte réduction des programmes sociaux de base et un retour au service militaire obligatoire.

C’est dans ce contexte – sur fond de large opposition populaire à l’austérité et au militarisme de l’UE, de grèves récentes en Europe chez les métallurgistes allemands et les cheminots britanniques en passant par les travailleurs de l’automobile roumains – que l’UE cherche à mettre en place la censure d’Internet et des médias sociaux.

Kumara Ira

Voir aussi :

For an international coalition to fight Internet censorship
[23 Janvier 2018]

Pour une coalition internationale contre la censure d’Internet

[24 janvier 2018]

Article paru en anglais, WSWS, le 5 mars 2018

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Les politiques gouvernementales et les documents d’Énergir (Gaz Métro) indiquent qu’une offre de gaz naturel supplémentaire importante s’apprête à envahir le territoire québécois. Une partie du gaz additionnel, importé ou extrait ici même, avec le soutien financier du gouvernement, serait consommée au Québec grâce à un réseau de gazoducs toujours plus tentaculaire, subventionné par le Fonds vert. Le reste serait exporté sous forme de gaz naturel liquéfié.

Cette offre supplémentaire d’énergie peut entraîner trois conséquences: conversion de systèmes électriques vers le gaz naturel, ce qui est absurde; remplacement du pétrole par le gaz, ce qui correspond à faire du sur-place en matière d’émissions de GES; ou encore, augmentation de la consommation d’énergie, et ici de type fossile. Cette politique représente donc un retour en arrière de trois décennies, une contradiction flagrante par rapport aux efforts de réduction des gaz à effet de serre, et une insulte au bon sens.

Pourquoi favoriser la filière gazière? En Amérique du Nord, seulement un tiers des réserves restantes sont de type conventionnel, et ces réserves sont en voie d’épuisement. Au Québec, il n’existe aucun gisement conventionnel connu; toute extraction de gaz de schiste, de grès, de calcaire ou de dolomie exigerait l’utilisation de procédés non conventionnels comme la fracturation, ce qui, encore une fois, nous amènerait sur un chemin diamétralement opposé aux cibles.

La fracturation provoque une augmentation notable des émissions de CO2 due à l’utilisation de nombreux camions dotés de moteurs diesel de forte puissance pour le transport des fluides de fracturation, ainsi que de pompes de grande puissance pour la fracturation. Plusieurs études ont aussi montré que chaque puits occasionne des fuites importantes de méthane au moment de l’exploitation et après son abandon. L’impact du méthane sur le réchauffement climatique est 86 fois plus important par molécule que celui du CO2 sur une échelle de 20 ans. Les puits fracturés ont une durée de vie très courte, de 6 mois à 3 ans, et sont ensuite abandonnés. Pour maintenir la production, les exploitants doivent donc sans cesse forer et fracturer de nouveaux puits. Or, tout GES produit a un impact sur l’ensemble de la planète. Au final, cette filière énergétique est aussi néfaste que le charbon.

Le gouvernement a maintes fois réitéré sa volonté d’utiliser les fonds publics pour étendre le réseau de distribution du gaz naturel, financer son utilisation comme combustible pour une partie des innombrables camions circulant au Québec, subventionner des conversions au gaz naturel pour le chauffage des bâtiments et investir dans des projets de gaz naturel liquéfié. Il s’agit là d’une aberration et d’un gaspillage de fonds publics qui profite sans doute à Énergir mais ne sert en rien la transition vers la carboneutralité.

D’autres avenues sont possibles, et elles sont nombreuses. En premier lieu, privilégier l’efficacité énergétique, c’est la voie la plus rentable à court terme. Mais, il y a un mais. Cette filière ne passe pas par de grosses corporations, souvent étrangères, mais par du travail de terrain ayant l’avantage d’offrir de nombreux emplois pour les gens d’ici. En matière de transport des personnes, la transition repose sur l’aménagement du territoire, le transport actif et collectif, la tarification et la fiscalité. Au niveau du transport interurbain de marchandises, la voie du futur est le chemin de fer.

Chose certaine, on n’est pas dans une transition énergétique quand on travaille à offrir toujours plus d’énergie à dépenser, souvent à gaspiller, surtout si cette énergie est du gaz naturel issu de la fracturation. La réduction est la première nécessité.

 Bruno Detuncq

Professeur à la retraite de l’École Polytechnique

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« Je suis fier d’avoir un président qui dira crûment la vérité dans les négociations » a déclaré Éric Prince sur Breitbart News. « Si le président dit que certains endroits sont des trous à merde, il a raison. » C’est ainsi que M. Éric Prince a rendu hommage à M. Donald Trump. Prince étant bien sûr le célèbre fondateur de Blackwater, l’armée privée qui, en septembre 2007, a ouvert le feu sur une place bondée à Bagdad, tuant 17 civils irakiens et en blessant gravement 20 autres.

Parlant de Haïti et autres « trous à merde » Prince à déclaré : « C’est une triste caractérisation de beaucoup de ces endroits. Ça n’a rien à voir avec la race. Cela à voir avec des gouvernements incompétents et corrompus qui maltraitent leurs citoyens, et cela se traduit par l’absence totale d’infrastructures, notamment des égouts à ciel ouvert, l’eau polluée et la criminalité. C’est quelque chose que nous ne voulons pas en Amérique. »

À l’instar des médias américains, Prince n’a pas mentionné qu’en deux occasions récentes, lorsque Haïti avait un gouvernement correct dirigé par Jean-Bertrand Aristide, qui était motivé pour améliorer les conditions, les États-Unis ont joué un rôle primordial pour en annuler les effets. Cela s’est ajouté au soutien total à la dictature des Duvalier pendant près des 30 ans précédant l’arrivée d’Aristide.

Aristide, un prêtre réformiste, a été élu à la présidence en 1991 mais en a été chassé huit mois plus tard par un coup d’État militaire. La Maison Blanche de Clinton s’est ainsi retrouvée dans la situation délicate de devoir prétendre – à cause de toute sa rhétorique sur la « démocratie » – qu’elle soutenait le retour au pouvoir d’Aristide, démocratiquement élu, de son exil aux États-Unis. Après avoir reporté son retour pendant plus de deux ans, Washington a réinstallé militairement Aristide au pouvoir, mais seulement après avoir contraint le prêtre à garantir qu’il n’aiderait pas les pauvres aux dépens des riches – littéralement ! – et qu’il s’en tiendrait à l’économie de marché. Cela signifiait que Haïti continuerait d’être l’usine d’assemblage de l’hémisphère occidental, ses ouvriers touchant des salaires de famine, littéralement ! Si Aristide songeait à rompre l’accord imposé, il lui suffisait de regarder par la fenêtre – les troupes américaines étaient stationnées en Haïti pour le reste de son mandat.

En 2004, Aristide de nouveau élu à la présidence, les États-Unis ont mis en scène l’un des coups d’État les plus éhontés de leur histoire. Le 28 février 2004, du personnel diplomatique et militaire américain arriva au domicile d’Aristide pour l’informer que ses agents de sécurité privés américains devaient soit partir immédiatement pour retourner aux États-Unis, soit combattre et mourir ; que les 25 agents de sécurité américains restants engagés par le gouvernement haïtien, qui devaient arriver le lendemain, avaient été bloqués par les États-Unis ; que des rebelles étrangers et haïtiens étaient tout près, lourdement armés, déterminés et prêts à tuer des milliers de gens dans un bain de sang. Aristide a été pressé de signer une « lettre de démission »avant d’être renvoyé en exil par les États-Unis.

Ensuite de quoi, le Secrétaire d’État Colin Powell, sur le ton le plus sincère qu’il a pu trouver, a déclaré au monde qu’Aristide « n’avait pas été enlevé. Nous ne l’avons pas forcé à monter dans l’avion. Il y est allé de son plein gré. C’est la vérité. » Powell avait l’air aussi sincère qu’il l’avait été une année avant lorsqu’il a présenté à l’ONU un inventaire détaillé (quoique imaginaire) des armes chimiques, biologiques et nucléaires en Irak, peu avant l’invasion étasunienne.

Jean-Bertrand Aristide était classé, par ses paroles et ses actes, comme n’étant pas un grand amoureux de la mondialisation ou du capitalisme. Ce n’était pas le genre d’homme que la mafia impérialiste voulait pour diriger l’usine d’assemblage de l’hémisphère occidental. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle intervienne.

Il faut également relever que les États-Unis ont aussi maintenu des progressistes à l’écart du pouvoir au Salvador, un autre des pays « trous à merde » de Trump.

William Blum

 

Fake News by Omission: the Haiti Example, Counterpunch, le 9 février 2018

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

William Blum est l’auteur de Killing Hope : U.S. Military and CIA Interventions Since World War IIRogue State : a guide to the World’s Only Super Power. Son dernier ouvrage : America’s Deadliest Export : Democracy. Pour l’atteindre : [email protected]

 

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« Il est essentiel de créer les conditions d’une main-d’œuvre créative et de la croissance économique à un rythme qui mettrait un terme à la division du monde en gagnants permanents et en perdants permanents. Les règles du jeu devraient donner aux économies en développement au moins une chance de rattraper celles que nous connaissons comme des économies développées. Nous devrions travailler à niveler le rythme du développement économique et renforcer les pays et les régions arriérés afin de rendre le fruit de la croissance économique et du progrès technologique accessibles à tous. En particulier, cela contribuerait à mettre fin à la pauvreté, l’un des pires problèmes contemporains.» – Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie, Réunion du Club de discussion international de Valdaï

Poutine veut mettre fin à la pauvreté ? Poutine veut stimuler la croissance économique dans les pays en développement ? Poutine veut changer le système qui divise le monde en « gagnants et perdants permanents » ? Mais, comment est-ce possible ? Après tout, Poutine est mauvais, Poutine est un « voyou du KGB » Poutine est le « nouvel Hitler » !

Les libéraux américains seraient surpris d’apprendre que Poutine soutient effectivement nombre des mêmes problèmes sociaux qu’eux. Par exemple, le président russe est non seulement déterminé à élever le niveau de vie et à mettre fin à la pauvreté, mais il croit aussi beaucoup aux soins de santé universels qui sont gratuits en vertu de la Constitution russe actuelle.

Naturellement, le système russe a ses défauts, mais il y a eu des progrès significatifs sous Poutine qui a considérablement augmenté le budget [de la santé], amélioré la qualité des soins et élargi l’accessibilité. Poutine estime que les soins de santé devraient être un droit humain universel. Voici ce qu’il a dit lors de la réunion annuelle du Valdai International Discussion Club :

« Une autre priorité est la santé mondiale (…) Toutes les personnes dans le monde, pas seulement l’élite, devraient avoir le droit à une vie saine, longue et pleine. C’est un objectif noble.

En bref, nous devrions construire les bases du monde futur aujourd’hui en investissant dans tous les domaines prioritaires du développement humain. »

Combien de politiciens libéraux aux États-Unis appuieraient une recommandation comme celle de Poutine ? Pas beaucoup. Les Démocrates sont beaucoup plus partisans des réformes basées sur le marché, comme Obamacare qui garantissent une part de plus en plus importante du gâteau aux HMO [organismes privés fournissant les soins] géants et aux compagnies pharmaceutiques voraces. Les Démocrates ne font plus aucun effort pour promouvoir la santé universelle en tant que droit humain fondamental. Ils ont simplement jeté l’éponge et sont passés à d’autres problèmes.

Beaucoup d’Américains trouveraient le point de vue de Poutine sur le changement climatique tout aussi surprenant. Voici un autre extrait du discours de Valdai :

« Mesdames et Messieurs, un autre problème qui affectera l’avenir de toute l’humanité est le changement climatique. (…) Je suggère que nous examinions la question de plus près (…) Ce dont nous avons besoin, c’est d’une approche essentiellement différente, qui impliquerait l’introduction de nouvelles technologies innovantes qui ne nuiraient pas à l’environnement, mais travailleraient en harmonie avec lui, nous permettant de rétablir l’équilibre entre la biosphère et la technologie, perturbé par les activités humaines.

C’est en effet un défi de proportions globales. Et je suis convaincu que l’humanité a la capacité intellectuelle nécessaire pour y répondre. Nous devons joindre nos efforts, en engageant principalement les pays qui possèdent de solides capacités de recherche et de développement, et qui ont fait des progrès significatifs dans la recherche fondamentale.

Nous proposons de convoquer un forum spécial sous les auspices de l’ONU pour traiter de manière globale les problèmes liés à l’épuisement des ressources naturelles, à la destruction de l’habitat et au changement climatique. La Russie est prête à co-parrainer un tel forum (…) »

La plupart des gens ne soupçonneraient jamais que Poutine soutienne un effort mondial pour lutter contre le changement climatique. Et, comment sauraient-ils, après tout ? Des éléments d’information comme celui-là – qui aident à adoucir l’image de Poutine et à lui donner l’apparence d’un être humain rationnel – sont ignorés des couverture médiatiques afin de le montrer sous le pire aspect possible. Les médias ne veulent pas que les gens sachent que Poutine est un homme réfléchi et modeste qui a travaillé sans relâche pour faire de la Russie et du monde un endroit meilleur à vivre. Non, ils veulent qu’ils croient qu’il est un despote tyrannique intrigant, dont la haine obsessionnelle pour l’Amérique constitue une menace très réelle pour la sécurité nationale américaine. Mais ce n’est pas vrai.

Poutine n’est pas la caricature sinistre que les médias affichent et il ne déteste pas l’Amérique, ce n’est que la propagande de la chambre d’écho du grand business. La vérité est que Poutine a été bon pour la Russie, bon pour la stabilité régionale et bon pour la sécurité mondiale. Il a évité l’anéantissement de la Fédération de Russie en 2000 et a, depuis, fait évoluer le pays dans une direction positive. Son impact sur l’économie russe a été particulièrement impressionnant. Selon Wikipedia :

« Entre 2000 et 2012, les exportations énergétiques de la Russie ont alimenté une croissance rapide du niveau de vie, le revenu disponible réel augmentant de 160%. En termes de dollars, cela représente une augmentation de plus de sept fois. Dans la même période, le chômage et la pauvreté ont diminué de plus de moitié et la satisfaction de la vie, auto-évaluée par les Russes, a également augmenté considérablement. »

L’inégalité est un problème en Russie comme aux États-Unis, mais la grande majorité des travailleurs ont grandement profité des réformes de Poutine et d’un système de distribution qui, à en juger par la hausse constante des revenus disponibles, est nettement supérieur à celui des États-Unis où les salaires ont stagné pendant plus de deux décennies et où la quasi-totalité de la richesse est accaparée par le 1% parasitaire.

Depuis que Poutine est entré en fonction en 2000, les travailleurs ont vu une augmentation générale des salaires, des avantages sociaux, des soins de santé et des retraites. La pauvreté et le chômage ont été réduits de plus de moitié alors que l’investissement étranger a connu une croissance régulière. Les prêts onéreux du FMI ont été intégralement remboursés, la fuite des capitaux a cessé, des centaines de milliards de réserves ont été accumulés, les impôts des particuliers et des sociétés ont été réduits et la technologie a connu une renaissance sans précédent. Les oligarques russes notoires ont encore une mainmise sur de nombreuses industries privées, mais leur emprise commence à se relâcher et la « kleptocratie a commencé à disparaître ».

Les choses sont loin d’être parfaites, mais l’économie russe a prospéré sous Poutine et, d’une manière générale, les gens sont reconnaissants. Cela aide à expliquer pourquoi les évaluations d’approbation publique de Poutine sont généralement dans la stratosphère (70 à 80%). Tout simplement : Poutine est le président russe le plus populaire de tous les temps. Et sa popularité ne se limite pas à la Russie, en fait, il se classe généralement en tête de la plupart des sondages de leadership mondiaux tels que le récent sondage Gallup International de fin d’année, où Poutine arrive en troisième position (43%), Angela Merkel (49%) et le président français Emmanuel Macron (45%) le devancent. Selon Gallup : « Poutine est passé de 33% d’opinions favorables à 43%, une augmentation significative sur deux ans. »

Le seul endroit où les gens ont une opinion négative de Poutine est aux États-Unis (14%) et dans l’UE (28%), les deux endroits où il est implacablement attaqué par les médias et vilipendé par la classe politique. Cela ne devrait pas surprendre les Américains qui savent que les chances de tomber sur un article qui traite Poutine avec une objectivité même minime est à peu près aussi probable que de trouver une pièce de cuivre au fond de l’océan Pacifique. L’opinion consensuelle des médias occidentaux est que Poutine est un autocrate maniaque qui tue les journalistes et les opposants politiques (aucune preuve), qui s’immisce dans les élections américaines pour « semer la discorde » et détruire notre précieuse démocratie (aucune preuve), et qui mène une cyber-guerre secrète et sinistre contre les États-Unis. (aucune preuve). C’est une litanie pathétique de libellés diffamatoires fabriqués, mais son impact sur le peuple américain endoctriné a été assez impressionnant comme le montrent les résultats de Gallup. Conclusion : la propagande a fonctionné.

Les attaques contre Poutine ont commencé en 2006, lors de son deuxième mandat, lorsqu’il est devenu évident que la Russie allait résister au pillage et à l’exploitation que les États-Unis exigent de leurs États vassaux. C’est alors que le puissant Council on Foreign Relations (CFR) a financé un rapport intitulé « La mauvaise direction de la Russie » qui suggérait que la politique étrangère de plus en plus indépendante de la Russie et son insistance à contrôler ses vastes ressources pétrolières et gazières signifiaient que « l’idée même d’un partenariat stratégique » ne semblait plus réaliste. Il semble que la Russie ait été jetée aux orties parce qu’elle voulait contrôler son propre pétrole et son propre destin.

John Edwards et Jack Kemp ont été nommés pour diriger un groupe de travail du CFR qui a concocté le prétexte absurde que Poutine était « en train de faire reculer la démocratie » en Russie. Ils ont affirmé que le gouvernement était devenu de plus en plus autoritaire et que la société devenait moins « ouverte et pluraliste ». Kemp et Edwards ont fourni la base idéologique sur laquelle toute la campagne de relations publiques contre Poutine a été construite. Douze ans plus tard, les mêmes accusations sont toujours portées contre Poutine avec les allégations supplémentaires qu’il s’est ingéré dans les élections présidentielles de 2016.

Nul besoin de le dire, aucun des journaux, des magazines ou des médias de la nation ne publie jamais quelque chose qui s’écarte même légèrement du discours propagandiste dominant sur Poutine. On ne peut que supposer que les vues des médias grand public sur Poutine sont universellement acceptées par les 325 millions d’Américains ou que la soi-disant presse libre est une misérable farce qui dissimule une machine autoritaire qui censure toutes les opinions qui ne favorisent pas leur propre agenda calomniateur.

Ce que Washington méprise vraiment à propos de Poutine, c’est qu’il a refusé de se conformer à leurs diktats et a ouvertement rejeté leur modèle d’ordre mondial unipolaire. Comme il l’a déclaré lors de la conférence annuelle sur la sécurité à Munich en 2007 :

« Le monde unipolaire est un monde dans lequel il y a un seul maître, un seul souverain ; un centre unique de décision. En fin de compte, cela est pernicieux non seulement pour tous ceux qui font partie de ce système, mais aussi pour le souverain lui-même, car il se détruit de l’intérieur. »

Malgré les efforts de la Russie pour aider les États-Unis dans leur guerre contre le terrorisme, Washington a continué à considérer Poutine comme un rival émergent qui devra finalement être affronté. Le conflit en Ukraine a ajouté plus d’huile sur le feu en opposant les deux superpuissances dans une guerre chaude qui reste non résolue à ce jour.

Mais la Syrie était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’intervention de la Russie dans la guerre de Syrie en septembre 2015 s’est avérée être le tournant décisif de la conflagration qui a duré sept ans. En faisant reculer les militants entraînés par la CIA, Poutine a fait saigner le nez de Washington et a forcé le Pentagone à adopter un plan de sauvegarde qui s’appuyait fortement sur les forces kurdes stipendiées à l’est de l’Euphrate. À l’heure actuelle, les forces spéciales américaines et leurs alliés se cramponnent à une bande de terres arides de l’arrière-pays syrien dans l’espoir que les huiles du Pentagone puissent élaborer une stratégie dynamique qui inverse le sort ou mette rapidement fin à la guerre.

L’humiliation en Syrie a précipité l’Opération d’information (OI) contre la Russie, le Russiagate, qui est la composante de propagande dans la guerre actuelle contre la Russie. Le scandale a été un moyen efficace d’empoisonner la perception du public et de faire croire que l’auteur de l’agression est vraiment la victime. Plus important, l’échec en Syrie a conduit à une réévaluation de la façon dont Washington mène ses guerres à l’étranger. Le prétexte de la guerre contre le terrorisme a été abandonné pour une approche plus directe exposée dans la stratégie de défense nationale de l’administration Trump. L’accent sera mis sur la « compétition entre les grandes puissances » c’est-à-dire que les États-Unis subordonnent leurs opérations secrètes indirectes à des démonstrations plus flagrantes de la force militaire, en particulier face à la « menace croissante des puissances révisionnistes » Russie et Chine. En bref, les gants sont enlevés et Washington se prépare à une guerre terrestre.

Poutine est devenu un obstacle aux ambitions impériales de Washington, c’est pourquoi il a été élevé au rang d’ennemi public numéro 1. Cela n’a rien à voir avec l’ingérence fictive dans les élections de 2016 ou le slogan absurde de la « démocratie qui recule » en Russie. Tout est une question de pouvoir. Aux États-Unis, le groupe qui détient le plus de pouvoir est l‘establishment de la politique étrangère. Ce sont les mandarins proéminents qui dictent la politique, et l’adaptent à leur vision stratégique en déployant leurs laquais dans les médias pour façonner le récit. Ce sont les gens qui ont décidé que Poutine doit être diabolisé pour ouvrir la voie à plus d’interventions étrangères, plus de guerres de changement de régime, plus d’agressions sanglantes contre des états souverains.

Poutine a averti Washington que la Russie ne resterait pas sur le banc de touche pendant que les États-Unis détruisent un pays après l’autre dans leur soif de domination globale. Il a réitéré son affirmation que « l’hyper-recours à la force » de Washington créait de « nouveaux centres de tension » exacerbait les conflits régionaux, sapait les relations internationales et « plongeait le monde dans un abîme de conflits permanents ». Il a souligné comment les États-Unis affichent régulièrement leur mépris pour le droit international et « outrepassent leurs frontières nationales par tous les moyens ». En raison du comportement agressif de Washington, la confiance du public dans le droit international et la sécurité mondiale s’est progressivement érodée et « personne ne se sent en sécurité. Je veux insister sur ce point » a tonné Poutine à Munich. « Personne ne se sent en sécurité. »

Le 28 septembre 2015, Poutine a finalement jeté le gant dans un discours qu’il a prononcé lors de la 70e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Après avoir réitéré son attachement au droit international, à l’ONU et à la souveraineté des États, il a fourni un compte rendu bref mais troublant des événements récents au Moyen-Orient, qui ont tous empiré de façon significative à cause de l’usage de la force par Washington. Voici Poutine :

« Regardez la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (…) Au lieu d’apporter des réformes, une intervention agressive a détruit les institutions gouvernementales et le mode de vie local. Au lieu de la démocratie et du progrès, il y a maintenant la violence, la pauvreté, les désastres sociaux et le mépris total pour les droits humains, y compris le droit à la vie (…)

Le vide du pouvoir dans certains pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a évidemment résulté dans l’apparition de zones d’anarchie, qui ont rapidement été comblées par les extrémistes et les terroristes. Le soi-disant État islamique a des dizaines de milliers de militants qui se battent pour cela, y compris les anciens soldats irakiens qui ont été mis à la rue après l’invasion de 2003. Beaucoup de recrues viennent de Libye dont l’état a été détruit à la suite d’une violation flagrante de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU (…) »

Les interventions américaines ont décimé l’Irak, la Libye, la Syrie et au-delà. Plus d’un million de personnes ont été tuées et des dizaines de millions ont dû fuir leur foyer et leur pays. Le débordement de réfugiés a ajouté aux tensions sociales à travers l’UE où le sentiment anti-immigré a précipité la croissance explosive des groupes et des organisations politiques d’extrême droite. À partir de l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, la sécurité mondiale s’est constamment détériorée sous la direction impitoyable de Washington.

Et voici plus de Poutine :

« État islamique lui-même n’est pas sorti de nulle part. Il a été initialement développé comme une arme contre les régimes laïques indésirables. Ayant établi le contrôle sur certaines parties de la Syrie et de l’Irak, État islamique s’étend maintenant agressivement dans d’autres régions (…) Il est irresponsable de manipuler des groupes extrémistes et de les utiliser pour atteindre vos objectifs politiques, espérant que vous trouverez plus tard un moyen de vous en débarrasser ou d’une manière ou d’une autre les éliminer (…) »

Poutine blâme clairement les États-Unis pour la montée de État islamique et du terrorisme mondial. Il condamne également la stratégie de Washington consistant à utiliser les organisations terroristes pour atteindre ses propres objectifs stratégiques de changement de régime. Plus important, il utilise sa plate-forme aux Nations unies pour expliquer pourquoi il a déployé l’armée de l’air russe sur des bases en Syrie où elle sera utilisée pour mener une guerre contre les mandataires djihadistes de Washington sur le terrain.

Poutine : « Nous ne pouvons plus tolérer l’état actuel des choses dans le monde. »

Moins de 48 heures après que ces mots ont été prononcés, les avions de guerre russes ont commencé à pilonner des cibles militantes en Syrie.

Poutine encore : « Chers collègues, (…) nous devons unir nos efforts pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes tous confrontés et créer une véritable coalition internationale contre le terrorisme (…) La Russie est convaincue de l’énorme potentiel des Nations unies, qui devrait nous aider à éviter une nouvelle confrontation et adopter une stratégie de coopération. Main dans la main avec d’autres nations, nous travaillerons constamment pour renforcer le rôle central de coordination des Nations unies. Je suis convaincu qu’en travaillant ensemble, nous rendrons le monde stable et sûr et fournirons un environnement favorable au développement de toutes les nations et de tous les peuples. »

Donc, voici la question : Poutine est-il mauvais pour s’opposer aux guerres de changement de régime de Washington, pour arrêter la propagation du terrorisme, et pour rejeter l’idée qu’une puissance mondiale unipolaire devrait gouverner le monde ? Est-ce la raison pour laquelle il est méchant, parce qu’il ne veut pas claquer des talons et faire ce que l’hégémon mondial lui dit ?

Nous devrions tous être aussi méchants.

Mike Whitney

 

Article original en anglais : Putin: The Man Who Stopped Washington’s Regime Change Rampage, The UNZ Review, le 28 février 2018

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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Le 27 février, la New York Review of Books a publié une lettre ouverte signée par quelque 200 personnes, dont beaucoup s’identifient comme des militants, des universitaires, des écrivains et des journalistes. À l’origine intitulé « Arrêtez de prétendre que vous ne pouvez rien faire pour sauver les Syriens », le titre a ensuite été remplacé par The World Must Act Now on Syria, « Le monde doit agir maintenant en Syrie ».

La lettre a été publiée sans introduction. Qui a écrit le texte de la lettre, qui a changé son titre, comment les signatures ont été recueillies et, en fait, toutes autres informations concernant le document, restent obscures.

Son objectif, cependant, est transparent. Publiée au milieu d’une campagne de propagande de guerre massive dans les médias occidentaux contre l’assaut du gouvernement russe et syrien sur la banlieue de la Ghouta à l’est de Damas, l’un des derniers bastions des milices islamistes soutenues par Washington et ses alliés régionaux, la lettre constitue un appel ouvert aux États-Unis et aux autres puissances impérialistes pour y lancer une intervention militaire à grande échelle.

À l’instar de la campagne de propagande médiatique dont elle fait partie intégrante, la « lettre ouverte » constitue une représentation totalement unilatérale, fausse et profondément hypocrite des développements syriens.

Elle s’élève uniquement contre « les crimes que le régime d’Assad a commis contre les Syriens, aidés par les milices locales et étrangères, par l’aide stratégique et financière iranienne, par la puissance aérienne et les mercenaires russes ».

Les crimes perpétrés par les États-Unis et les autres puissances impérialistes en Syrie, sans parler de la région dans son ensemble, sont visiblement absents de ses préoccupations. Les auteurs de la lettre ouverte et ses signataires n’étaient pas motivés pour lancer un tel appel lors des frappes aériennes et des bombardements d’artillerie américains qui ont rasé les villes de Mossoul en Irak et de Raqqa en Syrie, enterrant des dizaines de milliers d’habitants sous les décombres.

Seulement quelques jours après la publication de la lettre, il a été rapporté que le Pentagone avait déployé 600 autres soldats des forces spéciales, appuyés par des blindés, dans la zone stratégiquement vitale d’El Tanf, à la frontière irakienne. Loin de protester contre une telle intervention, ceux qui ont rédigé la lettre ouverte voudraient plus – beaucoup plus – d’interventions de ce genre.

En réprimandant les gouvernements impérialistes, la lettre déclare : « Ceux qui ont le pouvoir d’agir ont été généreux en expressions de sympathie mais n’ont rien proposé au-delà du souhait que cette guerre contre les civils – qu’ils appellent grotesquement une « guerre civile » – finisse. Ils appellent « tous les intéressés » à faire preuve de retenue, bien qu’une seule des parties ait le quasi-monopole de la violence. »

Les impérialistes n’ont « rien proposé » ? Le gouvernement Assad maintient un « monopole sur la violence » ? De qui se moquent-ils ? La CIA, la Turquie, l’Arabie saoudite et les autres pays de sheiks sunnites réactionnaires ont injecté des dizaines de milliers d’armes et de munitions, et des milliards de dollars, en Syrie pour armer des milices islamistes liées à Al-Qaïda qui ont fait régner la terreur en Syrie. Des dizaines de milliers de combattants étrangers ont été acheminés dans le pays et payés pour servir de forces terrestres par procuration dans la guerre orchestrée par les États-Unis pour un changement de régime visant à renverser le gouvernement du président Bachar al-Assad. Environ entre 130 000 et 170 000 soldats et membres des milices soutenant le régime d’Assad ont été tués en combattant ces forces soutenues par la CIA.

La lettre traite les Nations Unies d’« incapables », ajoutant : « Bien qu’il n’y ait plus d’illusions sur le rôle du Conseil de sécurité, chaque État membre a néanmoins adopté et promis de respecter la doctrine de la responsabilité de protéger (R2P). »

« Pour que l’agonie du peuple syrien cesse, il faut l’arrêter de force », poursuit la lettre, ajoutant qu’il existe « une myriade de raisons géopolitiques pour lesquelles c’est un impératif, mais aucune n’est aussi immédiate et importante que le caractère sacré de la vie et de l’exercice du libre arbitre. »

Le message est clair : l’impérialisme mondial doit agir ! Une intervention militaire est requise. La « myriade de raisons géopolitiques » pour une telle action n’est pas précisée, mais ces raisons sont néanmoins claires pour quiconque connaît la lutte complexe en Syrie. L’impérialisme américain voit l’influence de la Russie et de l’Iran dans le pays comme un obstacle à sa lutte sanglante et prolongée pour l’hégémonie sur le Moyen-Orient riche en pétrole, une lutte qui a littéralement laissé des millions de victimes dans son sillage. Avec leur discours sur le « caractère sacré de la vie », les auteurs de la lettre non seulement se moquent de ces victimes, mais offrent leurs services pour fournir une façade pour les opérations sanglantes de Washington.

Les signataires de ce document réactionnaire représentent un groupe disparate et douteux qui comprend un nombre non négligeable d’agents impérialistes directs, des « contacts » émigrés de l’un ou l’autre des organismes de renseignement occidental et, sans aucun doute, certains ont été enrôlés là-dedans sous de faux prétextes et au moyen d’un appel creux aux sentiments en faveur des « droits de l’Homme ».

Parmi ceux qui ont signé la lettre, il y a des personnes qui ont une longue et directe expérience des opérations de l’impérialisme dans la région. L’un d’eux est Burhan Ghalioun, ancien chef du Conseil national syrien, qui a servi d’intermédiaire pour l’argent et les armes acheminés aux milices islamistes syriennes par la CIA et les monarchies réactionnaires sunnites.

Il y en a d’autres, comme Moncef Marzouki, l’ancien président tunisien qui a joué un rôle clé en étouffant le soulèvement révolutionnaire de la classe ouvrière dans ce pays et en alignant la Tunisie sur les guerres réactionnaires que Washington et ses alliés européens ont menées en Libye et en Syrie.

Saad Bin Tefla, ancien ministre du gouvernement koweïtien et magnat des médias, a également rajouté son nom à la liste.

Parmi de telles personnalités figurent – et qui sans aucun doute ont joué un rôle clé dans la fausse rhétorique des droits de l’Homme, qui fait écho à la propagande utilisée pour justifier chaque intervention impérialiste majeure des Balkans à l’Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie et au-delà – un ramassis de « socialistes » et « gauchistes » autoproclamés.

Il s’agit notamment de Gilbert Achcar, professeur à l’École d’études orientales et africaines de l’Université de Londres et principal porte-parole sur le Moyen-Orient pour le Secrétariat unifié pabliste et son site Web International Viewpoint. Après avoir soutenu les interventions impérialistes en Libye et en Syrie, Achcar est allé au-delà de la simple propagande pour la guerre, rencontrant des responsables du Conseil national syrien (CNS), une collection de contacts du renseignement américains et français, pour les conseiller sur la meilleure stratégie à adopter pour rendre possible l’intervention impérialiste directe.

Également parmi les signataires, l’on compte Eric Ruder, membre éminent de l’Organisation Socialiste Internationale (ISO) aux États-Unis, et auteur pour sa publication Socialist Worker. Comme Achcar et International Viewpoint, l’ISO a soutenu dès le début l’intervention impérialiste en Syrie, fournissant des reportages et des analyses qui, dans l’essentiel, ne se distinguent pas de la propagande du Département d’État.

Dan La Botz, coéditeur de New Politics et un membre important de Solidarité qui a récemment rejoint les Démocrates socialistes d’Amérique, a également signé la lettre. Comme l’ISO, New Politics trouve ses origines dans la tendance politique fondée par Max Shachtman, qui a rompu avec le mouvement trotskyste en 1940 et est devenu plus tard un champion de l’intervention impérialiste américaine en Corée et au Vietnam.

Michael Karadjis, membre de l’organisation de pseudo-gauche australienne Socialist Alliance, a également signé cette lettre, c’est quelqu’un qui a une longue et sale histoire de promotion des interventions impérialistes dans le monde entier au nom des droits de l’Homme, du Kosovo au Timor, en Libye et Syrie. Sur la Syrie, il a écrit des billets justifiant un commandant « rebelle » syrien mangeant les organes du corps d’un soldat tué comme du « cannibalisme mineur » et se félicitant à la fois de la destruction turque en 2015 d’un avion de guerre russe et du tir de l’administration Trump de missiles de croisière contre une base aérienne syrienne en avril dernier.

Aucun de ces signataires de pseudo-gauche, qui invoquent la brutalité du gouvernement de Bachar al-Assad pour promouvoir l’intervention impérialiste en Syrie, n’a rien à voir avec le socialisme authentique ou le marxisme. Le régime d’Assad, comme ceux des anciens pays colonisés opprimés du Moyen-Orient, est finalement l’expression de l’incapacité de la bourgeoisie nationale à mener soit une véritable lutte contre l’impérialisme, soit une restructuration des anciennes formes coloniales de pouvoir selon des principes démocratiques.

Comme l’a établi la théorie de la révolution permanente de Léon Trotsky, cette tâche ne peut être accomplie que par la classe ouvrière, à travers le renversement révolutionnaire de ces régimes dans le cadre de la lutte mondiale pour le socialisme. Elle ne peut pas, comme le prétendent ces pseudo-gauches, être confiée à l’impérialisme et à ses intermédiaires islamistes.

Achcar a vendu la mèche dans un entretien récent avec International Viewpoint. Soulignant l’utilisation par le Pentagone de la milice kurde syrienne comme principale force terrestre, il rejette « l’anti-impérialisme » – qu’il a placé entre guillemets – comme une perspective qui « ne correspond pas à la situation » en Syrie, où « les États-Unis soutiennent […] une force progressiste dans sa lutte contre un ennemi réactionnaire ».

Tous ces éléments de pseudo-gauche alignent leur politique directement sur celle de l’impérialisme américain et en particulier sur les sections de l’armée et des services de renseignement américains qui exigent un face-à-face plus agressif avec la Russie. Non seulement ils servent de complices directs aux crimes commis contre les masses de la Syrie, mais ils aident à ouvrir la voie à la guerre mondiale.

Bill Van Auken

Article paru en anglais, WSWS, le 2 mars 2018

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À la demande du Royaume-Uni et suite à une convocation décidée à l’issue d’un vote, dans la matinée du 2 mars courant, le Conseil des droits de l’homme tenait, dans l’après-midi même, un « débat urgent »  sur la situation en Syrie.

 Un débat auquel ont participé une cinquantaine d’États membres et d’observateurs du Conseil, ainsi que des représentants de plusieurs ONG, afin d’examiner un projet de résolution soumis par le Royaume-Uni en raison de la détérioration de la situation des droits de l’homme dans la « Ghouta orientale » ; projet aux termes duquel « le Conseil condamnerait fermement toutes les violations du droit international humanitaire et les violations flagrantes, généralisées et systématiques des droits de l’homme et des libertés fondamentales en République arabe syrienne ».

Il a été décidé que le Conseil se prononcerait sur ce projet et sur huit amendements présentés par la Russie et l’Afrique du Sud ce lundi 5 mars.

Mis à part les prises de position des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, désormais connues de tous les observateurs, nous notons les précisions suivantes  dans le compte-rendu destiné à l’information [1] :

  • « La Syrie doit être traduite devant la Cour pénale internationale » ! Ceci, en conclusion du plaidoyer du jordanien et Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, M. Zeid Ra’ad al-Hussein.
  • Tout en compatissant avec les souffrances du peuple syrien et condamnant toute violence à l’encontre des civils, le Venezuela, Cuba, l’Iraq et la Chine, qui s’étaient opposés à la convocation de ce débat, ont estimé que le Conseil avait tendance à la politisation des questions des droits de l’homme, ce qui risquait de saper sa crédibilité.
  • L’Afrique du Sud a déploré que le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité, en présentant aujourd’hui un tel projet, veuille faire « sous-traiter » son mandat par le Conseil des droits de l’homme. Cela n’est pas acceptable et ne doit pas être accepté. L’Afrique du Sud a également déclaré que si les membres du Conseil de sécurité estiment que des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, ils doivent tomber d’accord sur le fait que la Convention sur l’interdiction des armes chimiques [CIAC] est la base légale pour aborder de cette question. 

Pour le Royaume-Uni, il est donc évident que seule l’histoire de la Ghouta damascène pose un « problème humanitaire » ; une histoire pourtant tellement bien racontée, en partie, par Le Monde, le 27 février 2018 [2]. Elle se résumerait à dire que les prétendus amis soucieux du peuple syrien négocieraient depuis des mois pour la conclusion d’un « accord de réconciliation entre les rebelles et le régime, les premiers baissant les armes en échange d’une forme d’autonomie ».

Une « forme d’autonomie » non seulement pour les terroristes du Front al-Nosra, une fois qu’ils auraient quitté la Ghouta orientale pour accepter de tous se regrouper dans la province d’Idlib ; mais aussi, pour les terroristes de Jaych al-Islam [obédience saoudienne] dans la Ghouta orientale, une fois réglées leurs querelles réelles ou simulées avec ceux de Faylaq al-Rahmane [obédience qatarie].

 Ceci, sans reparler des « administrations autonomes » proposées dans la partie Est d’Alep par l’émissaire onusien, M. Staffan de Mistura, pour les terroristes qui ont martyrisé les Aleppins pendant des années. Et, sans parler d’autres formes d’autonomie pour des Syriens kurdes à l’Est de l’Euphrate et des Syriens turkmènes, ou autres fans d’Erdogan au sein de ladite « armée libre » [ASL], à l’Ouest de l’Euphrate.

C’est dans ce contexte que le Président de la République arabe syrienne répond aux questions des journalistes, dans la soirée du 4 mars 2018 [Mouna Alno Nakhal].

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1. Al-Fadaiya TV (Mme Alissar Maala) : Monsieur le Président, ces derniers temps, nous observons une fréquence accrue des visites des délégations iranienne et russe. Cela indiquerait une coordination accrue, ou est-ce pour répondre aux rumeurs de désaccords entre les alliés ?

Le président Al-Assad : Comme c’est clair pour tous, il y a actuellement une attaque médiatique et politique. Je ne veux pas dire qu’elle est inédite, parce que des précédents ont surgi de temps à autres, en fonction des circonstances, accompagnés d’un soutien continu aux terroristes et d’une offensive militaire et sécuritaire permanente sur la Syrie, depuis des années.

Une attaque menée sous des slogans humanitaires, aux titres de la défense des civils ou autres ; slogans repris par les médias et les responsables occidentaux ; la campagne actuelle visant principalement à mobiliser le terrorisme et les terroristes, suite aux récents coups répétés [qu’ils ont subis].

Nous nous rencontrons d’abord pour traiter de la situation actuelle, suivre les résultats de la Conférence de Sotchi et, en même temps, discuter de la réunion tripartite turco-irano-russe qui se tiendra dans quelques jours au sujet de la situation en Syrie. Vu les circonstances, il est normal qu’il y ait plus de coordination et une fréquence accrue des rencontres entre les responsables syriens, iraniens et russes.

2. Al-Alam TV (M. Houssein Mourtada) : La Résolution 2401 stipule un cessez-le-feu immédiat, mais nous observons que les obus continuent à tomber sur Damas, en particulier, tandis que l’Armée syrienne a initié une opération en direction de la Ghouta orientale. Qu’est-ce que cela signifie ?

Le président Al-Assad : Abstraction faite de la terminologie utilisée dans les [textes des] résolutions internationales, l’Armée syrienne ne mène pas une agression pour qu’elle ait à cesser une opération. L’Armée syrienne travaille à rétablir la stabilité et à défendre le peuple syrien confronté au terrorisme.

Par ailleurs, la formulation première de la résolution en question [le projet de la résolution 2401], et non sa formulation définitive, a été conçue pour protéger les terroristes à partir du moment où les troupes de l’Armée syrienne ont commencé à se rassembler autour de la Ghouta orientale.

Mais, indépendamment de qui a présenté le projet de cette résolution au Conseil de sécurité, lorsqu’elle a été adoptée dans sa formulation actuelle, inattendue par les États occidentaux, à commencer par les États-Unis, car relativement avantageuse du fait qu’elle permet de protéger les civils tout en continuant à lutter contre le terrorisme, des ordres ont été donnés aux terroristes pour qu’ils continuent à pilonner Damas. Telle est la vérité.

La preuve en est le délai, de quelques jours, entre son adoption et le nouveau projet de résolution présenté par la délégation britannique [du 24 février au 2 mars, NdT]. Le précédent projet n’ayant pas répondu à leurs attentes, ils sont à la recherche d’un autre. Et, entre les deux, il est indispensable que les gangs de terroristes poursuivent leurs frappes sur les civils innocents.

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie une seule chose : nous continuerons à lutter contre le terrorisme. Nous ne venons pas de juste commencer à le faire dans la Ghouta orientale. Nous avons commencé à lutter contre le terrorisme partout et dès le premier jour. Nous avons commencé à Alep… Nous avons commencé à Homs… Nous avons commencé à Deir ez-Zor… Et l’opération de la Ghouta orientale est la poursuite de cette lutte contre le terrorisme partout où il se trouve. Mais, il semble que la programmation de ces résolutions coïncide, la plupart du temps, avec l’état de dépression des milices armées ; ce qui fait qu’il est habituel qu’un projet de résolution arrive pour les protéger d’une part, et relever leur moral d’autre part.

3. Al-Fadaiya TV ( Nizar Al-Rafi’) : Monsieur le Président, les pays occidentaux disent que cette dernière résolution de l’ONU concerne uniquement la situation humanitaire, c’est-à-dire secourir et acheminer les aides. Qu’en pensez-vous ?

Le président Al-Assad : La situation humanitaire telle que présentée, de temps à autre et à tous les niveaux en Occident, est un mensonge stupide équivalent à la stupidité des responsables occidentaux qui ne cessent de le répéter. Personne n’y croit.

Plus précisément : de quand daterait l’histoire humanitaire de cet Occident ? De l’époque du néo-colonialisme ? De la Deuxième Guerre mondiale, quand des millions sont tombés en Union soviétique, sans que les Occidentaux ne les aident et ne se décident à débarquer que lorsqu’ils ont pensé que la Russie pouvait la gagner ? De la guerre de Corée  dans les années cinquante ? Et dernièrement, de la guerre en Irak ou en Syrie ?

Que fait quotidiennement l’alliance occidentale de Deir ez-Zor à Raqqa jusque Hassaké ? Des massacres ! Rien qu’en février, il y a eu plus de quatre massacres contre des civils. Par conséquent, l’humanité dont il s’agit est un terme parmi tant d’autres remplissant le « Dictionnaire politique occidental » ; le dictionnaire des mensonges. Mais, vu l’expérience acquise à force de faire avec, non seulement pendant la guerre mais depuis des décennies, nous avons la capacité de traduire ces termes. Pour nous, dans la logique occidentale, le terme « humanitaire » signifie une seule chose en Syrie : l’Armée syrienne avance !

Par conséquent, toute personne qui ne souhaiterait pas perdre son temps à saisir, des nouvelles du jour, ce qui se passe sur le terrain en Syrie, peut se contenter de rechercher, sur Internet, combien de fois ce terme [humanitaire] est répété par les responsables occidentaux dans leurs médias respectifs. Une nette augmentation de sa fréquence signifie que les choses vont dans le bon sens sur le terrain ; c’est là l’unique explication.

4. Al-Mayadeen (Mohammad Al-Khodr) : Monsieur le Président, nous sommes au 6ème jour de trêve de la Ghouta orientale. Il n’empêche que les violations continuent ainsi que les tirs d’obus. Plus important encore est le fait qu’aucun civil n’en est encore sorti. Combien de temps va-t-elle durer ?

Le président Al-Assad : Tant qu’il y a des personnes et même une seule personne -nous pensons qu’elles sont une majorité- qui veulent quitter le verrou du terrorisme pour rejoindre le giron de l’État, il faut maintenir une trêve leur ouvrant la voie, afin qu’elles passent vers les régions sous autorité de l’État.

Il n’y a aucune contradiction entre la trêve et les opérations de combat. Les avancées de l’Armée arabe syrienne dans la Ghouta orientale, hier et avant-hier, ont eu lieu au cours de cette trêve. C’est pourquoi, comme je viens de vous le dire, la Résolution [2401] est positive par certains aspects. Elle permet, à la fois, de prendre en considération la situation humanitaire, dans un objectif humanitaire, tout en gardant l’objectif de frapper les terroristes. C’est pourquoi, nous devons poursuivre les opérations parallèlement à l’ouverture d’une voie de sortie aux civils.

5. Al-Ikhbariya TV ( Rana Ismaïl) : Les discussions vont bon train à propos de l’usage de substances chimiques toxiques par le Gouvernement contre les civils, notamment dans la Ghouta orientale et Idlib. En parallèle, nombre de responsables occidentaux -je parle des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France- ont menacé de lancer une attaque militaire contre le Gouvernement syrien en cas de confirmation. Que répondez-vous à ces accusations ? Les prenez-vous au sérieux ?

Le président Al-Assad : Désormais, le terme « chimique » fait aussi partie du dictionnaire occidental des mensonges. Je crois que nous en avons entendu parler pour la première fois en 2012. Depuis, ils n’ont cessé d’en reparler. Aujourd’hui, six ans après, où sont les résultats réels de l’utilisation d’une telle arme de destruction massive ?

Son utilisation est censée nous avoir conduits à nombre de massacres avec des milliers ou, au minimum, des centaines de morts. Ce qui n’a pas eu lieu, ni quand la Syrie possédait l’arme chimique, ni quand elle y a renoncé. Comment serait-il logiquement possible que, dans ce genre de guerre, une telle arme puisse être utilisée sans même nuire aux civils des zones contrôlées par l’État ou à l’Armée syrienne ? C’est illogique, militairement incorrect, en plus du fait que nous avons clairement renoncé à ces armes en 2013 et qu’il existe une organisation chargée de vérifier cette réalité ; laquelle a mené son enquête. S’il existait la moindre preuve, elle l’aurait fait savoir. Mais il semble qu’ils contribuent à des organisations auxquelles ils ne font fondamentalement pas confiance.

Ajoutez à cela que la plupart des fonctionnaires occidentaux ont parlé de l’utilisation d’armes chimiques, avant de déclarer quelques jours plus tard qu’ils n’en avaient pas la preuve. Autrement dit, ils ont sapé leur propre crédibilité en contredisant leurs propres accusations. C’est pourquoi je répète que ce discours est tout simplement du chantage.

Bien sûr que nous le prenons au sérieux, car c’est un discours qui leur sert habituellement de prétexte pour lancer des frappes sur l’Armée syrienne, comme cela s’est passé lorsqu’ils ont bombardé l’aéroport d’Al-Chaayrate. Nous sommes au cœur de la guerre. Il est normal que nous prenions tout au sérieux.

Et bien sûr que l’Occident cherche depuis le premier jour de la guerre de quoi justifier une guerre totale sur le pays. Mais j’affirme que cette arme n’existe pas et que ce mensonge, ou cette supercherie, ne peut pas passer.

6. SANA (Waël al-Houeïja) : En plus de la destruction des infrastructures, les massacres commis contre les civils par la Coalition internationale, menée par Washington, se répètent dans les gouvernorats de Deir ez-Zor et de Raqqa, sans la moindre condamnation. Comment l’expliquez-vous, Monsieur le Président ?

Le président Al-Assad : Comme je viens de le dire, la Coalition internationale perpétue les massacres contre les civils, contre les Forces arabes syriennes ou contre les Forces qui combattent Daech aux côtés de l’Armée syrienne.

Depuis que les coalisés ont pénétré illégalement l’espace aérien syrien et ont lancé leurs frappes illégitimes, quelqu’un, parmi-nous, aurait entendu parler d’une seule action efficace qu’ils auraient menée contre Daech ? Ont-ils frappé une seule de ses positions ? Certainement pas ! Autrement dit, nous pouvons dire, en toute simplicité, que cette coalition constitue la force aérienne de Daech, quel que soit le nom qu’elle se donne.

D’un autre côté, qui est censé les condamner ? Parler d’une condamnation internationale suppose d’en appeler aux organisations internationales. Dans une large mesure, ils les contrôlent toutes. Au minimum, ils peuvent les empêcher de prononcer la moindre des condamnations contre eux. C’est ainsi qu’ils ont empêché toute condamnation contre les bombardements de civils à Damas, à Alep et ailleurs. Est-il pensable qu’ils permettent une condamnation à leur encontre ? C’est quelque chose qui ne risque pas d’arriver. Et je pense que c’est la fonction naturelle de la Coalition.

Maintenant, nous pouvons dire que le jeu se fait cartes sur table et que tous les masques portés au début de la guerre sont tombés. Chacun joue ouvertement sa partition.

Maintenant, l’Occident soutient Daech et défend Daech, le Frontal-Nosra et les organisations extrémistes terroristes similaires, sans aucune honte, sous des titres qui ne sont même plus convaincants pour son opinion publique.

C’est pourquoi, comme par le passé, nous ne devrions pas nous attendre, ni à présent, ni à l’avenir, à ce que l’Occident ait un lien quelconque avec le droit international, la morale ou l’humanité.

7. Al-Alam TV (Houssein Mourtada) : Dernières questions, Monsieur le Président. Comment voyez-vous les tentatives turques pour entrer dans Afrin et l’occuper ? Dans quel but les Forces populaires y entreraient ? Et enfin, soyons réalistes, cette région est hors l’autorité de l’État depuis plusieurs années. Qu’est-ce que cela implique ?

Comme l’Etat syrien l’a déjà déclaré, les tentatives d’invasion turques sont une agression, il n’y a pas d’autre vision possible et même pas de synonyme : il s’agit d’une agression de la Turquie contre la Syrie.

Et plus qu’une agression, il s’agit d’une question liée à ce qu’Erdogan cherchait depuis le début de la crise. Il tentait de créer une zone tampon pour qu’elle serve de base aux terroristes -qu’il protège- afin de les lancer à l’attaque de l’Armée syrienne, de l’État et du peuple syriens.

À l’époque, l’administration américaine ne l’avait pas autorisé à y aller alors que, comme vous le savez, dans toutes ses déclarations, il n’a cessé d’implorer les États-Unis pour qu’ils créent cette zone tampon et lui permettent de jouer ce rôle ; leur refus étant dû au fait qu’ils considéraient que ladite « armée libre » [ASL] était capable d’exécuter les missions qui lui avaient été confiées par l’Amérique et les États occidentaux.

Mais après la libération de Homs, il y a déjà quelques années, suivie de la libération d’Alep, le rôle de la Turquie est devenu nécessaire. La Turquie a donc commencé à peser ouvertement de tout son poids et de celui des terroristes. Et puis, la libération de Deir ez-Zor a fait que son intervention militaire est devenue indispensable, dans le but de rebattre les cartes.

En effet, il est interdit à l’axe de la lutte contre le terrorisme, Syrie-Iran-Russie, de remporter la victoire. Il faut qu’il reste noyé dans les problèmes et qu’une une longue opération le mène jusqu’à son épuisement. C’est pourquoi, il a fallu que la Turquie intervienne.

Par conséquent, tous les titres qui circulent à propos des Kurdes, ou d’autres, restent de simples titres, car la vérité est que lorsqu’Erdogan a soumis le projet de la zone tampon, le sujet des Kurdes ne se posait pas. Il n’y a pas de lien entre les deux. Il parle du problème kurde au nord-ouest, mais n’en parle plus au nord-est. Où est la différence ? Ce sont là des manœuvres qui témoignent de sa duplicité, sans plus.

Quant à l’entrée des Forces populaires dans Afrin, il est normal que toutes les franges de la société s’unissent à partir du moment où il y a une agression étrangère et que l’Armée arabe syrienne est occupée à combattre le terrorisme ailleurs. Normalement, ce combat est du ressort de l’Armée, mais les circonstances que nous traversons imposent qu’il y ait une Armée qui se bat, des Forces populaires qui se battent, et qu’il y ait une coordination entre les deux.

Merci Monsieur le président.

Merci à vous.

Dr Bachar al-Assad

Président de la République arabe syrienne

04/02/2018

 

Introduction, transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

Source : Présidence syrienne

https://youtu.be/gTNgqeyhuL0

 

Notes 

[1] Le conseil des droits de l’homme tient un débat urgent sur la situation dans la Ghouta orientale, en République arabe syrienne

https://www.unog.ch/unog/website/news_media.nsf/(httpNewsByYear_en)/BEBA83FCCBAD883CC12582440065ABCC?OpenDocument

[2] Syrie : Échec des tractations secrètes sur la Ghouta orientale

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/02/27/syrie-en-marge-des-bombardements-echec-des-tractations-secretes-sur-la-ghouta-orientale_5263140_3218.html

[3] PS : À l’heure où nous achevons cette traduction, nous apprenons que le Conseil des droits de l’homme a approuvé le projet de résolution du Royaume-Uni par 29 voix pour, 4 voix contre, et 14 abstentions. D’après le correspondant d’Al-Mayadeen à Genève, le Conseil a rejeté tous les amendements proposés par la Russie. En revanche, il n’a pas fait de commentaires sur les amendements proposés par l’Afrique du Sud.

http://www.almayadeen.net/news/politics/863054/%d8%

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Quel est le point commun entre Macron, le NPA, Syria Charity, Israël, Le Monde, les Frères musulmans, le Parti socialiste, BHL, Alain Juppé, Alexis Corbière, la droite, la gauche, Noël Mamère, les écolo-bobos, les atlantistes, les droits-de-l’hommistes et les gauchistes ? On devine la réponse. Tout ce beau monde aime le peuple syrien ! Il pleure sur ses malheurs, il veut le sauver (“Save Ghouta”), il condamne ses “tortionnaires” et ses “bourreaux”, il proclame sa solidarité sans faille, héroïquement, depuis les salles de rédaction et les plateaux télé.
Qui se réjouit des malheurs répandus par cette guerre absurde ? Personne. Qui a livré des armes au conglomérat terroriste ? On le sait. Qui est responsable de la poursuite du massacre, alors que les jeux sont faits ? On le sait aussi. Ce sont les mêmes : USA, Arabie saoudite, France, Royaume-Uni. Mais en décrétant qu’il y a des “bons” (les “rebelles démocrates”) et des “méchants” (“Assad-le bourreau” et ses alliés), les consciences borgnes du monde occidental peuvent pleurer à bon compte. Elles peuvent s’acheter une virginité, se draper dans un humanisme de pacotille. Dopées à la moraline, elles accréditent inlassablement, depuis sept ans, un véritable conte de fées.

Cette théâtralisation du conflit syrien, depuis l’origine, est l’envers de son instrumentalisation impérialiste. Elle arrose de daube humanitaire le carnage perpétré par la meute wahhabite made in USA. Démasquée avec brio par Vanessa Beeley, la gueule enfarinée des “Casques Blancs” qui ripolinent leurs propres scènes de crime est comme la métaphore de cette imposture. Trousse de maquillage à la main, se filmant eux-mêmes dans leurs basses œuvres, ils s’acharnent à produire les effets spéciaux qui orchestrent la compassion sélective indispensable au “regime change”.

Au fond, la guerre des “gentils rebelles” chers à l’Occident n’est qu’une sorte d’Halloween. C’est un concours de déguisements, un bal masqué pour coupeurs de têtes qu’on habille en secouristes pour les besoins de la cause. Avatar de la “société du spectacle”, la séquence est toujours la même : l’image trafiquée provoque l’indignation sélective qui justifie l’ingérence étrangère. Après Alep, la Ghouta est devenue le lieu emblématique de cette supercherie, où les tours de passe-passe de la propagande font prendre des vessies pour des lanternes, et des terroristes sanguinaires pour des “rebelles modérés”.

Que l’on sache, c’est l’armée syrienne qui installe des couloirs d’évacuation pour la population de la Ghouta prise au piège. Et ce sont les “gentils rebelles” qui prennent pour cibles les civils qui osent tenter de fuir ce nid de scorpions. Mais peu importe ! Les bonnes consciences occidentales ne voient que les victimes qui les intéressent. Comme jadis les habitants d’Alep-Ouest, les citadins damascènes bombardés par “l’Armée de l’islam” sont le menu fretin d’une victimologie sélective. Qu’ils meurent, si c’est pour les beaux yeux de cette “révolution” qui brandit l’étendard de la “charia” avec la bénédiction laïque du gouvernement français !
Comme disait Laurent Fabius, après tout, nos amis du Front Al-Nosra “font du bon boulot”. Pour les hémiplégiques de la pleurniche, de toutes façons, un mort n’est pas un mort. Dans un cas, on le condamne à l’insignifiance, dans l’autre on le voue à l’hyperbole. D’un côté, les chiffres invérifiables fournis par l’officine de Coventry (OSDH), de l’autre, des victimes “prorégime” qui passent sous les écrans-radars. On n’accorde de réalité à la souffrance que si les suppliciés en valent la peine. Ils n’existent, en fait, que s’ils corroborent la narration servie en boucle aux téléspectateurs occidentaux.

Nos humanistes à géométrie variable prétendent aimer la Syrie, mais ils veulent la voir dépecée, en lambeaux. S’en doutent-ils seulement ? En triant les victimes, ils se font les idiots utiles d’un “regime change” qui a échoué. Cette compassion sur commande devait servir la destruction de l’Etat syrien, mais cette politique est un fiasco. Comme Alep, Palmyre ou Deir Ezzor, la Ghouta sera bientôt libérée par une armée de conscrits, l’armée arabe syrienne. Ils voulaient parler à la place du peuple syrien. En battant les terroristes qui infestent le verger oriental de Damas, le peuple syrien leur répond qu’il est assez grand pour décider de son avenir.

Bruno Guigue

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L’étau juridique s’est fortement resserré autour du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou que deux séries d’événements dramatiques ont plus que jamais fragilisé la semaine dernière.

Il va être interrogé par la police dans le cadre de deux nouvelles affaires de corruption avant son départ pour les États-Unis, jeudi. La question n’est plus de savoir si Netanyahou sera obligé de quitter le pouvoir, mais de savoir quand, selon les analystes.

Selon les médias israéliens, des personnalités importantes du Likoud de Netanyahou commencent à dire qu’il ne s’en sortira pas.

Le gros problème de Netanyahou est la dislocation de ce qu’on appelle sa « boîte noire » – son cercle restreint de fidèles et d’assistants.

Shlomo Filber, son ancien chef de bureau, a accepté la semaine dernière de devenir témoin à charge, ce qui a permis d’ouvrir une enquête sur de nouvelles  allégations de corruption encore plus graves : à savoir que le premier ministre aurait bloqué la régulation du géant israélien des télécommunications, Bezeq, en échange d’une bonne couverture médiatique pour lui-même et de sa famille. La police doit l’interroger là-dessus dans les prochains jours.

Chute imminente

Yaron Ezrahi, politologue à l’Université hébraïque de Jérusalem, a déclaré mardi dernier que l’accord de Filber avec la justice signifiait que les jours de Netanyahou au pouvoir étaient désormais comptés. « Il ne peut pas s’accrocher au pouvoir beaucoup plus longtemps, a dit Ezrahi. Sa chute est imminente – soit il devra démissionner, soit il sera renversé par son parti ou la coalition au pouvoir. »

« Son autorité a été sérieusement sapée, et les gens qui le protégeaient n’ont plus peur de lui »a-t-il déclaré à Al Jazeera.

Ce nouveau développement fait suite à la recommandation de la police, plus tôt dans le mois, d’inculper Netanyahou pour corruption dans deux autres cas. Il est soupçonné d’avoir aidé d’importants hommes d’affaires en échange de cadeaux somptueux et d’un soutien médiatique.

De nombreux membres de l’entourage de Netanyahou font déjà l’objet de fortes pressions policières – plusieurs ont été arrêtés – et les activités du premier ministre sont minutieusement examinées dans le cadre de quatre enquêtes distinctes, et bientôt d’une cinquième.

De son côté, la femme de Netanyahou, Sara, est accusée de fraude à cause de la façon dont elle a géré la résidence officielle de la famille.

Le procureur sous les projecteurs

Mais Netanyahou ne peut être inculpé que si le procureur général d’Israël, Avichai Mandelblit, approuve les conclusions de la police. La plupart des gens pensent que Mandelblit, qui a été nommé par Netanyahou, va traîner les pieds pour inculper le premier ministre.

Mais Mandelblit fait également l’objet d’un examen approfondi de la police depuis qu’il est apparu que la nomination au poste de procureur général en 2015 avait peut-être été conditionnée au fait que le vainqueur laisserait tomber ce qui était alors une enquête préliminaire sur Sara Netanyahou.

Selon Ezrahi, il sera beaucoup plus difficile à Mandelblit de faire traîner la procédure dans les circonstances actuelles. « Il ne lui reste plus beaucoup de moyens de retarder la mise en accusation. »

Filber, l’ancien chef du bureau de Netanyahou, est le témoin-clé dont la police avait besoin pour confirmer les allégations selon lesquelles Netanyahou aurait aidé Bezeq en échange des faveurs de Shaul Elovitch, l’actionnaire majoritaire de Bezeq.

Netanyahou est soupçonné d’avoir parachuté Filber à la tête du ministère des Communications pour entraver la réforme des lois sur la concurrence qui aurait gravement nui à la position commerciale de Bezeq.

En échange, la police pense qu’Elovitch a offert de fournir au premier ministre une couverture médiatique favorable sur Walla, un important site Web d’information en ligne qu’il possédait également.

Autres enquêtes

L’enquête – baptisée Cas 4000 – fait écho à une autre enquête, Cas 2000, dans laquelle la police a déjà recommandé que Netanyahou soit inculpé de corruption.

Dans ce dernier cas, Netanyahou a été filmé en train de conclure un accord avec Arnon Mozes, le propriétaire du grand groupe d’information israélien Yedioth Ahronoth. On entend le Premier ministre israélien suggérer un projet de loi visant à affaiblir un journal rival, Israel Hayom, en échange d’une couverture médiatique qui l’aiderait à rester au pouvoir.

La police a également recommandé que M. Netanyahou soit inculpé dans le Cas 1000. Là, il est soupçonné d’avoir reçu près de 300 000 dollars en dons d’hommes d’affaires en échange de la réduction de leurs impôts et d’offres d’investissements.

Une quatrième enquête, Cas 3000, concerne jusqu’ à présent un grand nombre d’assistants et d’anciens conseillers de Netanyahou, mais pas encore directement le Premier ministre. Ils sont soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin pour un contrat de 2 milliards de dollars avec un fabricant allemand de sous-marins Dolphin capables de transporter des ogives nucléaires.

Selon Ezrahi, la police pense que Netanyahou ne pouvait pas ignorer l’existence de ces commissions occultes, vu les conséquences d’un tel achat de sous-marins sur la sécurité nationale. Il doit être interrogé cette semaine sur son rôle dans l’affaire.

Ben Caspit, qui est presque toujours le premier à  sortir de nouvelles informations sur les différentes enquêtes, a noté la semaine dernière que la coopération de Filber avec la police sur l’enquête télécom de Netanyahou pourrait « ouvrir une boîte de Pandore sans fond ».

Couverture médiatique biaisée

L’un des thèmes qui ressort de l’enquête est celui des efforts apparemment de plus en plus désespérés de Netanyahou pour faire pression sur les médias israéliens et garder le pouvoir.

Yossi Alpher, qui a été conseiller d’Ehoud Barak, un ancien Premier ministre israélien, a noté après les élections générales de 2015 que Netanyahou s’était réservé le poste de ministre des communications. Dans le cadre d’un accord de coalition, il avait insisté pour que ses partenaires approuvent toutes les décisions qu’il prenait.

« Il semble qu’il cherchait à contrôler presque totalement les médias israéliens et son image publique » a déclaré Alpher à Al Jazeera.

En plus du fait qu’il aurait conclu des accords secrets avec des hommes d’affaires par l’intermédiaire de journaux et de sites Web de premier plan, Netanyahou a menacé de prendre des mesures punitives contre les deux plus grandes chaînes commerciales israéliennes, Channel 2 et 10.

Il a également cherché à transférer le contrôle de la  populaire Army Radio au ministère de la Défense, pour faciliter l’ingérence du gouvernement dans sa couverture médiatique.

La mégalomanie de Netanyahou

Les déclarations de journalistes influents sur la manière dont ils ont été pressurés pour fournir une couverture non critique des Netanyahou ont renforcé les soupçons d’ingérence.

On a appris, la semaine dernière, qu’Ilan Yeshua, le directeur général du site d’informations Walla, avait remis à la police des enregistrements d’Elovitch, l’actionnaire majoritaire de Bezeq, exigeant de lui une couverture télévisée biaisée pour aider Netanyahou.

Un élément qui permet de se rendre compte de la manière dont les diverses enquêtes s’enchevêtrent, est le fait que Netanyahou aurait demandé le renvoi du rédacteur en chef de Walla, Aviram Elad, qui avait publié un article sur des irrégularités concernant une autre enquête – l’achat des sous-marins Dolphin.

Selon Alpher, l’accumulation des affaires est le signe de l’immensité de la « mégalomanie » de Netanyahou.

« C’est la conséquence évidente d’un mélange catastrophique d’ego, d’instinct de survie et de paranoïa politique » a déclaré Alpher.

Victime de persécution policière

Jusqu’ à présent, Netanyahou a réussi à se maintenir au pouvoir parce que ses principaux partisans ne se sont pas laissé impressionner par les preuves de plus en plus nombreuses qui s’accumulent contre lui.

Un sondage réalisé après les révélations de la semaine dernière a montré que son parti continuerait à remporter la plus grande part des sièges s’il y avait de nouvelles élections législatives.

Netanyahou dit qu’il est victime de persécution policière.

La semaine dernière, les députés du Likoud ont tenté en vain de lancer une attaque directe contre Roni Alsheikh, le commandant de la police, qui est de droite, lors d’une audition d’une commission de l’Intérieur. Les députés ont accusé les forces d’Alsheikh de mener un « coup d’État » contre le premier ministre pour des raisons politiques.

Selon Amos Harel, un analyste du journal Haaretz, cette attaque publique contre Alsheikh avait pour but d’avertir Mandelblit, le procureur général, de ce qui l’attendait s’il décidait d’inculper Netanyahou.

Mais la pression sur le procureur général pour qu’il passe sérieusement à l’action, est maintenant encore plus forte car il est lui-même impliqué dans un nouveau scandale potentiel.

On a appris la semaine dernière qu’en 2015, Hila Gerstl, une ancienne juge, a été approchée par Nir Hefetz, l’ancien conseiller en communication de Netanyahou, qui lui a offert le poste de procureur général si elle promettait de clore les poursuites judiciaires contre Sara Netanyahou.

Cela fait planer une ombre menaçante sur Mandelblit, l’ancien secrétaire du cabinet de Netanyahou qui a obtenu le poste à sa place. Du coup, on se demande à quel point Netanyahou s’est ingéré dans cette nomination, et si Mandelblit s’est vu offrir – et a accepté – un accord similaire.

Les médias israéliens se demandent si Mandelblit ne devrait pas faire lui-même l’objet d’une enquête et si, par conséquent, il ne devrait pas se récuser pour les enquêtes concernant Netanyahou.

Dans une déclaration de la semaine dernière, Netanyahou a balayé les soupçons qui pèsent sur Hefetz, en déclarant que son conseiller « n’a jamais fait une offre aussi ridicule ».

Crimes contre l’humanité

Alpher, un ancien conseiller d’Ehoud Barak, a déclaré que Netanyahou n’avait pas d’autre choix que de présenter au public l’image d’un homme qui vaque à ses affaires comme d’habitude, mais qu’en fait il ne lui restait plus beaucoup d’options.

Il pouvait démissionner, comme l’a fait son prédécesseur Ehoud Olmert, pour se concentrer sur sa défense ; conclure un accord avec la justice pour éviter la prison en échange de sa démission ; ou organiser de nouvelles élections pendant qu’il a encore le soutien de la population.

« La dernière option serait risquée. Cela ne changerait probablement rien à son sort, si l’affaire est légalement aussi solide qu’elle en a l’air. Et il y a une chance que cela suscite de nouvelles révélations. »

Jamal Zahalka, un membre palestinien de la Knesset sur la Liste arabe unie, a déclaré que l’inculpation de Netanyahou pour irrégularités financières faisait penser à la condamnation du gangster américain Al Capone pour évasion fiscale au début des années 1930.

« Netanyahou a commis des crimes contre l’humanité et il est responsable de la mort d’innombrables Palestiniens pendant son mandat de premier ministre » a-t-il déclaré à Al Jazeera. « Il devrait être jugé pour ces crimes, pas pour son goût pour les cigares et le champagne. »

Jonathan Cook

 

Article original en anglais : Israeli PM Netanyahu ‘cannot cling on to power much longer’,, Al Jazeera, 25 février 2018

Traduction : Dominique Muselet, Chronique de Palestine

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«De la rationalité occidentale dans la guerre de syrie»

Un nouveau front s’est ouvert début février 2018 dans la périphérie de Damas, dans le secteur d’Al Ghouta, avec pour objectif majeur d’alléger la pression militaire exercée sur les forces turques et leurs supplétifs de l’Armée Syrienne Libre dans le nord de la Syrie, alors que l’offensive turque, -«l’opération rameau de l’olivier»- contre les forces kurdes de Syrie, lancée le 19 janvier 2018, marque le pas, faisant craindre un enlisement turc dans le chaudron syrien.

Les objectifs sous jacents de la nouvelle bataille d’Al Ghouta, menée principalement par des alliés de la Turquie et du Qatar -Ahrar Al Cham et Jaych Al Islam, viseraient, d’une part, à remettre en selle les groupements islamistes déconsidérés après une série de revers retentissants depuis la reconquête d’Alep en décembre 2016; à réinsérer, d’autre part, les puissances occidentales et leurs alliés pétromonarchiques dans le jeu diplomatique dont ils en ont été évincés par les performances militaires russes et de leurs alliés régionaux, les forces gouvernementales de l’Amée Arabe Syrienne, les Pasdaran (Iran) et le Hezbollah (Liban).

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté samedi 24 Février 2018 à l’unanimité une résolution réclamant « sans délai » un cessez-le-feu humanitaire d’un mois en Syrie, alors que les batailles dans le secteur de la Ghouta orientale, périphérie de Damas, font rage. Deux des groupements islamistes «Jaych Al Islam» (Armée de l’Islam, pro saoudien) et Faylaq Ar Rahmane (La Brigade d’Al Rahman, pro Turquie-Qatar) ont souscrit à cette résolution dont sont exclus les groupements qualifiés de terroristes (Daech, Jabhat Al Nosra, ert Al Qaida). Ce fait confirme que la bataille de Ghouta oppose l’armée gouvernementale syrienne à des groupements terroristes, immergés au sein de la population civile, en guise de «boucliers humains», et bénéficiant des facilités de transit et de ravitaillement en armes des Israéliens, et non un assaut des forces gouvernementales contre des civils innocents, comme tend à l’accréditer la propagande occidentale et de leurs alliés pétromoanrchiques.

La Turquie a engagé ses troupes dans le secteur d’Afrine, le 19 janvier, contre les forces kurdes, encadrées par des Français et Américains, afin de mettre en échec le projet de création d‘une entité kurde indépendante dans le nord de la Syrie.
Aux yeux des stratèges occidentaux une telle entité viendrait en compensation de l’échec de la proclamation d’un état indépendant kurde dans le Nord de l’Irak. Un projet qui avait été conçu par les Américains et les Israéliens pour servir de plateforme à leurs menées anti iraniennes depuis le Nord de l’Irak, frontalier de l’Iran.

La nouvelle stratégie occidentale arrêtée lors d’une réunion à Londres en date du 11 janvier 2018 prévoierait la relance de la campagne sur les armes chimiques, la partition du pays, le sabotage du processus de reconciliation intersyrienne menée sous l’égide russe à Sotchi, de même que le cadrage de la Turquie, unique pays musulman membre fondateur de l’Otan qui a pris ses distances avec ses alliés atlantistes.

Pour aller plus loin sur ce sujet, cf ce lien

Jadis fer de lance du combat contre la Syrie, Ankara craint que le projet occidental ne débouche sur un démembrement de la Turquie avec la relance se l’irredentisme kurde. Le président Erdogan caresse le projet de créer une barrière humaine arabe dans la zone frontalière syro-turque, en installant dans ce secteur les 3,5 millions de Syriens réfugiés en Turquie, se débarrassant du même coup de ce fardeau humain et financier dans la perspective des prochaines échéances électorales.

Réputés pour leur versatilité et bien qu’encadrés par les Américains et les Français, les Kurdes ont fait appel au Président syrien Bachar Al Assad pour défendre «l’intégrité territoriale» de la Syrie et croiser le fer contre la Turquie, alors qu’ils figurent parmi les grands artisans du démembrement de leur pays d’accueil.

Au delà de ce rebondissement guerrier se pose la question de la rationalité occidentale et de leurs alliés kurdes dans la guerre de Syrie:

Pour les Kurdes, s’allier avec les États-Unis, artisans de la capture d’Abdallah Ocalan, le chef charismatique du mouvement indépendantiste kurde de Turquie, puis réclamer l’aide de la Syrie, dont ils ont contribué à la déliquescence de son état central, relève à tout le moins d’une incohérence.

Pour les Occidentaux, s’opposer à l’indépendance de la Catalogne et de la Corse et s’employer à provoquer la partition de la Syrie, relève à tout le moins de la duplicité, dommageable pour la crédibilité de leur discours moralisateur.

Au déclenchement de la guerre de Syrie, la présence de la Russie était réduite à sa portion congrue. Sept ans après, elle dispose d’une importante base aérienne, à Hmeiymine, sur le littoral syrien, la première au Moyen Orient depuis l’époque des Tsars, doublée d’une base navale à Tartous; La Chine, d’un point d’escale à Tartous jouxtant la base navale russe, première percée militaire chinoise en Méditerranée depuis la nuit des temps.

En crise avec l’Otan dont elle a été un membre fondateur, la Turquie s’est considérablement rapprochée de l’Iran et de la Russie, les chefs de file de la contestation à l’hégémonie israélo-occidentale au Moyen Orient, alors que l’Iran est désormais militairement présente en Syrie, frontalier d’Israël, que l’État Hébreu a perdu la maîtrise absolue du ciel comme tend à le démonter la destruction d’un chasseur bombardier F16 israélien dans l’espace aérien syrien, et que le Hezbollah libanais aguerri par les combats de Syrie, s’est hissé au rang de grand décideur régional. La faute à qui?

René Naba

Co publié avec la revue Golias http://golias-news.fr/ Golias Hebdo N° 518 mars 2018.
POUR ALLER PLUS LOIN SUR CE THÈME
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Lorsqu’un État a pour objectif d’être le maître du monde en ayant sur les peuples et chacun des États un ascendant qui lui permet de les dominer, il ne saurait permettre qu’il en soit autrement. Or, nous savons tous que de nombreux peuples et États ont pour objectifs leur indépendance et leur souveraineté, pleines et entières, sur leur devenir politique et économique. Comment, en pareil contexte, peut-on imaginer qu’une paix mondiale puisse être possible ? Les prétentions de l’empire sont là pour rester et celles des peuples pour se renforcer.

Lorsque, le 24 octobre 1945, la très grande majorité des États de la terre créèrent l’Organisation des Nations Unies, ce fut pour promouvoir et assurer la paix internationale.

« L’ONU a pour but d’unir toutes les nations du monde dans une œuvre de paix et de développement, fondée sur les principes de justice, de dignité humaine et de bien-être pour tous. Elle aide à affronter les problèmes internationaux en tenant compte de façon équilibrée à la fois de l’interdépendance entre les pays et des intérêts de chacun d’eux. C’est au sein des Nations Unies qu’ont été créées les plus grandes institutions mondiales (OMS,  UNESCOPNUEUNICEF, UNHCR, etc.). »

Le 24 octobre prochain marquera les 73 ans d’existence des Nations Unies. Ce sera l’occasion de rappeler, entre autres, sa grande Charte, précisant et assurant le droit des personnes, des peuples et des nations. Elle définit les paramètres des comportements respectueux des uns à l’endroit des autres. De quoi ouvrir la voie à un monde de paix. Après autant d’années, force est de reconnaître que la paix recherchée se perd dans les guerres qui s’imposent un peu partout à travers le monde. Rien pour nous réjouir.

Les États-Unis, avec ses alliés, s’invitent dans d’autres États sans se formaliser s’ils sont les bienvenus ou non. Les exemples sont nombreux au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique, en Amérique latine et en Europe de l’Est. Ces initiatives de l’Empire mettent en évidence l’impuissance des Nations Unies à faire respecter la Charte des droits des personnes, des nations et des peuples. Pourquoi en est-il ainsi ?

Depuis plusieurs années, de nombreux pays réclament, sans grand succès une réforme de l’exercice du pouvoir au sein de l’ONU. De fait, l’Assemblée générale n’a pratiquement aucun pouvoir sur les problèmes et les décisions à prendre pour les résoudre. Ce pouvoir est entre les mains du Conseil de sécurité dont les membres, avec droit de veto, ont été déterminés dès la création des Nations Unies. Ce sont : les États-Unis, l’Angleterre, la France, la Russie et la Chine. Chacun de ces pays a un droit de veto sur les propositions et actions à prendre. Encore là, l’usage du veto n’est plus suffisant pour dissuader les États-Unis de poursuivre ses objectifs de conquête et de domination sur le nouvel ordre mondial. En 2017, près de 200 000 hommes, soit 10% du personnel militaire américain, sont déployés à l’étranger dans 800 bases militaires et 177 pays. Cette présence militaire n’est pas sous le commandement des Nations Unies pour veiller au respect de la Charte des droits, mais sous commandement étasunien pour assurer ses intérêts dans le monde. Ces intérêts comportent, entre autres, sa suprématie sur les États et Nations et son pouvoir sur leurs richesses. Toute résistance à cette volonté de maître du monde sera considérée comme une menace à sa sécurité nationale. C’est particulièrement le cas du Venezuela, pays de l’Amérique du Sud, qui fut déclaré, par décret présidentiel, « menace à la sécurité nationale des États-Unis ». Ce que le décret ne dit pas c’est que le Venezuela a la plus grande réserve de pétrole au monde, que ses mines d’or et de diamant font l’envie de bien du monde.

Tant et aussi  longtemps que les États-Unis, dont les prétentions impériales sont toujours celles de dominer le Nouvel Ordre mondial (NOM), les Nations Unies, de plus en plus sous influence de ce dernier,  ne sauraient s’interposer et l’obliger à respecter la Charte des droits à l’endroit des personnes, des peuples et des nations. Seule une réforme en profondeur de l’exercice du pouvoir des Nations Unies pourra lui redonner crédibilité. À ce titre, il faut redonner la parole et le pouvoir aux membres de l’Assemblée générale. La photo qui montre une AG vide représente bien une AG sans pouvoir. Si tous les peuples sont égaux en droit, tous doivent avoir droit à l’exercice du pouvoir. Toutefois, une alternative que ne saurait permettre l’Empire. Le grand défenseur de la démocratie ne saurait permettre à cette dernière qu’elle mette en cause ses « intérêts » et sa « sécurité nationale ». Que la voix des nations se transforme en pouvoir représentatif des peuples de la terre deviendrait le signal de la fin de l’Empire. Mieux vaut, pour ce dernier, que les peuples ne s’entendent pas et qu’ils n’aient pas ce véritable pouvoir des Nations Unies.

Oscar Fortin

 

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Il y a 5 ans, à Caracas, le 5 mars 2013, vers 15h30, ma compagne et moi étions partis marcher au Parc de l’Est, le plus grand espace vert de la ville, situé comme son nom l’indique, dans l’est de la capitale vénézuélienne, en plein cœur d’un ilot territorial où se concentrent les classes les plus aisées du pays. Nous étions partis marcher et nous détendre, car les dernières semaines avaient été particulièrement éprouvantes pour nous et pour la plupart des vénézuéliens. Le cancer du président Hugo Chávez tenait le pays en haleine, et tout le monde était suspendu aux annonces sporadiques d’Ernesto Villegas, ministre de la Communication de l’époque, qui informait les citoyens de l’état de santé du Comandante. Ces annonces nationales, était retransmises en direct par toutes les chaines du pays et donnaient lieu à d’intenses réactions et rumeurs qui ne manquaient pas de nous mettre sous pression.

La ballade terminée, à 16h15 nous nous sommes engouffrés dans l’hypermarché qui fait face à l’entrée principale du parc pour aller faire quelques courses. De par sa position géographique, ce temple de la consommation semble voir été hermétique aux bouleversements sociaux initiés par Hugo Chávez. Ce supermarché est même un symbole de l’Histoire coloniale du Venezuela. Celle qui, conjuguée aux années de néolibéralisme féroce des années 90, a conduit à l’avènement de la Révolution Bolivarienne.

Les caissières, ceux qui rangent les courses des clients dans leurs sacs, les employés dans les rayons, à la fromagerie, au snack ou en boucherie viennent tous des classes populaires, ils ont tous la peau très mate à l’image de « leur » président Chávez. Les clients, dans leur grande majorité, sont blancs et riches, et ne manquent pas de faire de leur opulence un acte de prosélytisme. La méritocratie, tant vantée par ces mêmes clients, s’est arrêtée aux portes du supermarché, pourtantsitué à seulement 10 minutes d’un des plus grands barrios d’Amérique Latine.

Il est 16h29, et nous arrivons au rayon boucherie. Derrière l’employé qui s’affaire à nous couper des steaks, trois télés sont branchées sur une chaine privée qui diffuse une émission de variété. Il est 16h40 quand l’émission est brusquement interrompue pour laisser place au générique des annonces nationales. Tous les clients du supermarché affluent alors vers le rayon boucherie pour savoir ce qui va se dire.

Pas besoin d’attendre longtemps. La première image suffit. Ce n’est pas Ernesto Villegas qui est devant le micro. C’est le vice-président et dauphin déclaré, Nicolas Maduro, en guayabera blanche et entouré des hautes instances politiques et militaires de la Révolution. Avant même qu’il ne commence à parler, son visage trahit la tragique nouvelle. Puis, la voix enrouée par une émotion qu’il ne parvient pas à contenir, Nicolas Maduro annonce ce que la plupart des chavistes, la plupart d’entre nous, se refusait à imaginer : « Nous avons reçu l’information la plus dure et la plus tragique que nous pouvions donner à notre Peuple. Aujourd’hui 5 mars, à 16h25, le comandant-président Hugo Chávez Frías est décédé ».

Devant l’écran, c’est un monde qui s’écroule. Ma compagne et moi sommes physiquement pétrifiés, en état de choc, incapable de dire quoi que soit. Et c’est lui qui nous tira de notre torpeur.

Lui, c’est le boucher. Un jeune type, 25 ans, de la génération qui a grandi avec Chávez mais qui a aussi connu comment était le pays avant. Le teint foncé de sa peau nous indique sa condition populaire et son identité politique. Derrière le comptoir des viandes, il hurle aux clients amassés devant les écrans de télévision : « Vous, les bourgeois, si vous croyez que la Révolution va s’arrêter parce que le Comandante est mort, vous pouvez toujours attendre. Viva Chávez !».

Son cri du cœur aura eu le mérite de nous faire sortir de notre léthargie. Désormais, plus question de courses. Il faut que l’on rentre au plus vite chez nous, dans l’ouest sauvage de la capitale, il faut que l’on soit avec les nôtres. Dans les quartiers populaires, l’annonce de Nicolas Maduro a entrainé une clameur spontanée, comme celles qui normalement accompagnent un gol de la Vinotinto, l’équipe nationale de football ou un homerun lors d’un classico de baseball Magallanes-Leones. Mais cette fois c’était un cri de tristesse qui est sorti à l’unisson des fenêtres des ranchos, ces habitations des quartiers populaires.

Avec grande difficulté, nous parvenons à trouver un taxi dans ce quartier où normalement ils fourmillent. Pas un bruit dans la voiture. Le chauffeur, en regardant nos têtes et nos yeux embués de larmes, nous lâche: « Je suis chilien. Je suis venu au Venezuela pour fuir la dictature de Pinochet. Je sais ce que vous ressentez. Vous venez de perdre votre Allende… ».

Il nous laisse Place Bolivar où affluent des milliers de « comme nous », venus pour collectiviser la tristesse et le désarroi, trop lourd à porter individuellement. Cette nuit là fut très longue et très noire…

Je me suis toujours demandé ce qu’était devenu le boucher après le 5 mars 2013. Cracher son identité de classe à la gueule des clients de l’autre classe, celle qui selon Warren Buffet, est en train de gagner la lutte, c’était quand même un sacré acte de bravoure politique. J’imagine que ça a certainement du provoquer son licenciement. J’ai même essayé pendant un temps de le retrouver, pour que ce soit lui qui raconte cette anecdote à ma place. Peine perdue.

Aujourd’hui, 5 ans après, je sais où il se trouve. Ou plutôt je sais que « l’esprit du boucher », celui de ce muchacho rebelde est la marque d’une identité politique collective qui s’est construite autant dans la pratique révolutionnaire quotidienne que dans l’opposition à cette élite qui prétend reprendre le contrôle du pays.

Malgré les tentatives de coup d’Etat institutionnel et de «révolutions» de couleur, malgré les offensives diplomatiques des Etats-Unis et de leurs laquais du Groupe de Lima ou de l’Union européenne, malgré les opérations psychologiques pour miner le moral des chavistes, malgré la guerre non conventionnelle et les incursions de paramilitaires étrangers, malgré la spéculation contre le Bolivar, la contrebande de produits de première nécessité

et le trafic de monnaie – symptômes d’une guerre économique qui dit bien son nom –, malgré le ciel que la contrerévolution essaie de faire tomber sur la tête des vénézuéliens, « l’esprit du boucher » court encore les rues du Venezuela. Et le chavisme reste insoumis à la volonté de cette élite qui, pour reconquérir ses privilèges politiques, n’hésite plus à saigner le pays tout entier.

Là où beaucoup auraient jeté l’éponge devant tant d’adversité, les vénézuéliens continuent de résister. Ils continuent d’exiger le respect de leur souveraineté et d’affirmer leur volonté de résoudre leurs problèmes internes comme bon leur semble, avec les dirigeants qu’ils se sont librement choisis.

Aujourd’hui, ce Peuple rebelle a besoin de toute la solidarité de ceux qui défendent une alternative au désastre néolibéral. En face, ils sont plutôt bien organisés. Peu importe leur étiquette politique du moment, tous sont au diapason pour décrier la Révolution Bolivarienne, diaboliser le président Maduro, relayer des mensonges médiatiques, et faire passer les victimes pour des bourreaux. Si eux le font si bien, alors nous aussi, nous pouvons et nous devons faire entendre notre voix.

Nous devons soutenir le combat actuel des vénézuéliens car il est aussi le nôtre. Ou plutôt, il préfigure ce que nous devrons affronter dés lors qu’un gouvernement progressiste, en rupture avec le dogme néolibéral, gouvernera nos pays. Ce jour-là, nous nous rappellerons de « l’esprit du boucher »…cet esprit rebelle, indépendant, irrévérencieux. Cette identité politique collective, qu’on appelle aussi au Venezuela…l’esprit de Chávez.

Romain Migus

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En plus des nouvelles des différents projets des Maristes Bleus, vous vouliez être informés de la situation de la ville d’Alep, celle de Afrin et spécialement de ce qui se passe à Damas et dans le reste du pays.

Alep a été libérée en décembre 2016 et depuis, les bombardements ont cessé, les routes coupées ont été ouvertes, l’eau ravitaille presque régulièrement toutes les maisons, l’électricité continue à être rationnée. Certains déplacés de l’intérieur essayent de revenir chez eux dans les quartiers est de la ville. Les petits commerçants cherchent à ouvrir leur magasin. Les décombres ont été ramassés dans plusieurs quartiers. Nous nous rendons compte, maintenant, de la désolation de la population qui a vécu sous l’autorité des éléments armés comme le « front al Nosra » ou « Daech (état islamique) ». Les écoles et les universités fonctionnent normalement. La situation à Alep s’approche de la normale sauf en ce qui concerne la situation économique qui est catastrophique et le retour définitif des déplacés de l’extérieur. Malheureusement, pour des milliers de familles émigrées, le retour n’est pas inscrit sur la première page de leur agenda.

Au moment où vous lisez cette lettre, d’autres familles continuent à quitter. Faut- il attendre que la guerre finisse dans toute la Syrie ? Quel avenir nous est réservé ?

Plusieurs foyers de guerre persistent dans le pays.

Je voudrais d’abord faire le point avec vous sur la situation à Afrin, ville du nord-ouest de la Syrie dont la majorité des habitants est kurde et frontalière avec la Turquie. Il y a plusieurs mois, le président turc a décidé de mener une guerre contre les kurdes. Son armée a envahi le territoire syrien et par des raids aériens très meurtriers et une offensive au sol, elle occupe une centaine de villages autour d’Afrin et encercle cette dernière. Nous ne pouvons pas oublier que ceterritoire fait partie de la province d’Alep et que les habitants de cette région, certes d’ethnie kurde, sont des citoyens syriens.

A Damas, la situation est très grave. Depuis plusieurs années, les éléments armés du « front al Nosra » et d’autres milices occupent la campagne de Damas, La Ghouta. Ces djihadistes n’ont cessé de bombarder les quartiers de Damas, tuant les civils et provoquant des destructions.

Après la libération de Homs, d’Alep, de Deir el Zor, l’armée syrienne a décidé de libérer cette enclave. Cette guerre de libération a certes causé des morts, des blessés et des souffrances dans la population civile prise en otage par les djihadistes et nous le déplorons profondément. Mais Il ne faut pas oublier que les raids aériens de l’armée américaine qui ont facilité la libération de Mossoul puis de Raqqa ont causé beaucoup plus de victimes civiles. Et comme d’habitude, chaque fois que l’étau se resserre sur les éléments armés, les médias occidentaux commencent à parler de crise humanitaire, d’attaque chimique pour préparer l’opinion mondiale à une possible intervention militaire contre le gouvernement syrien. Ils offrent une image partiale de ce qui se passe. Sur les réseaux sociaux, abondent les images fabriquées ou copiées sur d’autres guerre, des images qui ne montrent que des enfants et des civils et jamais d’éléments armés, cibles de l’offensive. Avec vous, je me demande pourquoi ne parle-t-on- pas des massacres causés par les bombardements des quartiers civils de Damas comme « Bab Touma » ou « Kassa’a » ?

Pourquoi les médias occidentaux et leurs gouvernements ne relatent pas le drame quotidien des habitants de Damas ?

Notre optimisme prudent d’il y a quelques mois quant à la fin de la guerre et le rétablissement d’une véritable paix s’est transformé en pessimisme croissant tellement la situation en Syrie est devenu un imbroglio inextirpable. Avec l’armée turque au nord-ouest, l’armée américaine, qui épaule les milices kurdes, à l’extrême nord-est, les raids israéliens au sud et la situation à Damas et à la Ghouta, il n’y a pas de quoi être optimiste.

Heureusement qu’il y a parmi les journalistes, des gens sérieux et honnêtes qui risquent leur vie et viennent observer la réalité sur le terrain. L’un d’eux, Ivan, du Dario de Navarra, a passé plus d’une semaine entre Damas et Alep. Il a expérimenté ce que c’est la guerre, la peur, l’angoisse d’une population et a constaté les destructions inimaginables.

Si je m’attarde en ce début de lettre sur la situation de guerre, ce n’est pas du tout pour montrer un visage de mort et de peur, bien au contraire ! je veux parler de la volonté de vivre du peuple syrien. Nous voulons vivre ! vivre dignement ! vivre en paix ! vivre libres de toute contrainte ! vivre loin de la souffrance !

Aujourd’hui, nous, Maristes Bleus, avons reçu un enfant de 5 ans, M, qui a levisage, les mains, les pieds complètement brûlés. Son visage défiguré me hante. Je n’ai pas de mots. Je n’ai que la force de dénoncer une guerre qui dure et qui s’éternise. Ça suffit ! Basta disent nos amis espagnols. Kafa, nous disons dans notre langue arabe.

Heureusement, qu’il y a des soleils qui viennent réchauffer notre vie et éclairer notre quotidien plutôt sombre. L’un d’eux est Soumaya Hallak. Suisse d’origine alépine, soprano, petite-fille d’un grand poète alépin, elle est venue passer 8 jour avec nous et pour nous. Accompagnée de Marie-Laure, réalisatrice, et de Sawsan et Rand, 2 jeunes filles de Damas élèves au conservatoire, Soumaya a animé tous les matins et après-midis des ateliers de chant, de danse et de thérapie des traumatismes de guerre pour tous nos groupes : les enfants de « Apprendre A Grandir » et de « Je Veux Apprendre », les adolescents de « Skill School », les femmes du projet « Développement de la femme » et les monitrices et moniteurs. Soumaya nous a apporté de la joie et un peu de bonheur. Elle a promis de revenir en avril et/ou en été.

Le projet « Education et développement de la femme » est une source de joie et de fierté pour nous. Trente femmes de plus de 30 ans et autant de filles plus jeunes participent 2 fois par semaine à des ateliers interactifs sur des sujets qui les concernent comme tenir un budget familial, recycler les aliments, le mariage précoce, hygiène et maladies gynécologiques etc… Les participantes viennent de milieux différents. Elles ont établi entre elles des relations très fraternelles.

Toutes sont présentes à tous les ateliers, personne ne manque à l’appel tellement elles sont heureuses. Le cycle est de 2 mois. Il reprend avec d’autres participantes.

Avec le « M.I.T. » et le projet « Job », nous participons à la reconstruction de l’Homme, des familles et du pays. En plus des workshops de 3 jours organisés depuis plus de 4 ans, nous avons entamé la semaine passée la 5ème session du thème « Comment créer son propre mini-projet ». Vingt adultes vont passer 42 heures à apprendre et à appliquer à leur propre projet les éléments de base de l’évaluation des coûts, de la rentabilité, du marketing… pour présenter au jury leur projet bien étudié. Nous, les Maristes Bleus, finançons les meilleurs projets en termes de faisabilité, de rentabilité, de durabilité et de création d’emploi. Ce faisant, nous aidons les familles à vivre dignement, indépendantes des aides reçus pendant les années de guerre, et nous créons des emplois dont le pays a tellement besoin vu la marasme économique actuel.

Une de nos plus grandes satisfaction est la clôture de notre programme « Civils Blessés de Guerre ». À l’occasion du 5ème anniversaire du début de ce projet, nous avons, fin novembre 2017, proclamé sa clôture, la raison de son existence ayant disparue, Alep étant épargnée, grâce à Dieu, des actes de guerre depuis 14 mois ; et ce, durant un dîner familial qui a regroupé les 3 partenaires du projet : les médecins de l’Hôpital St Louis, les religieuses de l’hôpital et les membres de l’équipe des Maristes Bleus. Le Dr Nabil Antaki a présenté un Power Point qui résume l’histoire du projet, son esprit, ses réalisations et son financement. Puis tous les participants ont reçu un certificat d’appréciation et une médaille commémorative en argent (offertes par un bienfaiteur) avec, sur une face, le Logo du projet et sur l’autre le Logo des Maristes Bleus.

Cinq années de don gratuit pour soigner des centaines de blessés très gravement atteints et sauver la vie de dizaines, une générosité sans limite dans les actes médicaux et chirurgicaux gratuits de la part des médecins, des soins infirmiers exemplaires et un amour infini de la part des religieuses et du cadre infirmier, un financement sans plafond et une administration sans faille de la part des Maristes Bleus.

Hier, c’était la fête chez les Maristes Bleus. En effet, nous avions la 4ème cérémonie de remise des diplômes, cette fois-ci à 10 dames, qui ont participé pendant 4 mois aux sessions de notre projet « Coupe et Couture ». Elles ont acquis assez d’habilité pour se lancer sur le marché du travail et aussi pour les besoins familiaux.

Notre projet de recyclage de vêtements « Heart Made » fait des merveilles. Il fournit d’abord du travail à onze personnes. Et les produits qui sortent de l’atelier sont vraiment magnifiques et sont vendus dans une boutique du centre-ville, ce qui permettra au projet de s’autofinancer.

Nos programmes de secours continuent comme d’habitude. « Les Maristes Bleus pour les déplacés » distribue des paniers alimentaires et sanitaires et du cash (cadeau de Caritas-Pologne), chaque mois, à plus de mille familles déplacées ou démunies. Les familles déplacées sont aussi aidées pour payer le loyer de leur appartement. A l’occasion de Noel, toutes les personnes de nos familles (plus de 4000) ont reçu des vêtements neufs et des chaussures. Pour Pâques, elles recevront de la viande et une corbeille de fruit.

Le programme médical aide au financement de 150 actes médicaux par mois : opérations chirurgicales, hospitalisation, ordonnances, Labo et Radios que les malades appauvris par la guerre ne peuvent pas payer.

« Goutte de lait » contribue à la croissance physique et mentale d’environ 3000 enfants de moins de 11 ans en leur fournissant du lait chaque mois.

Les projets éducatifs sont aussi un des soleils de notre firmament. Le bonheur des enfants de « Apprendre À Grandir » et de « Je Veux Apprendre » n’a d’égal que celui de leurs 24 monitrices et moniteurs. Les petits préparent actuellement la fête des mères qui est célébrée chez nous le 21 mars. Skill School réalise des projets très intéressants pour les adolescents, dont plusieurs programmes de solidarité à l’occasion du Carême. Grâce à leur assiduité et à l’effort des éducateurs, et dans le cadre du projet « Eradication de l’Illettrisme », plusieurs adultes illettrés sont maintenant capables de lire un texte. D’autres adultes, hommes et femmes, sont déjà au quatrième niveau d’apprentissage de l’anglais dans le cadre du projet « Hope ». Ils sont fiers de pouvoir aider leurs enfants dans leurs études et de tenir une conversation.

Avant de terminer, j’aimerais vous annoncer une grande nouvelle. À la demande de beaucoup de nos amis, nous allons, très prochainement, publier un livre co-écrit par Nabil Antaki et moi-même. Notre ouvrage « Les Lettres d’Alep », édité par les éditions l’Harmattan, est une compilation de toutes les lettres que nous avons écrites pendant les années de guerre enrichie d’extraits d’interviews et de textes. Il est actuellement sous presse et sortira dans les librairies bientôt. Dans « Les Lettres d’Alep », nous brossons un tableau de la situation et racontons les souffrances des déplacés, la misère des pauvres, la détresse des habitants et l’atrocité de la guerre ; et nous décrivons aussi notre réponse à ces drames par la compassion, l’accompagnement, la solidarité, et le don de soi à travers les « Maristes Bleus ».

Nous nous approchons de Pâques, le temps de célébrer la mort et la résurrection du Christ.

Nous sommes tous invités à prier le Seigneur de la vie pour qu’il nous donne « Sa PAIX » ; une Paix de justice et de pardon ; une Paix qui accepte l’autre tel qu’il est ; une Paix qui tend la main ; une Paix qui refuse la violence ; une Paix qui se traduit par des gestes de miséricorde ; une Paix qui touche le cœur de pierre des hommes pour le transformer en cœur de chair ; une Paix qui annonce une civilisation de l’amour ; une Paix qui réalise sur notre terre la volonté de Dieu.

Nous vous souhaitons de vivre cette Paix et qu’elle rayonne, à travers vous, dans notre monde.

Georges Sabé pour les Maristes Bleus

Alep le 4 mars 2018

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La Belgique veut quintupler ses dépenses d’armement

mars 4th, 2018 by Olivier Laurent

Alors que la fièvre militariste gagne les élites dirigeantes européennes et que tous les pays de l’Otan s’accordent sur la nécessité de relever leurs budgets militaires à 2 pour cent du PIB, la Belgique lance un réarmement massif. L’armée et l’appareil d’État belges dénoncent un vieillissement de son matériel et de ses effectifs.

La solution proposée par le gouvernement belge est radicale. Le budget militaire 2018 comprend 4,7 fois plus de crédits d’engagement – des sommes que l’on prévoit de payer à la livraison et qui n’apparaissent donc pas dans le budget de fonctionnement – que le budget de l’année précédente. Cet argent sera dépensé sur la période 2020-2030.

Tout cela doit relever la « crédibilité » de l’armée belge. Selon le discours de Nouvel An du général Marc Compernol, chef de la défense belge, au Musée royal de l’armée, l’armée belge a été victime de mesures qui «peuvent se résumer par un recours à des restrictions budgétaires». Il a proposé de «moderniser et investir afin d’assurer les missions clés mais également sauvegarder le core business tout en tenant compte de l’évolution démographique.»

En réalité, la reprise des dépenses est en route depuis plusieurs années. En 2014, les membres de l’OTAN s’étaient mis d’accord sur la «fin de la réduction des dépenses de défense ». Cela avait été avalisé dans l’Accord de gouvernement fédéral conclu la même année entre les partis CD&V (chrétiens-démocrates flamands), MR (Mouvement réformateur, de centre-droit), N-VA (indépendantistes flamands) et Open Vld (libéraux flamands) après des élections qui avaient laissé un Parlement morcelé.

La coalition ainsi formée sous le Premier ministre Charles Michel s’était lancée dans un programme d’austérité brutal: coupes de 20 pour cent dans les budgets culturels et scientifiques, des réductions pour la justice, des privatisations, des cadeaux fiscaux aux patrons, des réductions des retraites pour les anciens chômeurs, une dérégulation des heures supplémentaires et des emplois à temps partiel. En même temps, ce gouvernement se vantait qu’il allait «de nouveau donner les moyens à l’armée d’exécuter ses missions.»

En 2015, le Parlement belge avait adopté une résolution se déclarant favorable à une force militaire « équilibrée »; le ministre de la Défense Steven Vandeput (N-VA) avait dit que «dépenser plus sera inévitable». En 2016, une nouvelle résolution acceptait l’agenda posé par l’OTAN au sommet de Varsovie. En 2017, la loi de programmation militaire préparait la montée des dépenses et en décembre 2017, la Belgique a signé avec 25 autres membres de l’UE l’initiative PESCO, embryon de « l’armée d’Européens » voulue par Macron et Merkel.

Les choix techniques démontrent que le gouvernement belge, comme ses homologues des autres pays impérialistes, envisagent des guerres offensives, non pas une défense plus «crédible.»

Ainsi, le programme CAMO (pour CApacité MOtorisée), le principal programme pour l’armée de terre, doit permettre à la Brigade médiane, l’unité la plus importante de l’armée de terre belge, de «modifier en profondeur sa doctrine, son entraînement et sa logistique». Ce programme va acheter 60 engins blindés de reconnaissance et de combat Jaguar et 417 véhicules blindés multi-rôles Griffon. Il s’inscrit dans le programme français de réarmement baptisé Scorpion et lancé en 2013 sous le gouvernement PS de François Hollande.

Ce programme, dont profitent notamment les entreprises françaises Nexter, Renault Trucks Defense et Thales, vise à «établir un partenariat fondé sur des véhicules de combat français et belges identiques», expliquait le ministère de la Défense lors de l’adoption du projet CAMO à 1,1 milliard d’euros par le gouvernement belge en juin 2017. Le gouvernement expliquait alors également que les groupes belges CMI, Herstal et Thales Belgique pourraient obtenir ainsi des contrats en contrepartie de la commande belge. La France va pour sa part acheter 1.668 Griffon et 248 Jaguar dans ce cadre.

Ceci permettrait aux forces des deux pays de travailler ensemble de manière encore plus étroite sur le champ de bataille.

Les autres programmes envisagés portent ainsi notamment sur l’amélioration de la «capacité forces d’opérations spéciales» (SOF, actions à l’étranger) avec 200 véhicules de transport de troupes légers. Une commande de 108 véhicules de réaction rapide de type Fox a déjà été passée au constructeur britannique Jankel en 2016.

Sont également prévus 34 avions de combat à livrer à partir de 2023, un programme commun avec les Pays-Bas pour développer des frégates et des navires de guerre, des mines, des drones et une remise à niveau complète de l’architecture informatique pour les services de renseignement, et un programme de satellites militaires conjoint avec la France.

Il ne s’agit pas que d’intervenir dans des pays ex-coloniaux cependant. L’Union européenne est engagée dans un réarmement massif en anticipation d’une montée des conflits internationaux comme le monde n’en a plus connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette perspective est notamment exposée dans la déclaration du président français Emmanuel Macron selon laquelle «nous sommes entrés dans une époque des relations internationales où la guerre est à nouveau un horizon possible de la politique».

Divers pays lancent des projets de «service civique» comportant un volet militaire. Macron veut établir un service national universel, et la Suède a déjà réintroduit le service militaire obligatoire supprimé en 2010. Et surtout, Berlin a lancé un programme de réarmement tous azimuts en 2014.

Dans la droite ligne des remarques de Macron, l’institut Egmont, un think-tank belge de premier plan (reconnu d’utilité publique et notamment financé par le ministère des Affaires étrangères) note dans un récent rapport intitulé Belgian Defence in 2018 : Regeneration Time? que « la structure présente et future des forces est basée sur une logique de temps de paix, alors que la possibilité d’un conflit majeur sur le continent européen est peut-être encore éloignée, mais certainement plus inimaginable. »

Selon ce rapport, les dépenses engagées restent bien trop faibles face aux enjeux à venir: «si ces programmes avancent comme prévu, la régénération des forces armées belges [ne fera que] se remettre bien tard sur les rails».

L’objectif est également d’intervenir sur le territoire même de la Belgique. Le rapport note que «les attaques terroristes de 2016 à Bruxelles ont clairement montré que les problèmes de sécurité ne restent pas nécessairement des problèmes “éloignés”. »

En réalité ce que les attentats récents en Europe ont montré, c’est qu’à chaque fois les auteurs étaient liés d’une manière ou d’une autre aux services de renseignements qui les ont protégés après avoir donné carte blanche aux réseaux islamistes pour mener une guerre féroce contre le régime de Bachar el Assad en Syrie. Ils se sont battus pour le compte de l’OTAN avant d’organiser des attentats sanglants à travers l’Europe.

Le problème auquel sont confrontés l’armée belge, comme la bourgeoisie de tous les pays de l’Otan, est le manque d’enthousiasme, et en fait, la profonde opposition envers la guerre dans la population. Les jeunes ne veulent pas aller se faire tuer dans des guerres extérieures. L’institut Egmont note cyniquement qu’« une attention constante sur le recrutement d’un nombre bien plus élevé de jeunes hommes et jeunes femmes pour des carrières flexibles et attractives sera par conséquent la clé pour le futur, en particulier quand la situation économique se dégradera».

Olivier Laurent

Photo : Le général Marc Compernol

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« La crise est le moment où l’ancien ordre du monde s’estompe et où le nouveau doit s’imposer en dépit de toutes les résistances et de toutes les contradictions. Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur, surgissent les monstres » Antonio Gramsci 

L’actualité de ces derniers temps nous met en présence d’un climat délétère. Il semble que nous vivons un remake de la fin des années trente du siècle dernier avec la fin d’un cycle et l’apparition de l’ordre nouveau qui était en gestation dès le XIXe siècle avec les idéologues chantres des races supérieures tels que Renan, Chamberlain Ferry. Conforté à la fin du siècle par différentes affaires dont celle du capitaine Dreyfus. La crise pour un nouvel ordre n’eut pas de répit, Hitler et son fameux Mein Kampf, et Mussolini et son idéologie fasciste mirent en pratique plusieurs paramètres sous couvert d’espace vital. En fait ils mirent en pratique le mythe des races supérieures. Mutatis mutandis, nous vivons la même période caractérisée par de nouveaux boucs émissaires, non plus au nom de la race uniquement mais aussi au nom de la religion. Les musulmans sont à n’en point douter: «les Juifs du XXIe siècle». De ce fait, des  exactions, multiformes préludes à des « nuits de cristal » se préparent dans l’indifférence totale. Même le rapport du 14 avril 2016 publié par le département d’Etat reproche à la France son côté donneur de leçons et sa politique concernant un nombre croissant d’incidents islamophobes et antisémites. Nous allons illustrer cela par trois «affaires» qui nous paraissent constituer les prémices. d’une anomie porteuse de tous les dangers pour les damnés de la Terre

L’affaire Benzema 

Il y a trois ans, le meilleur joueur de l’équipe de France de football était stoppé net dans son ascension, suite à une accusation -non encore prouvée- dans une affaire de sextape. Tout le monde s’y est mis pour l’écarter de l’équipe de France, le président de la FFF, avec un langage doucereux, le sélectionneur, l’opinion publique et le Premier ministre de l’époque pour qui il ne présente pas les qualités morales pour prétendre représenter la France. Naturellement, pas un mot sur une autre affaire concernant deux volleyeurs qui, bien que condamnés par la justice, n’ont pas été écartés de l’équipe nationale. Fers de lance de leurs sélections respectives, les volleyeur Earvin Ngapeth et handballeur Nikola Karabatic ont continué leurs aventures en sélection, malgré leurs condamnations. Pour Guy Roux, l’ancien entraîneur de l’AJ Auxerre, pour qui ce carton rouge de l’exclusion est indéniablement lié aux origines du buteur des Bleus. «Si Benzema a été privé de l’Euro, c’est en raison de ses origines ! Il faut avoir le courage de le dire. S’il s’appelait Jean-Claude et était né à Brest, on ne parlerait pas autant de cette affaire. Il faudra un siècle avant que ce genre de préjugés disparaisse».

A l’évidence, Benzema a été victime d’une justice d’exception. Même Jean-Michel Larqué, ancien de l’AS Saint-Etienne et journalsite, est revenu sur les propos tenus par Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Ce dernier recommandait d’écarter Karim Benzema en attendant que le jugement sur l’affaire soit rendu. Je ne comprends pas qu’un ministre de la République ne suive pas le déroulement normal des institutions. Tant que Karim Benzema n’est pas condamné, il peut, de la même manière que les frères Karabatic, porter le maillot de l’équipe de France. Pour l’avocat, maître Dupond–Moretti, de Benzema: cette affaire est en instruction. Karim Benzema est présumé innocent. Il y a une espèce d’immixtion de l’exécutif dans la justice d’une certaine façon. Que je sache, le Premier ministre n’a pas connaissance de l’instruction en cours ou alors c’est à désespérer de tout. Et de surcroît, dans cette instruction, il est mis en examen et cela ne signifie pas qu’il est coupable.

Il est pour le moment présumé innocent, comme n’importe quel justiciable dans ce pays. La réponse de Benzema à Manuel Valls mérite d’être rapportée: 12 saisons que je suis professionnel, 541 matchs joués, 0 carton rouge, 11 cartons jaune !!! Et certains parlent de mon exemplarité ??? En réalité, écrit Aïssa Hirèche, le joueur d’origine algérienne a fait les frais d’un racisme incroyable. D’une vague raciste inouïe et sans pareille en France. Benzema n’est pas un joueur hors pair, mais il demeure un joueur d’un excellent niveau quand même. (…) Dans un premier sondage effectué en «décembre 2015 par l’institut Elabe pour RMC-BFMTV, 82% des Français se disaient opposés à un retour en équipe de France de Benzema».(1)

L’Affaire Ramadan 

Le prédicateur bien connu, au verbe éloquent que l’on apprécie ou pas, est victime de son éloquence. C’est une affaire à la Dreyfus sans Zola pour dire le droit ! Voilà quelqu’un accusé on ne sait pourquoi de viol sans faire la différence entre le citoyen et le musulman. La vindicte est tellement importante que des âmes charitables font des appels à dénonciation du prédicateur sur internet et Facebook, où ces ci-devant justiciers font leur marché. Il s’est même trouvé une journaliste controversée à faire le réquisitoire au lieu et place de la justice. Coup de théâtre: une dépêche de l’AFP alimente l’hypothèse d’une collusion évidente des deux plaignantes et d’une subornation de témoins. Les investigations ont donc révélé «des connexions entre les plaignantes et des détracteurs reconnus de Tariq Ramadan. Ce tapage a été catalysé par tous les journalistes qui ont un problème avec l’islam. Comment, en effet, peut-on comprendre la «question» d’El Kabbach à un responsable religieux musulman: «Que prévoit votre religion pour le viol ?». Ces patriotes justiciers vont jusqu’à dicter à la justice que qu’elle doit dire ou faire. Ainsi, on ne peut exclure que devant cette kabbale, la justice (tout de même, deux juges) décide de maintenir Tariq Ramadan, qui serait malade, en prison sans qu’il ne soit jugé. Pas même la possibilité de payer une caution. Alors que dans le même temps, plusieurs affaires du même type sont traitées avec plus de droit. C’est le cas des hommes politiques qui ont comparu et condamnés libres. Pour d’autres, c’est carrément le «circulez, il n’y a rien à voir !». Les affaires concernant les deux ministres du gouvernement ont été classées sans suite. Que doivent penser les victimes supposées de ces affaires qui laissent un goût de cendre et la démonstration de l’injustice de la justice.

Naturellement, ce fut un tollé, il y a les pour et les contre. Les revanchards et très peu de personnes pour dire le droit, à savoir que Tariq Ramadan est présumé innocent jusqu’à preuve de sa culpabilité. Nous avons vu même Abdennour Bidar enfoncé sous prétexte de moral pour des motifs douteux. A le lire, il demande aux «decideurs» d’écouter d’autres voix, celles de ceux qu’il met en avant en embarquant dans la même galère Mohamed Arkoun qui vole à une autre altitude en proposant d’écouter ceux qui prônent de mon point de vue un islam soft, sans épaisseur mondain laïco-compatible à son entendement, Bref, un islam à la sauce laïque. Par honnêteté, nous rapportons ses arguments dans la contribution suivante. (2)

Un témoignage courageux pour Tariq Ramadan

Une voix dans le désert, celle d’une chercheuse Fanny Bauer–Motti, qui témoigne à décharge:

«Traité comme un coupable, déferlement de haine et spéculation en tout genre. Pourtant, il y a quelque chose de fondamental et important qui unit les hommes et structure nos identités respectives: il s’agit de la loi. (…) Le mensonge est parfois une construction auquel on croit. (…) Je connais le professeur Tariq Ramadan. J’effectue une recherche à Oxford qu’il accompagne et il fait partie de ces amitiés que l’on sait éternelles. J’ai passé du temps avec lui, passé du temps avec d’autres chercheurs et étudiants(es) d’Oxford, j’ai échangé avec d’autres comme moi, qui travaillent et font de la recherche auprès de lui. Des hommes et des femmes de toutes les origines, de tous les genres et de multiples identités. Empiriquement donc, je n’ai jamais vu Tariq Ramadan avoir des gestes ou mots déplacés ni avec moi ni avec d’autres étudiantes. Au contraire, contrairement à d’autres hommes et à mon expérience de femme sur le terrain, il fait partie de ces rencontres masculines paternelles, fraternelles qui respectent chaque être humain, femme ou homme sans abus de pouvoir, sans névrose, dans une simplicité aussi bien professorale qu’humaine. ». (3)

Tariq Ramadan ou le présumé coupable 

«La présomption d’innocence, lit-on sur la contribution suivante , n’a pas le même effet lorsque l’on parle d’un ministre encore membre du gouvernement -et qui a toute la confiance du Premier ministre- ou d’un universitaire réduit au titre de prédicateur sulfureux. Est-ce le musulman ou le citoyen que l’on juge ? «Qu’est-ce que prévoient vos textes sacrés sur celui qui viole ?». C’est dans ces termes que Jean-Pierre El Kabbach interpelle Amar Lasfar (…). Qui peut imaginer qu’une telle question ait été posée à Dominique Strauss-Khan lors de l’affaire du Sofitel «Qu’est-ce que prévoit le Talmud sur celui qui viole ?». Question impensable, car DSK est jugé en tant que citoyen, Tariq Ramadan en tant que musulman-citoyen (…). Le 30 octobre 2017, Caroline Fourest, journaliste et éditorialiste, est l’invité d’Yves Calvi sur la radio RTL matin. Reconnue comme sa principale détractrice en France, notamment pour ses confrontations lors de plusieurs débats télévisés, mais aussi pour lui avoir consacré un livre «Frère Tariq» où il est question de démontrer son imposture intellectuelle et son double discours. Elle n’hésite pas à se faire le porte-voix des victimes présumées en parcourant les plateaux télévisés pour marteler à qui veut l’entendre «qu’elle avait raison»: Comment justifier le glissement de la duplicité supposée des idées vers la duplicité de la personnalité ? (.. ) La journaliste est donc coutumière des allégations approximatives et mensongères. (4)

«Le tribunal médiatique est ouvert: les journalistes occupent la place des magistrats, les questions sont inquisitrices; les plateaux télévisés se transforment en cours d’assises, les débats se métamorphosent en plaidoyers pour la condamnation de l’accusé. (…) Les témoins sont appelés à la barre. Manuel Valls, Caroline Fourest, Ian Hamel, Jean-Pierre El Kabbach, et bien d’autres donnent le ton des débats ou faudrait-il dire des sentences. Hier des adversaires politiques et idéologiques, aujourd’hui des accusateurs acharnés qui saturent l’espace médiatique. Les complices sont convoqués à la barre. Edwy Plenel, Edgar Morin, Pascal Boniface, Alain Gresh sont sommés de s’expliquer. Vous saviez ? Pourquoi n’avez-vous rien dit? Etes-vous mal à l’aise ? Répondez ! Les intéressés se débattent comme si l’on maintenait leur tête sous l’eau. A ce moment précis, la moindre erreur de vocabulaire peut briser une carrière, anéantir une réputation (…)» (4) «Ces mêmes médias qui offrent un silence assourdissant sur l’affaire Darmanin et sur la scène invraisemblable d’un ministre qui est ovationné par une assemblée qui le soutient contre la plainte d’une femme qui l’accuse de viol. En filigrane de cette affaire, on s’aperçoit combien le statut du prévenu et l’opinion publique lui sont défavorables tant on en arrive à se demander si c’est le citoyen ou le «prédicateur sulfureux» que l’on juge. (…) Au vu des éléments que nous avons parcourus à travers ce texte, nous pensons que le traitement qui lui est réservé ne vise pas à rendre la justice, mais à briser le symbole, étouffer le discours, démolir l’homme, neutraliser les idées, anéantir toute forme de retour dans le débat public. L’affaire Ramadan ne concerne pas plus l’homme que ses idées. Est-ce le musulman ou le citoyen que l’on juge ? A vous de juger» (4)

En fait, nous pourrions ajouter, c’est une religion ostracisée de plus en plus pour la faire détester même par les plus tolérants et il est évident que les juges -à moins d’un miracle- suivront le tribunal médiatique et condamneront l’homme, qui sera socialement inaudible en France.

L’affaire Ibtissem 

Une autre victime de la curée anti-islam, anti-arabe antipalestinienne, en l’occurrence Mennel Ibtissem, a été obligée de déclarer forfait au concours The Voice D’anciens tweets et messages Facebook ont été déterrés et utilisés contre elle par des personnes qui ne voulaient pas qu’elle gagne le concours. «Elle ne risque pas d’oublier sa prestation. Mennel Ibtissem est pourtant arrivée le cœur en fête ce 3 février sur le plateau de TF1. Passionnée de musique, la belle aux racines turco-syriennes du côté paternel et algéro-marocaines du côté maternel avait ébloui les membres du jury par sa majestueuse prestation lyrique. Mais depuis, la jeune fille est la proie d’accusations aussi insensées qu’infondées. Elle fait face aujourd’hui aux commentaires les plus odieux, Chacun rivalisant dans les accusations les plus ridicules aux plus saugrenues, rien ne lui est épargné. Même la chanson interprétée avec tant de talent en arabe et en français, Hallelujah de Leonard Cohen n’aura pas pesé en sa faveur. Depuis sa prestation, la polémique enfle et se nourrit des rumeurs les plus folles. Les cheveux couverts d’un turban, ce qui lui vaut probablement cette chasse aux sorcières rondement menée par la meute médiatique, la jeune étudiante en master d’anglais est sortie de son silence pour faire face à ses détracteurs. Bref, des accusations en cascade dont la jeune fille se défend sur Twitter:

« Depuis hier, je lis beaucoup de choses qui sont sorties de leur contexte. On me prête des intentions qui ne sont pas les miennes et qui ne reflètent aucunement ma pensée». «Je suis née à Besançon, j’aime la France, j’aime mon pays. Je condamne bien évidemment avec la plus grande fermeté le terrorisme. Je prône un message d’amour, de paix et de tolérance, la preuve en est mon choix de chanter Hallelujah de Léonard Cohen». (5)

Mennel Ibtissem avait fini par annoncer le 9 février qu’elle quittait le télé-crochet de TF1.

«J’ai un message à vous faire passer, avait-elle expliqué sur Facebook. En tant qu’artiste, chanteuse, j’ai participé à The Voice avec l’intention de rassembler, pas de diviser, d’ouvrir les esprits, pas de les assombrir. J’ai foi en l’humanité et en la bienveillance des gens. J’ai foi en un futur rempli d’amour, de paix et de tolérance. J’ai foi en mon pays, la France, avait insisté la jeune femme. Je vis très difficilement les tensions survenues ces derniers jours […] J’ai donc pris la décision aujourd’hui de quitter cette aventure». TF1 avait salué ce départ «responsable». Dans la foulée, sur YouTube, la jeune femme avait posté une interprétation d’Imagine, de John Lennon. «Un titre prônant la tolérance et la paix» Exit Mennel !!

Mennel Ibtissem, la voix de la française musulmane qui dérange  

L’affaire Mennel Ibtissem, après l’affaire Tariq Ramadan ? Alors que la communauté musulmane française se remet difficilement des déboires judiciaires du prédicateur suisse, toujours maintenu en détention à Fleury-Mérogis, une secousse médiatique d’un tout autre genre secoue l’Hexagone. En cause ? Le déferlement de messages et de prises de parole -les uns pour la soutenir, les autres pour la vilipender- après la décision de Mennel, une jeune apprentie chanteuse originaire de Besançon, de quitter le plateau de l’émission The Voice qu’elle avait dominée, le 2 février, par son interprétation de «Hallelujah», l’une des chansons-cultes du barde Leonard Cohen, décédé en novembre 2016. (6)

«L’histoire est tristement, tragiquement simple. Au lendemain de l’attentat de Nice, le 14 juillet 2016, Mennel Ibtissem, alors âgée de 22 ans -amatrice de prêches de Tariq Ramadan- se fend de «posts» stupides et complotistes sur Facebook, laissant entendre que la version officielle du gouvernement français sur le terroriste tué sur la Promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, n’est peut-être pas la bonne. «C’est devenu une routine. Un attentat par semaine. Et toujours pour rester fidèle, le terroriste prend avec lui ses papiers d’identité. C’est vrai que quand on prépare un sale coup, on n’oublie surtout pas de prendre ses papiers», rugit la jeune femme. Une attitude à des années-lumière du visage d’ange qu’elle présente, le 2 février, les cheveux cachés par un turban coquet, lorsqu’elle entonne les paroles de paix et d’amour de Leonard Cohen devant les juges de The Voice: les artistes Zazie, Florent Pagny et Mika. (…6)

Une France assommée de se découvrir ainsi divisée, polarisée, toujours exposée au risque de tomber dans les fractures communautaires attisées par les médias. «Mennel n’est plus une gamine française interprétant en arabe la chanson d’un chanteur juif, superbe symbole, s’insurge dans Libération un professeur de lycée, Saïd Benmoufflok. Non, elle est désormais un agent de l’ennemi. Elle est le mal au visage d’ange. Elle est le paravent de l’islamisme, ce mot fourre-tout qui autorise la confusion entre un tweet imbécile et une complicité criminelle. Voilà comment certains pourfendeurs du complotisme sont eux-mêmes devenus des complotistes». «Le retour aux sources -soit à l’après-attentat contre Charlie Hebdo et à l’après-13 novembre 2015- fait d’autant plus mal que le premier procès apprend donc qu’elle a twitté des idées stupides à tendance complotiste, poursuit le professeur. Très exactement ce que la plupart des enseignants de France ont entendu dans leurs classes après les attentats, en 2015 et 2016». (6)

Pas facile d’être musulman en ce moment en France et en Europe 

Pourtant une voix s’est élevée, il me faut saluer, une fois, n’est pas coutume, celle du coup de gueule de Tahar Ben Jelloun, écrivain de talent:

«Il règne, écrit-il, en ce moment en France un climat détestable. Derrière Mennel Ibtissam et Tarik Ramadan, certains visent l’islam. Cette religion est ainsi confondue avec ceux qui la défendent ou la pratiquent. Il n’est pas bon être musulman aujourd’hui en France et même dans le monde occidental. Le terrorisme au nom de cette religion a fini par détruire et massacrer l’image de l’islam et des musulmans; il a aussi ouvert la porte aux préjugés les plus fous concernant cette religion et ceux qui s’en réclament. Stigmatisés, condamnés d’avance, les musulmans dans leur écrasante majorité souffrent en silence de ce regard torve et puant que pose sur eux le reste du monde. Révolue l’époque où un Louis Massignon, un Jacques Berque, ou un Vincent Monteil donnaient par leurs œuvres une image positive, universelle, du message islamique. Ces orientalistes sont oubliés. Ils ont été remplacés par des journalistes, des experts qui parlent de l’immédiat et n’approfondissent pas leurs analyses, contribuant ainsi et parfois à leur corps défendant, à forger chez le grand public une image de l’islam souvent erronée, ouvrant le chemin à la stigmatisation et même à la haine. On évoque souvent l’islamophobie, or c’est de rejet et de haine qu’il s’agit». (7)

«L’affaire de la belle chanteuse de vingt-deux ans Mennel Ibtissam a révélé combien la haine de l’islam est ancrée profondément dans les consciences de très nombreuses personnes. Elle chante en anglais, en français et aussi en arabe, sa langue maternelle. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, elle a fait des erreurs, a écrit des choses inadmissibles après l’attentat de Nice. Elle a reconnu avoir mal fait puis s’est excusée. Au lieu de l’admettre et de considérer sa prestation dans «The Voice» d’un point de vue strictement artistique, on l’a traînée dans la boue jusqu’à la dégoûter et la pousser à renoncer à chanter de nouveau dans le cadre de cette émission». (7) «On est condamné, poursuit l’écrivain, avant d’être jugé. On est accablé et insulté. On est lynché avant d’être entendu. Ce nouveau tribunal fait peur à tout le monde, en tout cas, aux personnes publiques, qu’elles appartiennent au monde politique ou artistique. Mais quand, en plus, on est d’origine arabe et musulmane, les dérives médiatiques et réseaux sociaux ressemblent à un bulldozer qui écrase tout sur son passage. Evidemment, Tarik Ramadan n’échappe pas à cet immense soupçon. Cet islamologue est actuellement en prison, accusé de violence et de viol et attend son procès. Sans se prononcer sur la culpabilité ou l’innocence de cette personnalité populaire en milieux arabes, le tribunal médiatique l’a déjà condamné et ce que vont faire les juges en leur âme et conscience devient secondaire Le cas de Mennel Ibtissam n’est pas arrivé jusqu’aux tribunaux de la République. Mais il a suffi du tribunal médiatique pour qu’elle quitte la scène. Il n’est pas bon d’être musulman, migrant ou réfugié en la France d’aujourd’hui et par extension en Europe». (7)

La montée des nationalismes de l’extrême droite  consubstantiels de l’islamophobie

A n’en point douter, l’atmosphère de l’Europe en général est celle de l’intolérance envers les faibles. Il n’est que de voir aussi en Italie, dans les anciens pays de l’Est, en Allemagne. Qu’arrivera-t-il si on laisse faire ? Alain Gresh nous met en garde contre les dérives lentes mais inexorables en écrivant «Imaginons, en 1931 en Allemagne, en pleine montée de l’antisémitisme, un hebdomadaire de gauche faisant un numéro spécial sur le judaïsme (la religion) et expliquant à longueur de colonnes, sans aucune connotation antisémite, que le judaïsme était rétrograde, que la Bible était un texte d’apologie de la violence, du génocide, de la lapidation, que les juifs religieux portaient de drôles de tenues, des signes religieux visibles, etc. Evidemment, on n’aurait pas pu dissocier cette publication du contexte politique allemand et de la montée du nazisme, et écarter d’un revers de la main, comme le fait Charb dans Libération du 20 septembre, les conséquences de telles prises de position. Nous vivons en Europe la montée de forces nationalistes, de partis, dont l’axe de bataille n’est plus, comme dans les années 1930, l’antisémitisme, mais bien l’islamophobie. Un climat malsain s’est installé et les idées hostiles à l’immigration, et particulièrement aux musulmans, se répandent dans les formations de droite comme de gauche. En dehors de quelques illuminés (comme Breivik), personne ne réclame un génocide des musulmans. Mais peut-on faire comme si ces forces n’existaient pas ? Peut-on reprendre le discours et les propositions de ces groupes, accepter le terrain sur lequel ils se placent, sans risques sérieux ?» (8)

Dans une contribution percutante suite à l’assassinat par Bervik de 77 personnes, Uri Avnery Israélien, militant des droits des Palestiniens et pacifiste convaincu, écrit dans le même ordre d’idée pour décrire le linkage des extrêmes: «Le ministre nazi de la Propagande, Dr Joseph Goebbels, appelle son patron, Adolf Hitler, par enfer-phone.

«Mein Führer», s’exclame-t-il tout excité, des nouvelles du monde. Il semble que nous étions finalement sur la bonne voie. L’antisémitisme est en train de conquérir l’Europe !»

«Bon!», dit le Fürher, «Ce sera la fin des Juifs !»

«Hum… eh bien… pas exactement, mein Fürher. Il semble que nous avions choisi les mauvais Sémites. Nos héritiers, les nouveaux nazis, sont en train d’annihiler les Arabes et tous les autres musulmans en Europe». Puis, avec un petit rire, «Après tout, il y a beaucoup plus de musulmans que de juifs à exterminer».

«Mais qu’en  est-il des juifs ?», insiste Hitler.

«Vous ne le croirez pas: les nouveaux nazis aiment Israël, l’Etat juif, et Israël les aime!» (9)

Conclusion

Ces trois affaires, qui attendent un Zola pour faire prendre conscience à la France profonde celle des Droits de l’Homme, sont symptomatiques d’un climat malsain et ce n’est pas s’ingérer que de témoigner pourquoi cet acharnement de ceux qui se disent de souche qui, comme les moutons de Panurge, prêtent leur voix aux sirènes de la division. Peut-on expliquer cela par les temps difficiles ou faut-il y ajouter le sionisme qui travaille le corps social français pour étouffer la cause palestinienne. Véronique Anger explique cela par la peur et par le comportement de meute vis-à-vis de celui qui est différent:

«Cette expression ‘de souche’ me fait doucement rigoler, car si les Français qui se prétendent ‘de souche’ avaient la curiosité -ou l’honnêteté- de rechercher leurs origines ethniques dans un test ADN, ils seraient nombreux à tomber des nues en découvrant qu’ils ont du sang coloré dans les veines… (…) Quand on a peur de manquer, on est moins disposé au partage et on favorise donc son groupe d’appartenance, sa meute» (ses enfants et le cercle familial élargi puis le groupe social, ethnique, religieux,… auquel nous appartenons (10).

Plus largement, il s’agit de la place de ces Français musulmans qui sont là depuis plus longtemps que ceux qui dictent la norme à la France, les Zemmour El Kabbach, Finkielkraut qui font l’actualité. Dans une belle lettre, le Prix Nobel de littérature Jean-Marie Le Clezio à sa fille, explique, en creux les racines de la mal-vie des Français musulmans:

«J’entends dire qu’il s’agit d’une guerre. Sans doute, l’esprit du mal est présent partout, et il suffit d’un peu de vent pour qu’il se propage et consume tout autour de lui. Mais c’est une autre guerre dont il sera question, tu le comprends: une guerre contre l’injustice, contre l’abandon de certains jeunes, contre l’oubli tactique dans lequel on tient une partie de la population en ne partageant pas avec elle les bienfaits de la culture et les chances de la réussite sociale. Le premier souffle de vengeance qui passe les a embrasés, et ils ont pris pour de la religion ce qui n’était que de l’aliénation. (…) Il faut remédier à la misère des esprits pour guérir la maladie qui ronge les bases de notre société démocratique.» (11)

Antonio Gramsci avait vu venir la deuxième catastrophe mondiale mutatis mutandis nous risquons d’en connaître une autre. On sait que la majorité des conflits actuels mettent aux prises des musulmans avec un ordre occidental venu lui imposer sa vision du monde par une démocratie aéroportée.

Si rien n’est fait pour mettre un terme à ces dérives en Occident, il arrivera aux musulmans ce qui est arrivé aux Juifs du XXe siècle, des Nuits de cristal de plus en plus récurrentes.
Que l’on ne s’y trompe pas ! Les ennemis des Européens ou des prolétaires occidentaux d’en bas ne sont pas les étrangers, les mélanodermes et les musulmans qui, les premiers, servent de variables d’ajustement en temps de crise, c’est justement la crise générée par un libéralisme sauvage, une mondialisation-laminoir qui ne fait pas de place aux plus faibles, et qui se faisant attise les tensions les rendant sensibles au discours de la haine, de l’étranger qui vient lui imposer la chari’a..

Sans vouloir nous ingérer les affaires franco-françaises, tant que le racisme du fond rocheux persiste, tant que le plafond de verre reste une réalité, il y aura mal-vie. La République laïque devrait de notre point de vue être équidistante des cultes. Les Français nés musulmans, pratiquants ou pas, sont des citoyens comme les autres. Ils ont le droit de vivre leur éventuelle espérance sans faire dans l’ostentation à l’ombre des lois de la République qui devrait manifester une forte volonté d’intégration pour un vivre ensemble qui devrait être un plébiscite de tous les jours.» (12)

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

 

Note 

1.http://www.lexpressiondz.com/sports/239735-l-origine-la-barbe-les-attentats-et-dieu-sait-quoi-encore.html

2.http://elnetwork.fr/affaire-ramadan-nous-restons-tragiquement-aveugles-aux-racines-du-mal-de-l-islamisme

3.Fanny Bauer-Motti http://www.huffpostmaghreb.com/fanny-bauermotti/tariq-ramadan-lettre-ouve_b_18366146.html?ncid=engmodushpmg00000004

4.Https://blogs.mediapart.fr/jeunnessecitoyennegmailcom/blog/180218/tariq-ramadan-ou-le-presume-coupable

5.http://www.alnas.fr/actualite/communaute/face-aux-accusations-mennel-ibtissam-sort-de-son

6.https://www.letemps.ch/monde/mennel-ibtissem-voix-musulmane-dechire-france

7. Tahar Ben Jelloun 19/02/2018 http://fr.le360.ma/blog/le-coup-de-gueule/pas-facile-detre-musulman-en-ce-moment-en-france-et-en-europe-156637

8A Gresh http://blog.mondediplo.net/2012-09-20-Charlie-Hebdo-la-liberte-d-expression-et-l

9.Uri Avnery: Le nouvel antisémitisme 30 juillet 2011, «The New Anti-Semitism» pour l’AFPS Gush Shalom?-http://www.france-palestine.org/Le-nouvel-antisemitisme

10.http://veroniqueanger.blogspot.com/2009/07/racisme-ordinaire.html

11. http://www.lemonde.fr/livres/article/2015/01/14/lettre-a-ma-fille-au-lendemain-du-11-janvier-2015-par-jmg-le-clezio_4556225_3260.html#oU8l6XPCJ2r52FRV.99

12.Chems Eddine Chitour https://www.mondialisation.ca/le-sort-des-musulmans-au-xixe-siecle-la-troublante-analogie-avec-les-juifs-du-xxe-siecle/5307093

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Comme Européen, et plus largement comme Occidental, c’est avec consternation que je constate notre déclin. D’aucuns me diront que l’Europe et l’Occident ne sont pas seuls sur cette funeste voie. Mais, en ces temps particulièrement troublés où la confusion est soigneusement entretenue, je pense qu’il convient d’assumer d’abord et en priorité sa propre culture avant d’avoir le regard critique sur celle des autres. Et aujourd’hui, il faut être aveugle, inculte ou vraiment de mauvaise foi pour ne pas voir et reconnaître que nous sommes déjà loin sur cette pente descendante.

Les domaines dans lesquels ce déclin se vérifie sont multiples. On peut en citer quelques-uns : que ce soit au niveau économique – le nouveau Graal – avec des taux de croissance largement inférieurs depuis des années à ceux des pays ‘émergents’ (selon la nouvelle terminologie) ; que ce soit au niveau financier avec des banquiers qui se comportent souvent comme des gangsters sans foi ni loi, prêts à dépouiller leurs clients pour renflouer leurs opérations perdantes ; que ce soit au niveau social où le taux de précarité, de pauvres et de sans-abris ne cessent d’augmenter tout comme celui du chômage, manipulé pour tenter de faire accroire l’inverse ; que ce soit au niveau de l’environnement où la nature est violentée de toutes parts avec une accélération de la disparition des espèces, des mers qui se vident, et où la pollution envahit toutes les strates de la société avec en corollaire l’explosion des cancers ; que ce soit au niveau éducatif où nombre de parents démissionnaires, dépassés, n’osent plus gérer les conflits avec leurs enfants, préférant céder à leurs caprices ; que ce soit au niveau de l’enseignement où les jeunes sortent des écoles tellement mal préparés à la société qui les attend que les seuils de réussite ont été abaissés, et que beaucoup ne savent plus lire ni écrire correctement ; que ce soit au niveau du taux de natalité en lente mais constante diminution tant l’incertitude mine les couples quant à leur avenir ; que ce soit au niveau de l’information où les médias dominants sont aux mains de quelques nantis s’en servant pour promouvoir leur idéologie consumériste sans se priver d’y lancer des ‘fake news’ pour y parvenir ; que ce soit au niveau artistique où l’art est devenu une vulgaire marchandise, le plus souvent obscène, au lieu d’être un mode d’expression créatif qui transcende l’individu ; que ce soit au niveau de l’éthique dont les frontières semblent des plus floues et mouvantes au fil des tendances et des modes ; etc, etc… dans une liste qui s’allonge au fur et à mesure que l’on explore les champs d’activités humaines.

Dernière ineptie en date : après les multiples tueries perpétrées depuis des années sur les campus américains causant un nombre terrible de jeunes victimes par des citoyens et parfois leurs condisciples armés, le président Trump qui n’entend pas remettre en cause la circulation endémique des armes dans le pays – merci pour le lobby qui s’en réjouit [1] – n’a pas trouvé autre chose à proposer que d’armer les professeurs… Voilà l’idée de génie qu’aucun autre président n’avait imaginée avant lui ! Et l’étape suivante, quelle sera-t-elle ? Armer les étudiants qui pourraient soudain se trouver face à un prof dépressif ou qui pète un câble, pour n’importe quelle raison comme cela se passe parfois dans des classes de plus en plus nombreuses et face à des étudiants qu’il n’est pas toujours aisé de discipliner ?!

Or, comment tout cela s’est-il lentement mis en place, sinon par un déclin majeur, supérieur à tous ceux qui en découlent et qui n’est autre qu’un déclin moral ? Déclin moral sur toute la ligne. Avec comme exemple le plus probant celui des responsables politiques devenus d’une incompétence qui n’a d’égale que leurs mensonges, leur hypocrisie et leur arrivisme à tout crin. Dès qu’ils accèdent au pouvoir, ceux-là s’en servent pour leurs propres intérêts, oublient les principes de bonne gouvernance les plus élémentaires, se vendent aux plus offrants, au lieu de se mettre au service de leur pays et de ses citoyens. Avec pour seul objectif, leur plan de carrière et les multiples avantages qu’ils vont pouvoir en tirer. Ils n’ont plus le moindre sens de la solidarité et développent un égoïsme forcené, prêt à tout pour parvenir à leurs fins. Ce sont d’ailleurs dans le sens le plus négatif qui soit, des ‘parvenus’ !

Si les exemples de ce déclin moral entamé il y a des années apparaissent clairement, l’un d’entre eux, à la fois le plus fragile mais aussi le plus symptomatique, est la Justice. Tellement bafouée qu’elle n’en a souvent plus que le nom. Celle-ci, fondement même d’une société saine et équilibrée entre ses citoyens, pierre angulaire d’un édifice sociétal équitable, a de plus en plus tendance à ne s’exercer ‘qu’à la tête du client’ et au profit d’une poignée de privilégiés – blancs, de préférence – lésant par retour tous les autres qui sont pourtant majoritaires. Donnée vérifiable aussi bien en politique intérieure qu’extérieure. L’idéologie néolibérale menée à travers une ‘globalisation’ acharnée privilégie ces quelques-uns qui ont déjà tout au détriment du plus grand nombre qui ont de moins en moins. Quantité de rapports en attestent, dénonçant la richesse éhontée de quelques individus quand l’écrasante majorité du reste de la planète se traîne pour survivre à cette injustice flagrante. [2] Sans même aborder les paradis fiscaux, qui ne sont fréquentés que par ces voyous, étant entendu qu’à un tel niveau de richesse, aucun salarié ne peut prétendre aux sommes astronomiques que ceux-là mettent à l’abri via une ingénierie fiscale qu’eux seuls peuvent se payer et hors de portée du commun des mortels. Le plus absurde d’un tel comportement réside dans le fait que ces voyous ne semblent même plus se rendre compte que jamais de leur vivant, ils ne pourront dépenser leur fortune. Et pourtant, ils n’en n’ont jamais assez ! A ce stade, il n’y a plus aucun doute : ce sont des malades, que la richesse n’abrite pas de la bêtise… loin s’en faut !

Autre exemple de cette Justice moribonde : comment est-il possible qu’un Etat factice – Israël [3] – soit maintenu et porté à bout de bras par l’ensemble des pays occidentaux quand manifestement et au su de tout le monde, cette colonie pratique tout ce que l’Europe et l’Occident affirment proscrire : l’apartheid, le vol de terres, la torture, le crime généralisé ainsi que des procédés cent fois condamnés par les instances des Nations-Unies mais face auxquels pourtant nos Etats ferment les yeux ?! Ces derniers multiplient lois et résolutions mais dans ce cas semblent singulièrement incapables de les faire respecter. Puis, leurs responsables s’étonnent et s’offusquent du manque de civisme de certains individus… Si donc, ils commençaient par être cohérents et par mettre eux-mêmes en pratique ce qu’ils exigent de leurs citoyens ! N’est-il pas dit que l’exemple vient d’en haut ? Dans la foulée, faut-il rappeler la manière dont les Etats-unis, modèle porté aux nues par des médias dociles, ont traité les prisonniers d’Abou-Ghraïb, ou de Guantanamo ? Faut-il rappeler que certains de nos pays européens se sont prêtés aux pratiques de la torture pour le compte des mêmes Etats-unis ? C’est donc cela, l’image de la Justice et des Droits de l’Homme que nous trompetons fièrement partout ?!

Cet usage d’une Justice à géométrie variable a des répercussions négatives incalculables et ruine le crédit auquel prétend l’Occident, donneur de leçons de morale dans sa sempiternelle habitude de dicter aux autres gouvernements la manière dont ils doivent agir et se comporter en termes de ‘droits de l’homme’ et de ‘justice équitable’. Leur inculture s’étale en long et en large, dans leur incapacité à comprendre comment fonctionnent les autres sociétés, à travers des cultures qu’ils n’ont pas la curiosité d’approcher, ni l’effort de connaître ni d’étudier pour en découvrir et apprécier toutes les richesses, les particularités, pensant toujours être au summum du progrès et se bornant à répéter des clichés éculés. Et depuis des décennies, à travers ce baratin, à quoi assistons-nous ? Dans l’étroite parcelle de terre palestinienne, des enfants munis de cailloux – mais surtout de courage ! – font face à l’une des armées les plus puissantes du monde. Et se font battre, emprisonner, torturer et massacrer par elle. Dans un silence général. Comme la pire des double-peines. Sans que les voix des responsables politiques de nos pays occidentaux s’élèvent pour condamner fermement et prendre les mesures de rétorsion à l’encontre de ces pratiques odieuses. Que du contraire : toute notion de Justice la plus élémentaire semble absente, et pas un seul gouvernement plus courageux que son voisin pour dire à cet Etat factice : « STOP ! Vous avez dépassé les bornes depuis longtemps, vous allez réparer et payer maintenant ». Sous peine de sanctions, de blocus et d’embargos comme ils sont pratiqués si aisément à l’encontre de tout Etat qui ne se risquerait pas au centième de ce que se permet celui-là.

Sous nos yeux, des enfants versent jusqu’à leur dernière goutte de sang là où nos responsables politiques sont incapables d’utiliser la première goutte d’encre pour prendre des décisions contraignantes vis-à-vis des méthodes criminelles d’un Etat colonial avec lequel au contraire, ils nouent des ‘Accords d’association’ et déroulent le tapis rouge à chaque occasion ! Sans parler de certains imposteurs intellectuels, responsables et invités médiatiques plus zélés que d’autres allant jusqu’à vouloir criminaliser toute critique de ces pratiques ! Voilà où mène le déclin moral et l’effondrement de toute éthique : dans ce cas précis, nos démocraties sont devenues de vraies ‘collabos’. Comme au temps du fascisme !

Oui, le déclin de l’Occident trouve son origine dans sa faillite morale. Pire : non seulement ce déclin est évident, mais aujourd’hui il s’accélère. Et l’illustration la plus flagrante en est le fiasco militaire que l’on peut observer au Moyen-Orient où toutes les guerres ruineuses qui y sont menées – sans le consentement des citoyens à qui les Etats imposent un saccage social pour financer leurs aventures guerrières – à travers des alliances qui se font et se défont avec les USA ne mènent qu’au désastre. Jamais depuis la suprématie européenne puis américaine sur le plan militaire les choses n’ont tourné de la sorte. Et ce, malgré des budgets d’une indécence inégalée en termes de dépenses en armement – les USA dépensent à eux-seuls près de 2 milliards de US$ par jour pour leur machine de guerre. Vous lisez bien : près de 2 milliards d’US$ par jour (716 milliards estimés pour 2019). Alors que diverses études expliquent qu’environ un tiers de ce budget, soit 265 milliards suffiraient à éradiquer la pauvreté dans le monde à l’horizon de 2030. [4] Mais comme tout empire, l’Occident fier et arrogant refuse de le voir. Et s’entête dans une fuite en avant, votant dans tous les pays alliés aux USA des budgets ‘Défense’ en augmentation sous prétexte que la Russie serait redevenue la principale menace pour l’ensemble des pays de l’OTAN.

Après la chute du Mur de Berlin et la décomposition de l’URSS, l’Occident n’avait plus de raison d’alimenter ses budgets militaires comme il le fit pendant les années de ‘guerre froide’. Contrariant de la sorte les profits du lobby industriel de l’armement, qui se trouva alors un nouvel ennemi : l’islamisme radical sous l’appellation fourre-tout de ‘terrorisme’. Dont chacun a pu voir toutes les dérives ‘sécuritaires’ qu’en ont tirées nos gouvernements depuis, à travers la multiplication de lois liberticides. Et les médias dominants aux mains de voyous du même acabit n’exercent plus leur rôle de contre-pouvoir, que du contraire, ils en rajoutent une couche : là où l’information doit jouer son rôle de libérer la parole opposée, la contradiction, elle participe au festin des princes et nous enferme dans le ‘prêt-à-penser’. Ce ‘terrorisme’ tout aléatoire d’ailleurs en fonction des régions où il se manifeste – ‘terrorisme’ quand il frappe nos intérêts, mais non désigné comme tel quand il les sert – n’est-ce pas du terrorisme quand 600.000 enfants meurent en Irak parce que nous y décrétons un embargo sur les médicaments…  n’est-ce pas du terrorisme d’avoir saccagé l’Irak, puis la Libye et leurs sociétés… n’est-ce pas du terrorisme ce qui se passe actuellement au Yémen dans un silence effroyable malgré une épidémie de choléra faisant des milliers de victimes auprès des enfants…? Et va-t-on oublier la déclaration du ministre des Affaires étrangère : ‘Al Nosra fait du bon boulot’ s’exclamait le sinistre Fabius – étant de plus en plus remis en cause et contesté, l’Occident a ressorti le spectre de la nouvelle Russie emmenée par son président V. Poutine, et dans l’ombre celui de l’Iran et de la Chine, bientôt première puissance mondiale à tous niveaux. Très étonnamment, trois Etats qui contestent l’ordre que l’Occident veut continuer d’imposer au monde.

Pas étonnant que la parole politique soit à ce point dépréciée, moquée et fustigée par l’ensemble des populations. A ce stade, ces cols blancs sont de vrais délinquants et ont perdu tout crédit. Et hélas, leur imposture mène de plus en plus de citoyens dans les bras d’une extrême-droite qui se déclare ‘décomplexée’ et que l’on voit s’affirmer un peu partout. Et en fait, cette approche rogue et méprisante de pointer systématiquement chez les autres la source de nos problèmes sécuritaires ne fait que confirmer notre déclin. Parce qu’à travers un appel et une rhétorique bien huilée, cette idéologie reprise aux temps sombres de notre histoire plaidant pour un retour vers plus de patriotisme, de nationalisme, cette présentation des choses écarte, empêche voire interdit toute remise en question de leurs choix. Nos décideurs semblent croire que plus leur langage sera militaire, belliqueux et martelé avec force, plus ils seront crédibles. Ne se rendant même plus compte, enfermés dans leur microcosme, que c’est exactement l’inverse qu’ils produisent comme effet. La France et sa diplomatie déliquescente, toujours imprégnée de son détestable esprit colonial, en est encore à jouer les gros bras face à B. Al Assad, quand plus personne ne l’écoute dans la région du Moyen-Orient où elle s’est totalement décrédibilisée. C’est dire, la stupidité irresponsable et l’incompétence de ceux-là… qui moulinent désormais dans le vide !

Alors que la raison de ce déclin est toute autre. La raison, je le répète, est morale. Nos dirigeants, souvent incultes, se comportent comme des prédateurs, comme propriétaires de la machine d’Etat qu’ils sont censés servir. Leur arrivisme doublé de leur bêtise les aveugle au point de mélanger les plans. Et voilà ce à quoi les citoyens sont obligés d’assister : des enfants démunis et déjà privés de presque tout depuis les décennies que dure cette scandaleuse occupation de la Palestine, abandonnés à leur sort face à une armée coloniale impitoyable. Des enfants ! Et personne de ce gotha politico-médiatique n’a plus la probité ni le courage, ni le minimum d’éthique pour intervenir et y mettre fin. Et pareil pour ce qui s’est passé en Irak, en Libye, en Syrie et ce qui se déroule aujourd’hui au Yémen. Nos sociétés ne sont même plus capables de protéger les enfants, c’est dire la faillite !

Ce silence et cette indifférence non seulement les rend complices mais fait d’eux des assassins par procuration. Dès lors, de deux choses l’une, soit il faut que ces imposteurs soient renversés et jugés pour leurs crimes au profit de responsables qui auront un sens moral renouvelé ; soit il ne restera qu’à guetter le temps où ce déclin entraînera le renversement jusqu’à la ruine de l’Occident même si cela se fera dans les douleurs, comme dans tout renversement. Nous ne resterons pas éternellement à l’abri. Et sans sursaut majeur pour revoir en profondeur nos erreurs, afin de les corriger, notre avenir risque d’être à l’image de ce que nous voyons dans ces pays lointains que nous ravageons. Et l’Occident risque bien d’être à son tour, traité comme il aura traité ceux qui ne demandent qu’une chose : qu’en priorité la Justice prévale sur toute autre considération.

 Daniel Vanhove

Le 2 mars 2018

Notes

[1] Il y a plus d’armes à feu en circulation (env. 357 millions) que d’habitants (env. 320 millions) avec pour conséquences un nombre effrayant d’homicides quotidiens, à raison de 2 par heure, soit 48 / jour. Voir :

https://fr.sputniknews.com/international/201802161035172679-tuerie-usa-statistiques/

[2] https://www.inegalites.fr/La-repartition-du-patrimoine-dans-le-monde

[3] Je parle « d’Etat factice » dans la mesure où d’après la Résolution 181 du 29.11.1947 recommandant le partage de la Palestine en deux Etats, l’un arabe et l’autre juif, la lecture stricte de cette Résolution implique qu’aucun de ces deux Etats ne peut exister sans la reconnaissance explicite de l’autre. Ils sont liés l’un à l’autre par cette Résolution. Si donc, Israël ne reconnaît pas la Palestine selon les frontières comprises dans cette Résolution 181, celle-ci est caduque ce qui entraîne de facto l’inexistence de l’Etat israélien et le retour à la Palestine historique. 

[4] http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/07/11/il-faut-investir-de-267-milliards-de-dollars-par-an-pour-eradiquer-la-faim-d-ici-2030_4679595_3244.html

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Le président Serge Sargsian a déclaré lors de la conférence de Munich sur la sécurité le week-end dernier que son État enclavé, l’Arménie, s’efforçait de devenir la composante « terrestre »d’un ambitieux plan visant à relier la Mer Noire et le Golfe Persique par un corridor arménien de transit. C’est dans l’intérêt stratégique de son pays mais cela affecterait sans aucun doute la situation géopolitique dans cette région sensible. Pour commencer, cette initiative détournerait une partie du trafic du corridor de transport nord-sud multimodal entre la Russie et l’Inde en éliminant Bakou et Moscou de l’équation s’agissant de faciliter le commerce entre l’UE et l’Inde, en les remplaçant principalement par Erevan et Tbilissi. Cela ferait émerger sur les cartes un couloir secondaire à celui de la Mer Noire qui pourrait ensuite conduire jusqu’aux membres du bloc des Balkans.

L’Arménie vient de signer un accord de partenariat « élargi et renforcé » avec Bruxelles malgré son adhésion à l’Union économique eurasienne dirigée par la Russie, car l’État du Caucase du Sud affirme que ses deux obligations institutionnelles ne sont pas incompatibles. En tout état de cause, les conséquences du projet arménien de corridor entre la Mer Noire et le Golfe Persique seraient désavantageuses pour les intérêts stratégiques de la Russie, ce qui remet en question la volonté de l’allié militaire de Moscou de s’engager dans une telle politique même s’il n’a pas l’intention de siphonner la partie russe du commerce entre l’UE et l’Inde. La réponse peut être trouvée dans les factions rivales de « l’État profond » rivalisant pour le contrôle de l’Arménie, qui peuvent être divisées en intégrationnistes pro-eurasiens et obstructionnistes pro-occidentaux agissant comme des proxies des puissantes communautés de la diaspora à Moscou et en Californie.

Proposed railway links between Armenia and Iran

À propos du groupe mentionné en deuxième position, ils sont si pro-américains que l’influent Comité national arménien d’Amérique (ANCA) a récemment imploré Washington de ne plus vendre d’équipement militaire à la Turquie de peur de fuites des technologies du F-35, classifiées, en faveur de la… Russie. Il n’est donc pas étonnant que certains les soupçonnent de soutenir les tentatives anti-russes de Révolution colorée dans leur pays en 2015et 2016. Mais ce qui est commun aux deux camps, c’est l’inconfort ressenti en faveur de l’approche pragmatique russe au Nagorno-Karabakh, qui met l’accent sur la primauté du droit international et est donc considéré comme un jeu à somme nulle au profit de leurs adversaires azéris. C’est en raison de ce désaccord avec ce changement de politique tacite de la Russie que l’Arménie a cherché à « couvrir ses paris » en se tournant vers l’Occident dernièrement, pour « contrebalancer » Moscou.

Les projets d’Erevan pour la construction du corridor Mer Noire-Golfe Persique doivent donc être considérés dans ce contexte, car on ne peut pas négliger le fait que la réussite de ce projet aurait également un impact indirect sur les intérêts de Moscou, que ce soit délibéré ou involontaire. Il faudra encore du temps pour que cette idée devienne une réalité, si jamais elle se concrétise, mais elle pourrait finir par être attrayante pour toutes les parties coopérantes, en particulier l’Iran et l’Inde si ces derniers décident de jouer les « durs » avec la Russie pour « équilibrer » les relations avec leurs némésis respectivement israéliennes et pakistanaises et ainsi prendre des mesures pour sortir la Russie du corridor de transport Nord-Sud avec l’Europe.

Andrew Korybko

 

Article original en anglais :

Armenia’s Black Sea-Persian Gulf Corridor Plans Risk Antagonizing Russia, publié le 25 février 2018

Cet article a également été publié par Oriental Review

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

 

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Associated Press informait, ce samedi 17 février, que le conseiller spécial, Robert Mueller, a finalisé, vendredi, les actes d’accusation envers des organisations affiliées au gouvernement russe qui auraient utilisé des moyens trompeurs en envoyant, par les réseaux sociaux, aux Noirs et aux musulmans étasuniens des messages pour les persuader de ne pas voter. CBS News en a donné, vendredi dernier, les exemples suivants.

En octobre 2016, un mois avant les élections, l’opération aurait utilisé un de leurs comptes Instagram, « Woke Blacks » [Les Noirs éveillés, NdT], pour y afficher ce message : « Un battage médiatique et une haine particulière contre Trump induit le peuple en erreur et force les Noirs à voter Killary. On ne peut se fier à aucun de ces deux démons. Alors nous ferions sûrement mieux de ne pas voter DU TOUT. »

Quelques jours avant les élections, le 3 novembre 2016 selon l’acte d’accusation, la société Internet Research Agency a acheté une publicité Instagram pour son compte Blacktivist qui disait: « Choisis la paix et vote pour Jill Stein. Crois-moi, ce n’est pas un vote inutile. »

De même, en novembre 2016, les United Muslims of America [Musulmans unis d’Amérique, NdT] ont posté des messages qui, selon l’acte d’accusation, disait ceci : « Aujourd’hui les musulmans américains boycottent les élections, la plupart des électeurs musulmans américains refusent de voter pour Hillary Clinton parce qu’elle veut poursuivre la guerre contre les musulmans au Moyen-Orient et a voté oui pour l’invasion de l’Irak. »

Aux environs du 2 novembre 2016, quelques jours avant les élections prétend l’acte d’accusation, les accusés ont utilisé un faux compte @TEN_GOP pour déclarer que « #Fraude_au_vote en comptant des dizaines de milliers de courriers invalides pour des votes pour Hillary, fraudes qui auraient eu lieu dans le comté de Broward, Floride. »

Les hashtags liés à l’élection qui auraient été utilisés comprenaient #Trump2016, #TrumpTrain, #MAGA, #IWontProtectHillary et Hillary4Prison.

La BBC a publié, le 16 février, le texte intégral de l’acte d’accusation de Mueller et débute en remarquant que « les États-Unis ont inculpé 13 ressortissants russes et trois firmes russes pour leur ingérence dans les élections américaines de 2016. »

On peut mettre de côté son propre point de vue sur l’élection ou sur l’intelligence des électeurs étasuniens qui auraient pu être influencés dans leurs décisions de vote par des messages ou des « arguments » non documentés et fondamentalement stupides tels que ceux qui sont allégués dans les actes d’accusation comme ayant été faits par des Russes, et qui reconnaissent néanmoins que toute tentative, quelle qu’elle soit, de la part d’un gouvernement, de persuader les électeurs d’un autre gouvernement de voter ou de ne pas voter, ou qui voter pour ou contre, est une erreur, surtout si l’expéditeur du message (comme ces soi-disant réseaux sociaux) se cache derrière un faux nom qui a pour but de tromper les lecteurs des tweets ou autres « posts ». Toute tromperie est mauvaise, quelle que soit l’intelligence de la personne trompée. Mais la tromperie dans les élections américaines (et peut-être dans la plupart des pays) est classique, et presque toute cette tromperie est domestique, et non étrangère (russe ou autre).

Cependant, ce que je trouve en fait beaucoup plus remarquable au sujet de ces actes d’accusation signalés par Mueller, c’est à quel point ils sont embarrassants pour son bureau et pour tous ceux qui, en premier lieu, faisaient pression pour la nomination d’un procureur spécial.

Ces actes d’accusation font état de tentatives relativement minuscules de la part du gouvernement russe pour accroître le mécontentement des Américains à l’égard de leur gouvernement. La CIA et l’OTAN, entre autres, déploient constamment des efforts considérables et bien financés pour accroître le mécontentement des Russes à l’égard du gouvernement russe. Ce qui est allégué dans ces actes d’accusation semble minuscule par rapport à ce que le gouvernement américain fait régulièrement, partout dans le monde, depuis des décennies. Même si toutes les accusations portées par Mueller jusqu’à présent sont prouvées ou jugées vraies par les tribunaux, le bureau du procureur spécial ne devrait pas recevoir d’autres fonds fédéraux car les « conclusions » de Mueller sont, jusqu’à présent, étonnamment minces. Où sont maintenant les démocrates ? (et jusqu’à tout récemment, j’en étais un, mais après qu’Hillary a volé l’investiture de Bernie, je suis devenue indépendant). Où sont-ils dans leurs accusations que Poutine a fait de Trump le président des États-Unis ? Les accusations des démocrates à ce sujet n’ont pas été prouvées et sont au moins exagérées, voire totalement bidon. Donc elles sont maintenant remplacées par des actes d’accusation comme ceux que Mueller a posés hier.

Selon le communiqué de l’AP,

« L’idée n’était pas nécessairement d’aider un parti politique plutôt qu’un autre, mais de semer le plus de discorde possible » a déclaré Melissa Ryan, une experte démocrate en marketing des médias sociaux qui surveille maintenant l’activité en ligne de la droite étasunienne. « C’est l’Amérique qui a été attaquée. »

Le gouvernement américain et ses alliés de l’OTAN font constamment la même chose, et bien pire encore, pour réduire le soutien électoral de Vladimir Poutine parmi les Russes. En fait, les États-Unis commettent de nombreux coups d’État, renversant des gouvernements alliés ou tout simplement amis du gouvernement russe. C’est bien pire que tout ce que les démocrates accusent la Russie de faire.

Mueller semble présenter des accusations ridiculement mineures dont le seul but réel (autre que de poursuivre ses enquêtes) est de calomnier le gouvernement russe – et de diffuser encore plus de propagande du gouvernement américain : les Américains s’y noient.

Le parti démocrate américain – et quelques sénateurs républicains d’extrême droite – avait fait pression pour qu’un procureur spécial soit nommé. Ils semblent maintenant prêts à tout faire pour que Trump soit expulsé et que son vice-président, Mike Pence, encore plus à droite, devienne le président des États-Unis à sa place.

Toute cette affaire me semble être une chasse aux sorcières politique, pour salir non seulement le président Trump, mais aussi le président russe Vladimir Poutine. Quel que soit le type de personne qu’ils soient, ces efforts sont en fin de compte une tentative pour faire entrer Pence dans la présidence américaine le plus rapidement possible et pour faire sortir Poutine de la présidence russe le plus rapidement possible.

Seuls des imbéciles peuvent supporter cela plus longtemps, mais il semble qu’il y en ait encore beaucoup. Et toutes ces personnes sont susceptibles de soutenir la poursuite de l’enquête du procureur spécial. Les mensonges et les fanfaronnades ne meurent pas ; ils sont simplement ignorés par des gens qui n’en sont pas persuadés. Mais les gens qui se laissent berner par ces mensonges continuent de soutenir ceux-là mêmes qui les trompent et abusent de leur confiance. C’est vraiment pathétique.

Eric Zuesse

 

Article original en anglais :

Indictments by Mueller Very Embarrassing for Democratic Party Publié le 18 février 2018

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.

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Hauts diplomates Nabil FAHMY (Egypte), Mohammad Javad ZARIF (Iran) et Sergey LAVROV (Russie) à la conférence sur le Moyen-Orient du Valdai Discussion Club, Moscou, février 2018

Selon diverses sources, le Liban a accepté de donner des droits de stationnement et de transit aux forces armées russes et de permettre à Moscou de développer ses réserves énergétiques offshore dans la Méditerranée orientale dans un mouvement qui est annoncé comme un tournant par certains analystes dans la Communauté des médias alternatifs. Le récit populaire qu’ils diffusent est que la Russie approfondit sa participation au Liban afin de dissuader une autre invasion israélienne, bien que cette histoire soit facilement démentie par un examen plus approfondi.

La présence de l’armée russe au Liban n’aura aucun effet sur les calculs d’Israël pour mener une guerre anti-iranienne contre le Hezbollah, puissant mouvement socio-politique de son voisin du nord et aussi puissante milice anti-terroriste. Pas même des milliers de soldats en rotation et des douzaines d’avions au plus fort de l’intervention de la Russie n’ont pu empêcher Tel-Aviv de bombarder la République arabe syrienne sous les mêmes prétextes que ceux qu’elle pourrait employer pour frapper Beyrouth.

Au contraire, au lieu d’être un mouvement anti-israélien, on peut affirmer que les relations militaires et énergétiques entre la Russie et le Liban pourraient être bénéfiques car elles positionnent Moscou pour remplacer l’Arabie saoudite, discréditée, comme force de contre-pouvoir pro-israélienne contre l’Iran suite à l’échec du soi-disant « enlèvement » du Premier ministre Hariri par le prince héritier Mohammed Bin Salman à la fin de l’année dernière et la vague de dégoût que cela a produit de la part de la société libanaise.

Puisque l’influence du soft power de l’Arabie saoudite s’estompe, il est dans l’intérêt de l’amélioration des grands intérêts stratégiques d’Israël d’introduire un autre parti dans les affaires libanaises pour assumer ce rôle important, précédemment occupé par Riyad. Voila donc pourquoi, que cela soit coordonné ou pas, la Russie y étend et diversifie son influence. Comme preuve supplémentaire de cela, il suffit de regarder les commentaires accablants du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors de la conférence du Valdai Discussion Club de cette semaine sur la politique de Moscou au Moyen-Orient.

Signe encore plus important de la force de l’alliance russo-israélienne, il a déclaré : « Nous avons dit à plusieurs reprises que nous n’accepterions pas les déclarations selon lesquelles Israël, en tant qu’État sioniste, devrait être détruit et rayé de la carte. Je crois que c’est une manière absolument fausse de faire avancer ses propres intérêts. » Cela peut être considéré comme un avertissement contre l’Iran, le Hezbollah et même certains en Syrie dont la Russie condamnera toutes les déclarations et actions qu’ils pourront entreprendre contre Israël.

Avec cette déclaration de clarification des politiques russes faisant autorité, il n’y a aucune raison que la présence accrue de la Russie au Liban dans les domaines militaire et de l’énergie soit contre les intérêts d’Israël. Mais c’est tout à l’avantage russe dans la région dans le sens où elle cherche à remplacer le rôle récemment déclinant de l’Arabie Saoudite dans le pays et donc à « contrebalancer » l’influence iranienne là-bas. Cela signifie clairement que cette présence n’aura aucun effet dissuasif sur le fait qu’Israël décide d’y mener une guerre anti-iranienne contre le Hezbollah ou de mener des frappes aériennes contre lui.

Andrew Korybko

 

Article original en anglais : Russia In Lebanon: “Anti-Zionist” Agenda Or “Pro-Israeli” Pivot?, Oriental Review, le 23 février 2018.

Traduit par Hervé relu par Cat pour le Saker Francophone

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

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Vidéo sous-titrée en français :

Le plan avait été pré-annoncé il y a trois ans, pendant l’administration Obama, quand des fonctionnaires du Pentagone déclarèrent que “face à l’agression russe, les Etats-Unis sont en train de considérer le déploiement en Europe de missiles avec base à terre” (“Les missiles reviennent à Comiso”, Il manifesto, 9 juin 2015). A présent, avec l’administration Trump, ce plan se trouve officiellement confirmé. (…)

Voir l’article de référence publié en français :

Missiles étasuniens en Europe, le retour

Par Manlio Dinucci, 27 février 2018

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Ce 28 février, nous apprenons du site de presse de l’ONU que deux responsables de cette Organisation avaient déploré devant le Conseil de sécurité la non application de la résolution 2401 (2018), adoptée à l’unanimité par ce même Conseil 4 jours auparavant, après trois jours de débats [1].

Une résolution demandant pour certains, exigeant pour d’autres, une cessation sans délai des hostilités d’au moins 30 jours consécutifs pour l’instauration d’une pause humanitaire durable, dans toute la Syrie pour certains, dans la Ghouta orientale pour d’autres.

Nous notons un passage de ce compte-rendu dit non officiel, mais néanmoins destiné aux organes d’information, d’autant plus qu’il traduit la pensée de l’un des deux responsables en question, en l’occurrence, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman : « Les efforts antiterroristes ne l’emportent pas sur les obligations en vertu du droit international… L’étendue des attaques militaires aveugles contre la Ghouta orientale ne peut se justifier au prétexte de s’en prendre aux combattants du Front el-Nosra ».

Et puis, plus loin, dans le paragraphe de la déclaration de M. Feltman : « Par ailleurs, a-t-il poursuivi, l’ONU n’a pas encore vu de confirmation par le Gouvernement syrien de son engagement à mettre en œuvre la résolution 2401 (2018), cependant que le représentant syrien, après l’adoption de samedi, a déclaré: « Nous assumons la responsabilité en tant qu’État vis-à-vis de nos citoyens, et avons le droit de lutter contre le terrorisme ».»

Un rappel de la déclaration du « représentant syrien », ajouté probablement par le rédacteur de ce compte-rendu, qu’il faudrait remettre dans son contexte du 24 février dernier [2], mais cela prend du temps, beaucoup de temps…

Pour mémoire, voici la traduction de l’intervention du Dr Bachar al-Jaafari, suite à cette 48ème session du Conseil de sécurité sur la situation en Syrie. [NdT].

__________________________________________

Le Gouvernement de mon pays a pris connaissance du 48ème rapport mensuel émis par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et, comme d’habitude, nous avons adressé, ce matin, une lettre officielle au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité exposant notre point de vue sur son contenu.

Monsieur le Président,

Nous sommes réalistes. Nous savons que l’ONU n’est pas une association caritative du fait de son incapacité à mettre en œuvre les dispositions de la Charte et les principes du droit international depuis sa création. La situation palestinienne est le meilleur exemple de son échec, auquel il faudrait ajouter d’autres exemples, tels l’Irak, la Libye, la Yougoslavie, la Grenade pour ceux qui l’auraient oubliée, le Nicaragua, etc. Mais, puisqu’il ne s’agit pas de charité, gardons-la au moins en tant qu’Organisation.

J’aimerais souligner les points suivants :

  • Premièrement : Le Gouvernement de mon pays réaffirme son engagement à respecter les principes du droit international et du droit humanitaire international, tout autant que les lois nationales et la Constitution syriennes ; l’ensemble ayant incontestablement mis à sa charge la responsabilité d’assurer la paix et la sécurité de ses citoyens face aux groupes terroristes.
  • Deuxièmement : Le rapport d’aujourd’hui, comme le précédent, est toujours entaché d’un grave défaut, vu que ses concepteurs s’appuient sur des sources politisées et des chiffres peu fiables, ignorant les sources documentées du gouvernement syrien et, même, les rapports reçus des représentants des Nations Unies travaillant en Syrie ; lesquels reconnaissent ses efforts, sa coopération dans le domaine humanitaire ainsi que les facilités mises à leur disposition pour l’exercice de leur mission. Des éléments positifs qui s’évanouissent sous l’effet d’une puissance irrésistible une fois arrivés au siège des Nations Unies à New York.
  • Troisièmement : Le gouvernement de mon pays déplore le silence des auteurs de ce rapport, ainsi que le silence du Conseil des droits de l’homme et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires [OCHA], notamment depuis l’adoption de la Résolution 2401, quant au suivi et à la mise en évidence des conséquences de l’agression barbare turque sur la ville syrienne de Afrin dont un grand nombre de victimes décédées ou blessées, notamment parmi les femmes et les enfants ; la destruction des propriétés privées et publiques ; une importante exode de la population ; une grave pénurie en besoins élémentaires… Mais Afrin n’est ni la Ghouta orientale, ni l’Est d’Alep, ni Kefraya, ni Al-Foua !
  • Quatrièmement : Le gouvernement syrien refuse catégoriquement que les auteurs de ce rapport continuent de se taire sur les conséquences désastreuses des opérations de ladite « Coalition internationale » et de ses membres. Laquelle coalition a assassiné des centaines de civils et de militaires syriens qui combattent Daech ; ses deux derniers et récents massacres ayant fait, hier, 29 morts et nombre de blessures graves parmi les civils, notamment des femmes et des enfants habitant à Al-Chaf’aa et Zahrat. Alouni, deux villages à l’est de Deir ez-Zor… La coalition américaine est, en effet, plus particulièrement spécialisée dans le bombardement de cette région orientale de la campagne de Deir ez-Zor, car les résidents civils ne sont pas des incubateurs du terrorisme de Daech et d’Al-Nosra. Ceci, sans parler de la destruction massive commise par ses forces à Raqqa, comme vient de le dire mon cher collègue délégué de la Fédération de Russie.

Par conséquent, le Gouvernement syrien renouvelle sa demande de dissolution de cette alliance illégitime d’agresseurs avec arrêt immédiat de ses crimes contre les Syriens. D’ailleurs, ce matin, un communiqué de l’État-major russe soulignait que la situation humanitaire en zones contrôlées par les alliés et les agents des USA était la pire comparativement au reste du pays ; des zones devenues des trous noirs comparables à ceux de l’espace intersidéral.

Monsieur le président,

Concernant la Ghouta orientale, le Gouvernement syrien affirme que l’embrasement de la situation, observé ces derniers temps, est dû aux attaques lancées contre les zones résidentielles et les positions militaires par les terroristes largement déployés dans cette région : plus de 2180 obus et roquettes sur Damas, jusque hier ; ce qui a causé la mort de plus de 66 civils et 474 blessures graves chez d’autres.

Comme j’ai commencé par vous le dire, les forces gouvernementales ont été amenées à riposter en vertu de leurs devoirs constitutionnels d’assurer la paix et la sécurité des citoyens.

C’est dans un tel contexte que le Gouvernement de mon pays désapprouve l’usage répété de l’expression « zones assiégées » par les auteurs de ce rapport en parlant de la situation qui prévaut dans la Ghouta orientale, alors qu’ils continuent à délibérément ignorer -sous la pression d’États influents au sein et en dehors de ce Conseil- la vérité qui veut qu’elles sont assiégées de l’intérieur par les diverses organisations terroristes ; lesquels, comme cela s’est déjà produit à Alep, utilisent les civils comme boucliers humains, saisissent et monopolisent l’aide humanitaire en la distribuant à leurs partisans ou en la vendant à ceux qui sont dans le besoin, à des prix exorbitants.

Et le Gouvernement syrien déplore aussi que les auteurs de ce rapport ignorent les souffrances de milliers de personnes enlevées et séquestrées dans les prisons des terroristes sévissant dans la Ghouta orientale ou d’autres régions, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, arrachés de leurs foyers ou de leurs lieux de travail et soumis aux pires formes de torture. Certains de ces civils croupissent dans ces prisons depuis qu’ils les ont enlevés dans la ville ouvrière Adra et la campagne de Lattaquié, il y a cinq ans.

Dans ce même contexte, le Gouvernement de mon pays s’élève contre les allégations du Secrétariat général et les rapports du Secrétaire général ; lesquels persistent, jusqu’à cet instant précis, à ignorer ce qu’endurent huit millions de civils résidant dans la capitale, Damas, sous les centaines de roquettes et d’obus lancés, quotidiennement, par les groupes terroristes à partir de la Ghouta orientale.

Le gouvernement de mon pays souligne que les allégations des auteurs du rapport, et les allégations des États occidentaux -qui les influencent- à propos du prétendu siège de la Ghouta sont constamment réfutées. En effet, les dernières preuves de leur manque de crédibilité émanent de leurs propres rapports concernant les aides accordées à la Ghouta orientale, par le régime saoudien, en ce mois de Février.

Ce qui, en réalité, prouve deux choses : premièrement, que la Ghouta orientale n’est pas assiégée ; deuxièmement, qu’il est possible d’y accéder, vu que les livraisons d’armes et de munitions en provenance de gouvernements soutenant le terrorisme sont ininterrompues jusqu’ici, y compris les prétendues aides humanitaires saoudiennes… ( humanitaires ) entre parenthèses !

Mesdames et Messieurs,

Nul n’est plus soucieux de la vie et de la protection de ses citoyens, sur chaque pouce du territoire national, que le Gouvernement syrien. C’est dans ce sens que mon gouvernement a pris toutes les mesures nécessaires pour les protéger en ripostant aux terroristes de la Ghouta orientale et en tentant de les en éloigner, via un passage de sortie sécurisé.

Ce même passage annoncé et ouvert quelques heures après l’adoption de la Résolution 2401… quelques heures ! Ceci, pour garantir la sécurité des civils, en coopération avec nos amis et alliés russes, et répondre à tous leurs besoins aux frais du gouvernement syrien, soit dit en passant, non aux frais de l’OCHA. En même temps, le Gouvernement syrien a invité les membres des divers groupes terroristes à déposer les armes, à cesser de terroriser les civils par des attaques lancées à partir des quartiers peuplés et à rejoindre les initiatives du processus de réconciliation nationale.

Mais ce qui s’est passé, Mesdames et Messieurs, est que les groupes terroristes armés avec à leur tête le Front al-Nosra, Jaïch al-Islam et Faylak al-Rahmane ont interdit, par la force des armes, l’accès des civils au passage sécurisé, comme vous le savez, ou non ; ceci, en procédant au lancement de leurs obus de mortiers sur le passage, dès l’annonce de son ouverture.

Quant au message qui vous a été adressé par le terroriste Mohammad Allouche [chef du bureau politique de Jaïch al-Islam soutenu par les Saoudiens, tandis que Faylak al-Rahmane serait soutenu par les Qataris ; NdT] ; franchement, il signifiait son refus de laisser sortir toute personne civile de la Ghouta. C’est lui qui l’a dit et son but est évident : il veut utiliser les civils comme otages et boucliers.

Dieu soit loué, nous avons aujourd’hui une nouvelle mode aux Nations Unies : un message arrive d’un groupe terroriste et, son contenu est distribué comme document officiel. C’est la dernière invention caritative des Nations Unies. Il n’y a ni résolutions de lutte contre le terrorisme, ni respect de l’intelligence des délégués des États Membres.

Toute personne qui a suivi le processus d’adoption de la résolution 2401, ainsi que certaines notes d’information et déclarations entendues aujourd’hui, arrive à une vérité indubitable qui se résume à dire que l’objectif réel de l’adoption de cette résolution n’était pas de parvenir à une véritable trêve, comme certains le prétendent, ni de protéger les civils et de répondre à leurs besoins. L’objectif était d’utiliser, encore une fois, le Conseil de sécurité pour empêcher l’avancée de l’Armée syrienne et de ses alliés combattant les groupes terroristes armés qui menacent la capitale, Damas. Nous le disons pour la millième fois : ils menacent la capitale, Damas !

Sinon, qui pourrait nous expliquer l’absence de référence à toutes les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la lutte antiterroriste dans le texte de la Résolution 2401 ? Votre Résolution, Mesdames et Messieurs, n’a mentionné aucune de vos propres résolutions en rapport avec la lutte antiterroriste.

Et qui pourrait nous expliquer la forte résistance de certains États, pendant les négociations sur le projet de cette résolution, à tout énoncé excluant de la prétendue trêve, Daech, le Front al-Nosra et les groupes apparentés ? Vous avez négocié pendant trois jours sur : devons-nous mentionner Daech ou ne pas mentionner Daech… devons-nous mentionner Al-Nosra ou ne pas mentionner Al-Nosra ?

Monsieur le Président,

La campagne prétendument humanitaire en rapport avec le fait terroriste dans la Ghouta orientale a coïncidé avec une autre campagne, organisée sous des auspices occidento-américains, faisant de nouveau la promotion de l’utilisation d’armes chimiques dans certaines régions de Syrie ; régions où s’activent exclusivement des terroristes… veuillez m’excuser, je voulais dire les « Casques blancs » !

Et pour compléter le tableau, le New York Times [NYT] a publié, aujourd’hui même, un éditorial, façon Tintin, selon lequel il y aurait une coopération entre la République populaire démocratique de Corée [RPDC] et mon pays, en matière d’armes chimiques.

Ce qui est risible dans cette affaire est que l’article calomnie les gouvernements des deux pays sur toute une page à l’intérieur du journal, mais dit que selon les experts qui l’ont examiné, le rapport n’est pas probant… Je cite en anglais : « Though experts who viewed the report said the evidence it cited did not prove definitively that there was current, continuing collaboration between North Korea and Syria on chemical weapons…» [3]. Et voilà que nous nous mettons à vous lire le NYT !

Monsieur le Président,

Chez nous, l’adage populaire dirait : « Que Dieu accorde le Hadj au NYT alors que les gens en reviennent ». Car, il a échappé au NYT que c’est le navire américain « Cape Ray » qui a détruit le stock de produits chimiques, remis volontairement par les autorités syriennes, après adhésion de mon pays à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques [CIAC], puis à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques [OIAC] dont il est devenu membre à part entière.

Autrement dit, ces informations sont vieilles, du « déjà vu » comme diraient les Français mais, bizarrement, le NYT s’est senti investi de l’enthousiasme d’en reparler.

En fait, ce n’est pas si bizarre. Je vais vous lire une dépêche reçue il y a quelques minutes. Des informations que vous pourrez prendre en considération au cas certains États Membres réactiveraient le sujet des armes chimiques au sein de ce Conseil. Nous, nous vous disons dès à présent : prochainement, il y aura utilisation du chimique par les terroristes en Syrie. Et maintenant, voici les informations :

  • Dans la matinée du 20 février, trois camions turcs transportant du chlore sont entrés dans le Gouvernorat d’Idlib par le passage de Bab al-Hawa. Laissons le NYT vérifier ces informations. Il pourrait, peut-être, publier un article allant dans le sens contraire.
  • Deux de ces camions se sont arrêtés au village Al-Lozé, dans la campagne d’Idlib, et sont actuellement stationnés dans son école, accompagnés de plusieurs voitures et d’un certain nombre de terroristes. Vous évoquez sans cesse les écoles et les hôpitaux… Ils ont transformé l’école du village en dépôt d’armes chimiques.
  • Le troisième camion a continué jusqu’au village Al-Habet, situé dans la campagne nord de Idlib, et se trouve actuellement au siège de ladite Ha’yat Tahrir al-Cham [Organisation de libération du Levant] -des agents de la Turquie- où il est en train d’être déchargé, côté nord-est, en présence d’un grand nombre de terroristes.
  • Les informations en possession du gouvernement syrien indiquent que les terroristes préparent une action terroriste avec usage de chlore à grande échelle, pour ensuite en accuser l’Armée arabe syrienne. Lesquels terroristes ont reçu des instructions fermes de la part de services secrets occidentaux et turcs pour mener une attaque chimique avant le 13 mars. Pourquoi le 13 mars ? Parce que c’est la date de la tenue de la 87ème session du Conseil exécutif de l’OIAC.

Nous vous confions ces informations en vous répétant que ces terroristes, par ordres de leurs employeurs, comptent utiliser le chimique avant le 13 mars prochain.

Monsieur le Président,

La vraie responsabilité de faire cesser les hostilités incombe aux États ayant le pouvoir d’influer effectivement sur les groupes terroristes armés sévissant dans la Ghouta et autres régions syriennes, afin qu’ils arrêtent leurs actions terroristes et autorisent les civils, pris pour boucliers humains, à sortir librement et en sécurité de ces régions qu’ils exploitent comme bases de lancement de leurs attaques terroristes.

Monsieur le Président,

Un groupe d’États Membres fait mine de pleurer sur la situation humanitaire en Syrie, cinq États dont certains sont, à notre grand regret, membres de ce Conseil et qui ont invité, deux jours après [l’adoption de la résolution 2401 ?], d’autres États Membres de cette Organisation à assister à un film sur Jabhat al-Nosra… pardon, sur lesdits « Casques blancs »… dans la salle du Conseil économique et social au sein des Nations Unies. Il y a des membres de ce Conseil qui font la promotion d’une organisation terroriste figurant sur sa liste en tant qu’entités terroristes !

Nous vous confions également cette affaire. Peut-être sera-t-elle traitée de la manière qui convient.

Merci.

Docteur Bachar al-Jaafari

Délégué permanent de la Syrie auprès des Nations Unies

28/02/2018

 

Source : Video / The Syrian Mission to the United Nations

https://www.youtube.com/watch?v=KzFddTaxZjQ

Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

 

Notes :

[1] Deux responsables de l’ONU déplorent, devant le Conseil de sécurité, la non-application de la trêve de trente jours qu’il avait demandée en Syrie

https://www.un.org/press/fr/2018/cs13231.doc.htm

[2] Bachar al-Jaafari : Ce que nous avons compris de la Résolution 2401(2018)…

https://www.mondialisation.ca/bachar-al-jaafari-ce-que-nous-avons-compris-de-la-resolution-24012018/5623496 

[3] U.N. Links North Korea to Syria’s Chemical Weapons Program

https://www.nytimes.com/2018/02/27/world/asia/north-korea-syria-chemical-weaponssanctions.html?rref=collection%2Ftimestopic%2FSyria&action=click&contentCollection=world&region=stream&module=stream_unit&version=latest&contentPlacement=4&pgtype=collection

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Trudeau en Inde et la plaie ouverte d’Air India

Par Jooneed Khan et Robin Philpot, 28 février 2018

Au delà des pitreries de Justin Trudeau en Inde, il y a surtout la plaie ouverte de l’attentat d’Air India de 1985, qui a coûté la vie à 329 citoyens canadiens, la pire attaque terroriste de l’histoire du Canada. Jooneed Khan maintient que c’est ça qui a miné la visite. En gros, le Canada fait tout pour cacher sa responsabilité dans cet attentat et ses manquements par la suite.

 

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La Syrie aurait accepté la demande de la milice « fédéraliste » du PYD-YPG kurde d’entrer dans Afrin et d’arrêter l’avance militaire des Turcs, bien qu’il reste à voir si Damas va réellement mettre en œuvre cette décision ou non.

Il y a eu des rapports contradictoires sur ce sujet tout au long de la semaine dernière, mais l’Agence de presse officielle arabe syrienne (SANA) a confirmé que les Unités de Mobilisation Populaire (UMP) se déploieraient dans la région pour contrecarrer les Turcs, contredisant des affirmations antérieures selon lesquelles c’est l’Armée arabe syrienne (AAS) qui le ferait directement. Même ainsi, ce serait un développement très dangereux si cela se produisait réellement car cela pourrait rapidement amener l’Armée arabe syrienne (AAS) à entrer dans la mêlée pour soutenir ses partenaires pro-gouvernementaux et déclencher ainsi une guerre conventionnelle d’État à État avec la Turquie. La Syrie a le droit souverain de déployer ses propres forces et celles de ses alliés n’importe où sur son territoire, mais en prenant du recul par rapport à cet idéalisme de principe et en évaluant sobrement la réalité, cette décision n’est peut-être pas la plus sage.

Syria situation map Feb 12, 2018
Carte de la situation en Syrie 12 février 2018

Le ministre turc des Affaires étrangères a averti dans des termes non équivoques que les forces militaires de son pays ne seraient pas arrêtées par l’AAS ou les UMP, son allié si elles intervenaient au nom des Kurdes « fédéralistes » du PYD-YPG qu’Ankara assimile au PKK désigné comme une entité terroriste. Il est très probable que l’armée syrienne, lassée par la guerre et complètement épuisée, pourrait être mise en déroute par les Turcs beaucoup plus puissants si « la pression venait à se faire sentir ». Non seulement cela, mais il est pratiquement impossible que la Russie s’engage à « sauver la Syrie » puisque son mandat militaire est strictement anti-terroriste et la plus proche conseillère du président Assad, Mme Bouthaina Shaaban, a confirmé que Moscou a retiré toutes ses forces terrestres sauf quelques avions.

En outre, le Dr. Vitaly Naumkine – le premier expert russe du Moyen-Orient et l’homme qui joue un rôle crucial dans l’organisation des efforts de paix en Syrie – a écrit dans un document, prenant position et publié au début de la conférence de deux jours du Club Valdai : « Une partie de l’élite gouvernementale pourrait avoir de plus grands espoirs dans une victoire militaire que dans les dividendes que finiront par offrir les négociations. » C’est la déclaration la plus forte de l’impatience grandissante de Moscou face au refus de Damas d’entériner les « compromis » que le président Poutine a suggérés aux autorités d’accepter en novembre, afin de faciliter une paix négociée au niveau international. Qui plus est, Damas a rejeté les résultats du Congrès du dialogue national syrien la semaine dernière, ce qui a peut-être incité Naumkine à mettre en garde contre les soi-disant « partisans de la ligne dure » qui pourraient entraver le processus de paix.

Gardant à l’esprit les paroles de ce haut responsable et le fait que la Russie a retiré la plupart de ses forces militaires de Syrie, ainsi que le mécontentement visiblement croissant de Moscou face aux tergiversations du gouvernement syrien sur la réalisation d’une « solution politique » il y a de fortes raisons de penser que la Russie ne soutiendrait pas l’AAS si elle entre en conflit avec les Turcs, amplifiant davantage le risque existentiel auquel Damas fait face si cela permet aux Kurdes de « jouer un tour à Damas » et que la Syrie tombe droit dans ce scénario désastreux. C’est peut-être pour cette raison que les autorités n’ont jamais concrétisé leur menace implicite d’envoyer des unités militaires conventionnelles à Afrin, réalisant, à contrecœur, après l’appel téléphonique du président Poutine avec le président Erdogan, que la Russie allait les « planter là » si elles initiaient ce qui pourrait constituer un « suicide national ».

Néanmoins, la situation est encore très explosive à l’heure actuelle et une guerre de plus grande ampleur pourrait éclater à tout moment si la partie syrienne fait la moindre erreur, laissant le monde entier regarder la suite des évènements avec une impatience fébrile.

Andrew Korybko

 

Article original en anglais :

Syria’s Afrin Move: “Artful Assistance to Allies” or “Armageddon in the Making”?

Oriental Review 20 February 2018

Traduit par Hervé relu par Cat pour le Saker Francophone

 

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

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Trudeau en Inde et la plaie ouverte d’Air India

février 28th, 2018 by Jooneed Khan

28 fév. 2018: Au delà des pitreries de Justin Trudeau en Inde, il y a surtout la plaie ouverte de l’attentat d’Air India de 1985, qui a coûté la vie à 329 citoyens canadiens, la pire attaque terroriste de l’histoire du Canada. Jooneed Khan maintient que c’est ça qui a miné la visite. En gros, le Canada fait tout pour cacher sa responsabilité dans cet attentat et ses manquements par la suite. Bob Rae, le « toutou » libéral, a été chargé de conseiller le gouvernement libéral de Chrétien, mais, vu les liens étroits d’extrémistes sikhs avec le parti libéral, il s’agissait plutôt d’étouffer l’affaire. Suit la commission du Juge John Major, dont les recommandations en 2010 sont restées lettre morte. Et surprise, les documents et enregistrements des services canadiens… avaient disparus.

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« Des évènements malheureux à l’étranger nous enseignent de nouveau deux simples vérités sur la liberté d’une peuple démocratique. La première vérité c’est que la liberté d’une démocratie n’est pas en sécurité si le peuple tolère le développement d’un pouvoir privé au point qu’il devienne plus fort que l’État lui-même. Ceci, par essence, est le fascisme – c’est-à-dire la prise de propriété du gouvernement par un individu, un groupe, ou par tout autre pouvoir privé de contrôle. » Franklin D. Roosevelt (1882-1945) 32e président étasunien (1933-1945), (dans ‘Message au Congrès pour enrayer les monopoles’, le 29 avril, 1938)

 « Lorsque la spoliation est devenue le moyen d’existence d’une agglomération d’hommes unis entre eux par le lien social, ils se font bientôt une loi qui la sanctionne, une morale qui la glorifie. » Frédéric Bastiat (1801-1850), économiste français, homme d’état et auteur.

« Le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument. Les grands hommes sont presque toujours mauvais, même lorsqu’ils exercent leur influence et non leur autorité; c’est encore plus vrai quand vous ajoutez la forte tendance ou la certitude de la corruption par l’autorité. » Lord Acton (John E. Dalberg) (1834-1902), historien anglais, homme politique et écrivain.

« La vérité c’est qu’il y a très peu de membres [du Congrès américain] que je pourrais même nommer ou à qui je pourrais penser qui n’ont pas participé, d’une façon ou d’une autre, à ce système [de corruption à Washington D.C.]. » Jack Abramoff, lobbyiste professionnel, (propos tenus lors de l’émission de CBS ‘60 Minutes’, dimanche, le 6 nov. 2011).

« Présentement, [les États-Unis] sont devenus une oligarchie qui repose sur une corruption politique illimitée, laquelle domine le processus de nomination du président, de même que celui de son élection. Et cela vaut aussi pour les gouverneurs des états et pour les sénateurs américains et pour les membres de la Chambre des Représentant… Par conséquent, il faut se rendre à l’évidence que les donateurs de fonds électoraux imposent une subversion complète de notre système politique… Les politiciens tant démocrates que républicains considèrent que ce flot d’argent illimité est un grand avantage pour eux-mêmes. » Jimmy Carter (1924- ), 39e président étasunien (1977-1981), (propos tenus lors d’une entrevue radiophonique, le mardi 28 juillet, 2015)

Le 17 janvier 1961, le Président Dwight D. Eisenhower (1890-1969), 34e président étasunien (1953-1961), un général cinq étoiles, prononça un discours de fin de mandat, lequel a retenti au cours des ans.

À cette occasion, il a non seulement averti ses concitoyens de la menace d’un « complexe militaro-industriel », qui pourrait “mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques”, mais il a aussi formulé un souhait, à savoir que “nous voulons que la démocratie survive pour les générations à venir.”

Plusieurs ont remarqué, cependant, que depuis les années 1980, quelque chose d’important s’est produit aux États-Unis : c’est tout le système politique étasunien qui est tombé aux mains d’une oligarchie financière sans scrupules, avec le résultat que la majorité des Américains ne peuvent recevoir de leur gouvernement les services essentiels auxquels ils ont droit.

Cela s’explique par le fonctionnement d’un cycle politique de corruption, à travers duquel les super riches sont en mesure de corrompre à leur guise le système politique et les institutions politiques.

Avant les années 1980, le système américain de gouvernement fonctionnait raisonnablement bien selon les principes dictés par la constitution américaine et en conformité avec le principe démocratique éloquemment exprimé par le président Abraham Lincoln (1809-1865), quand ce dernier déclara que le gouvernement américain était « un gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple », soumis aux votes des citoyens qui élisent les dirigeants et qui appuient les politiques qui favorisent le bien commun.

La constitution américaine est l’une des plus vieilles

La démocratie américaine est l’une des plus vieilles. En effet, la Constitution des États-Unis est la plus ancienne constitution écrite présentement en vigueur dans le monde. Elle fut approuvée le 17 septembre 1787, après trois mois de débat, à Philadelphie, en Pennsylvanie, et elle est entré en vigueur le 4 mars 1789.

C’est une constitution de type fédéral, laquelle a conduit à la mise en place d’un gouvernement fédéral fort, mais selon le principe de la séparation des pouvoirs. Au niveau fédéral, son but recherché était d’établir un système complexe d’équilibre entre une branche exécutive dirigée par un président, une branche législative dotée de deux chambres élues, lesquelles constituent le Congrès américain, et une branche judiciaire composée d’une Cour suprême des États-Unis et d’autres tribunaux subalternes. L’objectif visé était de pouvoir empêcher l’émergence d’une tyrannie. Les états américains déléguèrent un certain nombre de pouvoirs au gouvernement central, mais les pouvoirs résiduels demeurent toujours la prérogative des états.

De plus, il s’agit d’une constitution qui garantit les droits politiques fondamentaux, tels que la liberté d’expression, la liberté de religion et la liberté de la presse, ainsi proclamés dans vingt-sept amendements. Les dix premiers amendements sont connus sous le vocable de Déclaration des droits et ils ont été ratifiés et adoptés en 1791, tandis que les dix-sept autres amendements ont été adoptés au fil du temps, entre 1795 et 1992.

Fondamentalement, la constitution américaine fut un compromis entre les idées politiques d’Alexander Hamilton (New York) et celles de Thomas Jefferson (Virginie). Les fédéralistes, dirigés par Hamilton, favorisaient un fédéralisme centralisé et ils étaient soutenus par les commerçants et le monde industriel. Les anti-fédéralistes, sous la gouverne de Jefferson, souscrivaient au principe d’un fédéralisme décentralisé et ils défendaient les prérogatives des états. Ils étaient appuyés en cela par le monde rural. Au fil des ans, les transformations économiques et technologiques, et diverses décisions judiciaires en faveur du gouvernement central, ont fait en sorte de faire pencher la balance en faveur des idées d’Alexander Hamilton, ce qui a donné un gouvernement américain central fort, presque aristocratique, et centralisé.

Les réformes électorales promulguées par le président républicain Teddy Roosevelt

Cependant, depuis les années 1980, il y a eu un changement fondamental dans le fonctionnement des institutions politiques américaines. Et ce n’est pas seulement une question de changement dans la façon de délivrer les services publics, comme certains l’ont souligné. C’est un changement profond dans le fonctionnement même du système politique étatsunien, et surtout dans la manière que les citoyens ordinaires choisissent leurs représentants élus et dans la façon dont ils leur transmettent leurs demandes, leurs souhaits et leurs besoins. C’est cette influence démocratique qui s’est grandement atténuée au fil des ans.

En effet, pendant la plus grande partie du vingtième siècle, au cours duquel le niveau de vie des Américains s’est considérablement accru, il existait aux États-Unis un système de lois et de pratiques qui sauvegardait le caractère sacré du système électoral, en tant qu’expression suprême des choix des citoyens. Les personnes morales ou légales, telles que les grandes entreprises, les méga banques ou d’autres organisations ne pouvaient utiliser leur richesse pour subjuguer la voix des électeurs et venir ainsi dévaloriser le principe démocratique.

En 1905, par exemple, le président Teddy Roosevelt (1858-1919), un républicain, énonça dans son discours annuel au Congrès, les grandes lignes du principe démocratique selon lequel « toutes les contributions monétaires des grandes entreprises à un parti politique ou à toute autre fin électorale doivent être interdites par la loi. » En 1906, Roosevelt fut encore plus explicite, en déclarant : « je recommande à nouveau une loi interdisant à toutes les grandes sociétés commerciales ou industrielles de contribuer directement aux dépenses électorales de n’importe quel parti politique… Il faut laisser les individus faire les contributions qu’ils veulent ; mais interdisons d’une façon efficace à toutes les entreprises de contribuer, directement ou indirectement, à des fins politiques. » Le 26 janvier 1907, le président Roosevelt signa une loi historique, la Loi Tillman, qui fut la première législation aux États-Unis qui interdisait les contributions monétaires des grandes sociétés et des grandes banques aux campagnes électorales nationales.

Comment la Cour suprême des États-Unis a modifié le système électoral américain

Cependant, le 21 janvier 2010, la Cour suprême des États-Unis a choisi d’annuler la plupart des lois qui limitaient le rôle de l’argent des grandes sociétés dans les élections américaines depuis plus d’un siècle. En effet, le principe plus que centenaire mis de l’avant par le président Theodore Roosevelt, lequel avait prévalu jusqu’alors, et selon lequel « aucune société commerciale ou industrielle ne doit être considérée comme ayant les mêmes droits que ceux d’un citoyen ordinaire et être autorisée à lever des fonds illimités pour le financement des activités politiques, tant au niveau fédéral qu’à celui des états et des municipalités » fut aboli et jeté aux orties.

En effet, avec leur jugement dans l’affaire ‘Citizens United, le juge en chef John Roberts et quatre autres juges ont créé une véritable révolution dans le système électoral américain. Ils ont mis de côté les précédents historiques et le principe de la retenue judiciaire, et ils ont donné une interprétation radicalement favorable aux grandes entreprises au Premier Amendement de la constitution américaine, concernant la liberté d’expression. Ils ont déclaré que les « grandes sociétés commerciales et industrielles » et autres organisations légales sont en fait des « personnes », qui ont les mêmes droits que les citoyens ordinaires et qui donc peuvent participer financièrement, sans limites, aux campagnes électorales.

En conséquence, depuis la décision de 2010 de la Cour suprême américaine, le préambule de la Constitution des États-Unis, lequel dit « Nous le peuple des États-Unis, en vue de former une union plus parfaite… » devrait peut-être être changé et dire « Nous les grandes sociétés commerciales et industrielles d’Amérique… etc. », afin de refléter pleinement la nouvelle philosophie politique de la majorité conservatrice de cinq membres de la Court Roberts. En effet, le type de gouvernement que la majorité de la Cour Roberts veut permettre par sa décision du 21 janvier 2010 est essentiellement « un gouvernement des grandes sociétés, par les grandes sociétés et pour les grandes sociétés ».

De nos jours, le gouvernement américain est plus centralisé et plus corrompu que jamais

En effet, au cours du dernier quart de siècle, il s’est produit un coup d’état tranquille aux États-Unis, quand des intérêts financiers d’extrême droite ont pris le contrôle du système politique américain. Cela n’inclut pas seulement le Congrès américain; cela englobe également la Maison blanche et la Cour suprême des États-Unis. Les oligarques milliardaires sont présentement aux commandes aux États-Unis et ils font à peu près ce qu’ils veulent avec le gouvernement, indépendamment de ce que les gens ordinaires pensent ou veulent. C’est un retour à la situation qui prévalait pendant la dernière partie du 19e siècle quand ce qu’on appelait alors les ‘Robber Barons’ pouvaient acheter les politiciens, gonfler la dette publique et piller les deniers publics à volonté, tout en manipulant sans scrupules les marchés et en abusant des consommateurs.

Aujourd’hui, les gens ordinaires veulent la paix, mais les oligarques, et cela inclut Donald Trump, veulent la guerre, une guerre perpétuelle. Dans un tel contexte belliqueux, ils veulent être en mesure de se remplir les poches avec une industrie de la guerre qui étend ses tentacules partout dans le monde.

Les gens ordinaires veulent des services sociaux et veulent réduire la pauvreté, mais les oligarques veulent réduire l’influence du gouvernement, réduire les impôts et garder les politiciens corrompus sous leur férule.

Les gens ordinaires veulent que leurs enfants soient protégés et soient en sécurité, et ne soient point la cible d’armes à feu lorsqu’ils vont à l’école; mais les oligarques, les fabricants et les organisations extrémistes veulent être en mesure de mousser la vente des armes d’assaut de type militaires à tous ceux qui ont les moyens de se les procurer. La plupart des politiciens américains, en effet, font preuve de lâcheté quand vient le temps de suivre l’exemple de nombreux pays en proscrivant les armes d’assaut de type militaire.

Les gens ordinaires veulent vivre dans un environnement propre, mais les oligarques veulent être libres de polluer et de poursuivre leurs propres intérêts privés aux dépens de l’intérêt général.

La plupart des gens ordinaires défendent la primauté du droit et la démocratie, mais les oligarques préfèrent un système plus proche de la ploutocratie, dans lequel leur argent a une grande influence politique. L’influence potentiellement très corruptrice de l’argent est devenue de plus en plus une réalité qui s’impose dans la politique américaine, et cela été ouvertement causé par des jugements de la Cour suprême dirigée par le juge Roberts, notamment, comme nous l’avons vu, en statuant en faveur des super riches et des grands groupes d’intérêts privés, contre l’intérêt général.

Il n’est donc guère surprenant que les Américains aient de moins en moins confiance dans leur gouvernement. On observe, en effet, un déclin continuel de cette confiance depuis un demi-siècle. Selon le Pew Research Center d’affaires publiques, alors qu’en 1958, 73 % des Américains disaient faire confiance au gouvernement de Washington D.C., ce pourcentage était tombé à seulement 18 %, en 2017. Cela représente une énorme érosion de la confiance du public étasunien dans le gouvernement, en un peu moins de soixante ans. C’est là un changement générationnel d’une grande ampleur et est la preuve d’un ras-le-bol généralisé.

Quelles sont les conséquences d’un tel déplacement vers moins de démocratie ?

  • Les Américains sont les moins susceptibles d’exercer leur droit de vote : lors des élections de 2016, seulement 55,7 % des citoyens éligibles ont voté, contre une moyenne de 75 % dans les autres pays de l’OCDE.
  • Aux États-Unis, la politique est présentement un jeu d’hommes riches : dans la pratique et dans la plupart des cas, aucun citoyen américain non riche ne peut espérer être élu dans le système politique américain actuel, à moins qu’il n’accepte de devenir une prostituée politique des grands intérêts financiers et des lobbies. De plus, les citoyens ordinaires ne peuvent espérer redresser la situation, par eux-mêmes.
  • Peut-être encore plus significatif, il est devenu de plus en plus difficile de faire adopter des lois par le gouvernement pour améliorer le bien commun et promouvoir le bien-être général des citoyens ordinaires. Les lobbies riches, les grandes entreprises et les méga banques, soutenus par des médias très concentrés et partisans, tiennent le haut du pavé dans tout ce que fait le gouvernement. Ces puissants lobbies poussent les États-Unis à dépenser plus pour leur secteur militaire que la Chine, l’Arabie saoudite, la Russie, le Royaume-Uni, l’Inde, la France et le Japon réunis.
  • Il n’est pas surprenant, par conséquent, que les disparités de revenu et de richesse aux États-Unis soient devenues indécentes et en croissance. Le Centre Stanford sur la pauvreté et l’inégalité a classé les États-Unis comme le pire sur ce point, parmi les 10 pays les plus riches. La moitié de la population américaine vit actuellement soit dans la pauvreté ou est classée comme étant de faible revenu, selon les données du recensement américain, tandis que la classe moyenne américaine est en perte de vitesse, selon des enquêtes menées par le Pew Research Center. Pour comparer les inégalités de revenu et de richesse qui prévalent présentement aux États-Unis, il faut remonter 100 ans en arrière, soit juste avant la Grande Dépression. Aujourd’hui, il y a moins de mobilité sociale aux États-Unis et le tissu social est de plus en plus désorganisé.

Il faut craindre une chute dans la cohésion sociale d’un pays quand les inégalités de revenu et de richesse deviennent trop importantes. Cela a été un problème endémique en Amérique du Sud pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, c’est devenu un grand problème social et économique aux États-Unis.

  • Les États-Unis a le taux d’incarcération le plus élevé au monde, devant le Cuba, El Salvador, le Turkménistan, la Fédération de Russie et la Thaïlande. Son taux est près de 5 fois supérieur à la moyenne de l’OCDE.
  • Un autre signe inquiétant : l’espérance de vie à la naissance a chuté aux États-Unis pour la deuxième année consécutive en 2016, du fait de la hausse vertigineuse de 21 % du taux de mortalité due aux surdoses de drogues, selon les Centres de contrôle des maladies et de la prévention. C’est la première fois, depuis 1962 et 1963, deux années où la grippe a causé un nombre élevé de décès, que les États-Unis connaissent deux années consécutives de baisse de l’espérance de vie.

Conclusion

Depuis les années 1980, un cercle vicieux de corruption politique s’est établi à demeure aux États-Unis, et, en se renforçant, il a produit des effets sociaux négatifs. C’est un cycle de corruption qui a permis à l’establishment financier de resserrer son emprise sur les grandes institutions américaines de la présidence, du Congrès américain et de la Cour suprême des États-Unis. Un tel cycle de corruption politique tend à se renforcer de lui-même et, au fur et à mesure qu’il devient de plus en plus général et enraciné, il devient aussi très difficile de le briser et d’inverser la tendance.

Rodrigue Tremblay

 

 

 

Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à l’Université de Montréal et un ancien ministre dans le gouvernement québécois.

On peut le contacter à l’adresse suivante : [email protected].

Il est l’auteur du livre « Le nouvel empire américain » et du livre « Le Code pour une éthique globale  ».

Prière de visiter son blogue en plusieurs langues à l’adresse suivante : http://www.thenewamericanempire.com/blog.htm.

Site Internet de l’auteur : http://www.thenewamericanempire.com/

 

 

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Algérie – 24 février 1971: Nationalisation des hydrocarbures

février 28th, 2018 by Chems Eddine Chitour

«Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.» Guillaume d’Orange

Faut il ne plus commémoré le 24 février ? Cette sentence provocatrice pour susciter le débat n’est pas de moi, c’est, -en tant qu’ancien du pétrole, faisant partie à la marge du Club Energie des anciens qui ont capitalisé une expérience globale de 2000 ans, en regrettant qu’elle ne soit pas sollicitée,- je me sens interpellé.

Qui se souvient du fameux coup d’éclair dans un ciel serein que fut la décision de Houari Boumediene qui annonçait à la face du monde par son mémorable «Kararna ta’emime el mahroukate» «Nous avons décidé souverainement de nationaliser les hydrocarbures». Cette décision faisait suite à de longues et pénibles négociations avec l’ancienne puissance coloniale , et avait eu lieu dans une atmosphère spéciale celle de la deuxième décolonisation , après la décolonisation géographique, le moment était venu pour une décolonisation économique.

Cette tentative réussie ne fut pas la première, il faut se souvenir avec respect du combat de Mohammed Mossadegh élu démocratiquement premier ministre iranien et de son combat pour l’indépendance « pétrolière » de l’Iran. Il perdit son combat, fut destitué et jugé. L’Anglo-iranienne devenue BP et les compagnies américaines avaient eu raison du nationalisme iranien. Bien plus tard Madeleine Albright la secrétaire d’Etat de l’ère Clinton, reconnaissait l’implication de la CIA et du MI6- Opération Ajax – dans le renversement de Mohammed Mossadegh sa condamnation à 3ans de prison et son remplacement par le général Fazlollah Zahedi plus conciliant. On parle de 200 à 300 morts

Les luttes des pays du Tiers monde pour recouvrir leur pleine souveraineté économique furent épiques. Les puissances coloniales voulant à tout prix maintenir un ordre colonial dans leurs anciennes colonies en leur « permettant » des indépendances formelles L’Algérie fut parmi les pays leaders à la pointe du combat pour la pleine souveraineté   La réussite de l’Algérie donna le La pour tous les autres pays pétroliers pour le recouvrement de leur souveraineté

Le 24 février 1971 il n’y eut ni coup d’état externe, ni arrestation ni des morts, Ce fut un coup d’état scientifique qui surprit les concernés. On rapporte qu’il n’’ y eut que personnes à être au courant. Ceci rappelle la nationalisation du Canal de Suez par Nasser. Mohamed Hassanen Heykel le grand journaliste ami du président Nasser, raconte dans son ouvrage : «  Les Documents du   Caire » comment l’opération fut préparée. Nasser devait tenir un discours dans lequel il donnerait par la prononciation d’un phrase le feu vert pour la prise en charge du fonctionnement du canal par les ingénieurs et les techniciens égyptiens aidés par l’armée.

Longtemps après le 24 février 1971 , ceux qui sont honnêtes avec l’Histoire, se remémoreront cette phrase qui changea le destin pétrolier de l’Algérie. Les accords d’Evian avaient d’une certaine façon perpétué un «ordre» qui était celui de l’exploitation du pétrole par les multinationales. Bref, ce n’était pas l’indépendance réelle. Nous devions réussir une autre indépendance en tenant compte de nos forces, du mouvement du monde, pour proposer aux jeunes un cap basé sur un effort collectif. C’est à un nouveau 24 Février du savoir qu’il nous faut inventer comme je vais tenter d’en tracer les contours

Ayant fait partie de cette génération de pionniers des années 70 qui avaient le feu sacré. A tort- diront certains-, à raison nous le disons, nous avons cru et donné le meilleur de nous-mêmes car il y avait une utopie mobilisatrice. 1971 la force de frappe de toute l’Algérie (environ un millier de diplômés se trouvaient à Cherchell) le 15 mars moins d’un mois après le discours du président Boumediene, toute cette intelligence était répartie sur les différents challenges du pays (hydrocarbures, Trans-saharienne, Barrage vert, les 1000 villages agricoles, l’éducation, l’université, la santé militaire). Tout était à construire, tout était à inventer. A Cherchell, nous étions dans la même chambrée sans autre ambition que de servir le pays. Le brassage permis par le Service national- encore une décision qui participe à l’idée de nation indépendamment de l’ethnie ou de la religion- avait consacré le vivre ensemble, avait une signification. A titre personnel j’ai gardé des liens avec des amis de toutes les régions du pays. Je me suis trouvé d’abord à l’ancienne base Irara, ensuite à l’Ecole des Cadets de la Révolution pour enseigner en terminale.

Où en sommes-nous 46 ans après cette épopée?

Depuis 1971, nous avons extrait du sous-sol environ 2 milliards de tep. Si on continue à ce rythme de production débridée, sans nouvelle découverte significative nous en aurons pour une vingtaine d’années. De 1965 à 1978, l’Algérie a engrangé 22,5 milliards de dollars. Il y eut la création d’une trentaine d’entreprises d’envergure internationale dont la Sonatrach, la Sonelgaz et la Snvi ou ce qu’il en reste. L´essentiel de l´industrie date de cette époque. Nous sommes bien contents d´avoir une capacité de raffinage de 22,5 millions de tonnes. Nous n’avons développé que l’amont uniquement pour rendre disponible les hydrocabures et rien de significatif dans l’aval Depuis, nous avons engrangé plus de 1000 milliards de dollars. Qu’en avons-nous fait de pérenne et surtout pourquoi cette rente ne nous a pas permis de sortir du sortilège du farniente trompeur de la rente qui a donné à l’Algérien que tout lui est dû sans effort, peut-être encore plus par la corruption non réprimée. L’économie se bazarise de plus en plus et nous incite à la paresse.

Nous avons une population de 40 millions d’habitants, des habitudes de consommation de pays riches que l’on se permettait tant que le baril valait 100 dollars et plus. En 2014 nous avons perçu 55 milliards de dollars de rente et en 2017 30 milliards de moins. Dans une conjoncture marquée par la conjugaison des prix erratiques, une production nationale qui stagne et la hausse de la consommation, l’Algérie se trouve devant un dilemme. Comment satisfaire la demande locale tout en préservant ses parts de marché à l’export? La consommation d’électricité augmente de 8% par an, la consommation de gasoil a triplé entre 2000 et 2014, et celle de l’essence a plus que doublé durant cette période. Nous consommerons avant 2020 40 milliards de m3 de GN avec une consommation irrationnelle. Cela est dû aux subventions qui sont données tous azimuts. L’université produit plus de 300.000 diplômés; où sont ils? Que font-ils? Que valent-ils? Nous étions cent fois moins dans les années 70 et nous avons été sur le front du développement.

En 1962 l’Algérie était à 60% hydraulique et 40% charbon. Depuis, le gaz naturel a étouffé toutes velléités de développement des énergies renouvelables du fait de la solution de facilité ; Mieux ! sacrifiant à la mode , en 1980 dans la foulée du « choc pétrolier selon la terminologie occidentale », nous avons par mimétisme créé un Commissariat aux Energies Nouvelles qui est mort de sa belle mort quand le prix du pétrole a dégringolé . Ce qui fait que les slogans préparer l’après pétrole déjà du temps de la présidence Chadli ( 1979-1992) sont restés lettre morte.

1986 contrechoc pétrolier – le pétrole à moins de 10 dollars le baril- fruit d’un combat inégal entre l’Arabie Saoudite et le Royaume Uni de Margareth Thatcher . Résultat des courses l’Algérie a perdu entre 1986 et 1990 18 milliards de dollars selon une étude de Pétrole et gaz arabes.

La décennie noire a vu le pays tenter de survivre avec le pétrole et le gaz. Nous avons de même connu un deuxième contrechoc après celui de 1986 qui a fait descendre le pétrole à moins de 20 dollars . C’est une parenthèse douloureuse que nous ne devons pas juger, il fallait maintenir l’Etat debout à tout prix

De 1999 à 2018 le prix du pétrole a en une pente ascendante jusqu’en 2008, le brent atteint 140 dollars, ensuite il chute pendant une courte période il remonte entre 2010 à 2014 jusqu’à près de 110 dollars. C’est l’euphorie on ne parle plus d’énergie renouvelable des dépenses de prestiges un gaspillage tout azimut, l’Algérie se bazarize ; On achète pour 6 milliards de voitures ( 600.000 voitures à 70 % au gas oil cancérigène mais bradé à moitié prix par rapport à l’essence elle-même bradé à 0,2 dollar le litre ( moyenne mondiale 1 dollar avec en Europe 1,3 dollar)   L’Algérie engrange de plus jusquà près de 190 milliards de dollars Juin 2014 c’est la descente aux enfers, le brut chute durablement jusqà moins de 30 dollars pour remonter péniblement en 2016 à 40 dollars et en 2017 à près de 45 dollars . Les recettes fondent et nous retrouvons avec moins de 90 milliards de dollars de réserve de change

Nous avons construit 75 barrages. Pourquoi n’avons-nous pas des barrages hydroélectriques? On dit qu’il y a un surcoût de 20%. Pourquoi nous ne l’avons pas fait? Et on règle en priorité les anomalies criardes. De mon point de vue, nous sommes tous responsables du gaspillage qui est devenu un sport national encouragé par des prix dérisoires qui n’encouragent pas la sobriété On continue à acheter des équipements énergivores. Des voitures qui dépassent pour certaines 150 g de CO2 par km. Chose qui est interdite en Europe. Parce que la norme en Europe est de 120 g, voire 100g. C’est 30% d’énergie de perdue, mais que nous achetons à près de 2,5 milliards de dollars dont une partie part par les frontières.

L’utopie et le danger du gaz de schiste dans les conditions actuelles

Ce qu’il nous faut comprendre est qu’il ne faut pas compter sur le pétrole et le gaz dans une génération et ne pas se faire d’illusion sur le gaz de schiste; les technologies actuelles fracturation et produits chimiques sont de loin dangereuses pour l’environnement…À deux ou trois mille mètres de profondeur, la réunion des micro-poches à l’aide d’un explosif détonné pour chacune des brèches occasionne un véritable séisme. La fracturation se fait par un mélange d’eau en grande quantité, de sable et de redoutables produits chimiques propulsés à très haute pression (600 bars), méthode qui génère la remontée du gaz à la surface avec une partie du redoutable liquide de fracturation. Chaque «frack» nécessite quasiment 15.000 mètres cubes d’eau, un puits pouvant être fracturé jusqu’à 14 fois. Soit environ 200.000 m3 pour chaque puits tous les 500 mètres! Parce que le puits chute très vite en production. Devons-nous prendre le risque de polluer la nappe phréatique? Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne faille pas faire de veille technologique et former des ingénieurs et des techniciens pour être prêts le moment venu à mettre en oeuvre le développement du gaz de schiste qui ne compromette en rien l’avenir de l’éco-système du Sahara déjà abimé par les essais nucléaires et dont les conséquences sont encore visibles de nos jours.

Comment se présente le futur?

Le monde de l’énergie est plus chaotique que jamais. Les guerres pour l’énergie vont continuer, il y aura des guerres qui seront dues au climat, des guerres de l’eau, des guerres pour la nourriture. La situation est totalement différente de 1971 où le marché était plus cohérent, sans contrainte en termes d’approvisionnement A titre d’exemple, l’Algérie aura à lutter pour garder ses parts de marché en gaz naturel et devra s’attendre à partir de 2018 à une demande des acheteurs pour la mise en place d’un prix spot qui fera baisser les prix à moins de 6 dollars le million de BTU. Elle devrait s’adapter avec une combinaison des contrats à long terme (5 à 10 ans) et une vigilance sur le marché spot avec d’autres acteurs, l’inévitable adversaire gazier le Qatar, mais des nouveaux acteurs tels que la Russie qui va être l’un des leaders de la fourniture de GNL dans la zone Asie-Pacifique en ravitaillant la Chine. Ainsi, en 2017, la Chine a importé plus de 94 milliards de mètres cubes de gaz naturel avec, environ 52 milliards de mètres cubes, sous la forme de GNL. D’autres pays interviendront, le Mozambique, Israël qui vient de conclure un contrat pluri-annuel avec l’Egypte et la Jordanie. La négociation sera de plus en plus difficile pour placer le gaz et il serait utile dans ce cadre d’inciter les pays qui nous vendent leurs produits d’accepter une nouvelle vision.

Inventer un nouveau 24 Février de l’intelligence

Bill Gates reçu par le président Mitterrand aurait eu cette sentence sans appel : «  l’internet est le nouveau baril de pétrole » C’est dire si il y a trente ans il avait déjà racé la voie à suivre. L’Algérie n’a pas joué la prudence ni dans l’exploitation raisonnée de son pétrole et de son gaz par un pompage effréné qui « fatigue les gisements » , ni dans la nécessité de tourner le dos à la rente avec les dollars de la rente investis d’une façon rationnelle dans le de développement du pays et ne pas se tenir le ventre comme nous le faisons à suivre les convulsions erratiques d’un baril de pétrole dont nous ne maitrisons ni les tenants ni les aboutissants

Imaginons que nous sommes en 2030. La population sera de 52 millions de personnes. Pour la consommation interne, en supposant un modeste développement qui nous fera passer de 1 tonne de pétrole consommée par habitant et par an à seulement 2 tonnes, c’est 100 millions de tonnes à mobiliser. Nous les aurons de moins en moins, ce qui va se ressentir d’une façon drastique sur notre rente car étant mono-exportateur. A ce rythme de gaspillage frénétique de nos ressources, l’Algérie aura épuisé sans discernement ses ressources, véritables défenses

Imaginons par contre, un gouvernement fasciné par l´avenir, la première chose à faire c´est de miser sur l´intelligence et le savoir. Un pays sans ressources pétrolières comme l´Inde, exporte pour 25 milliards de dollars de logiciels. Chacun sait par exemple, que le modèle énergétique algérien prenant en compte les profondes mutations du marché énergétique mondial dans un contexte d´évaporation, est à inventer. En fait, il faut passer de la situation où personne ne se sent concerné à une situation où tout le monde, à des degrés divers, se sent concerné.

Nous avons le soleil, donc l’énergie, l’eau, le sol et une jeunesse nombreuse et capable de relever le défi en opérant de fait un nouveau premier novembre du XXIe siècle. Il s’agit de se battre pour exister dans un monde de plus en plus impitoyable. Le développement durable permettra la création de villes nouvelles dans le Sud. Il nous faut donner des opportunités pour les jeunes en leur donnant les moyens de verdir le Sahara. Pourquoi pas un réseau ferré dans le Sud avec la disponibilité de la motorisation électrique (voitures, camions bus, rails…)? Une autre utopie d’une transaharienne électrique avec le développement du rail pour rendre disponible rentable les potentialités agricoles du Sud à la fois qui seraient dirigées vers le Nord du pays et pourquoi pas vers l’exportation?

Le Développement humain durable: un nouveau 24 Février du XXIe siècle

 Nous ne pouvons que lister les défis imminents qui vont nous impacter. On continue sur une vision classique de plus en plus dépassée ailleurs. Nous continuons à ne nous focaliser que sur les hydrocarbures et le futur sera de plus en plus «difficile avec beaucoup de vendeurs de gaz et de pétrole». C’est une erreur que de vendre le pétrole, un produit aussi noble, à 65 dollars le baril, alors que le baril d’essence est vendu en Europe à 250 dollars. Si l’Algérie rentre dans l’aval pétrolier en Europe ou ailleurs, elle ne se contenterait pas de vendre du pétrole, mais des produits à forte valeur ajoutée, carburants, mais aussi produits pétrochimiques

Cependant, l’avenir de l’Algérie n’est pas uniquement dans les hydrocarbures qu’il faut garder pour les générations futures, mais aussi et surtout dans le Sahara qui peut, s’il était réellement développé, être une véritable pile électrique. Notre gisement solaire est trois fois plus important que celui de l’Allemagne et on dit que le solaire n’est pas rentable!! Il coûte actuellement moins de 4 cents le kWh du même ordre que celui issu du gaz naturel (en Inde un appel d’offres a été adjugé à 5 cents le kWh!) Nous avons moins de 2% en énergie solaire (pas d’énergie hydroélectrique alors que nous avions 450 MW d’hydro-électricité en 1962).

L’électricité renouvelable sera la colonne vertébrale de la consommation énergétique du futur. De ce fait, la Révolution du transport en voiture, bus, camion et rail électrique est en marche. 5 millions de voitures électriques circulent actuellement dans le monde, on en prévoit 400 millions en 2035. Après les voitures hybrides, le marché pousse directement vers les voitures électriques, graduellement l’essence et surtout le gaz oil seront réduits (le gas oil sera supprimé d’ici 2030 car cancérigène). Volkswagen ne produira plus de véhicules au gas oil à partir de 2025, Nous devons avoir à l’esprit que «chaque calorie exportée devrait correspondre à l’importation d’un savoir-faire». La Chine ou l’Allemagne pourraient nous aider d’une façon importante dans la mise en place du solaire. En fait, «calorie thermique contre kWh, voilà le nouveau deal».

Nous gaspillons beaucoup plus que les pays riches et l’intensité énergétique est faible, c’est-à-dire avec la même quantité d’énergie nous faisons moins de travail qu’en Europe. De plus, les subventions vont à 75% aux gens aisés. Cependant, cela ne sera pas suffisant pour la vision d’un Développement humain durable à l’horizon 2030 respectueux de l’environnement avec pour graal laisser un viatique aux générations futures. C’est un changement total de mentalités. Il nous faut mettre en place un plan Marshall avec une ambition comme tous les pays qui se respectent en fixant une utopie mobilisatrice; Un deuxième 24 Février pour une nouvelle indépendance, ce challenge est de disposer de 50% d’énergie renouvelable et d’économie d’énergie en 2030.

Nous avons une génération devant nous (20 ans) pour réussir le coup de rein salvateur qui passe aussi par la formation des hommes. Et l’université a un rôle majeur dans la formation, des ingénieurs des techniciens capables de prendre en charge cette utopie à notre portée. Si l’Algérie décide de rendre coup pour coup, alors la phrase de Boumediene: «Kararna ta’emime el mahroukate», n’aura pas été vaine. Misons sur un avenir apaisé, misons sur le développement durable. Il ne faudrait plus «maximiser» la croissance, mais le bien-être et le bonheur. Si l’Algérie décide de se battre scientifiquement pour un nouveau 24 Février, cette fois du développement durable bien compris et non en distribuant la rente en fonction de la capacité de nuisance. Je pense que le sens à donner à cette célébration doit être axé sur des idées nouvelles qui puissent nous libérer de l’ancrage paralysant au passé tout en suscitant de nouvelles ambitions inspiratrices et motivantes.

Tout revient en définitive à la formation des hommes. Rien ne peut se faire sans l’éducation où devra être formé l’éco-citoyen de demain, au lycée où seront enseignés le Développement humain durable dans le cadre d’un baccalauréat approprié. Il nous faut sans tarder réhabiliter la formation d’ingénieurs et de techniciens, La discipline mathématiques est à réinventer dans le pays. C’est la aussi un challenge à relever pour prendre en charge d’ici à 2030 le destin du pays. En Allemagne, 37% des étudiants sont inscrits en technologie et en sciences. En Inde 33% et en Algérie moins de 5%.

Le Développement humain durable est avant tout une rupture avec le gaspillage tous azimuts des denrées alimentaires, notamment du pain, de l’énergie, de l’eau. J’ambitionne pour le pays un nouveau 24 Février de l’intelligence d’un Développement humain durable qui fera que 50% de l’énergie ne proviendraient pas des énergies fossiles.

En conclusion, avons-nous démérité – nous qui étions sur le front du développement- d’avoir les clercs avec une propension à trahir tel que l’avait annoncé Jules Benda dans son ouvrage culte: «La trahison des clercs», et bien plus tard Edward dans un ouvrage de référence: «Des intellectuels et du pouvoir». Nous fûmes à notre corps défendant des intellectuels organiques au sens d’Antonio Gramsci. L’acte de nationalisations du 24 Février 1971 a marqué un tournant décisif dans le processus de libération et de développement de notre pays; comme en ont témoigné certains amis du Club Energie.

Je suis de ceux qui plaident pour le maintien des festivités – pas au sens d’un rituel sans épaisseur qui consiste à faire le minimum syndical et passer à autre chose- mais à celui d’une invention continue par un travail par des résultats qui feront comprendre à la jeune génération que nous étions indépendants politiquement en 1962, mais que 1971 a été le début de l’indépendance économique culturelle que nous peinons à réhabiliter. Je tente pour ma part, à une échelle bien modeste, de continuer le combat – comme le colibri- à faire ma part aussi dérisoire soit-elle en organisant chaque année une Journée sur l’Energie, mes élèves à Polytechnique sont invités à inventer le futur à travers des modèles énergétiques avec toute leur fougue et leur espérance. Rien que pour cela la commémoration du 24 Février devrait durer 1000 ans!

Professeur Chems Eddine Chitour

 

Article de référence :

http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_ chitour/287044-pourquoi-il-faut-continuer-a-celebrer-cette-date.html

 

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Les combats se sont poursuivis en Syrie le week-end, malgré la dernière résolution du cessez-le-feu du Conseil de sécurité des Nations unies, censée permettre l’évacuation de Ghouta, la banlieue est de la capitale, Damas.

Le projet de résolution appelant à un cessez-le-feu de 30 jours dans toute la Syrie a été retardé de jeudi à samedi en raison des objections russes. La Russie a fait valoir que les États-Unis avaient imposé des délais en s’opposant à des amendements permettant à une offensive militaire contre les forces islamistes fidèles à l’État islamique et aux groupes pro-Al-Qaïda de continuer.

Washington compte sur ces forces pour mener une guerre contre le gouvernement syrien de Bachar al-Assad.

La résolution de samedi appelle le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à faire un rapport au Conseil dans deux semaines sur la question de savoir si les termes du cessez-le-feu ont été mis en œuvre. Cependant, non seulement la campagne militaire syrienne se poursuivra, mais aussi les combats dans tout le pays.

L’échec du cessez-le-feu sera de nouveau attribué au régime d’Assad et à son principal soutien, la Russie, et servira à exiger une réponse militaire des puissances occidentales. Mais le sort terrible de la Syrie a été scellé par l’escalade de la guerre par procuration pour sa division territoriale qui est issue de la guerre civile excitée par les États-Unis.

La Syrie a poursuivi son offensive sur la Ghouta hier, profitant du fait que la résolution n’indique pas quand le cessez-le-feu de 30 jours, à travers toute la Syrie, doit commencer. Le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Hossein Baqeri, a déclaré que l’Iran et la Syrie sont attachés à la résolution de l’ONU sur le cessez-le-feu, mais que la trêve ne couvre pas la Ghouta orientale et que « les opérations de balayage » allaient continuer.

Damas ne peut pas se permettre de céder à Ghouta et a placé l’opération sous le contrôle du frère d’Assad, Maher, et d’un colonel haut placé, Soheil Hassan. Non seulement la Ghouta se trouve près de la capitale, mais une victoire là-bas permettrait la déroute des forces de l’opposition partout ailleurs.

Newsweek a rapporté que Damas avait prévu d’évacuer les enfants de moins de 12 ans, les hommes de plus de 60 ans et toutes les femmes via des passages de sauf-conduits récemment établis, tout en envisageant de « continuer à combattre l’ÉI, Hayat Tahrir al-Sham et leurs alliés ».

Le cessez-le-feu ne s’applique pas à l’offensive syrienne contre les groupes liés à Al-Qaïda, car tous les « individus, groupes, organisations et entités » associés à l’État islamique ou à Al-Qaïda ont été exclus de la trêve.

En tout état de cause, l’opposition islamiste n’a pas l’intention de quitter Ghouta et ne pourrait même pas le faire si elle le souhaitait. Comme l’a écrit l’expert sur la Syrie Haid Haid dans le Middle East Monitor, « il n’y a pas d’exil “commode” pour ses habitants ».

L’hypocrisie collective à propos de la tragédie de Ghouta ne peut cacher le fait que la Syrie est en proie à une guerre qui a fait 400 000 morts et qui a décimé le pays entier. La lutte brutale pour la domination stratégique sur la Syrie garantit que la résolution de l’ONU sera ignorée par tous les intéressés.

Le Représentant permanent de la Russie auprès des Nations Unies, Vassily Nebenzia, a prévenu : « Nous n’approuverons aucune interprétation subjective de la résolution qui vient d’être adoptée » et insisté sur le fait que la Turquie doit cesser ses opérations à Afrin, près de la frontière turque.

Cependant, la Turquie a précisé qu’elle n’acceptait pas une telle cessation des hostilités. Se référant aux Unités de Protection du Peuple Kurde (YPG), liées au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), le ministère turc des affaires étrangères a déclaré qu’Ankara « restera résolue à combattre les organisations terroristes qui menacent l’intégrité territoriale et l’unité politique de la Syrie ».

Surtout, Washington poursuivra ses sept années de violence militaire et de combines politiques visant à prendre le contrôle de la Syrie qui ont eu des conséquences si dévastatrices.

Pendant les discussions du Conseil de sécurité de l’ONU, le président Donald Trump s’est senti obligé d’affirmer que le seul objectif américain en Syrie était de vaincre l’ÉI. Cela a contredit directement les déclarations faites le mois dernier par le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, selon lesquelles les objectifs de guerre américains incluent la lutte contre l’influence iranienne et le renversement d’Assad et que ses forces y seront désormais cantonnées de façon permanente.

Les déclarations de Tillerson ont suivi le dévoilement d’une nouvelle doctrine de sécurité américaine reconnaissant que les grandes rivalités de pouvoir, plutôt que le terrorisme, sont considérées par Washington comme sa principale menace pour la sécurité nationale. Il a également suivi une demande du Pentagone pour 1,8 milliards de dollars d’armes pour mener la guerre en Syrie et en Irak – 20 pourcents de plus que le budget total des armes pour les opérations au Moyen-Orient en 2017.

Tillerson s’est vanté lors d’une visite au Koweït le 13 février : « Les États-Unis et les forces de la coalition qui travaillent avec nous pour vaincre [l’ÉI] contrôlent aujourd’hui 30 pourcents du territoire syrien et contrôlent une grande partie de la population et une grande quantité des champs pétrolifères en Syrie. »

Les décisions prises en conformité avec la nouvelle position américaine ont accéléré le conflit en Syrie et au-delà.

La création d’une force frontalière de 30 000 hommes pour la Syrie, comprenant les milices kurdes YPG, a incité le lancement par la Turquie de « l’Opération rameau d’olivier » contre Afrin le 20 janvier, qui a également menacé la ville de Manbij dans le gouvernorat d’Alep. Ankara craignait que les États-Unis ne déclarent leur soutien militaire de fait à un futur État kurde comme un point de départ pour la partition de la région dans leurs intérêts, d’une manière qui menaceraient l’intégrité territoriale de la Turquie.

Les États-Unis ont également donné le feu vert aux bombardements et attaques de missiles israéliens sur les installations militaires syriennes le 10 février, qui, a fait savoir Tel-Aviv, visaient le personnel iranien. Depuis lors, Israël a menacé de lancer des frappes militaires contre le Liban, tout en intensifiant les demandes d’action des États-Unis contre l’Iran.

Vendredi les États-Unis ont également annoncé qu’ils allaient avancer le calendrier pour le transfert prévu de leur ambassade à Jérusalem au 14 mai 2018. C’est la date la plus provocatrice imaginable, marquant le 70ᵉ anniversaire de la déclaration d’indépendance par Israël, ce que les Palestiniens appellent la Naqba, ou « jour de la catastrophe ».

Les efforts de Washington pour préserver son hégémonie mondiale menacent maintenant le conflit ouvert avec la Russie au Moyen-Orient et en Europe, ainsi qu’avec la Chine en raison de l’agression américaine contre la Corée du Nord.

Dans des échanges acerbes au Conseil de sécurité de l’ONU, Nebenzia a dit de la résolution sur le cessez-le-feu : « Le but de combattre les terroristes ne doit pas servir de camouflage pour résoudre tel ou tel problème géopolitique de légitimité douteuse, ce que font actuellement les États-Unis en Syrie. […] Nous insistons pour que la prétendue coalition arrête ses ambitions territoriales […] nous voyons parfaitement que le scénario de propagande autour de la Ghouta orientale correspond parfaitement à la campagne lancée lors de l’opération antiterroriste pour libérer l’est d’Alep fin 2016. »

Les points de départ potentiels d’une guerre régionale plus vaste et d’un conflit militaire direct entre les États-Unis et la Russie sont nombreux.

A Afrin, Assad a envoyé des milices pro-gouvernementales pour soutenir les YPG contre une invasion terrestre imminente par les troupes turques. Là-dessus, les États-Unis se trouvent dans une situation où leur allié kurde est allié à son tour avec des forces pro-Assad alignées sur la Russie. La propagation des combats à Manbij pourrait impliquer directement les forces spéciales américaines.

Le 7 février, les États-Unis ont lancé une attaque dévastatrice impliquant des hélicoptères Apache, un hélicoptère de combat AC-130 Specter, des avions de combat F-15 et des batteries d’artillerie sur une colonne syrienne dans l’est de Deir Ezzor. Le gouvernement russe a admis la semaine dernière que parmi les victimes du barrage américain on comptait des dizaines de ressortissants russes.

Les médias américains ont prétendu que le bombardement était une réponse à l’avancée prévue des forces mercenaires russes sur le quartier général des Forces démocratiques syriennes, qui se battent pour le compte des États-Unis, composées majoritairement de la milice des YPG. Les mercenaires russes auraient été les employés de Wagner PMC, qui aurait 2500 hommes en Syrie.

Les détails de l’incident restent flous, et Moscou a jusqu’ici minimisé l’affrontement. Mais au cours du week-end, la Russie a déployé des avions de chasse Su-57 de la cinquième génération en Syrie pour la première fois, envoyant un signal qu’elle pourrait mener des représailles contre de futures frappes aériennes américaines.

Chris Marsden

 

Article paru en anglais, WSWS, le 26 février 2018

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